Ne PAS gérer son anxiété, la meilleure façon de gérer son stress ?
Vous savez ce qui est encore plus stressant que d’avoir de l’anxiété ? Essayer de la faire disparaitre ! C’est comme tenter de mettre un chat dans un sac en papier : ça ne marche pas du tout !
Ca finit souvent très mal pour vous ET pour le sac en papier. Et ça rend le chat agressif.
Et pourtant je vois ça tellement souvent dans mon cabinet …
Dans cet article, je vais donc expliquer pourquoi vouloir supprimer ses signes d’anxiété n’est pas une stratégie efficace pour gérer son stress. Je vous dirai aussi comment il est possible de gérer vraiment son stress sans supprimer son anxiété.
A noter : cet article existe en version vidéo, disponible sur Youtube. Vous retrouverez la vidéo en fin d’article.
Le rapport entre stress et anxiété
Le stress, ce sont des signes physiques – l’accélération du rythme cardiaque, ou de la respiration, la boule au ventre – ou psychiques – l’agitation mentale par exemple.
Ce sont ces signes que j’appelle “signes d’anxiété” ou « signes de stress ».
Ces signes sont des symptômes de stress.
“Oui mais … allez-vous me dire l’anxiété et le stress, ce n’est pas normal ! on ne devrait pas être anxieux.”
Et bien si ! L’anxiété et le stress sont tout à fait normaux et même inévitables, chez les adultes comme chez les enfants !
Je m’explique :
L’anxiété est le signe que nous sommes en train de nous mobiliser pour trouver la réaction la plus adaptée à la situation rencontrée.
Et quand je dis « nous », je veux dire : notre corps ET notre cerveau.
Chaque fois qu’une situation semble réclamer une réponse de notre part, notre cerveau déclenche tout un processus : vigilance, préparation à l’action physique et préparation à l’action mentale.
Ce processus, c’est l’émotion. Et s’il y a émotion, il y a stress / anxiété. C’est un phénomène adaptatif parfaitement sain.
Petit point de vocabulaire français 😉 : quand il y a émotion désagréable et particulièrement la peur, on parle d’anxiété.
Pourtant, quand l’émotion est agréables, des signes physiques apparaissent aussi – coeur et respiration qui s’accélèrent, etc. Notre cerveau peut aussi s’agiter. Ces signes sont strictement identiques à ceux ressentis en cas d’émotion désagréable.
Mais, en cas d’émotion agréable, on va parler d’excitation plutôt que d’anxiété. Et pourtant c’est la même chose !
Notez qu’en anglais, « I am anxious » signifie aussi bien « anxieux » ou « stressé » que « impatient », « curieux » ou « désireux ».
A retenir :
L’anxiété et le stress ne sont pas des troubles. Ce sont des signes que nous nous mettons en mouvement pour pouvoir évaluer mieux une situation et la gérer.
Il y a 2 problèmes avec l’anxiété :
- d’abord l’anxiété est désagréable à ressentir
- Et surtout : elle est mal vue !
Ce qui implique qu’on va généralement chercher à s’en débarrasser.
Gérer son stress = supprimer ses signes d’anxiété ?
C’est pour ça que gérer son anxiété / gérer son stress signifie souvent “supprimer ses signes d’anxiété”.
D’ailleurs, les moyens pour combattre les signes d’anxiété sont très nombreux : sophrologie, méditation, cohérence cardiaque, etc.
Les anxiolytiques, l’alcool ou certaines drogues ont aussi pour effet de supprimer les signes d’anxiété. Et ils sont souvent utilisés à cet effet.
Toutes ces méthodes ont le même effet supresseur des signes d’anxiété. Cet effet est apaisant.
Léa, par exemple, a fait des exercices de respiration avant ses auditions musicales. Elle cherche à diminuer ses signes d’anxiété pour se sentir plus en confiance.
Ca lui a permis de mettre à distance son stress et de pouvoir réussir sa prestation. Une fois l’épreuve terminée, elle se sent plus en confiance et son trac a été moins fort à l’épreuve suivante. Elle a acquis de l’expérience et a renforcé sa confiance. Les techniques anxiolytiques l’ont aidée à surmonter l’épreuve et à la réussir.
Idem pour Cécile, les premières fois où elle a dû animer un comité de direction. Avec la pratique, elle se sent plus à l’aise et ça marche.
Donc parfois, oui supprimer ses signes d’anxiété veut dire gérer son stress.
Mais souvent, ça ne marche pas.
Supprimer ses signes d’anxiété n’est pas gérer son stress
Regardons un peu ce qui se passe du côté d’Elodie.
Elodie passe beaucoup de temps à “gérer son anxiété”. Elle respire. Elle essaie de penser à autre chose, ou à des choses positives.
Ca lui coûte une énergie de dingue et elle y passe un temps fou.
A certains moments, elle est tellement occupée à “gérer son stress” qu’elle n’arrive pas à faire quoi que ce soit d’autre.
On peut se demander si Elodie gère vraiment son stress.
Certes, elle parvient à garder son niveau de stress à peu près sous contrôle. Et quand arrive le moment de passer à l’action (une activité particulière de son travail), c’est difficile mais elle y parvient.
Cependant, elle le fait au prix de plusieurs heures d’un combat acharné contre … son anxiété. Elle ressort de là lessivée, fatigue qui dure longtemps (heureusement que l’évènement stressant ne se reproduit pas plus souvent).
Autre point clé : chaque fois que la cause de son stress se représente, le stress et les signes d’anxiété sont invariablement là, avec toujours la même intensité. Voire même la situation s’aggrave : là où il lui fallait quelques minutes au début, ça lui prend des heures maintenant.
On peut donc raisonnablement se demander ce que gère vraiment Elodie.
Elodie essaie de cacher son stress, pas de le gérer
Elodie est en réalité occupée à supprimer ses signes d’anxiété, imaginant que si elle ne stressait pas, alors il n’y aurait pas de problème.
J’appelle ça : essayer de cacher un éléphant sous son tapis.
L’éléphant d’Elodie, c’est un directeur de service qui la met en difficulté et qui lui fait un peu peur.
Elodie essaie de cacher son stress et pense qu’on ne peut rien changer à la situation dans son contexte professionnel (c’est peut-être vrai mais elle ne s’est pas posé la question en réalité).
Pour le moment, elle n’a pas cherché à faire autre chose qu’éviter de côtoyer ce chef de service et tenter de garder le contrôle sur ses signes d’anxiété quand elle ne peut pas l’éviter lui.
Mais c’est aussi ce que fait Isabelle qui stresse à l’idée de son examen à venir. Elle essaie de garder le contrôle sur son anxiété et de ne SURTOUT PAS penser aux conséquences en cas d’échec … ou de réussite.
Mais là aussi ça lui prend tellement de temps et d’énergie qu’elle n’arrive plus à se mettre au travail.
Paradoxalement, quand je lui pose la question de l’après examen, c’est la réussite qui la stresse …
« ça fait 4 ans que je bosse comme une dingue. Si je réussis, j’enquille sur la suite sans avoir de moment pour respirer. Maintenant que j’y pense, j’ai l’impression de m’enfoncer dans un tunnel. C’est irrespirable » me dira-t-elle alors. Et elle réalise qu’elle a besoin de se donner cette liberté pour pouvoir se remettre au travail et réussir son examen.
Autrement dit : Elodie et Isabelle essaient de mettre un chat (leur anxiété) dans un sac en papier (le contrôle exercé volontairement).
Et ça finit mal : le chat est furieux, mord, griffe et se rebelle. Le sac en papier se déchire de toute part. Et Elodie et Isabelle ont mal !
Comme je le disais au début de cet article, le stress et ses signes d’anxiété disent simplement “mon corps et mon cerveau essaient de résoudre un problème”. Ils ne SONT PAS le problème.
Supprimer ses signes d’anxiété pour gérer son stress, c’est un peu croire qu’on va éteindre un feu en éteignant le signal d’alarme
(il y a beaucoup trop de métaphores dans cet article non ???)
Oui mais alors on fait quoi avec ses signes d’anxiété ?
3 étapes pour améliorer votre gestion de l’anxiété et mieux la surmonter :
1 – conserver les méthodes de suppression des signes d’anxiété pour les moments où vous avez absolument besoin d’être disponible pour autre chose vite et pendant un temps court : quelques dizaines de minutes pour une réunion, un examen.
Attention il faut bien comprendre que ces méthodes ne marchent pas si vous faites une crise d’angoisse. Au contraire elles peuvent souvent aggraver la crise.
2 – à froid, en dehors des pics de stress, demandez-vous à quel problème vous faites face exactement et ce que vous avez déjà essayé de faire pour le résoudre.
Si vous répondez “rien” commencez par vous là : ne rien faire pour résoudre un problème identifié EST une grosse source de stress.
Votre cerveau perçoit un problème et vous faites mine de ne pas le voir. La partie de vous qui stresse pense que vous êtes inconscient et vous envoie encore plus de stress pour vous alerter.
Si vous répondez “j’ai déjà tout essayé”, il est probable que vous avez besoin d’aide pour vous sortir de cette situation.
3 – regardez ce sur quoi vous avez essayé d’agir et demandez-vous si c’est bien sous votre contrôle.
Si ça ne l’est pas, essayer de contrôler l’incontrôlable est aussi source de stress.
Là encore, une partie de vous a compris que vous étiez en train de faire quelque chose d’impossible. Votre stress est dans ce cas le signal que vous vous épuisez à atteindre l’inatteignable.
Si vous avez du mal à distinguer ce qui est sous votre contrôle de ce qui ne l’est pas, là aussi, l’aide d’une personne compétente vous sera utile (ce n’est pas forcément simple à faire !).
Indice : les comportements des autres, nos émotions et nos pensées ne sont PAS sous notre contrôle (ce qui peut vous amener à vous demander : mais qu’est-ce qui reste sous notre contrôle ???)
En résumé : si vous connaissez de nombreuses techniques de gestion du stress mais que cela ne change rien à votre niveau de stress, c’est sans doute que vous avez besoin d’aide pour gérer votre anxiété et votre stress différemment.
Quand on vous propose une formation à la gestion du stress, vérifiez en quoi elle consiste vraiment. Est-ce qu’on vous propose de quoi apaiser votre anxiété ? C’est utile mais limité.
Ou est-ce qu’on va plus loin dans la compréhension du stress, de sa fonction et de ses mécanismes ?
Si vous vous reconnaissez dans cet article et que vous pensez avoir besoin d’aide, je reçois en visio ou en présentiel (à Aix les Bains ou Aoste). Vous trouverez toutes les informations utiles par ici :
Gérer son anxiété, la version vidéo de cet article
Des ressources supplémentaires à propos du stress et de l’anxiété
Sur ce blog :
- La peur, signal d’alarme
- La peur, une ennemie qui vous veut du bien, avec plusieurs exemples
- comment être moins anxieux
- une histoire d’angoisse ordinaire
- et pas mal d’autres articles à retrouver dans la rubrique « Avec ses émotions »
Des livres :
- « Dépasser les limites de la peur » – Giorgio Nardone : Que sont les peurs pathologiques ? Comment se forment-elles ? Comment se maintiennent-elles ? Comment peuvent-elles être surmontées ? Grâce à des exemples et des récits de véritables cas cliniques, Giorgio Nardone dévoile les caractéristiques de ces pathologies et expose de façon claire les méthodes thérapeutiques les plus efficaces.
- Me procurer le livre sur Amazon
- me procurer le livre sur LesLibraires.fr (libraires indépendants)
- « Peurs, paniques, phobies : un modèle de thérapie brève pour une résolution rapide des problèmes » – Giorgio Nardone : le livre contient un important travail conceptuel autour des notions de peur, panique et phobies. Nardone nous propose ici des stratégies thérapeutiques originales, issues du modèle systémique de Palo Alto (approche que je pratique dans mes accompagnements)
- « Je n’ai plus peur de mes peurs » – Emmanuelle Piquet et Amélie Graux : En faisant une place à part aux peurs, on apprend à les apprivoiser, à les accueillir au lieu de les éviter, à les accepter au lieu de les nier. Autant de conseils que ces pages égrènent avec humour à travers des situations que tous les enfants ont déjà rencontrées (livre pour enfants)
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