On ne peut pas rassurer une personne angoissée.

« J’essaie de le/la rassurer » est probablement dans le top 5 des phrases les plus prononcées dans mon cabinet. Passez en revue les 3/4 derniers jours. Vous avez certainement essayé de rassurer quelqu’un à un moment ou à un autre : un enfant, un conjoint/compagne un-e amie, un collègue, un banquier, un client, …

Vous avez remarqué : certaines personnes semblent très difficiles à rassurer alors que, avec d’autres, ça passe crème. Nous avons naturellement tendance à penser que la raison de ces différences seraient dans la « nature » de la personne concernée. Et que, si un personne résiste à nos tentatives de réassurance, c’est qu’ELLE a un problème. C’est elle qui nn’est pas raisonnable ou trop anxieuse.

Rejeter la faute sur l’autre, c’est oublier un peu vite notre part de responsabilité dans la réassurance. Aider les gens à se rassurer est une part très importante de mon travail. Alors j’ai eu envie de vous faire partager mon point de vue sur la manière de rassurer une personne angoissée. Cet article est donc le 1er d’une série sur le sujet.

On ne peut pas rassurer une personne angoissée : elle se rassure toute seule.

Vous avez peut-remarqué que j’ai écrit « j’aide les gens à se rassurer » et non « je rassure les gens ». Je ne cherche d’ailleurs pas à les rassurer car mon métier de psychopraticienne m’a appris une chose très importante : on ne rassure JAMAIS personne. C’est la personne qui se rassure toute seule. (tout seul ne voulant pas dire sans aide extérieure comme nous allons le voir).

En lisant le paragraphe précédent, vous vous êtes sans doute dit : « ah mais si, moi ça me rassure quand bidule me dit ceci ou cela ! ». Intéressons-nous justement à ce qui vous rassure dans les propos ou l’attitude de Bidule.

En réalité, ce ne sont pas les mots de Bidule dans l’absolu qui vous rassurent. Les mêmes mots prononcés par des personnes différentes n’ont pas le même effet. « J’ai un traitement contre votre maladie » dit par votre boulangère ne fait pas le même effet que dit par le médecin. Et les mêmes mots prononcés à des moments différents n’auront pas le même effet non plus. Parfois même, le moment joue : quand nous entendons les mots ils nous stressent. Et ce n’est qu’après coup qu’ils nous rassurent.

Aucun mot, aucune attitude n’est intrinsèquement rassurante. C’est la rencontre entre des mots et votre état d’esprit à un moment donné et dans un contexte donné qui va créer un effet de réassurance.

citation de George S. Patton :"Il y a des moments où il est bon d’écouter sa peur et d’autres où il est plus sage de faire comme si elle n’existait pas."

Qu’est-ce qui fait que nos propos sont rassurants ou pas alors ?

Pour rassurer une personne angoissé, vos mots doivent s’appuyer sur quelque chose de solide en elle

Quand les mots, l’attitude de la personne en face de vous viennent s’appuyer sur quelque chose de solide en vous, alors vous êtes rassuré-e. Ce « quelque chose de solide », ça peut être :

  • une chose que vous pensiez déjà vraie : vous l’aviez déjà lu/entendu/expérimenté et vous pensiez cette chose un peu vraie. (à noter que cette chose n’a pas besoin d’être vraiment vraie, il suffit que vous y croyiez)
  • un doute que vous aviez déjà : un doute vous avait effleuré l’esprit mais vous n’osiez pas y accorder d’importance. (oui on peut se rassurer grâce à des doutes)
  • la fiabilité « expérimentée de la personne qui tente de vous rassurer : jusqu’à maintenant elle s’est peu trompée quand vous l’avez consultée, vous accordez du crédit à ses propos.
  • la fiabilité perçue de la personne qui tente de vous rassurer : son statut (profession ou simplement parent pour les enfants), son expertise, son attitude vous amènent à penser que la personne sait de quoi elle parle et que vous pouvez la croire. (A noter là encore : la fiabilité que vous accordez à une personne n’a rien à voir avec sa fiabilité réelle, vous avez simplement besoin d’être convaincu-e de sa fiabilité pour que ça marche)

Quand vous n’arrivez pas à rassurer quelqu’un, il est probable que vous tombez à côté de ce qui est solide chez elle. J’en reparlerai dans un des articles de la série.

Le 1er truc « solide » auquel vous pouvez vous raccrocher c’est tout simplement … la disponibilité de la personne à vos tentatives de réassurance.

On ne peut rassurer une personne angoissée que si elle est disponible à la réassurance

Pour que vous puissiez rassurer quelqu’un, cette personne doit être accessible à vos propos = elle doit prendre le risque de vous écouter et donc de remettre en question ce qu’elle pense et ressent. Cette attitude n’est pas facile à adopter quand on est en plein envahissement émotionnel car elle demande un vrai effort.

Autrement dit : on ne peut rassurer une personne angoissée que si elle est accessible à la réassurance.

Attention, il y a ici un fort risque de penser que l’angoisse relève de la responsabilité de la personne. Que c’est elle qui CHOISIT d’angoisser et de ne pas écouter. C’est une direction dans laquelle nous entraine le constructivisme … et dans laquelle tombent allègrement pas mal de courants du développement personnel. Or une personne angoissée subit son angoisse, elle en souffre. Les choix accessibles ne sont pas au niveau de l’angoisse mais au niveau de la manière dont on la traite.

C’est là qu’intervient la question de la disponibilité à la réassurance. Quand nous angoissons, nous cherchons à nous rassurer pour faire disparaitre la sensation désagréable de l’angoisse. C’est parfait quand ça marche.

Quand ça ne marche pas, nous rejetons la faute sur notre angoisse trop forte, sur notre nature trop anxieuse. Nous ne nous demandons pas si nous étions simplement disponible à nos propres tentatives de réassurance. C’est la même chose quand vous essayez de rassurer quelqu’un d’autre.

Prendre cette précaution vous évitera des tentatives de réassurance ratées. Et c’est déjà une bonne chose : la peur est stressante. Essayer de se rassurer sans succès est angoissant.

Trop rassurer une personne angoissée sans son accord peut la stresser davantage

Vous ne me croyez pas ? Essayez donc de rassurer quelqu’un qui n’a pas demandé à l’être ou qui n’est pas disponible pour l’être. Vous obtiendrez généralement beaucoup de résistance, pouvant aller jusqu’à de l’agressivité et souvent une aggravation de l’angoisse.

Vous avez probablement déjà expérimenté ce phénomène. C’est très fréquent avec les enfants (qui s’énervent quand on tente de les rassurer). Ca arrive très souvent en entreprise aussi. Et c’est souvent interprété comme étant la faute de l’autre qui refuse notre demande.

La 1ère règle pour rassurer une personne angoissée est donc : Avant d’essayer de rassurer quelqu’un, demandez-lui « as-tu besoin de mon aide ? penses-tu qu’il y a quelque chose que je puisse dire ou faire qui pourrait t’aider ?« 

Ca vous évitera d’échouer et donc de créer des angoisses secondaires chez la personne que vous vouliez rassurer.

Parce que oui, les échecs de la réassurance augmentent l’angoisse. Chaque tentative ratée aggrave l’impression d’impuissance de la personne angoissée. Elle avait peur et maintenant elle a peur d’avoir peur. Le fameux « primum non nocere » des médecins s’applique aussi ici : d’abord ne pas nuire et donc éviter de faire des trucs qui ne marchent pas parce qu’ils aggravent la situation.

Autre chose : ne tentez de rassurer une personne que si elle est prête à prendre le risque que vos tentatives ne marchent pas.

Alors, à quand votre prochaine tentative de réassurance ? Et qu’allez-vous faire de différent pour rassurer plus efficacement ?

Dans les prochains articles de la série, je vous parlerai – dans le désordre :

N’hésitez pas à me faire part en commentaire de vos réactions et questions. Les articles suivants ne sont pas encore écrits. Je suis donc preneuse de vos réactions / questions et commentaires pour compléter mes propres idées.

Pour aller plus loin à propos de la réassurance, de la peur et de l’angoisse

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Sandrine Donzel

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