La jalousie dans le couple, un poison relationnel

La jalousie est souvent présente dans les relations de couple. Elle y est la plupart du temps un poison destructeur pour les relation. Voici quelques pistes pour voir la jalousie dans le couple autrement et éviter quelques-uns de ses risques.

La jalousie, qu’est-ce que c’est ?

La jalousie est une émotion. Comme toutes les émotions, elle se traduit par :

  • des sensations physiques
  • des pensées, un discours intérieur
  • des tendances à l’action = ce que cette émotion me donne envie de faire (et qui vise à revenir à un état d’équilibre où je ne ressens plus cette émotion)

Quand on ressent de la jalousie, pensées et sensations physiques sont désagréables à vivre. La personne jalouse va donc vouloir faire ce que fait toute personne vivant une émotion désagréable : elle va chercher à faire cesser le processus émotionnel.

Pour la jalousie dans le couple, le comportement du partenaire est identifié comme déclencheur de l’inconfort émotionnel : « c’est parce que l’autre regarde une personne dans la rue que je ressens de la jalousie« , « c’est parce que l’autre répond à ses SMS sans me dire de qui il s’agit« .

Ce lien de cause à effet amène une tendance à l’action logique : faire changer le comportement déclencheur du / de la partenaire.

Derrière cette demande de changement, il y a la croyance que la jalousie va disparaitre avec le comportement déclencheur.

Hélas, les partenaires adhèrent souvent à ce point de vue aussi. Cela les amènent à tenter d’apaiser la jalousie en se pliant aux demandes la personne jalouse.

Sans franchement beaucoup de résultats, ou des effets de (très) courte durée sur le sentiment de jalousie.

La stratégie adoptée pour diminuer la jalousie dans le couple finit par renforcer la jalousie

Le soulagement est d’autant plus courte durée que la contrainte imposée au partenaire est importante.

En effet, quelque part au fond d’elle-même, la personne jalouse sent bien que sa demande est intenable. Elle comprend qu’elle est en train de provoquer ce qu’elle veut justement absolument éviter = la dégradation de la relation et donc possiblement la rupture.

Mais c’est justement cette possibilité de rupture que la personne jalouse ne veut pas – ou ne peut pas – envisager. Cette perspective est terriblement effrayante et problématique qu’elle en devient inenvisageable. Et pour éviter d’avoir à l’envisager, la personne jalouse ne connait qu’une option = contrôler les comportements de l’autre.

Plus la personne jalouse est inquiète de la rupture possible, plus elle contrôle les comportements de l’autre. Et plus cela l’inquiète. Le piège s’est refermé sur elle.

La jalousie revient donc, souvent plus forte au fil des semaines, en dépit – ou à cause ? – des efforts du/de la partenaire pour s’adapter aux demandes de l’autre.

La jalousie n’est PAS un besoin mal comblé, c’est une émotion mal régulée

Dans beaucoup de couples que j’ai accompagnés, la jalousie était vue comme un besoin mal comblé. Sous-entendu : « réponds mieux à mes besoins et je ne serai plus jaloux ou jalouse« .

Cette croyance enferme la personne jalouse dans une position de victime. Son bien-être dépend entièrement du comportement d’une autre personne.

Cela la conduit à souffrir tant que l’autre n’est pas à la hauteur de ses besoins. Les jaloux sont prisonniers de leur jalousie alors qu’ils croient l’être de leur partenaire.

Le/la partenaire est aussi piégé-e, mais dans la culpabilité. « Si la personne jalouse souffre, c’est de ma faute« . Et rien n’est pire que la culpabilité pour tuer une relation quelle qu’elle soit.

Chez le jaloux ou la jalouse, s’ajoutent alors colère ou tristesse à la jalousie initiale. La colère est tournée contre le/la partenaire qui « décidément » ne fait pas assez d’efforts. La tristesse est celle de ne pas réussir à trouver un-e partenaire assez compréhensif ..

En réalité, colère et tristesse ne sont que des émotions secondaires, conséquences de l’émotion de base mal régulée.

Le jaloux ou la jalouse ne le fait pas exprès : il/elle souffre véritablement et cherche à diminuer cette souffrance. Les jaloux tentent de se contrôler eux-mêmes avant de contrôler leurs partenaires : ils se mordent les lèvres pour ne pas poser de questions, cherchent des dérivatifs pour s’empêcher de fouiller le téléphone de leur partenaire, passent des heures à se prendre la tête sur ce que fait l’autre sans rien dire à personne.

Mais là encore, ils sont dans le piège du contrôle : ils tentent de contrôler leurs propres comportements sans aller au bout de la logique émotionnelle.

Et ça durera tant qu’ils n’auront pas fait face à l’émotion sous jacente à leur jalousie.

OK, la jalousie est une émotion … mais de quelle émotion parlons-nous exactement ?

A ce jour (je pratique la thérapie brève depuis 2010), j’ai constaté dans tous les accompagnements que j’ai faits que la jalousie était systématiquement sous-tendue par la peur. Chaque jalousie est particulière, mais voici quelques exemples des peurs que j’ai pu découvrir sous la jalousie :

  • la peur de perdre la personne : j’aime tellement cette personne que le monde sans elle me semblerait insupportable. Cela me semble même tellement inimaginable que je vérifie sans cesse que l’autre n’est pas en train de s’éloigner de moi ou ne donne pas de signe de vouloir me quitte
  • la peur de perdre du temps : le temps est très important pour moi. L’idée de perdre du temps et de m’investir dans une relation « pour rien » m’effraie tellement que je vérifie à chaque instant que l’autre est bien toujours là, investi et que je n’ai pas de raisons de douter de son engagement.
  • la peur d’être humilié-e : je détesterai tellement me sentir humilié-e ou avoir le sentiment que l’autre s’est moqué de moi que j’ai besoin de me rassurer très souvent sur son honnêteté
  • la peur de perdre le contrôle ou le pouvoir que j’ai sur l’autre  : l’idée de ne plus avoir le contrôle sur l’autre ou sur la relation m’est tellement insupportable que j’exerce encore et encore mon contrôle pour me rassurer sur son existence.
  • la peur de passer pour un-e imbécile : l’idée que les gens puissent penser de moi que je suis stupide au point de m’être laissé-e tromper me déplait tant que j’ai besoin de vérifier que ce risque n’existe pas

Les 2 dernières sont souvent spécifiques à des situations d’emprise. Si votre conjoint-e est dans l’une de ces 2 là, ce sera plus difficiles à gérer positivement en tant que partenaire.

A noter aussi : dans d’autres domaines, la jalousie peut être liée à un sentiment d’injustice (donc un sentiment de colère). Cela concerne les situations où on envie ce qu’ont les autres. Ce n’est pas de cette jalousie que je parle ici.

Qu’est-ce que cela change ? Les stratégies de contrôle peuvent parfois aider à ramener la peur à un niveau supportable. Mais lorsqu’elles servent à éviter totalement de se confronter à la peur, elles sont inefficaces et deviennent envahissantes.

Et la saine jalousie, ça existe alors ?

J’entends parfois qu’un peu de « saine jalousie » est nécessaire dans une relation. Point de vue que je ne partage pas. Je n’ai encore jamais vu une relation où la jalousie produise quoi que ce soit de positif.

Evidemment, si quand vous parlez de « saine jalousie », vous entendez se demander si l’autre nous respecte, nous traite à égalité, prend soin de nous, tient compte de ce que nous vivons, alors oui c’est sain.

Mais la jalousie n’a rien à voir avec ce besoin de respect et de relations saines. Et une relation saine s’obtient par le dialogue et la confiance, l’inverse du contrôle auquel nous incite la jalousie.

Parfois aussi, ressentir une pointe de jalousie peut nous rappeler qu’on a peut-être négligé la relation et son/sa partenaire. Là aussi, le contrôle ne sera pas la solution : se recentrer sur la qualité de la relation sera plus efficace.

Quelle est la limite entre demander à ce que mes besoins et mes valeurs soient respectés et la jalousie ?

La différence entre les 2, c’est votre état émotionnel si jamais vos demandes ne sont pas respectées.

Quand l’autre ne respecte pas vos demandes et besoins, comment vous sentez-vous ? En panique ou en rage au point que c’est juste inenvisageable pour vous que cela arrive ? Dans ce cas, votre jalousie risque de vous poser des problèmes.

Pouvez-vous envisager la rupture si vraiment l’autre ne vous respecte pas ? (même si c’est la dernière chose que vous souhaitez, que vous en seriez immensément triste si cela arrivait et que vous auriez surement du mal à récupérer après ça) Dans ce cas alors il n’y a probablement pas de problèmes de jalousie.

Alors on fait quoi pour éviter que la jalousie ne pourrisse notre vie de couple ?

Si vous êtes jaloux ou jalouse, vous pouvez commencer par vous demander quelle peur se cache sous votre jalousie (voir la liste plus haut). Qu’est-ce qui est inenvisageable au point de vous faire adopter des stratégies de contrôle ? La clé se trouve là, l’identifier est le 1er pas pour arrêter de l’éviter … et donc pour devenir moins contrôlant.

A noter : vous pouvez avoir besoin d’une aide extérieure pour surmonter l’intensité émotionnelle qui accompagne le fait de se confronter à la peur.

Si vous êtes le/la partenaire d’une personne jalouse et que vous avez tenté de répondre positivement aux demandes de contrôle de l’autre, une question est primordiale :

Quand vous répondez aux demandes de l’autre, cela contribue-t-il faire diminuer l’intensité et la fréquence des demandes de contrôle de votre partenaire ?

Si oui, ne changez rien ! Votre partenaire a besoin de construire de la sécurité et vous l’aidez en répondant à ses besoins, à condition que ceux-ci deviennent progressivement moins importants.

Si non = les demandes de contrôle sont inchangées ou augmentent, alors la jalousie non maitrisée de votre partenaire devient envahissante et risque de vous poser un problème de couple (si vous n’en avez pas déjà un). Cette vidéo vous donnera des clés pour savoir comment réagir aux demandes de votre partenaire (la peur n’est pas la même mais le mécanisme est identique).

Que vous soyez victime de jalousie ou partenaire d’une personne jalouse, ces articles peuvent vous aider :

Attention cependant : les emballements émotionnels provoquant des tendances au contrôle sont parmi les plus difficiles à surmonter sans aide : le contrôle provoque en effet un sentiment de maitrise difficile à contrer par soi-même. N’hésitez pas à vous faire aider si vous sentez que vous n’avancez pas suffisamment seul-e.


Pour en savoir plus sur les accompagnements (thérapie brève et coaching) que je propose, vous trouverez plus d’informations ici.


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Sandrine Donzel

Parentalité, couple, communication, développement personnel ? Votre vie ne ressemble pas à ce qui est décrit dans les livres ? Pas de panique et bienvenue dans la VRAIE VIE, celle qui est abordée sur ce blog ! Je vous y propose des outils concrets, pragmatiques et REALISTES pour répondre à vos interrogations. Bonne lecture !

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