A qui s’adresse vraiment votre colère ?
Il est 8h10. Nous devons partir rapidement mais nous ne sommes pas en retard et nous avons quelques minutes devant nous. Mon fils de 3 ans est campé en haut des escaliers et refuse obstinément de descendre. Je l’ai déjà appelé 2 fois.
Et là, d’un seul coup, je n’ai plus de patience. Je me mets à hurler comme un putois (quoi que je ne sois pas sure qu’un putois crie aussi fort). Il est assis en haut des escaliers et pleure. Je crie de plus en plus fort, je lui dis des choses assez affreuses que je n’oserai pas écrire ici.
Comme souvent dans ces moments-là, une partie de moi est hystérique, furieuse, terrifiante. Et l’autre, la petite voix, dit quelque chose comme « mais enfin qu’est-ce que tu es en train de faire ? On n’est même pas en retard ! Tu n’as qu’à monter le chercher et voilà, le problème est réglé. »
Cette petite voix m’interpelle : c’est vrai que ma colère est disproportionnée à ce moment-là. En tout cas, elle n’est pas proportionnelle à l’évènement qui est en train de se produire. Quelque chose ne va pas …
Vous êtes en colère d’accord … Mais à qui s’adresse vraiment votre colère ?
Vous savez, comme tous ces moments où vous hurlez sur votre enfant ou l’envoyez au coin alors qu’il vient juste de renverser un verre d’eau (sans rien casser). Il faut bien reconnaitre que renverser un verre d’eau n’a rien de dramatique et que, quel que soit l’âge de l’enfant, le prendre sereinement et pacifiquement amènera beaucoup plus facilement l’enfant à éponger les dégats (et donc à réparer) que lui hurler dessus. Dans mon cas, hurler sur mon fils ne lui fera surement pas descendre les escaliers. Il est ne comprend visiblement pas ce qui lui arrive et il pleure assis en haut des escaliers. Continuer à hurler ne servira à rien. Et pourtant je ne peux pas m’empêcher de continuer. Bref, ce que j’exprime là n’est pas seulement relatif à l’évènement en cours. Et c’est toujours le cas :Quand l’expression de notre émotion est excessive par rapport à l’évènement qui a semblé la déclencher, c’est probablement que cet évènement n’est pas la seule cause de notre émotion ! Mieux vaut alors chercher à qui s’adresse vraiment votre colère.
Alors, là, toute hurlante, je prends 3 secondes pour passer en revue les cases de ma carte de fidélité. Je tente de lister rapidement dans ma tête quelles sont toutes les cases que j’ai bien pu cocher. Quand je fais la liste, je constate que les enfants en général – et mon fils en particulier – n’ont rien fait d’excessif par rapport à leurs âges. Ils se sont conduits comme des enfants de 5 et 3 ans en gros, avec certes quelques moments pénibles mais rien de dramatique. Chercher à qui s’adresse vraiment votre colère est le seul moyen que je connaisse pour régler le bon problème au bon moment avec la bonne personne. Sinon vous allez vous épuiser à solutionner un problème qui n’existe pas. Et donc vous sentir de plus en plus impuissant … Ce qui vous amènera à être de plus en plus violent. D’autres, par contre, ont tamponné ma carte en beauté … Mon mari en premier lieu (oui ça lui arrive). Depuis longtemps, il part du travail tard et arrive tard. C’est donc moi qui gère le soir. J’essaie de l’attendre pour que nous mangions ensemble mais c’est dur pour les enfants – qui sont surexcités (fatigue et faim) – et donc pour moi. Et puis ce matin-là, il était parti tôt, me laissant gérer le départ du matin, sans intervenir auprès des enfants. Je réalise aussi que, souvent, je le vois prendre sur lui et ne rien dire aux enfants et que c’est souvent à moi de gérer les situations difficiles avec les enfants. Des tas d’autres situations me reviennent en mémoire de ces derniers jours où c’est plutôt son attitude qui contribue à mon insatisfaction. Je réalise aussi que je ne lui ai rien dit. Je n’ai même pas forcément réalisé sur le moment que ça me posait problème. Mais cette accumulation m’a conduite à exploser dans un moment et sur une personne inappropriée … Ce n’est pas forcément notre conjoint qui nous tape sur le système : nous pouvons être en colère contre notre chef, nos parents, contre nous-même, contre l’injustice de la vie. Mais dans tous les cas, hurler sur notre enfant ne changera rien à ce problème.A qui s’adresse vraiment votre colère ? N’essayez pas de résoudre un problème au mauvais moment et avec la mauvaise personne !
Je suis donc visiblement en train d’essayer de résoudre le mauvais problème au mauvais moment et avec la mauvaise personne. Changer le comportement de mon fils à ce moment précis ne me permettra pas de me sentir plus sereine. Si je ne règle pas ce souci avec mon conjoint, les causes de mon violence deviendront de plus en plus en plus anodines et sans importante et pourtant je ne pourrais pas m’empêcher de m’énerver. Je prends alors la résolution de parler avec mon conjoint à son retour le soir. Mon émotion enfin reconnue et prise en compte peut s’apaiser. Je me tourne vers mon fils et je lui dis simplementExcuse-moi mon chéri, ce n’est pas contre toi que je suis en colère, c’est contre papa. Tu veux bien descendre maintenant ou tu préfères que je vienne te chercher ?Il me sourit et descend paisiblement. Nous pouvons partir à l’école tranquillement. Cet article vous a plu ? Vous avez envie d’en savoir plus et de recevoir régulièrement des infos autour de ce sujet ? Alors cliquez ici !
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La bienveillance résiste souvent mal à l’usure du quotidien. On a tous les outils dans notre besace mais le moment venu, ce qui nous vient, ce n’est pas ce qu’on voudrait (enfin si, des fois quand même !!!). Mon constat de thérapeute et d’accompagnante parentale : nous connaissons très mal notre colère … ce qui nous amène à essayer de la réguler de manière peu efficace (je me mets dans le sac car ça a aussi été un travail de connaissance pour moi). C’est pour vous permettre de mieux connaitre votre colère pour enfin retrouver un peu de sérénité que j’ai conçu ce programme. Garanti 0% culpabilité et 0% « il suffit de lâcher prise » ! A découvrir ici : Vous pouvez aussi vous aider de mon Guide des Emotions : un guide en version numérique à télécharger avec des clés de compréhension du processus émotionnel et 8 émotions de base décryptées (le contexte déclencheur, le message et des questions et exercices pour vous aider à y voir plus clair).A qui s’adresse vraiment votre colère ? Pour aller plus loin à ce sujet
- Sur ce blog
- Avez-vous votre carte de fidélité ?
- Le ballon émotionnel
- La colère, cette inconnue qui vous veut du bien
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- Ailleurs sur le web
- La colère sur le site RedPsy
- La colère et la violence (encore sur RedPsy) (et notamment le passage sur le bouc émissaire)
- Quelques livres (liens affiliés) :
Ping :30 jours pour mieux gérer ma colère avec mes enfants ... - S Comm C, le blog
Merci, comme d’habitude ça parle de moi. 🙂
Bon ce coup ci je dirais aussi: on peut être en colère, très fort, mais on ne peut pas faire n’importe quoi avec sa colère: faire peur en criant, taper, insulter…. Bref, en colère oui mais pas avec n’importe quelle action. Passé le coup de chaud, on peut réfléchir sur ‘ma colère était-elle bien dirigée?’
Très beau témoignage, merci Sandrine. Ca me parle beaucoup aussi…
Bonjour Sandrine,
C’est vrai qu’il est très important d’être au clair avec soi-même sur la réelle cible de notre colère au risque de ne jamais la voir s’apaiser. Ton témoignage prouve que l’on peut transformer une situation compliquée, même si elle est mal engagée, notamment en faisant preuve de lucidité et en s’excusant auprès de ses enfants.
Bonne journée