Un enfant qui se bagarre à l’école : le pouvoir du choix

enfant qui se bagarre à l'écoleC’est l’histoire d’un enfant qui se bagarre à l’école …

C’est l’histoire d’un gars. Le gars, il a 4 ans 1/2, il va en moyenne section de maternelle.

Le gars, il a des copains super cools, avec qui il adore jouer. Et les jeux super cools du gars et de ses copains super cools, c’est de jouer à la bagarre.

Comme la bagarre n’est pas vraiment dans les jeux préférés de la maitresse et qu’elle gronde quand ils se bagarrent trop fort, le gars et ses copains jouent au foot à la récré. Mais le ballon n’est qu’un accessoire vite oublié, le but, c’est de se jeter les uns sur les autres et de se batailler fort. Plus du rugby que du foot en gros, l’objectif étant de se jeter par terre.

Mis à part le fait que la maitresse a peur que le gars et ses copains se fassent mal, ce jeu-là peut encore passer. Mais ça devient de plus en plus violent.
Et puis le gars, il trouve super drôle de faire la bagarre.

Alors il commence à jouer aussi en classe. C’est trop long d’attendre jusqu’à la récré !!! Donc l’enfant qui se bagarre aime se bagarrer tout le temps …

Où la maitresse commence à en avoir marre de l’enfant qui se bagarre à l’école tout le temps …

Bon là, la maitresse trouve ça moyen drôle en vrai. Elle commence à s’énerver. Elle gronde, elle punit. Le gars, il s’en fout un peu. Il se cache mieux, il fait la bagarre en cachette.
Et puis, comme il est séparé de ses copains super cools, il s’amuse comme il peut : il commence à agacer les autres copains, ceux qui ne sont pas d’accord pour la bagarre. Normal hein, pour un gars qui aime s’amuser. Ces copains-là ne sont pas d’accord mais le gars, il s’en fout, il trouve quand même ça super drôle. Et puis ça fait trop rire ses copains super cools. L’enfant qui se bagarre à l’école pour le fun aime ça, se bagarrer, finalement. C’est un vrai jeu.

Quand la maitresse le voit, il se fige, fait un sourire genre

moi ? non rien 😀 …

et vaque à des occupations plus acceptables.
Le gars il aime l’école hein, il réussit plutôt bien … mais en vrai, ça lui plait bien plus de faire le fou avec ses potes.

Au bout d’un moment, la maitresse attrape la maman du gars. Elle lui dit

J’ai besoin de vous voir. J’ai des problèmes avec le gars.

Vous êtes libre vendredi à 16H30 ?

Pas le temps d’en dire plus. On est lundi.

Où la maman de l’enfant qui se bagarre à l’école intervient …

La maman repart avec le gars. Au goûter, au retour de l’école, commence une discussion :

– tiens la maitresse veut me voir, c’est bizarre. P’tit gars, tu sais pourquoi elle veut me voir ?
– … (sourire gêné) … heu non …
– ah bon … Bon je verrais avec elle vendredi alors. Si tu as une idée, dis-moi parce que je ne vois vraiment pas ce qu’elle me veut …
– heu ben … je crois que je fais la bagarre.
– ah bon ?
– oui, avec L. R. et N., mes copains super cools !
– ah je vois. Et il se passe quoi alors ?
– ben la maitresse est pas contente et elle nous punit.
– OK, je vois.

Après un temps de réflexion, la maman se dit que le gars, il est bien trop malin pour se faire avoir par une punition. Parce que le gars, à pas 5 ans, il est capable de se punir tout seul, juste pour être celui qui a décidé. Elle a essayé la maman, les punitions et le contrôle. Mais avec ce gars-là, ça ne marche pas. Vraiment pas. Voire même ça empire les choses.

enfant qui se bagarre à l'école : le pouvoir du choix

Où l’enfant qui se bagarre à l’école, il a le choix …

Donc la maman décide de faire ce qui marche le mieux : lui confier la responsabilité de son comportement, lui proposer un choix. Alors, elle lui dit:

P’tit gars je crois que tu as le choix. Tu peux choisir de continuer à faire la bagarre avec tes copains. C’est super fun la bagarre, super cool même. Tu t’amuses bien. Bon évidemment, la maitresse n’est pas contente, elle te punit, elle te gronde. Nous on risque de ne pas être contents non plus vu que la maitresse va nous en parler tout le temps. Mais bon, c’est quand même cool de faire la bagarre.

Tu peux aussi choisir de ne plus faire la bagarre. C’est nettement moins cool et moins fun. Va falloir se retenir de se batailler, c’est super dur. La maitresse ne te punira plus et nous, du coup, on ne sera pas fâchés. Mais bon, c’est dur hein.

Donc tu as le choix. C’est toi qui décide.

Le gars il réfléchit. Il ne dit rien. La maman ne demande pas de réponse et laisse réfléchir. Elle ne reparle plus du sujet avec le p’tit gars et attend le rendez-vous du vendredi avec la maitresse.

Dans la semaine qui a suit, le gars il a dit à sa maman tous les soirs :

j’ai pas fait de bagarre aujourd’hui.

La maman répond juste :

ah oui tiens … et tu as fait quoi alors ?

Et le petit gars explique à quoi il a passé sa journée.

Le 3e jour, le gars, il dit même à sa maman :

– aujourd’hui, j’ai pas fait de bagarre, j’ai fait de l’amour …
– Ah bon ???
– ben oui aujourd’hui j’ai embrassé mon amoureuse  !

(gloups, fait la maman  en ajoutant : « mais elle était d’accord ? »)

Epilogue : à propos de l’enfant qui se bagarre à l ‘école … ou plutôt de l’enfant qui se qui se bagarrait !

Au rendez-vous du vendredi, la maitresse observe déjà une accalmie dans les bagarres. La maman explique comment elle a choisi de gérer la situation avec le gars en donnant quelques indications sur comment le gars fonctionne.

3 semaines plus tard, la maitresse a dit à maman :

Incroyable, il est transformé ! Je le retrouve comme en début d’année, sage, appliqué, impliqué dans son travail. Il ne se bagarre plus et ne harcèle plus ses petits copains.

Faudra prévenir sa maitresse l’année prochaine, qu’elle sache comment gérer hein !

 

A noter : je me suis entrainée à utiliser le choix grâce aux ateliers « parler pour que les enfants écoutent, écouter pour qu’ils parlent » de Faber et Mazlish. Ces ateliers sont une vraie mine d’or pour acquérir des outils et des compétences de parents (et oui, il y a des choses qui s’apprennent dans la parentalité ;-)). Ils permettent aussi d’échanger avec d’autres parents pour pouvoir choisir sa manière personnelle d’être parent.

Si vous avez envie de participer à l’un de ces ateliers, toutes les infos sont ici

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Photo Credit: REMY SAGLIER – DOUBLERAY via Compfight cc

Sandrine Donzel

Parentalité, couple, communication, développement personnel ? Votre vie ne ressemble pas à ce qui est décrit dans les livres ? Pas de panique et bienvenue dans la VRAIE VIE, celle qui est abordée sur ce blog ! Je vous y propose des outils concrets, pragmatiques et REALISTES pour répondre à vos interrogations. Bonne lecture !

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15 thoughts on “Un enfant qui se bagarre à l’école : le pouvoir du choix

  • 5 août 2013 à 18:30
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    comme très souvent: j’aime, j’approuve, et je partage! 🙂

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  • 5 août 2013 à 18:54
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    Coucou Sandrine,
    J’aime toujours autant ton approche !!! Est-ce que la maîtresse a pensé au cycle ‘lutte’ en EPS ? BISES
    Caroline

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    • 5 août 2013 à 19:13
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      Merci !
      Non ils ont fait de la danse ;-). Et je ne suis pas sûre que la lutte aurait arrangé ses affaires parce que ça aurait pu dégénérer très vite.

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  • 6 août 2013 à 16:52
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    Bonjour!
    Je m’interroge depuis que j’ai lu l’article… qu’est ce qui a fait que le petit garcon (4 1/2 c’est pas bien grand!) A pris la « bonne » décision? Qu’est ce qui l’a motivé? Je ne comprends pas du tout. Avec un plus vieux j’aurais eu moins de mal, mais là, dans le discours de la maman, il n’y a aucune orientation. .. merci d’éclairer ma lanterne… et est ce possible avec un petit de 3 ans et demi? Merci 😉

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    • 6 août 2013 à 18:29
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      Bonjour

      Plusieurs choses :
      – d’abord la maman était prête à affronter la possibilité que son fils continue de se bagarrer. Cela avait été préparé en amont.
      – ensuite la maman était malgré tout sincèrement convaincue de la capacité de son fils à se comporter comme une personne compétente et responsable. Si cela n’avait pas été le cas, elle n’aurait jamais pu proposer ce choix.

      D’une manière générale, je constate que, la plupart du temps, quand on considère les enfants comme autonomes, compétents et responsables, ils se comportent comme tels ;-).

      Et oui cela peut marcher avec un plus petit.

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      • 7 août 2013 à 07:51
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        Merci 🙂
        J’adhère complètement à cette façon d’éduquer même si cela n’est pas toujours facile à mettre en place avec le temps, la fatigue… je suis toujours étonnée par la maturité de ce petit garçon. J’ai (presque!) Hâte qu’un problème survienne pour pouvoir pratiquer 😉
        Merci!

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  • 9 août 2013 à 14:13
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    J’ai beaucoup aimé l’article mais je me pose une question: est-ce qu’on ne peut pas facilement tomber dans du chantage affectif implicite en mettant en parallèle les émotions des parents et de la maitresse face aux actions du petit gars?

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    • 9 août 2013 à 15:07
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      Il ne s’agit de chantage que si on ne laisse pas le choix au petit garçon ;-).
      Et il s’agit aussi de lui montrer les conséquences de ses choix. C’est une réalité qu’il aura à affronter : la maitresse sera fâchée, les parents aussi.
      On ne lui demande pas de gérer les émotions des autres, on lui demande simplement de prendre conscience de l’impact que son comportement aura sur les autres et de prendre une décision en connaissance de cause.

      Ce serait du chantage à mon sens si on lui disait : « si tu continues à te bagarrer, la maitresse sera très en colère et nous aussi. Tu DOIS arrêter de te bagarrer sinon nous serons aussi en colère et tristes. »
      Alors là on fait porter la responsabilité de la colère sur l’enfant et ça devient du chantage.

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      • 9 août 2013 à 15:44
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        Merci Sandrine pour cette explication.
        La chose qui m’inquiète, c’est l’interprétation que peut en faire le petit garçon.
        J’avais mis en place le calendrier de la colère à la maison et tout se passait bien jusqu’à ce que je me rende compte que les enfants avaient complètement tronqué le sens de la chose en interprétant les cases.
        Les croix n’étaient plus la colère de maman mais des mauvais points. Leur interprétations avait évolué et impossible de les faire changer d’optique après.
        Du coup, je me fais l’avocat du diable pour avoir les clés pour ne pas me planter cette fois-ci ^^….

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        • 9 août 2013 à 15:50
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          Il est impossible de prévoir l’interprétation que va faire l’enfant.
          Il s’agit simplement de savoir s’adapter si on constate que ça ne va pas dans le sens qu’on souhaitait lui donner, ce que tu as fait.

          Je n’utilise pas de choses comme les calendriers de la colère ou des notations de ce genre car ce sont effectivement des systèmes d’évaluation extérieures, même quand c’est l’enfant qui les gère. Et pour moi ça ne fait pas de sens car il y a des jours où j’ai plus de raisons d’être en colère que d’autres – ces raisons ne dépendant pas forcément de moi (mon contexte change aussi 😉 et je n’y peux rien).

          Pour moi, l’idée est de responsabiliser l’enfant sans lui faire porter le poids de nos propres sentiments. Comme je l’expliquais dans un commentaire précédent, la maman en question était tout à fait préparée à l’éventualité que l’enfant allait continuer la bagarre. C’était un choix possible pour l’enfant.
          Et ce dernier point me parait primordial pour que la relation soit saine.

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          • 12 août 2013 à 09:47
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            Par calendrier de la colère, je faisais référence à l’article paru sur votre blog « la colère d’une maman ».
            J’avais d’ailleurs échangé à ce propos avec vous.
            Je comprends les nuances. J’essaierai de cette manière. Merci

  • 9 juin 2015 à 16:02
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    Merci beaucoup pour toutes ces réflexions et les commentaires.
    En tant que parent d’enfants devenus adultes je dois dire que laisser aux enfants le choix est une bonne manière de les préparer à affronter l’avenir: le choix d’un métier, d’un partenaire et aussi de conserver la santé quand on a la chance de l’avoir. Je pense aux enfants qui succombent à l’anorexie ou à des maladies auto-immunes qu’ils ont créées eux mêmes. Je pense que tout est lié: santé, mental, physique, et viser à l’équilibre est tout un art et un challenge permanent .

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  • 18 mars 2022 à 16:16
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    Bonjour,
    Je suis une maman d’un petit garçon de 7 ans… Qui se bagarre énormément à l’école depuis plusieurs années. On a tout essayé…. TOUT !! La punition (retenue scolaire, copiage de ligne, dessin d’excuse, punition de réparation par un acte gentil, la totale a été explorée), la récompense, (le chantage, oui je sais, je suis honteuse), la discussion, un livre en support, la gestion des émotions, nous sommes allés consulter des psychomotricités relationnelles…. bref la totale…. Il n’y a pas de violence à la maison et nous faisons attention à ce qu’il regarde…. Mais malgré tout, il arrive même à ce que chaque jouet serve de support à bagarre…. les petites voitures se battent entre elles…. les playmobile n’en parlons pas et les légo passent un mauvais quart d’heure. Mais nous n’avons trouvé aucune solution….
    Je viens de lire cet article et je vais tenter cette solution…. Croisons les doigts pour que cela ait un déclic chez lui.

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    • 18 mars 2022 à 16:35
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      Bonjour, merci pour votre témoignage
      Parfois quand la bagarre est trop interdite ou présentée comme étant « mal », l’enfant peut se sentir coincé : il ressent à l’intérieur de lui les tensions et les envies de se battre mais ne peut pas le faire parce qu’on lui dit que ce n’est pas bien.
      Pour comprendre ce qu’il vit apprendre à maitriser ces tensions et ces envies de violence (qui sont je le redis tout à fait normales), la bagarre et les jeux « violents » sont des outils. Ces activités de jeux (avec des jouets ou avec un adulte avec qui il va pouvoir faire semblant) ne sont pas donc pas à supprimer sinon on l’empêche d’apprendre comment gérer :-).
      Tenez-moi au courant

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