Comment fonctionnent les enfants ?
Comment fonctionnent les enfants ? Si nous avions la réponse à cette question, le quotidien des parents s’en trouverait grandement facilité. J’ai une petite théorie à ce sujet que je vous soumets ici 🙂 …
J’ai lu récemment sur l’excellent blog « Les questions composent » un article fort intéressant qui parle de la place de l’enfant – et de la femme – dans l’espace public, article intitulé « ces enfants trop bruyants ». Dans cet article, l’auteure dit
Nous ne savons pas, nous ne savons plus ce qu’est un enfant. Un enfant n’est pas un adulte en miniature et nous n’avons pas à exiger qu’il le soit. Nous n’avons aucune idée réaliste de comment fonctionnent les enfants.
Comment fonctionnent les enfants ? Qu’est-ce qui se passe dans leur tête ?
J’ai personnellement une petite théorie au sujet de ce qui se passe dans la tête de nos enfant que je trouve très aidante au quotidien et je voudrais vous la livrer.Pour cela je voudrais vous parler de schizophrénie, ce qui va sans doute vous sembler bizarre au premier abord, mais je vous invite à aller plus loin dans la lecture pour mieux comprendre.
J’ai lu récemment le livre Demain j’étais folle : Un voyage en schizophrénie d’Arnhild Lauveng. Arnhild Lauveng est une Norvégienne qui a été schizophrène durant plusieurs années, avec des délires assez poussés et des comportements très destructeurs. Elle est aujourd’hui sortie de cet épisode et raconte la schizophrénie vécue de l’intérieur.
Comment fonctionnent les enfants … où comment nous n’aidons pas quand nous croyons aider
Elle explique notamment qu’elle se scarifiait assez souvent, notamment lors de ses hospitalisations en hôpital psychiatrique. Le livre dans son entier est passionnant mais un passage m’intéresse particulièrement pour l’article d’aujourd’hui :
J’ai appris assez vite que si j’étais triste, effrayée et seule, et que je disais aux infirmières du service que je n’allais pas bien, elles me demanderaient de penser à autre chose. Aller m’asseoir un moment au salon, par exemple, pour jouer aux cartes ou lire un peu. Ce n’était pas ce dont j’avais besoin, loin de là, et ce n’était d’aucun secours face à ce chaos de voix et de trouble où l’on se sent si effroyablement seul (…).
C’est parfois ce que nous faisons quand nous proposons trop vite des solutions à nos enfants, sans écouter vraiment ce qu’ils nous disent :
Tu t’ennuies ? Mais va donc jouer ! Tu as plein de jouets regarde !
Notre intention est bonne : nous cherchons à ce qu’ils aillent mieux, qu’ils soient plus dérangés par cette sensation désagréable qu’est leur émotion. Mais, exactement comme le décrit Arnhild Lauvend, cela ne les aide parfois pas sur le long terme. Certains enfants dépendent de nous pour résoudre le problème et n’ont pas appris à gérer l’émotion elle-même. Une phrase comme
Ah oui, c’est pénible de s’ennuyer … C’est difficile de trouver ce qu’on a envie de faire parfois.
pourrait bien être plus aidante que nos solutions pour ces enfants-là qui n’ont pas fait l’apprentissage seuls …
Comment fonctionnent les enfants : nos bonnes intentions se traduisent par des actes inefficaces
Arnhild Lauveng ne remet pas en cause la bonne intention des soignants :
Elles pensaient peut-être aussi sans doute que je devais m’habituer à être un peu plus autonome et à ne pas venir les trouver chaque fois que les choses se compliquaient pour développer des stratégies de contrôle qui me seraient propres.
Nous aussi les parents, nous faisons cela. Et l’entourage nous dit de le faire pour que nos enfants apprennent à se débrouiller seuls. Cette approche mérite d’être tentée car nos enfants trouvent souvent leurs propres solutions. Mais assez souvent, ils ont besoin d’un petit guide, d’une petite aide. Parfois une simple question à leur poser leur permet de comprendre ce qu’ils peuvent faire :
Tu peux rester ici à râler derrière la vitre parce qu’il pleut et que tu ne peux pas sortir ou bien tu peux aller t’amuser avec tes jouets. C’est toi qui choisis le truc le plus efficace. A ton avis, quand tu tapes ta soeur, elle a plus envie de jouer avec toi ou moins envie ?
Dans ces situations, notre intention est d’aider notre enfant. Exactement aussi ce que faisaient les infirmières :
Si c’était ce qu’elles pensaient, c’était très judicieux. Mais je ne possédais pas ces stratégies et je ne comprenais pas mon propre chaos, voilà pourquoi j’avais besoin d’aide et d’enseignement. Je n’arrivais pas à l’apprendre par moi-même. Personne n’installerait un débutant au volant d’une voiture avant de claquer la portière en disant « bonne promenade ! Et apprends à conduire intelligemment et prudemment ! ». Ce serait parfaitement insensé et totalement indéfendable. C’était aussi insensé et indéfendable que d’attendre que je puisse comprendre toute seule ce qui se passait dans ma tête de psychotique et de trouver de bonnes stratégies pour me contrôler ma vie, le chaos et la réalité. Je ne le faisais pas d’ailleurs.
Comme je le disais plus haut, nos enfants arrivent souvent à trouver des solutions par eux-mêmes.
De plus OBSERVER comment ils s’y prennent par eux-mêmes permet de voir où ils en sont de leur apprentissage. Ce temps d’observation en d’autonomie est aussi indispensable pour comprendre où ça coince quand il y a un problème. Nous saurons alors précisément où et comment les aider.
Comment fonctionnent les enfants : leurs comportements échappent parfois à leur propre contrôle
Mais le plus important est là :
Alors quand la solitude s’accentuait, quand les voix hurlaient et quand j’avais réellement besoin de quelqu’un à qui parler, je me mutilais. Ca, les infirmières ne pouvaient pas en faire fi, pas complètement. Elles étaient au moins obligées de ramasser les tessons et de panser mes plaies et à ce moment-là, elles me voyaient. Certaines devaient attendre de voir le sang couler pour comprendre que je pensais ce que je disais, que j’allais très très mal et que j’avais vraiment besoin de quelqu’un. Et souvent, très souvent, les mutilations avaient l’effet escompté. (…). Dans mon dossier, on parle de passage à l’acte et de manipulation. Dans ma réalité, c’étaient des actions que je savais d’expérience nécessaires pour être entendue et comprise. Je dois avouer que ce mot « manipulation » me fait beaucoup de peine et j’aimerais qu’il puisse être remplacée par une expression beaucoup plus utilisée et positive, à savoir « l’implication de l’utilisateur ». Car, en fin de compte, il s’agit de la même chose, le souhait humain d’influencer et de contrôler une situation, sa vie, d’avoir une prise réelle sur elle et son traitement. A ce moment-là, on recourt volontiers aux moyens disponibles.
Arnhild Lauveng explique très bien dans le reste du livre que ce recours n’est pas volontaire = ce n’était pas une décision volontaire et consciente de sa part. Cela se faisait malgré elle, c’était plus fort qu’elle alors même qu’elle sentait la honte et l’humiliation de devoir recourir à ces comportements pour se faire entendre. Mais il était trop important pour elle d’avoir de l’aide à ce moment-là et c’était le seul moyen auquel elle avait accès pour obtenir cette aide.
Si nous voulons savoir comment fonctionnent les enfants, je pense que ce passage donne une idée assez précise de ce qui se passe dans la tête de nos enfants.
Ils ressentent des choses sans trop savoir ce que c’est, ils n’ont pas les mots et le vocabulaire pour le dire et demander clairement ce dont ils ont besoin.
Ils n’ont pas les moyens et les stratégies pour gérer ces sensations désagréables. Ils ne savent même pas vraiment de quoi il s’agit. Ils ne peuvent que le manifester d’une façon qui leur est accessible, qui n’est pas une façon d’adulte évidemment !
Jusqu’à un âge avancé – et parfois même encore adulte ! – les émotions représentent toujours le même défi : je ressens une drôle de tension en moi, je ne sais pas comment la gérer. L’enfant va donc produire un comportement qui va l’aider d’une certaine manière, même s’il présente des inconvénients, comme celui de se faire gronder ou punir.
Par exemple, je suis triste parce qu’on m’a refusé quelque chose = je pique une crise. L’enfant ne sait pas, ne peut pas dire « je suis triste, prends moi dans tes bras ». Il fait ce qu’il peut pour faire entendre à son entourage que quelque chose ne va pas.
Il a besoin d’être accompagné pour savoir comment gérer sa tristesse, sa colère, sa peur.
L’enfant est énervé contre un autre enfant – frère ou soeur, enfant gardé avec lui – parfois sans trop savoir lui-même pourquoi. J’avais expliqué dans « mais pourquoiiiiii ???? » en quoi la question du pourquoi n’a pas de sens pour un enfant. L’enfant peut alors taper, tout en sachant que c’est mal, qu’il ne faut pas le faire, mais il ne peut pas s’en empêcher.
Comment fonctionnent les enfants : quand la lutte commence …
Il y a alors un conflit qui se joue en lui entre la partie rationnelle, la voix intériorisée des parents, qui dit « ne fais pas ça » et la partie émotionnelle qui l’embarque sans qu’il puisse se maitriser et qui dit « j’ai besoin de le faire ».
Tant que l’enfant n’aura pas les méthodes adéquates pour gérer son émotion autrement, il aura BESOIN d’avoir recours à ces comportements apparemment irrationnels.
Cette phase dure plus ou moins longtemps. Même nous les adultes nous pouvons nous laisser prendre à ce type de comportement. Pensez à tous ces moments où vous vous entendez dire ou faire des choses que vous ne pensez pas vraiment, que vous regrettez après coup. Ceux qui ont des stratégies de gestion contrôlantes – TOC par exemple – comprendront ce que je veux dire quand je dis que le comportement se fait malgré eux : ils ne VEULENT pas le faire mais ça se fait tout seul.
C’est exactement ce qui se passe pour les enfants la plupart du temps. Tout comme Arnhild Lauveng, ils VEULENT faire correctement. Ils ont enregistré ce que les adultes attendent d’eux mais il n’y arrivent pas. Et alors s’engage le combat destructeur entre le « je ne dois pas le faire » et le « j’ai besoin de le faire« . C’est exactement ce que dit Arnhild Lauveng avec sa phrase
Mais je ne possédais pas ces stratégies et je ne comprenais pas mon propre chaos, voilà pourquoi j’avais besoin d’aide et d’enseignement.
Ce sont exactement ces enseignements : comment gérer son angoisse, sa tristesse, … qui lui ont permis de sortir de sa schizophrénie. Ses comportements – délires, scarifications, … – n’étaient que des moyens de les gérer. Moyens peu efficaces mais qui étaient les seuls qu’elle avait trouvés.
Nos enfants sont dans la même position : ils ressentent des choses mais n’ont pas forcément les bonnes stratégies face à celles-ci. Ils ont besoin de notre aide et de notre enseignement pour cela.
Comment fonctionnent les enfants ? Finalement pas si différemment que ça de nous 🙂 …
Comment fonctionnent les enfants : et si l’enfant n’était pas un manipulateur ?
Je ne crois pas à l’enfant le manipulateur qui se veut tout puissant qu’on a bien voulu nous décrire jusqu’à aujourd’hui. Au contraire : ce que je constate tout le temps dans les accompagnements que je fais, c’est que, au contraire, les enfants font des efforts désespérés pour répondre aux attentes des adultes et de leurs parents en particulier.
Et ce sont généralement ces efforts désespérés qui aggravent la situation : les enfants essaient de se contrôler, de lutter contre leur partie émotionnelle – « j’ai besoin de le faire » – pour faire gagner leur partie rationnelle – « je ne dois pas le faire ». Mais cette lutte est vouée à l’échec, chez les adultes comme chez les enfants (voir l’article « le ballon émotionnel »).
Et plus ils essaient de se contrôler moins ils y arrivent et plus les comportements non souhaités augmentent.
Donc frustrer « par principe « – le fameux « frustration = construction » tant prisé de certains spécialistes – me semble donc totalement hors de propos ainsi que les tentatives pour « éteindre » les comportements par des renforcements négatifs, sans parler du retrait de l’attention lorsque l’enfant produit des comportements dérangeants.
Parfois même simplement le « exprime tes émotions correctement » – que nous envoyons involontairement à nos enfants quand nous déployons toutes nos stratégies d’écoute pour qu’ils prennent du recul sur leurs émotions et apprennent des stratégies « socialement acceptables » pour les exprimer – peut contribuer à aggraver cette tension qui gêne nos enfants pour résoudre le problème.
Certains enfants se culpabilisent sitôt le comportement « non désiré » produit ; certains vont-même jusqu’à s’auto-punir ou se faire du mal ce qui montre qu’ils ont parfaitement intégré ce qu’on attend d’eux. Mais ils n’ont toujours pas le moyen de le faire.
Et plus ils essaieront de se conformer à ce que nous leur demandons, plus ils seront dans la lutte et plus le problème persistera, voire s’aggravera. J’en avais parlé aussi dans l’article « Sois conforme, mon enfant »
Plus nous enverrons le message à l’enfant « comporte-toi autrement » – en désapprouvant, en grondant, en punissant, en tapant, en écoutant, en proposant d’autres moyens d’exprimer son émotion, en envoyant l’enfant chez le psy ou n’importe quel autre thérapeute, … – plus il y a de risques que la lutte perdure, plus le problème risque de s’aggraver ou de se maintenir.
Comment fonctionnent les enfants : et si les enfants avaient de bonnes raisons de faire ce qu’ils font
J’essaie toujours de garder en tête que quand un enfant fait ou dit quelque chose, il a des raisons de le faire.
Raisons qui peuvent nous sembler incompréhensibles ou irrationnelles mais qui sont logiques pour lui. Et qu’il est généralement incapable de formuler clairement, ce qui est parfaitement normal.
Frustrer les enfants sans leur proposer d’outils pour gérer cette frustration, c’est les mettre en échec.
Demander à des enfants de se calmer sans leur avoir donné des outils pour gérer colère, peur, tristesse par d’autres moyens, c’est aussi les mettre en difficulté.
Demander à des enfants d’arrêter de taper ou de mordre sans les aider à comprendre ce qui les amenés là et comment ils peuvent réagir autrement, c’est les conduire dans une impasse.
Pire encore, punir et gronder un enfant parce qu’il n’arrive pas à se contrôler renforce souvent le problème car cela augmente la tension interne entre le « je ne dois pas » et le « je ne peux pas faire autrement« .
Comment fonctionnent les enfants : et si on cessait la lutte ?
Comme je l’ai dit récemment, il n’y a pas de bonne façon de faire quelque chose qui ne fonctionne pas. Je l’ai d’ailleurs expliqué en détail dans l’article « quelles sont les causes des conflits ? ».
Alors simplement dire à l’enfant qu’on comprend que ce comportement peut être utile pour lui et qu’il est autorisé à le faire peut largement aider les enfants à les soulager de la pression qu’ils se mettent et donc à cesser la lutte contre eux-mêmes qu’ils ont entamée.
On peut ainsi dire au moment où on sent qu’une crise démarre :
Pour le moment tu as besoin de faire ça – des crises, crier, me taper, taper, jeter … – c’est ta façon de gérer ce moment difficile. Alors je t’en prie, fais-le. C’est bon pour toi.
Cesser la lutte de cette façon permet quasiment tout le temps à l’enfant de monter beaucoup moins haut dans l’émotion et de pouvoir alors mieux verbaliser son problème. Il peut alors soit trouver des ressources seul, soit vous demander une aide plus concrète.
Mon hypothèse à propos de comment fonctionnent les enfants est psycho-dégradable : si elle est juste, cette intervention résoudra le problème.
Vous n’êtes donc pas obligés de me croire sur parole … Mais si vous avez un enfant avec un comportement insupportable, je vous invite à simplement faire l’expérience pour voir ce qui se passe.
Pour en savoir plus sur comment fonctionnent les enfants
Pas mal d’articles sur mon blog parlent de comment aider les enfants à mieux gérer les situations problématiques pour eux et pour nous, et notamment :
- Ce que tous les parents devraient savoir
- quand nous attendons que nos enfants qu’ils se comportent comme des adultes
- Les crises de nos enfants
- Education sans punition
- les articles du Guide des émotions
- Et tous les articles de la rubrique « Education »
Article publié aussi sur Les Vendredis Intellos
Photo Credit: Richard Scott 33 via Compfight cc
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Passionnant… Mais en pratique, c’est compliqué : il reste quand même difficile de dire à un aînée « continue de taper/griffer/pousser ta petite sœur si tu en as besoin » ! C’est enseigner que la raison du plus fort est la meilleure, non ?
Il y a aussi le problème de la gestion des autres (et de ses propres limites). J’accepte sans problème les énormes crises de colères de mes deux filles quand je suis seule avec elles (ou en public « anonyme », ça ne m’a jamais gênée), mais pas en présence de l’autre (une qui me colle et pleure parce qu’elle a peur/mal, ou qui tente de s’approcher de la furie et se prend des coups + la tigresse à gérer, c’est trop d’un coup !) ; et encore moins en présence du père qui ne le supporte pas !
et pourquoi pas ?
Ce n’est pas enseigner la raison du plus fort que de dire « tu as besoin de faire ça pour le moment », c’est au contraire montrer que c’est celui qui est en difficulté qui tape.
Ensuite si les choses se manifestent dans la relation frère/soeur, il y a effectivement d’autres choses à comprendre : comment les filles sont en relation entre elles, apprendre à la petite à réagir d’une façon différente, etc.
Il se peut très bien (souvent constaté) que si la petite dit à la grande « je sais que tu as besoin de me taper quand tu vas mal, alors vas-y, fais-le », la grande ne la tape pas.
J’entends bien ce discours et j’adhère à cette façon de faire.
Mais comment je gère un enfant (dont je suis l’assistante maternelle) s’il manifeste son émotion sur les autres enfants?
Les parents ne vont pas être contents contents et je les comprendrai!
cette attitude n’est pas à adopter en prévention, elle est à adopter après coup quand le reste n’a pas fonctionné.
Donc si l’enfant tape, c’est que cela se produisait déjà avant. Ca ne changera rien à ce qui se produisait précédemment du coup.
Merci pour cet article très intéressant! Ma grande exprime sa colère par des cris et des grognements. Difficile dans le moment présent d’accepter de se faire grogner et crier à la figure, même si j’y travaille. Cela brasse tellement de chose en nous qu’on en oublie les beaux principes (notamment, chez moi, ça allume mon sentiment de culpabilité… me mettant beaucoup de pression pour bien faire sans y arriver bien souvent, lorsque je la vois qui hurle sa rage, je me dis ‘mais qu’est-ce que j’ai bien pu faire pour qu’elle en vienne à m’en vouloir à ce point?’).
Le plus difficile, c’est lorsque cela se produit en public, ou pire avec les voisins en spectateur. Ma grande a du mal à ne pas avoir le contrôle et à des idées ‘rigides’. Bref, quand elle joue avec d’autres jeunes, cela l’a conduit parfois à crier… et cela peut être vraiment intense. Je suis une personne gênée qui déteste être le centre d’attention. Je me retrouve souvent contrainte d’entrer ma grande de force à la maison par crainte du regard des autres avant que cela explose plus fort. Ce que ma grande n’aime pas (et à 7 ans, je commence à ne plus être capable de l’y contraindre) bien sûr et provoque en elle une rage plus intense. Je la comprend même si je ne l’enferme pas dans sa chambre, je tiens seulement à pouvoir régler cela en privé. Je suis incapable de gérer cela en publique!
ALors là, je suis surprise quand tu écris « Plus nous enverrons le message à l’enfant « comporte-toi autrement » – en écoutant, en proposant d’autres moyens d’exprimer son émotion… – plus il y a de risques que la lutte perdure, plus le problème risque de s’aggraver ou de se maintenir. » et que la solution proposée est « pour le moment tu as besoin de faire ça – des crises, crier, me taper, taper, jeter … – c’est ta façon de gérer ce moment difficile. Alors je t’en prie, fais-le. C’est bon pour toi. »
Parce que pour gérer son émotion j’ai comme règle « on ne fait mal à personne (ni soi-même ni quelqu’un d’autre), on ne casse rien ». Les cris, les crises ne me gènent pas du tout. Mais le reste oui. Taper sur un coussin OK, mais taper sur moi non!
Je suis vraiment perturbée par ta solution. Je vais quand même tenter la prochaine fois qu’il y aura une forte émotion… Faudra juste pas que je le frappe en retour! 😀
mieux vaut tenter en anticipation : pas quand l’enfant est déjà en crise mais AVANT que ça démarre.
Le truc c’est que si lui dire de ne pas taper n’a pas fonctionné, il y a peu de chances que ça finisse par marcher. Maintenant si vous pensez qu’il peut finir par comprendre et que vous n’avez pas encore assez insisté, alors vous pouvez poursuivre l’approche précédente. Ma seule question dans ce cas est : à quoi verrez-vous qu’il est temps de changer d’approche ?
Faites-moi un retour si vous essayez.
Je suis surprise par la solution que tu proposes. Je suis « en lutte » contre le comportement de ma fille depuis quelque temps déjà et je ne trouve pas la solution. Elle gère sa frustration en tapant ceux qui en sont la cause. Et ça pose soucis, notamment à l’école. Cette solution n’est pas envisageable dans ce contexte, surtout pas avec la maitresse actuelle. Et à la maison, c’est son papa qui risque de ne pas adhérer. Et pourtant, je suis prête à tout essayer !
Disons que quand on essayé d’arrêter ce comportement que ça ne fonctionne visiblement pas, peut-être faut-il envisager radicalement autre chose.
Maintenant si vous ne vous sentez pas encore prêt à faire cela, peut-être avez-vous besoin de tenter encore d’autres approches qui pourraient fonctionner.
La seule question que je pose est alors : à quoi saurez-vous qu’il est temps de changer d’approche ?
Ceci étant dit, je n’en sais pas suffisamment sur la situation pour dire si ce dont je parle dans cet article est adéquat ou non pour votre fille.
Comme j’ai fait l’expérience hier, je reviens sur cet article pour témoigner. Comme expliqué dans mon commentaire plus haut, mon aînée devient très agressive physiquement, le plus souvent sur sa petite sœur ; forcément, c’est sa compagne de jeu principale, mais ce n’est pas du tout exclusif.
Maintenant que ma cadette (2ans) parle vraiment bien, et qu’il me semblait qu’elle pouvait comprendre, je lui ai proposé de dire à sa sœur « tu es en colère ? Ok, tu peux me taper » (elle dit « tu peux taper moi »). En lui expliquant : « quand on dit à ta sœur « arrête de taper », elle tape. Si on lui dit « tape », peut-être qu’elle ne tapera plus ». Il me semble qu’elle a compris, mais pas adhéré tout de suite : elle a mis longtemps avant de faire le test, plusieurs semaines après la seule fois où je lui ai proposé.
Résultat ? L’horreur !
Peut-être parce que je ne m’y attendais pas.
Peut-être parce que je ne suis pas convaincue moi-même (j’adhère à la théorie, mais respecter le corps est une valeur fondamentale chez moi ; inciter à l’agression m’est profondément opposé).
Peut-être parce que mes filles sont trop jeunes (2 ans et 4 ans).
Peut-être parce que ma cadette n’était pas convaincue non plus… mais elle m’a fait confiance.
Je l’ai vu, j’aurai dû intervenir immédiatement, j’étais un peu trop loin. Lorsqu’elle a dit à sa sœur « Grosse colère ? Ok, tape-moi », la grande s’est déchaînée ! Un véritable passage à tabac (poing, pied, griffes), pendant quelques secondes seulement (le temps que je lâche mon linge et que je traverse le jardin), mais ça m’a choquée… au point qu’elle s’est prise la première claque. Et une grande : j’y ai vraiment mis toute ma colère. Le jour de son anniversaire. La honte…
Puissance dix, parce que toute la famille a appelé, et qu’elle l’a dit à tout le monde, forcément. Une sacrée pierre dans mon jardin, étant la seule à tenter de pratiquer l’ENV, et pas du tout soutenue… J’ai rien trouvé de mieux que « les hormones de grossesse me jouent des tours » en réponse. Pfff…
Échec total, donc : ma cadette l’a très mal vécu, mon aînée encore pire (on lui interdit de taper, puis on l’autorise, puis elle se prend elle-même une claque !), et moi je culpabilise d’autant plus que je vais en entendre parler pendant des mois !
Et 2h plus tard, elle a tapé sa sœur de nouveau, donc ça n’a pas fonctionné ; zéro pointé. En revanche, dès que je me suis approchée, elle est partie tout de suite : horrible parce qu’elle a eu peur de moi, mais au moins l’agression cesse immédiatement quand j’interviens même de loin, une nouveauté ! J’aimerais bien que ça dure un peu, pour le coup, car je ne vais pas pouvoir intervenir physiquement rapidement dans les mois à venir.
On a débriefé le soir, je me suis excusée, je lui ai demandé de trouver une solution parce que j’étais à cours d’idée, mais elle ne m’a rien proposé. Je pense qu’on en reparlera plusieurs fois dans les semaines à venir.
Certes, j’aurai pu tester moi-même d’abord… mais je ne supporte absolument pas d’être frappée. Ni de voir quelqu’un se faire frapper, d’ailleurs : je garde une cicatrice d’être intervenue pour aider une copine agressée au couteau ; c’est plus fort que moi. Tendre la joue gauche, c’est pas pour moi ! Et rester un témoin passif non plus, même avec un gros ventre et deux enfants à la main.
En fait, enceinte, c’est encore pire ! Rien que les mains sur mon ventre à tout bout de champ m’insupportent. Je suis la nana qui choque tout le monde dans la rue en tâtant le service 3 pièces du mec à qui j’ai dit plusieurs fois que mon ventre reste MON ventre, que c’est MOI qu’il touche et pas mon bébé, et que je ne VEUX PAS ! D’ailleurs, toucher ceux qui touchent, c’est une technique très efficace (sur eux et sur les témoins) : la preuve que la théorie fonctionne très bien appliquée dans certains cas ! Il faudrait que j’essaye « après le ventre, touchez moi les seins », ce serait l’application plus directe… Mais je ne réponds plus de moi s’il y a passage à l’acte !
J’ai choisi un gynéco qui ne fait pas de TV, je prévois un AAD pour ne plus subir les intrusions, bref, le corps est sacré pour moi.
Donc j’exclue de nouveau l’enfant qui frappe : « si c’est trop dur de respecter les autres, ne t’approche pas d’eux – les adultes vont en prison quand ils tapent, les enfants restent dans leur chambre / sur le banc ». Mes filles le savent : leur père est revenu du magasin avec de belles ecchymoses au visage après avoir rattrapé un voleur, qu’il n’a pas lâché pour autant, et qui a fini en prison pendant 3 mois. Très pédagogique ! D’ailleurs mon aînée m’a dit « tu vas aller en prison ! »
A défaut de mieux, je crois que LA règle, restera LA règle pour l’instant : on ne tape pas. Heureusement, elle est valable (presque) partout : maison, école, nounou, pour les enfants comme pour les adultes (sauf pour ceux qui tapent les enfants – comme moi, ce qui est quand même un comble…). Et l’agressée a pour consigne de fuir (« on ne reste pas avec quelqu’un qui fait mal »). Pas terrible, je sais. D’autant moins que moi j’attaque, et que dans l’absolu je préférerais que mes filles attaquent pour stopper net une agression à l’école ou dans la rue…
Il y a un coussin de colère à disposition, des crayons, un tableau à craies pour gribouiller la colère, des feuilles pour froisser / déchirer, on a plein de livres sur le sujet pour en parler, on fait régulièrement des séances « d’écrabouillage » en pâte à sel (je fais un bonhomme « petite / grande sœur », elles lui disent ce qu’elles ont sur le cœur… et elles l’écrabouillent)
Bref, je cherche, je teste, mais je reste dans l’impasse. Je n’arrive pas à proposer une alternative efficace à mon aînée… qui commence à être imitée par ma cadette, évidemment !
Un plan B ?
Merci pour cet article très intéressant.
Par contre, je suis sidérée par la solution qui consiste à dire « vas-y tape l’autre si c’est le seul moyen que tu as ».
Je trouve ça profondément perturbant pour celui qui tape (qui sait que c’est mal parce que l’école, les adultes et la société lui ont déjà dit 10 000 fois) ; sans compter que c’est aussi lui avouer qu’on a pas de solution à son mal-être.
C’est aussi très destructeur pour celui qui se fait taper et qui devient une sorte de punching ball officiel (quelle confiance peut-il alors avoir en l’adulte ???).
Le témoignage de oops montre à quel point cette solution peut être un carnage.
Pour rester dans l’idée, on peut proposer à l’enfant violent de se défouler sur un objet (les coussins de colère, les meubles ou un vrai punching ball).
Une fois, en animation avec des enfants, il y avait un garçon de 8 ans avec des comportements assez impulsifs et violents qui s’était énervé suite à une remarque d’un autre garçon. Il avait commencé à lui mettre des coups de pieds. Je suis tout de suite intervenue en lui disant : « Si tu veux taper, frappe les murs, pas les personnes ! »
Ca l’a stoppé net même moi ça m’a surprise.
Les autres enfants ont aussi trouvé l’idée bonne, il y en a même un qui m’a dit « ouais je vais faire ça la prochaine fois ! ». ^^
Je crois que, comme tu le dis dans l’article, les enfants ont parfois des besoins non satisfaits qui les poussent à être violents et que leur interdire cette violence les frustrent encore plus.
Alors ok pour autoriser de la violence « encadrée », mais jamais contre une autre personne (et surtout pas un autre enfant) !!!
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Bonjour,
Mon fils de 4,5 ans exprime très bien ce que vous décrivez, « maman, je n’arrive pas à me contrôler, je ne sais pas comment faire » bien que nombreuses solutions « bienveillantes » lui est déjà étaient proposés. Dans ces cas, ils refusent même, l’accueil des émotions, ils refuse de m’écouter car il ne veut pas être apaisé, il a envie de crier sa colère, son impuissance… après avoir fait le tour des techniques « bienveillantes », je trouve en cette approche, une nouvelle réflexion qui fait vraiment écho à mon ressenti mais surtout à ce que mon fils exprime. Je vais essayer … Merci
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