Sentiment d’injustice dans la fratrie : désamorcer les bombes émotionnelles sans effort 😁

C’est la n-ième fois que vous expliquez à votre enfant, membre éminent d’une fratrie attachante mais parfois agaçante, pourquoi vous avez donné une plus grosse assiette à l’un qu’à l’autre, ou pourquoi les heures de coucher, les temps d’écran ou les autorisations de sortie ne sont pas les mêmes pour tous … Mais vous avez la vague impression que cette 12 000e explication ne sera pas plus utile que les 11 999 précédentes. Votre enfant – ou vos enfants – vont continuer à se plaindre d’injustice. Et vous ne savez pas comment désamorcer cette bombe du sentiment d’injustice dans la fratrie sans devoir y passer des heures …

Il y a pourtant bien un moyen de se faciliter la vie tout en répondant aux besoins de l’enfant. Et c’est ce que je vous propose de découvrir dans cet article.

Cet article existe en version vidéo pour ceux et celles qui préfèrent voir et écouter plutôt que lire :

Pourquoi on s’explique autant ?

Aucun parent n’a envie d’être accusé d’injustice. On fait des efforts pour être juste et équitable avec tous nos enfants. Et on a envie, à juste titre, que nos efforts pour l’équité soient reconnus. C’est la première raison qui nous pousse à donner ces explications aux enfants.

La deuxième raison, c’est qu’on veut éviter à nos enfants de souffrir d’une blessure émotionnelle. Si un enfant se plaint d’injustice par rapport à ses frères et soeurs, on se dit qu’il souffre, qu’il se sent victime, moins aimé que ses frères ou sœurs. Et on ne veut pas lui laisser penser ça, sa souffrance nous est insupportable.

La troisième raison – et sans doute celle qui nous pousse à persévérer – c’est qu’on compte sur leur bon sens : s’ils comprennent les raisons logiques derrière notre comportement, ils vont se rendre à la raison et reconnaître que nous ne sommes pas injustes.

C’est vrai que donner des explications est la première chose à faire quand l’enfant se plaint de quelque chose. Ça l’aide à donner du sens aux choses et à ne pas interpréter à tort certaines de nos décisions. C’est même recommandé de le faire car ça aide l’enfant à comprendre le monde qui l’entoure. Comprendre peut être un bon moyen d’aider l’enfant à surmonter une difficulté.

Mais plusieurs facteurs vont faire basculer les explications vers la justification … et on va voir que se justifier peut être un gros problème !

La différence entre justification et explications face au sentiment d’injustice dans la fratrie

Expliquer, c’est éduquer. Mais l’éducation suppose que celui à qui on donne des explications soit dans un état d’esprit réceptif = il a envie d’apprendre et de comprendre. Si l’enfant est dans un état d’esprit négatif, qu’il souffre de la situation, il n’est pas dans l’état d’esprit adapté pour comprendre.

Donner des explications à un enfant victime du syndrome de Calimero, qui se sent lésé et injustement traité est la meilleure manière d’échouer à transmettre notre message… Ce n’est juste pas le moment de faire ça : il faut d’abord gérer – ou l’aider à gérer – son émotion.

D’autre part, fournir à explication à quelqu’un qui est en plein dans des émotions désagréables peut être perçu comme une réaction défensive de la part de celui qui explique.

C’est particulièrement vrai dans les situations où il existe un déséquilibre de pouvoir, comme entre un parent et son enfant. Dans ces cas, l’explication peut être vue comme une tentative de maintenir le statu quo ou de défendre une position de pouvoir.

Implicitement l’enfant entend « arrête de me faire des reproches, c’est moi qui aie raison. Point.« 

Sauf que, fort logiquement, l’enfant qui ressent une injustice va chercher à faire entendre son point de vue … et donc se plaindre davantage tant qu’il ne se sentira pas entendu.

J’avais déjà abordé ce sujet dans mon article « Quand faut-il arrêter de donner des explications aux enfants ? »

Mais on peut aller plus loin encore …

Face au sentiment d’injustice dans la fratrie, se justifier, c’est plaider coupable

Se justifier, c’est une attitude défensive : je reconnais l’injustice ou la souffrance dont se plaint l’autre … mais j’explique pourquoi j’ai de « bonnes » raisons de maintenir ce qui est injuste ou fait souffrir.

Implicitement, se justifier c’est confirmer à l’enfant qu’il a raison de se plaindre et laisser penser qu’on pourrait faire autrement.

Autrement dit :

Pour illustrer le fait que se justifier face au sentiment d'injustice dans la fratrie, c'est plaider coupable, l'image choisie est une illustration de style bande dessinée.
Elle représente avec un juge au centre. Le juge, à l'expression sévère et portant des lunettes, est assis derrière un bureau sur lequel se trouve un marteau de juge, et il pointe son index vers l'avant, comme s'il déclarait un verdict. Le mot "GUILTY!" est en surbrillance dans une bulle de texte au-dessus de sa tête, indiquant qu'il déclare quelqu'un coupable. En arrière-plan, on peut voir la balance de la justice et une épée, symboles traditionnels du droit et de la justice. Au-dessus de l'illustration, il y a du texte en français qui dit : "Se justifier c’est plaider coupable. Quand on se justifie, on sous-entend qu’on aurait pu/dû faire mieux. Et implicitement qu’on a quelque chose à se reprocher." 
En bas de l'image, il y a une référence à un blog avec l'URL blog.sommc.fr avec le logo de S Comm C.

Message implicite reçu 5/5 par la plupart des enfants qui vont donc continuer à se plaindre aussi longtemps qu’on se justifie !

On le voit, la nuance entre se justifier et expliquer est assez fine … Mais je la résumerai en disant :

Si vous avez expliqué déjà plusieurs fois et que les plaintes de l’enfant n’ont pas cessé, c’est probablement que vous avez basculé dans la justification.

Et que ce n’est pas efficace.

Comment se sortir de la justification face au sentiment d’injustice dans la fratrie ?

Plutôt que de répondre aux « Tu préfères toujours lui/elle ! » et aux « tu lui en as donné plus qu’à moi !‘ par une longue liste de justifications qui finissent par laisser croire que nous avons forcément merdé quelque part, pourquoi ne pas adopter une autre approche ?

Dans notre quête de l’équité familiale, on oublie souvent que les enfants ne cherchent pas toujours une solution logique à leurs plaintes d' »injustice ».

Ce qu’ils veulent d’abord, c’est être entendus et compris.

La prochaine fois, vous pouvez essayer de dire : « Ah bon, tu ressens ça ? Tu peux m’en dire un peu plus ? »

Cette simple ouverture au dialogue montre que vous prenez leurs sentiments au sérieux, sans pour autant entrer dans le piège de la justification. C’est un petit pas vers plus d’autonomie émotionnelle pour eux et moins de stress pour vous (cf mon article sur à quoi sert l’écoute active).

A ce stade je suis à peu près sûre que vous pensez : « Oui mais bon, Sandrine, tu es bien gentille, mais on va y passer un temps infini à écouter !!! Et puis je n’ai pas toujours la disponibilité de faire ça, j’ai une vie moi-aussi !!!« 

Et c’est vrai.

Comme aux parents que j’accompagne, je vous propose d’adopter dans ce cas une attitude plus réaliste en disant quelque chose comme : “tu sais quand tu me dis que je suis injuste dans la journée, quand je suis occupée, pressée et j’ai du mal à t’écouter attentivement. Je répond de travers et ça aggrave les choses. Je te propose donc de noter dans ta tête chaque fois que tu me trouves injuste et on en reparle le soir tranquillement. Et là je pourrais vraiment écouter comme il faut.

Et le soir venu, écoutez vraiment, SANS REPONDRE.

Avantage n°1 : ça va vous coûter beaucoup moins d’énergie que de vous échiner à vous défendre sans succès

Avantage n°2 : Les plaintes vont durer moins longtemps que ce que vous pensiez. Se plaindre sans être interrompu pendant 5 minutes c’est très très long (essayez avec votre conjoint pour voir).

Avantage N°3 : votre enfant va se sentir ENTENDU et c’est soulageant pour lui. Et le fait de savoir que vous allez l’écouter le soir va l’aider à mieux supporter les difficultés de la journée.

Avantage n°4 : vous allez avoir des surprises. Quand on arrête se défendre, on se met à mieux comprendre ce que nous faisons parfois de maladroit ou d’injuste sans le réaliser tout à fait.

Avantage n°5 : différer la plainte permet à l’enfant de prendre du recul sur son sentiment d’injustice. Ce qui paraissait insurmontable peut sembler sans importance le soir venu (non ils n’oublient pas … ou s’ils ont oublié, c’est que finalement ce n’était pas si important que ça).

Alors vous tentez 🙂 ?

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Pour aller plus loin au sujet de la fratrie

Sur ce blog :

Un livre à ne pas manquer sur le sujet : « Fratrie sans jalousies ni rivalités » de Faber et Mazlish, plein d’outils concrets et pratiques. Pour vous procurer le livre (liens affiliés) : sur Amazon (non disponible sur « LesLibraires.fr »).

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Sandrine Donzel

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