A quoi devez-vous dire oui aujourd’hui ?
J’ai lu il y a quelques temps « Imparfaits, libres et heureux : Pratiques de l’estime de soi » de Christophe André. Un passage m’a particulièrement interpellée, celui sur l’acceptation de soi qu’il présente comme une clé de l’estime de soi … et notamment de notre capacité à dire oui.
Christophe André parle dans ce chapitre de l’acceptation d’une façon plus générale, pas seulement de l’acceptation de soi, acceptation de la vie et des évènements – heureux ou malheureux – qu’elle nous réserve.
Un exercice pour apprendre à dire oui 😉
Ce chapitre me rappelle un exercice que j’essaie de mettre en pratique le plus souvent possible et que j’ai appelé «à quoi dois-je dire oui aujourd’hui ?».
Accepter le cours des choses est une philosophie transmise depuis des millénaires par les stoïciens et les bouddhistes notamment mais elle est assez étrangère à notre culture occidentale où la volonté – la «raison» – est glorifiée et où renoncer à se battre passe pour de la passivité, de la démission, voire de la soumission.
Et pourtant, le renoncement est loin d’être tout cela …
Renoncer à lutter contre le cours des choses, renoncer à lutter contre soi-même, ce n’est pas se soumettre aux choses ou aux côtés de soi qu’on n’aime pas. Au contraire, renoncer, c’est se mettre en retrait pour mieux appréhender ce qui nous gêne et mieux le prendre en compte.
Dire oui : à quoi sert de renoncer ?
Si je me bats contre un évènement que je ne peux changer, je gaspille mon énergie inutilement, je m’épuise et je finis par me dévaloriser d’être à ce point impuissante à changer les choses.
Si j’accepte cet évènement, alors je peux consacrer mon énergie à contourner l’obstacle, à mieux le gérer.
Je me souviens d’une métaphore qu’avait utilisée ma sage-femme lors d’une préparation à l’accouchement. Elle m’avait parlé de la douleur comme d’un obstacle sur le chemin de la naissance.
«Si vous trouvez une chaise au milieu d’un couloir que vous devez absolument traverser, cela va vous agacer, voire vous mettre en rage … Pester contre celui qui n’a pas rangé la chaise, mettre des coups de pied dans la chaise, rager, hurler pour que quelqu’un vienne l’enlever, etc ne changera rien à la réalité : la chaise est là et vous devez passer» m’avait-elle dit. «Votre énergie serait plus utilement employée à vous demander «comment puis-je passer de l’autre côté de la manière qui me convienne le mieux en tenant compte du fait que la chaise est là ?»
Dire oui pour renoncer à changer ce qui ne peut être changé permet d’être plus créatif
Et il y a mille manière de le faire : utiliser la chaise en la poussant devant moi, grimper par-dessus la chaise, la soulever pour passer au-dessous, faire un trou dans le mur, … Chacune de ces manières est une façon d’accepter que la chaise est là et que vous ne pouvez pas la faire disparaitre.
Vous n’aurez pas renoncé à avancer, vous aurez juste renoncé à gaspiller votre énergie en luttant inutilement 😉 …
Dire oui pour ne pas se tromper d’objectif …
En matière de relations humaines de la même façon, nous gaspillons de la même façon beaucoup d’énergie à vouloir changer des tas de choses qui sont hors de notre contrôle – notre conjoint, notre compagne, nos enfants, notre chef, nos collaborateurs, la boulangère, … ou même une part de nous-mêmes ou une émotion que nous ressentons !
Aveuglés par cette volonté de faire changer l’autre ou la situation, nous ne voyons pas que nous pourrions nous y prendre de mille autres façons et que certaines seraient sans doute plus efficaces que d’autres.
Dans les moments où je sens que les choses n’avancent pas comme je le voudrais, j’essaie le plus souvent possible de me poser en me demandant :
à quoi dois-je dire oui dans cette situation ?
Que dois-je accepter pour mieux avancer et ne pas rester bloqué devant l’obstacle ?
Une fois la présence de l’obstacle acceptée et l’idée de le faire disparaitre abandonnée, alors je peux me concentrer sur la façon la plus efficace pour moi de gérer sa présence.
Je m’exerce à cela de temps à autre. Je réfléchis à ma journée, ma semaine, en me demandant «à quoi dois-je dire oui aujourd’hui ?»
Et vous, à quoi devez-vous dire oui aujourd’hui ?
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Crédit photo : Pixabay
Salut Sandrine,
Merci encore pour ton site! Tu m’inspires bcp et je pense bien un jour faire ce que tu fais mais dans mon pays et avec encore des formations supplémentaires à suivre 😉 Bref…
Par rapport à ce lacher prise. Je me questionne! Je te rejoins sur bcp de points de la vie quotidienne.
Et je pense effectivement important de pouvoir conscientiser et choisir ce que nous acceptons et mettons en place comme solution… . Personnellement, je trouve juste que l’expression « je choisis de dire oui à…. » plutôt que » je dois dire oui à …. » est plus porteuse de sens en terme de responsabilité et implication personnelle… Ca c’était pour y mettre « mon grain de sel » 😉
Sinon, voici ma réflexion, mon interrogation… Si tu as l’occasion d’y réfléchir…
Si, dans un contexte de conflit, je vis quelque chose que j’estime réellement inacceptable pour moi, parce que je le vis comme tel, que cela me met dans un état de stress important… J’estime que dans ce cas, même si je ne peux pas changer l’autre, je me vois mal être dans un lacher prise d’acceptation … Donc, ma solution est d’en parler à l’autre. De lui dire mes besoins et mon émotion (à un moment où il peut l’entendre).
Pour moi, mon lacher prise se situe dans l’acceptation que quoique fasse l’autre, si je lui ai parlé, j’ai fait ce que j’avais à faire. Après, soit l’autre met en place un changement (dont il est seul responsable). Soit il ne le fait pas. Dans tous les cas, je peux choisir de prendre soin de moi je mets en place les changements chez moi qui par ex, me protègent.
Je ne suis pas sure d’avoir été claire donc si tu veux que je spécifie, dis moi dans quoi. Ma réflexion est qu’il y a des situations réellement inacceptables pour lesquelles un lacher prise me semble difficile voire dangereux car cela voudrait dire que j’accepte qqch qui me met dans un état réellement insupportable pour moi??? J’avais envie que tu rebondisses là-dessus en gros….
Merci beaucoup. Et désolée si je suis confuse…
Nathalie
Bonjour
Ta remarque à propos du « je dois » à remplacer par « je choisis de » me parait tout à fait appropriée ! Merci.
Dans une situation où l’autre te fait du mal, l’acceptation peut à mon avis se situer à différents niveaux… Le choix se situe au niveau du fait que l’autre n’est pas capable d’agir sans te faire mal …
Mais les conséquences que tu vas en tirer peuvent être diverses :
– soit tu peut concevoir de vivre avec cette situation malgré tout, en connaissance de cause parce que tu y trouves plus de bénéfices que d’inconvénients. Ce qui suppose peut-être de trouver un moyen de pallier aux blessures qui te seront infligées d’une manière ou d’une autre.
– soit tu ne peux pas concevoir de vivre comme ça et il va te falloir en tirer les conséquences.
Je voudrais juste attirer ton attention sur le fait qu’exprimer ce qu’on ressent n’est pas forcément efficace pour faire changer l’autre. Ca aide mais il y a des tas de situations où ça ne suffit pas 😉 …
Je ne suis pas sure d’être suffisamment précise (mais la situation de départ n’est pas claire pour moi non plus).
Tu peux me contacter par email si tu veux me donner plus d’infos.
Sandrine
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