Et si on ne pouvait pas guérir de ses blessures d’enfance ?

Si vous me connaissez bien, le thème de cet article – guérir de ses blessures d’enfance – vous aura certainement paru surprenant. Vous savez que le passé est thème que j’aborde peu. Je vous explique dans cet article pourquoi s’intéresser au passé a peu de chances de vous aider à guérir de vos blessures d’enfance.

Pour guérir de ses blessures d’enfance, il faut s’intéresser au passé

blessures d'enfance : le passé influence le présentBien sûr que le passé influe sur le présent. Chacun de nos comportements présents est issu d’un apprentissage : nous adoptons à chaque instant le comportement permettant de survivre le mieux – ou le moins mal possible – à notre environnement. Ce choix n’est évidemment pas volontaire (ou rarement). Notre cerveau sélectionne automatiquement ce qu’il pense être le mieux pour nous.

Chaque expérience vécue, même la plus anodine, aura un impact sur nos comportements. Ils peuvent alors se renforcer (s’ils paraissent fournir une réponse adaptée) ou diminuer (s’ils paraissent fournir une réponse inadaptée).

Nos comportements présents sont donc inévitablement le résultat de notre passé.

Ce n’est pas vrai que pour l’enfance : certains de nos comportements sont issus de notre enfance et nous en avons appris d’autres à l’âge adulte. Nous apprenons encore en permanence (même si vous avez 99 ans ou plus au moment où vous lisez cet article).

Nos blessures d’enfance sont bien responsable de nos problèmes !

Oui … et non.

Oui nos comportements présents sont le résultat de notre histoire. MAIS, grâce à notre biais de complaisance naturel, nous nous attribuons vite  le mérite de ce qui va bien. Et nous rejetons la responsabilité de ce qui va mal sur les autres.

Autrement dit, quand nous sommes fiers de nos comportements, nous pensons que nous avons largement contribué à les obtenir (par nos efforts, nos qualités, etc). Par contre, quand nos comportements nous plaisent moins, il est assez pratique – et assez courant – de rejeter la faute sur les autres et/ou sur le passé : « je suis comme ça à cause de mon passé. »

Pourtant, vos blessures d’enfance (et celles d’adultes aussi !) font de vous ce que vous êtes. En mal … et en bien ! TOUS vos comportements se sont construits sur le même environnement.

Votre tendance à la violence peut avoir été créée par des évènements passés mais votre ténacité aussi. Vous ne pouvez pas choisir entre ce qui vous plait et ce qui vous déplait.

Chercher des causes dans le passé a un côté déculpabilisant. Mais ce n’est pas forcément aidant pour résoudre les problèmes rencontrés dans le présent. 

Oui mais mes blessures d’enfance me créent des problèmes !

Vous l’aurez compris : même les plus bizarres de nos comportements ont été une réponse adaptée à un environnement précis. Ils nous ont été utiles au moins pendant un moment. Ils le sont parfois encore (ou peuvent le redevenir).

Quand notre environnement change, certains de ces comportements peuvent devenir inadaptés et nous créer des problèmes.

Quand elle était enfant, les parents de Sophie se moquaient de ses émotions. Elle a donc appris à les cacher. Maintenant qu’elle est adulte, ne pas parler de ses émotions nuit à ses relations amoureuses.

Le papa de Muriel avait des colères violentes qui la terrorisaient. En couple, Muriel est paniquée devant les moindres signes de colère de son conjoint. Elle se coupe alors de lui, ce qui ne fait qu’aggraver son agacement à lui.

On voit ici que ce n’est pas le passé en lui-même qui pose problème. Encore moins les comportements et les apprentissages acquis dans le passé : ils ont été utiles et pourraient l’être encore. Ce qui coince, c’est l’éventuelle difficulté à s’adapter à un environnement qui a changé. Dans l’approche que j’utilise, nous appelons ça la souplesse adaptative.

Cette difficulté d’adaptation est renforcée quand le comportement a été profondément ancré par un contexte émotionnellement fort.

Plus l’émotion associée à un apprentissage est intense, plus l’apprentissage est profondément ancré.

Comment guérir de ses blessures d’enfance ?

Un apprentissage ne s’efface jamais. Il y a à cela une raison simple : il nous a été utile. Notre cerveau n’oublie JAMAIS quelque chose d’utile pour notre survie !

Quand un comportement appris dans le passé perdure dans le présent, ce n’est pas parce que nous n’avons pas « soigné » le passé. C’est parce que nous n’avons pas appris à faire autrement.

A la question « peut-on guérir de ses blessures d’enfance ? », la réponse est … NON (et non ce n’est pas une mauvaise nouvelle 🙂 …). Une réponse plus juste serait de dire : on n’efface pas ses blessures du passé, on apprend à faire avec.

Changer suppose tout simplement d’apprendre d’autres stratégies pour réguler les situations difficiles. Et pour apprendre, vous n’avez pas besoin de vous pencher sur le passé. Vous avez simplement à identifier un comportement différent et à vous entrainer à le produire.

Le changement par révélation de souvenirs du passé est une croyance romantique mais fausse. Le changement ne fonctionne quasiment jamais de cette façon.

Apprendre ne se conjugue qu’au présent. Je ne peux découvrir et expérimenter autre chose QUE dans le présent.

Pour changer, laissez donc le passé de côté et commencez tout simplement par vous poser quelques questions : 

  • quel est le comportement que je veux changer chez moi ?
    • question facultative : à quel contexte est-il adapté ?
  • Qu’est-ce qui le rend inadapté dans le présent ? Autrement dit : quel problème pose-t-il ici et maintenant ?
  • Par quel comportement puis-je le remplacer ?

Guérir de ses blessures d’enfance, quel rôle pour les émotions ?

Quand vous allez tenter de mettre en oeuvre ce comportement, vous risquez d’être empêché par certaines de vos émotions. Ces émotions, qu’elles soient associée à apprentissage passé ou à un environnement présent, cherchent à vous protéger. Elles vous rappellent qu’un autre comportement peut être dangereux pour vous.

Elles vous incitent donc à revenir à votre comportement habituel, moins risqué. Elles feront inlassablement ce rappel tant qu’elles n’auront pas expérimenté à plusieurs reprises que le nouveau comportement est moins risqué.

Dans le changement, nous voyons souvent ces émotions comme des obstacles. Il nous paraitrait plus simple de les effacer, de les faire taire. Ce qui est tout bonnement impossible. C’est la demande souvent formulée, notamment en hypnose : quelque chose comme « réparez ma tête pour supprimer ce qui me gêne ». Mais notre tête ne marche pas comme ça ! (J’en profite pour dire que je vais compléter ma formation avec de l’hypnose cet été !). A noter que l’hypnose est un moyen très efficace d’utiliser les ressources positives du passé, même lorsque celui-ci a été douloureux.

Comme le dit Jack Kornfield, « pardonner, c’est renoncer à un meilleur passé« . Notre passé est ce qu’il est, nous devons apprendre à faire avec lui. Et avec son impact sur notre présent. Vous n’avez pas besoin de savoir POURQUOI vous agissez de telle ou telle façon. Vous avez simplement besoin de vous aider vous-même à faire autrement.

A chaque difficulté rencontrée sur le chemin du changement, plutôt que de vous battre contre cette part de vous, prenez le temps de la remercier pour sa sollicitude.

Au lieu d’essayer de la faire taire, montrez-vous plus attentif à ce qu’elle exprime :

  • Que craint-elle ?
  • En quoi cette crainte est-elle justifiée dans le contexte actuel ?
  • Quelle (toute petite) expérience pourriez-vous lui faire VIVRE pour qu’elle ressente qu’il n’y a pas autant de danger qu’elle le craint ? (tenter de la raisonner ne fonctionne pas)

Pour guérir de ses blessures d’enfance, quelques ressources complémentaires

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Sandrine Donzel

Parentalité, couple, communication, développement personnel ? Votre vie ne ressemble pas à ce qui est décrit dans les livres ? Pas de panique et bienvenue dans la VRAIE VIE, celle qui est abordée sur ce blog ! Je vous y propose des outils concrets, pragmatiques et REALISTES pour répondre à vos interrogations. Bonne lecture !

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1 thoughts on “Et si on ne pouvait pas guérir de ses blessures d’enfance ?

  • 18 mars 2019 à 10:06
    Permalink

    Bonjour et merci pour cet article, qui comme chacun d’entre eux, rend mes lundis plus intelligents!

    Je me permettrais toutefois une remarque. Effectivement, c’est bien dans le présent que l’on trouve des solutions pour le présent. Toutefois, et cela dépend sans aucun doute des personnalités, quel soulagement peut apporter le souvenir, quand il dit la raison pour laquelle on a choisi telle ou telle stratégie! Car du coup, on comprend que là, très jeune, on a trouvé une stratégie efficace pour réagir à tel ou tel contexte difficile. Nos attitudes d’aujourd’hui ne sont donc plus une fatalité liée à un trait de caractère « de naissance » mais la trace de notre capacité d’adaptation, comme vous le soulignez.
    Se souvenir du passé peut donc, en parallèle aux émotions difficiles, faire émerger une relation positive à soi-même.
    Or tout le monde ne se souvient pas de son passé, tout le monde ne sent pas en quoi y faire appel peut être positif, car cela fait craindre de revivre des émotions violentes. Il pourrait donc bien y avoir une voie médiane où ce que vous appelez « la révélation de souvenirs du passé » est libératrice au lieu d’être oppressante.
    Et je ne parle pas en l’air, car j’en ai fait l’expérience avec une amie, confrontée à un immense drame familial: c’est en évoquant enfin clairement l’inceste qui a traversé 2 générations de leur famille qu’elle peut aborder ce drame sans s’y noyer elle-même. Cette même amie, en se souvenant de faits précis dans la relation avec ses parents, a compris pourquoi elle avait, pendant 20 ans, choisi de réagir de la même façon aux manquements de son mari. Dans son cas, le souvenir lui a allégé la charge, lui montrant justement ce que vous avez signalé: qu’elle savait réagir!

    Bonne journée

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