Les bons et les mauvais parents
Y a-t-il des bons ou des mauvais parents ?
C’est une question qui se pose à chaque parent, chaque jour de notre vie de parent.
Et évidemment, nous avons tous peur de basculer dans le mauvais camp, d’être un « mauvais » parent. Et nous avons tous envie d’être dans le camp des « bons » parents.
Les « bons » parents réfléchissent, les autres pas …
J’ai souvent entendu ça dans les discussions de parents :
« nous, on se pose des questions, on réfléchit à ce qu’on veut faire. Les autres, non ! »
Moi aussi, j’ai dit des choses comme ça il y a quelques temps ; moi aussi je me suis réjouie de lire des livres, de participer à des réunions et des ateliers. Cela faisait « la différence » entre les parents qui réfléchissent et se donnent les moyens et les autres.
Bien sur, cette phrase-là est rarement dite dans l’intention de faire la distinction entre les « bons » et les « mauvais » parents, quoi que … On se défend même de faire cette genre de distinction … mais parfois – pas toujours – on n’en pense pas moins.
J’en ai un peu parlé dans mon article de vendredi sur le Père Noël à lire ici.
Parfois on ne pense pas vraiment à mal en disant ça, on a l’impression de faire un constat, on a juste envie de se voir en positif. N’empêche … Le résultat est le même : il y aurait des parents qui se donnent les moyens et les autres pas.
Drôle de constat qui revient à dire qu’il y a de bons et de mauvais parents …
Oui je reconnais que je voyais un peu les choses comme ça il y a quelques années en arrière.
Mais depuis que je fais de l’accompagnement parental, mon point de vue sur les parents a changé …
Je l’avais déjà senti depuis longtemps en m’investissant dans des associations de soutien à la parentalité mais j’ai pris conscience de cela bien plus encore au travers des accompagnements parentaux que je fais.
Je n’ai encore jamais rencontré de parents qui veulent faire du mal à leur enfant, qui veulent lui imposer des choses « juste pour le plaisir » d’imposer.
Non, tous les parents que j’ai rencontrés – sans exception – font des choses pour le bien-être futur de leur enfant, même ceux qui ont des comportements qui peuvent sembler aller à l’encontre de mes valeurs éducatives.
Tous ces parents ont à coeur de faire les choses « comme il faut » pour leurs enfants, de leur transmettre les meilleurs outils pour leur vie future.
Nous avons tous tendance à mesurer les comportements des autres à l’aune de notre propre norme … et donc à les juger positivement ou pas en fonction de cela. Et notre norme est forcément la meilleure, puisque c’est la notre ;-).
Même les professionnels font ça …
Le jugement des professionnels – psys et professionnels de santé – sur les parents
L’opinion de Serge Hefez – qui représente assez bien la vision « classique » des psys en France sur la parentalité – me semble assez parlante :
« Si les parents sont trop projetés à l’intérieur de leur enfant, si leur bien-être ne passe que par celui de l’enfant, ce dernier le ressent et s’en inquiète. Il lui devient impossible de se séparer sereinement. (…) La famille devient un magma d’émotions contradictoires dans lequel tout le monde se noie. »
Source : « Dialogue avec Serge Hefez », article que j’avais déjà commenté par ici.
Là encore, pour moi, il y a un jugement, une vision du « bon » et du « mauvais parent » : ceux qui arrivent à faire passer leur bien-être autrement que par celui de l’enfant, et les autres ; ceux qui arrivent à accepter que leur enfant soit triste, anxieux, déprimé, … et les autres.
Cette vision IMPLIQUE une notion de jugement : elle sous-entend qu’il y a une bonne et une mauvaise façon de faire et suscite forcément une appréhension d’être catalogué dans la mauvaise catégorie … et donc une résistance à aller voir un professionnel qui aurait cette façon de voir.
Sortir de cette vision dualiste des parents et aller vers autre chose : et si on arrêtait de voir les choses en terme de « bien » ou de « mal » ?
Pour illustrer ça, j’ai eu envie de vous raconter une histoire, une histoire de parent bien sur !
C’est l’histoire de parents qui s’inquiètent pour leur enfant de 8 ans, un enfant sage, un enfant qui s’intéresse à ce qui l’entoure … mais un enfant pour qui l’école, ça ne marche pas trop. Il a des résultats moyens, mais surtout il n’est pas du tout autonome. Même la maitresse dit qu’il a un comportement de bébé. Visiblement, l’école ne l’intéresse pas vraiment.
Et que font les parents ?
Logiquement, ils incitent leur enfant à travailler plus : la maman lui fait faire ses devoirs chaque soir, c’est elle qui sort le cahier du cartable, c’est elle qui demande
« tu as compris quoi dans ta leçon ? »
Et c’est elle qui lui fait tout repasser quand il n’a visiblement pas compris.
Les parents le boostent, l’incitent, le poussent …
Mais le petit garçon semble ne pas avoir confiance en lui dans le domaine de l’école, il se sent visiblement incapable et plus le temps passe, plus les parents ont besoin d’être derrière lui car les devoirs et les travaux scolaires deviennent une corvée pour lui. Ca fait 2 ans que ça dure et ces parents sentent bien que quelque chose ne va pas.
Alors bon ou mauvais parents ?
Mais quand j’ai vu cette maman fondre en larmes en m’expliquant les RAISONS pour lesquelles elle fait ça, j’ai été très touchée – comme à chaque fois ou presque – de sa volonté immense de faire les choses bien pour son fils :
«Mon mari et moi, on se fait plaisir dans nos boulots. On a tellement envie que notre fils puisse faire un métier dans lequel il trouve du plaisir comme nous. Je n’ai pas fait de grandes études, mon mari non plus mais on voudrait que notre fils aie le choix, qu’il travaille à l’école selon ses capacités pour qu’il puisse vraiment choisir ce qu’il aimera faire et pas être obligé de suivre une voie par défaut. »
Les actions de ces parents sont profondément logiques au vu de leur motivation ; ils pensaient sincèrement que c’était la bonne chose à faire !
Les parents sont-ils la cause des problèmes de leurs enfants ?
Ce que je viens de dire pourrait impliquer que les parents sont la cause des problèmes de leurs enfants. Après tout, on pourrait se dire que les parents dont je parle ont créé le manque d’autonomie de leur enfant en prenant en charge à sa place … Mais pour moi, ce n’est pas du tout ça 😀 !
Le comportement des parents n’a pas créé le problème du manque d’autonomie ; leur approche méritait d’être tentée et aurait pu marche mais n’a pas donné les résultats escomptés … et c’est tout ce qui compte au final.
Alors bons ou mauvais parents, débat stérile et sans intérêt !
Tant que les discours ambiants feront passer ce message – il y a des parents « trop » ceci ou « pas assez » cela – alors les parents essaieront désespérément de faire « bien » et surtout ils chercheront à se justifier, à se « défendre » contre le jugement qu’on porte sur eux. Ils chercheront à montrer qu’ils ont RAISON de faire ce qu’ils font et cela ne fera que les renforcer dans ce qu’ils font.
Si les professionnels par exemple – psys, médecins, enseignants, … – s’intéressaient plus aux objectifs des parents
« qu’est-ce que vous cherchez à faire en faisant ça ? »
S’ils s’intéressaient à comment ils s’y prennent pour atteindre les résultats attendus :
«et vous vous y prenez comment pour que ça marche ? »
et à l’efficacité de leurs efforts :
« est-ce que ça semble marcher ? A court terme ? A long terme ? »
Alors les parents se sentiraient moins jugés, auraient moins envie de se justifier et de montrer combien ce qu’ils font est « la » bonne façon de faire. Ils pourraient alors prendre plus de recul sur la situation qui les préoccupent et seraient plus efficaces au final 😉 …
Et ils seraient aussi plus ouverts à acquérir des outils pour être plus efficaces au lieu de « lutter » contre l’environnement qui cherche à leur montrer que ce qu’ils font n’est pas « bien ».
Un peu de pragmatisme que diable !
Et à nous aussi parents de ne plus accepter qu’on nous rejette la faute et qu’on nous aide à trouver des solutions efficace plutôt que de penser que nous ne faisons pas ce qu’il faut !
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Tu ne donnes juste pas « ta meilleure solution » possible pour ce petit garçon … qu’est ce qu’on peut faire d’autre dans ce cas ?
Je reparlerai de cette situation dans un prochain article je pense.
Il n’y a pas de meilleure solution possible dans l’absolu 😉 … Dans ce cas, j’ai simplement fait le constat avec la maman que le booster, prendre en charge les devoirs, … ne fonctionnait pas et qu’au contraire le petit garçon perdait de plus en plus confiance.
J’ai donc demandé à la maman de cesser de prendre en charge pour voir comment son enfant se débrouillait seul, sans son intervention. Je lui ai demandé de simplement dire à son fils « j’ai réfléchi et je pense que tu es capable de gérer ça tout seul. A partir de maintenant, c’est toi qui me demande pour les devoirs. Si tu as besoin d’aide, je viens mais c’est toi qui décide quand je viens ».
Dans ce cas, ça a suffi pour débloquer la situation et le petit garçon a très rapidement repris confiance.
Il aurait été possible que ça ne suffise pas. Mais le fait de le laisser se débrouiller seul en l’observant aurait permis d’identifier rapidement les points où il s’y prenait de façon inadaptée pour l’aider à acquérir les compétences nécessaires : organisation, mémorisation, …
Dans ce cas, ça n’a pas été nécessaire et il a suffi de 2 semaines pour renverser la tendance.
Avant d’être maman j’ excellais dans la critique envers ceux qui étaient parents « non mais tu te rends compte, il a encore la susu à 6 ans! » ou « pff incapable de se tenir ces gosses, dernières fois qu’on les invite ceux là avec leurs marmots je tiens bien plus à mon écran plat / mon service en verre spécial mojito qui claque/ mes dessus de chaise blanc etc… » Non pas parce que j’aime la critique (si, un peu en fait) mais parce que j’ai toujours voulu avoir des enfants, c’était mon objectif de vie, alors j’avais un avis sur chaque faits et gestes des parents, je me nourrissait non stop de ces papiers dans les revues, ces articles sur internet, ces émissions à la télévision qui véhiculent les idées que les parents d’aujourd’hui sont des incapables, qui ne donnent pas assez la punition, où la fessée « n’a jamais fait de mal à personne » , que les relations fusionnelles sont mortelles pour la bonne indépendance / autonomie de nos enfants…
Bref, « reproduisez vous », point.
Puis je suis devenu maman il y a trois mois, j’ai découvert la parentalité positive, la communication non violente, I. Fillozat, Dodson etc… je passe le peu de temps libre que j’ai à lire ces sources-là, pour m’enrichir encore et encore du discours de ceux qui ont réussi à mettre des mots sur ce qu’est une maman « naturellement » , sur l’image de la maman que je veux être tout simplement.
Et qu’est ce que j’en ai par dessus la tête d’être aujourd’hui critiqué sur mes choix de maman:
« mais laisse là pleurer »,
« ne te précipite pas comme ça! »,
« Ah on voit son visage aujourd’hui? La dernière fois elle était trop pendue à ton sein! »,
« Quoi? Tu t’es toujours pas remise à boire de l’alcool? », « Elle ne fait toujours pas ces nuits car tu allaites tssss », « et sinon c’est quand que tu commence à la faire garder un peu? Il ne faudrait pas qu’elle s’ habitue trop à toi ».
Alors depuis ma découverte de la parentalité, je ne juge plus les choix de ceux qui m’entourent, ils laissent pleurer des heures leur bébé dans une chambre au fond du couloir tout en buvant un mojito dehors, et alors? Tant pis pour eux je n’irai certainement pas leur faire la morale, mais que moi je sois jugée car j’ai passé plus de temps avec ma fille, dans une chambre à la bercer, et répondre à ses besoins, c’est ça qui me choque! c’est la violence envers et entre les parents premièrement, le fait qu’aujourd’hui tout le monde a un avis sur tout sans parfois même être concerné… et dire que j’étais comme ça avant (à la différence ou je gardais mes critiques comme observations personnelles et je ne me suis jamais permise de les partager). Puis deuxièmement, ce dogme de la course à l’enfant qui offrira le plus de confort à ses parents « oh oui elle pleure mais elle fait ses nuits la mienne », « Elle n’est pas très active, cela me permet de faire autre chose », « oh, ça se passe très bien avec la nounou alors je préfère rester plus longtemps au travail ».
Ah…
Ce que je retiens sur ce thème, c’est que je me fiche bien de savoir si il existe ou non des bons ou des mauvais parents, qu’en effet, se soucier du bien être de son enfant c’est déjà être un bon parent. Par contre, il y a des bonnes et des mauvaises critiques, des personnes qui vous apportent et d’autres qui vous nuisent. Et ce sont ces personnes qui vous apporte qui permette de vous faire évoluer. Et tu en fais parti Sandrine alors merci pour ton blog et tout ces articles 🙂
En fait, vous avez échangé un type de contrôle social pour un autre, des préceptes pour d’autres, que vous estimez meilleurs. ça dénote une capacité à changer d’avis, qui est sans doute positive, mais on pourrait se demander si vous prenez le temps d’adapter le nouveau corpus de préceptes à la réalité de votre quotidien à vous.
J’avoue ne pas très bien comprendre le sens de votre question. Pouvez-vous préciser ? Merci.