Accepter son corps, la belle affaire !!!
Accepter son corps tel qu’il est, voilà la nouvelle injonction à la mode … Nous devrions nous aimer tel-les que nous sommes : grands, petits, gros, maigres, avec des bourrelets, de la cellulite, une absence de seins ou un trop grand nez. Et cette acceptation nous mènerait à la plus grande sérénité : finie la course aux kilos (à prendre ou à perdre), finie la guerre contre soi-même, la paix avec la bouffe …
Accepter son corps tel qu’il est, c’est pourtant simple !
C’est pourtant simple : il suffit de le vouloir. Du moins si j’en crois les magazines et les articles qui circulent sur le sujet. Il suffirait donc de le décider. Comme certaines blogueuses. Une fois mon corps accepté, je vais le trouver magnifique, je vais l’aimer pour de bon. Ca va être chouette.
Sérieux, je vais aimer mon corps un jour ? Le mien, le vrai ? Celui que j’ai là actuellement ? Avec la petite bouée autour du ventre, les taches sur le visage, les rides qui commencent à apparaitre, un oeuil plus petit que l’autre, une cicatrice sur la lèvre, la cellulite sur les cuisses, les plis dans le dos, et tout et tout ? (c’est fou ce que j’ai l’air beaucoup moins sexy après un inventaire pareil 😀 !).
Pour accepter mon corps, il suffirait que je le décide … Et bien soit, je le décide. Ou plutôt, comme beaucoup, je l’ai décidé. Plusieurs fois.
Ben ça n’a pas marché. A la limite, j’aurais vécu sur une île déserte sans miroir et sans personne avec moi, ça aurait peut-être pu marcher. Eventuellement. Mais je n’ai pas envie d’aller vivre sur une île déserte.
Parce que là, bon, je croise des miroirs – excusez-moi d’être narcissique – tous les jours : dans ma salle de bains, dans ma chambre à coucher, la vitrine du boucher, la porte vitrée du gymnase, … et je vois ce que je vois. Et puis je m’habille – et donc j’achète des vêtements – et là aussi, je vois ce que je vois et je sens ce que je sens : il y a des bourrelets à certains endroits, des vêtements qui serrent, le ventre qui dépasse ou les cuisses trop épaisses.
J’ai essayé d’accepter mon corps tel qu’il est comme on me l’avait dit dans les magazines, et parfois même chez les professionnels de santé. Ca ne m’a pas aidée : je ne me suis pas sentie aussi parfaitement à l’aise qu’on me l’avait prédit. Je ne me suis pas sentie libérée au point de mettre le petit bikini super mini ou le petit top moulant en mode « Rien à foutre de ce que pensent les autres ». Et j’avais toujours envie de perdre du poids, de la cellulite et de trouver un moyen de modifier mes yeux trop petits.
Je me suis dit que j’avais râté un truc dans l’acceptation de mon corps. Que j’étais trop sensible au regard des autres. Je me suis sentie nulle. Incapable de voir le bien et le bon dans mon corps. Coupable. De ne pas arriver à aimer le véhicule qui me sert de corps.
Et si accepter son corps, ce n’était pas l’aimer inconditionnellement … mais juste .. l’accepter ???
Et puis je me suis dit que tout ça était bien trop simpliste. Qu’il allait falloir que je fasse avec ce que j’avais comme corps, que je l’aime ou non. Je me suis demandée « à quoi dois-je dire oui aujourd’hui ? ». Et j’ai dit oui à mon corps.
Mais pas oui comme ça genre « je t’aime, tu es trop beau » complètement dérisoire et irréaliste. Non, un vrai oui. Un vrai oui qui tient compte de ce qui va bien ET de ce qui va mal.
Oui j’ai un corps solide – je croise les doigts pour que ça dure – qui est très rarement malade, qui tient bon même quand c’est dur, qui a une résistance et une endurance à toute épreuve (manque de sommeil, sport intensif, abus de toutes sortes, …) et qui me permet de garder le sourire même quand je n’ai dormi que 3 h.
Oui, j’ai aussi un corps qui me procure des sensations désagréables TOUS LES JOURS : les bourrelets dont je parlais, les yeux et tout le reste.
Oui, ces sensations existent et existeront toujours. Je ne serai JAMAIS pleinement satisfaite de ce que j’ai.
Qui l’est d’ailleurs ? Même les plus belles femmes du monde ont toujours quelque chose qui leur déplait chez elle. J’aurais toujours envie de changer quelque chose – et donc de continuer à courir comme ce pauvre rhinocéros devant sa photo de licorne :-D.
Oui mon corps est parfois mon ennemi et il y a des moments où je ne l’aime pas. Ca ne fait pas de moi une ratée qui ne sait pas accepter son corps. Ca fait de moi un être humain normal qui est – et sera toujours – sensible au regard des autres, qui a envie – et aura toujours envie – de progresser, de changer, d’évoluer.
Accepter son corps, ce n’est pas subitement le trouver beau et ne plus être gêné ou handicapé par lui. C’est accepter – ne devrions-nous pas dire plutôt tolérer ? – qu’il nous procurera encore à l’avenir des sensations désagréables, et même douloureuses. Et aussi des sensations agréables. Et vivre quand même.
Aussi bizarre que cela puisse paraitre, ces sensations désagréables nous sont utiles : pour faire un peu attention à ce que nous mangeons, pour faire un peu de sport, pour nous habiller mieux. Elles nous aident à prendre soin de nous. Les faire disparaitre serait aussi dangereux pour nous que de les laisser diriger notre vie.
A trop vouloir les faire disparaitre, nous ne faisons que leur donner de l’importance : chaque fois que nous les ressentons, nous nous disons que nous n’acceptons pas suffisamment bien notre corps, que nous ne devrions pas ressentir cela à notre propre égard. Et, si vous lisez régulièrement ce blog, vous savez ce que je pense des injonctions qui portent sur des sensations … Il n’est jamais facile d’accepter ce genre de sensations désagréables. Ca demande du temps et de l’énergie aussi. Alors qu’en les apprenant à les tolérer, à les utiliser, nous pouvons petit à petit voir quand elles nous sont utiles et quand elles nous amènent à nous faire du mal.
Accepter son corps, une décision ?
L’amour et la haine – de notre corps entre autres – ne sont pas le fruit de décisions volontaires. Ce sont le résultat d’interactions avec l’objet de cet amour et de cette haine. Nous ne pouvons pas décider d’aimer ou de haïr, ni notre corps, ni rien d’autre.
La seule chose que nous pouvons décider, c’est comment nous allons agir avec notre corps. Dans le sens de la haine en le punissant de nous procurer ces sensations désagréables ? Ou dans le sens de l’amour en apprenant à tolérer ces sensations désagréables et en réapprivoisant cet ennemi et en lui faisant du bien ?
Alors oui, je vais à nouv