Les Vendredis des Parents : la galère des matins pressés
Ah ! la galère des matins pressés ! L’épreuve de tous les parents !
Comme vous l’aurez compris au travers de certains de mes articles – ici à propos de l’utilité d’implanter une usine de fabrication de biscuits dans mon salon et là à propos de la carte de la colère d’une maman avec son petit garçon – un moment de calme le matin est sacré pour moi …
Alors la question choisie cette semaine m’a vraiment interpellée 😉 …
La voici :
J’ai 2 enfants de 5 ans, que, chaque matin, je rêve de réveiller en douceur, pour qu’ils passent une bonne journée, chacun à son rythme, quoi! Alors gros bisous, câlins, lumière douce, bref. En général ça commence pas mal. Mais très vite ça dégénère! Bon allez, debout maintenant!
À table au petit dej´, un qui dévore ses céréales, l’autre qui joue, qui rêve… Vite, allez, dépêche-toi! Puis forcément un truc renversé, panique, je suis pas prête, pas maquillée, vite habillez-vous! Je sors de la salle de bain, l’une est en culotte, l’autre comate sur le canapé… Dans 5 minutes on doit décoller, viiiite, on va être en retaaaaard!!!
Bon voilà, on sort toujours de la maison en catastrophe, souvent fâchés, et finalement jamais vraiment en retard.
Je précise que j’habite loin de l’école, qu’il faut se lever tôt, que je ne peux pas lever les pitchounes encore plus tôt!
Alors comment apaiser ces premiers moments partagés le matin? Merci!!!
la galère des matins pressés : « Le jour se lève, les enfants aussi … et les ennuis commencent. » Haim Ginott
Au moment d’écrire cet article, je venais de terminer un livre de Jorge Bucay « Je suis né aujourd’hui au lever du jour ».
Et dans le 1er chapitre, Jorge Bucay parle de « 3 vérités ». La 1e d’entre elles me parait très utile :
La réalité est ce qu’elle est.
Jorge Bucay en tire plusieurs conséquences et notamment « la réalité n’est pas comme je voudrais qu’elle soit », ce qui implique aussi que « l’autre n’est pas comme je voudrais qu’il soit ». Qu’est-ce que ça implique ?
Que les enfants sont des enfants et qu’ils se conduisent en conséquence 😉 …
Et un enfant de 5 ans, ça comate sur le canapé, ça mange en trainassant, ça ne veut pas s’habiller, ça veut rester au lit.
J’en connais même des plus âgés qui font pareil à vrai dire !
Pour s’éviter des crises et des colères, un autre principe me parait aussi très utile, de Confucius celui-là :
Espérer le meilleur, préparer le pire. Et prendre ce qui vient.
Bref, les enfants sont des enfants et se conduisent comme des enfants.
Ceci étant posé, qu’est-ce que ça implique ?
Que le matin, ils vont avoir du mal à se lever …
Qu’ils vont refuser de manger, qu’ils vont manger lentement quand on est pressé, qu’ils vont renverser leur verre de jus de fruit, qu’ils vont râler parce qu’il n’y a pas des biscuits qu’ils veulent, qu’ils ne voudront pas s’habiller ou qu’ils voudront s’habiller avec tout autre chose que ce que vous aviez prévu et de préférence avec des vêtements pas du tout de saison, qu’ils voudront jouer ou regarder la télé, qu’ils ne voudront pas arrêter de jouer ou de regarder la télé même s’ils vous ont promis le contraire 3 mn avant, qu’ils ne voudront pas mettre leurs chaussures ni leur manteau, …
Enfin voilà quoi un matin normal avec des enfants …
Bon alors on fait quoi pour gérer la galère des matins pressés ? on s’assoit par terre et on pleure ?
Nan je rigole hein, il y a quand même des choses à faire.
Déjà l’heure du lever. Nous avons souvent peur de réveiller nos enfants trop tôt, par peur qu’ils soient fatigués. Mais ce faisant, on crée une tension liée à l’horaire qui nous conduit souvent à devenir irascible avec nos enfants.
Pour moi la 1e question à se poser est donc :
Est-ce qu’il vaut mieux que mes enfants dorment 15 mn de plus ou est-ce que ces 15 mn m’éviteraient de crier sur mes enfants ?
C’est un point qui mérite réflexion.
Et après ?
Le matin est un moment sensible pour tout le monde. Si nous les parents avons besoin de calme le matin, que nous aimerions désespérément pouvoir prendre le temps de démarrer la journée en douceur, c’est pareil pour nos enfants. Il y a quelques petites astuces dont parlent Faber et Mazlish dans « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent » :
– décrire le problème :
Il y a du jus d’orange renversé. Il nous faut une éponge pour réparer ça.
ou bien tout simplement :
L’éponge est sur l’évier.
– donner des choix :
Il est l’heure de se lever. Tu veux te lever tout de suite ou tu veux rester encore 5 mn ?
Et c’est toi qui vient ou tu veux que je vienne te chercher ?
Cela permet à l’enfant de se sentir acteur, de pouvoir décider de quelques trucs et ça aide pour démarrer du bon pied.
Cela suppose aussi qu’on a pris 5 mn d’avance pour autoriser ses 5 mn de « trainassage » au lit.
Je ne sais pas vous mais moi j’adore par exemple mettre mon réveil et rester dans mon lit 5 à 10 mn. Il n’y a rien que je déteste plus que d’être obligée de me lever instantanément.
Et pour la question de l’habillage ?
J’en avais un peu parlé il y a déjà longtemps par ici, dans un article qui traite de l’éternel problème des fringues toutes trop moches pour être portées 😀 …
Autre piste, donnée par une institutrice
Quand c’est le chahut, organisez le chahut !
Si votre enfant court partout en refusant de s’habiller, arrêtez de lui courir après, ce qui n’a pour effet que de le faire courir plus vite.
Vous pouvez par exemple lui proposer de l’attendre sur le canapé avec les vêtements et entre chaque vêtement, il fait le tour du salon ou de la table. Ca permet de transformer 15 mn de course-poursuite énervante en 5 mn de jeu rigolo.
Une dernière astuce : le planning
Souvent les enfants n’aiment pas se faire dire ce qu’ils doivent faire. Comme les adultes, ils ont besoin d’avoir l’impression d’avoir un minimum d’autonomie et de contrôle sur leur vie. Ils préfèrent se dire à eux-mêmes ce qu’ils doivent faire.
Et il est donc souvent plus efficace de construire avec eux un planning, une sorte de check-list – basée sur des pictogrammes ou des dessins pour ceux qui ne savent pas lire – à laquelle ils pourront se référer pour savoir ce qu’il y a à faire et dans quel ordre. On peut même y ajouter des heures limites si une pendule est à disposition des enfants.
Les enfants respectent beaucoup mieux les règles qu’ils ont eux-mêmes établies et qui ne leur sont pas rappelées par des adultes.
Et quand ça ne marche toujours pas, se souvenir de à quoi servent les limites pour gérer la galère des matins pressés …
Et pour finir, je rappelle juste l’utilité des limites pour nous les adultes – dont j’avais parlé à 2 reprises, dans des articles précédents des Vendredis des Parents ici et là.
Il s’agit, pour résumer, d’éviter de nous mettre dans une situation où nous en voudrons à nos enfants de simplement être des enfants.
C’est parfois nous qui nous mettons nous-même en position de nous énerver sur nos enfants. Je m’explique : le matin, j’ai besoin de prendre une douche, de m’habiller, de me maquiller et de préparer mes dossiers pour la journée quand je n’ai pas eu la bonne idée de les préparer la veille (ce qui m’arrive très rarement il faut bien le reconnaitre). Et j’ai besoin de temps pour ça.
Je veux bien aider mes enfants à s’habiller, je peux comprendre qu’ils en aient besoin. Mais à un moment donné, je dois m’occuper de moi.
Il m’arrive donc de poser clairement MA limite en donnant le choix :
Je suis disponible ici dans la chambre pour vous habiller pendant encore 5 mn.
Après ça, je vais me préparer et je ne serai plus disponible.
Vous avez le choix : soit vous venez vous habiller maintenant avec moi, soit vous vous habillez seuls.
En complément, l’idéal est d’avoir un sablier où les enfants peuvent visualiser le temps qui passe.
Ou alors avoir une pendule où les enfants peuvent voir facilement la position des aiguilles.
Et à l’heure dite, je pars et je vais me préparer. Si je reste à leur disposition en trépignant, c’est moi qui fait le choix de me mettre en retard et non eux qui m’obligent à rester. Je ne peux m’en prendre qu’à moi s’ils ne viennent pas finalement :-D.
Et à dire vrai, dans 90% des cas, mes enfants sont venus me rejoindre pour se faire habiller. Dans 9% des cas, ils se sont habillés seuls … et le 1% restant, ils chouinent parce qu’ils voulaient que je les habille :-D.
Parce que oui, le matin, c’est galère pour tout le monde en fait, même si les astuces précédentes peuvent nous faciliter la vie.
Allez, profitez bien des vacances avant de replonger dans la dure réalité de la galère des matins pressés 😀 !
Et si vous avez une question à poser, un petit mail à sandrine@scommc.fr
Pour aller plus loin, quelques livres :
Merci merci! Dans 2 jours la fin de nos vacances, je vais essayer de mettre en œuvre certains petits trucs sus-cités! J’aime bien l’idée de courir autour de la table entre chaque vêtement enfilé, je sens bien l’écho chez ma progéniture… Je vous tiens au courant 😉
Ici 3 enfants dont je m’occupe seule le matin. Pour moi l’essentiel est de me lever avant eux et de me préparer pendant qu’ils dorment encore histoire de ne pas stresser pour rien. Je me lève très tôt (5h30), je prends mon café (moment le plus sacré de la journée!) dans le calme puis douche etc… Je réveille les enfants une heure avant le départ de la maison car cela laisse le temps de se préparer tranquillement, de déjeuner sans se presser. La petite a droit à un « rab de pieu » le temps que je range la cuisine après le petit déjeuner.
A 7h30 tout le monde est prèt à partir.
Je pense qu’il vaut mieux privilégier le coucher tôt plutôt que le lever tard, il n’y a rien de plus énervant que la course du matin
Merci pour ces conseils. Je confirme pour le sablier, ça m’a souvent servi pour éviter des crises avec mon troizan : il passe les 5 minutes en question à regarder le sable descendre… mais après il est prêt à s’habiller!
Une façon d’être plus disponible consiste non pas à lever nos enfants plus tôt mais à se lever soi-même plus tôt pour se préparer tranquillement et même prendre son petit déjeuner seule en comatant. Quand on est prêt, alors on réveille les enfants et on est disponible pour eux: moins de stress pour tout le monde!
Oui c’est vrai et ça aide beaucoup à alléger l’ambiance.
Mais parfois ça ne suffit pas : malgré toute la bonne humeur du monde, lorsque le temps est trop court, ça finit souvent par mal tourner malgré tout.
Comme le dit Haim Ginott : « chaque jour les parents prennent de bonnes résolutions. Puis le jour se lève, les enfants aussi … et les ennuis commencent » 😀