Pratiquer l’écoute active (2/4) : la posture et les freins
La semaine dernière, j’ai démarré une série de 4 articles à propos de l’écoute active, un outil puissant mais souvent mal utilisé. Dans cette 2e vidéo, je vais commencer à parler plus concrètement de COMMENT pratiquer l’écoute active.
Dans le précédent article (à lire ici), je vous ai parlé du ballon émotionnel. Si vous n’avez pas encore lu l’article, je vous invite à le faire avant de lire celui-ci. Une fois posées cette base de compréhension, dans cet article et dans le suivant, je vais aller plus loin et plus concrètement dans l’écoute active et sa technique (oui c’est de la technique !).
Pour télécharger l’image du ballon émotionnel, cliquez ici.
Si vous préférez la version vidéo, elle est disponible en fin d’article 😉.
L’écoute active dégonfle le ballon émotionnel … mais comment ???
Avec l’image du ballon émotionnel, vous aurez compris que l’effet recherché, c’est de « dégonfler le ballon émotionnel ». Mais en quoi l’écoute active va-t-elle contribuer à dégonfler le ballon ?
Le 1er levier de l’écoute active, c’est le non jugement et l’empathie qu’elle démontre.
Le non jugement et l’empathie jouent sur le levier de la honte. Plus justement, ils lèvent les freins liés à la honte.
L’écoute active montre à notre interlocuteur que nous l’acceptons tel qu’il est, que nous comprenons ce qu’il ressent.
Pratiquer l’écoute active évite d’ajouter de la honte au problème rencontré départ … et ça suffit parfois à revenir dans un état d’équilibre suffisant pour retrouver le courage et les capacités à résoudre le problème.
L’écoute active nous met aussi dans une position de soutien : notre interlocuteur n’est plus seul face à son problème, il a avec lui quelqu’un qui le comprend, ne le juge pas … et surtout qui se rend pleinement disponible pour l’aider.
Soulager l’anxiété d’être seul face à son problème est un 2e levier sur lequel joue l’écoute active.
Là encore, l’écoute active contribue à réduire une émotion désagréable associée au problème, la peur. Oui la personne écoutée a un problème mais elle n’est pas seule face à ce problème.
L’écoute active réduit les émotions désagréables associées au problème
Attention écueil et limites ici : le problème de l’autre ne doit pas me mettre moi-même en envahissement émotionnel.
Un peu d’émotion de ma part est nécessaire : cette émotion me donne envie de faire preuve d’empathie.
Mais trop d’émotion et je suis dans la même mélasse émotionnelle que l’autre. Raté pour l’aider : je ne peux pratiquer l’écoute active que si je suis à peu près à l’équilibre.
C’est ce qui arrive quand je suis trop touchée par l’angoisse de mon enfant et que je veux lui éviter des sources d’inquiétude plutôt que de l’aider à les affronter par lui même.
C’est aussi ce qu’il se passe quand je suis tellement agacée par un collaborateur que je veux juste qu’il arrête de se plaindre.
Ou encore quand, en tant que thérapeute/coach/professionnel de santé, je suis choquée par un comportement, une attitude ou une croyance d’un de mes patients au point de vouloir absolument le contredire.
Dans l’écoute active tout est question de disponibilité mentale.
Pour pouvoir vraiment écouter, je dois être le plus possible disponible pour l’autre.
Ce sont mes compétences émotionnelles d’écoutant qui sont en jeu ici : prendre conscience de ses pensées, de ses émotions … et savoir d’abord et avant tout s’écouter soi pour savoir si on est ou non en état d’écouter l’autre.
Soit dit en passant : en tant que parent, cette compétence me sert tous les jours pour ne pas être « trop » à l’écoute – oui on peut être trop à l’écoute – et pour respecter mes propres limites aussi.
Apprendre à repérer et gérer ses propres états internes est nécessaire avant de pouvoir être plus disponible pour de l’écoute.
A noter : en état de fatigue intense, burn-out, période d’anxiété, nos capacités d’écoute sont diminuées.
Pas supprimées cependant mais il est nécessaire d’avoir encore plus de vigilance sur notre posture dans ces moments. Ce sont aussi des moments où on a besoin d’écouter moins souvent. On peut alors pratiquer l’écoute active quand c’est vraiment nécessaire et pas tout le temps. J’en parlerai dans le dernier article de la série sur les limites de l’écoute.
A notre propre envahissement émotionnel s’ajoute un autre obstacle : l’objectif d’aider l’autre à « dégonfler son ballon émotionnel » peut devenir la barrière qui nous empêche d’écouter.
Autrement dit : lorsque j’écoute « pour aider l’autre », je n’écoute plus.
Quand vous cherchez à aider / calmer / résoudre le problème /etc vous n’êtes plus en train d’écouter.
Faire une seule chose à la fois est LE point clé de l’écoute.
Ce n’est pas aussi simple que ça a en l’air. Nous sommes très très vite rattrapés par nos jugements – « mais il est bête ou quoi de s’énerver pour si peu » – , nos pensées parasites – « mince j’ai fait tourner ma machine et j’ai oublié d’étendre le linge » – notre envie d’en « finir vite » avec le problème – « bon allez, j’ai fait preuve de patience en écoutant bien, maintenant sois reconnaissant des efforts que j’ai fait en devenant plus raisonnable ».
A propos de faire 2 choses en même temps, comme écouter ET rappeler une règle, je vous invite à lire l’article « une seule chose à la fois » :-).
Le dernier levier qui rend l’écoute active efficace, c’est la clarification.
L’emballement émotionnel est souvent associé à de la confusion mentale.
Dans cette confusion mentale, les mots que me dit la personne qui m’écoute sont comme un phare : je m’y reconnais, je peux dire « ah oui c’est exactement ça » et ça soulage la confusion.
Ce n’est pas suffisant pour supprimer le problème mais ça permet au moins d’abaisser l’envahissement émotionnel et de retrouver du COURAGE pour s’attaquer au problème !
Et justement, les MOTS utilisés pour l’écoute active seront l’objet de mon prochain article, à paraître la semaine prochaine : j’y parlerai de ce qu’on DIT quand on pratique l’écoute active = est-ce qu’on pose des questions ? est-ce qu’on répète ce qu’a dit la personne écoutée ? quels mots on utilise ?
Alors rendez-vous mercredi prochain pour la suite de la découverte de l’écoute active !
Pour aller plus loin dans votre pratique de l’écoute active
Quelques livres :
- « la communication non violente » – Andreas Basu et Liane Faust : un petit livre très bien fait pour comprendre le processus d’une communication plus respectueuse
- « Parler pour que les tous petits écoutent » – Faber et King : un livre à mettre en toutes les mains des parents. Il est plus orienté écoute que le livre de base « Parler pour que les enfants écoutent » et les outils peuvent servir même avec des ados 🙂
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Pratiquer l’écoute active, posture, leviers et freins : la version vidéo
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