Je vis mal ma parentalité. Comment savoir si je suis trop perfectionniste ou si mon enfant est trop difficile ?

Etre parent est une aventure unique, passionnante parfois mais source de beaucoup de défis, de questionnements et même de souffrance. C’est ce qui arrive au parent du jour. Cette maman m’a posé la question suivante : « quand on vit mal sa parentalité comment savoir si on est un parent trop perfectionniste ou si notre enfant est vraiment trop difficile ?« 

Cette question va me permettre d’aborder le sujet de la souffrance parentale – oui c’est une réalité ! – mais aussi des pistes pour vous aider à vous en sortir.

Alors zou, c’est parti voyons comment répondre à cette question de parent.

Note : cet article existe en version vidéo à retrouver ici ⬇️

« Je vis mal ma parentalité » ça veut dire quoi ?

Vivre mal sa parentalité peut se manifester sur 2 niveaux différents.

Le premier niveau, c’est l’impact sur nous et notre vie du fait d’être parent, sans qu’il y ait de difficultés relationnelles particulières avec son ou ses enfants. Autrement dit : vivre mal sa parentalité, c’est ressentir des émotions douloureuses dans le fait même d’être un parent.

Avoir un être dépendant de nous tout le temps, ça peut générer des sentiments d’injustice ou de l’anxiété. Idem pour les injonctions de la société qui pèsent sur les parents et notamment sur les mères. La pression associée au rôle de parent augmente avec 2 facteurs :

  • l’amélioration des connaissances sur le développement de l’enfant : on sait mieux qu’avant ce qui défavorise le développement d’un enfant, ce qui contribue à augmenter la pression. Un parent est supposé être informé. Donc s’il ne fait pas « ce qu’il faut », c’est qu’il le fait exprès.
  • le libéralisme et l’individualisme de la société : chacun pour soi donc si un enfant a des difficultés, c’est forcément la faute des parents. Et c’est à eux de chercher les solutions, la société n’y est pour rien.

Le 2e niveau où la parentalité peut être difficile, c’est le niveau relationnel : vivre mal sa parentalité, c’est expérimenter des émotions douloureuses dans les relations avec un ou plusieurs de ses enfants. Et ce, même si le rôle de parent ne nous pose pas de problèmes en soi.

C’est de ce 2e cas que j’ai choisi de parler dans cet article.

Oui la parentalité peut être source de douleurs et même de souffrance

Oui, la parentalité engendre des défis et des douleurs inévitables. Le rôle de parent est régulièrement associé à de la frustration, de l’inquiétude voire de l’angoisse, de la culpabilité.

Ces émotions désagréables sont des douleurs inhérentes au rôle de parent. Elles reviennent régulièrement mais n’empêchent pas une relation globalement satisfaisante et fonctionnelle.

Mais parfois ça va plus loin et apparait la souffrance.

Dans la vie, la douleur est incontournable mais la souffrance est optionnelle.

Haruki Murakami

La souffrance survient quand on ne parvient pas à surmonter une difficulté. On ressent alors un sentiment d’impasse malgré tous les efforts. On a même le sentiment d’être coincé-e dans cette situation et de ne rien pouvoir pour la changer.

Autant on peut surmonter une douleur en se documentant, en cherchant des ressources et en testant des choses. Autant la souffrance exige souvent une aide extérieure pour se sortir du cercle vicieux dans lequel on est coincé-e.

Faire la différence entre souffrance et douleur est difficile.

C’est même le principal frein à demander de l’aide : on a tendance à se dire que ce qu’on ressent est normal, que ça finira bien par aller mieux un jour, qu’il y a sans doute des situations pires.

Il y a une part d’honnêteté vis-à-vis de soi-même : suis-je d’accord pour continuer à endurer cette situation encore longtemps ?

Mais il existe un autre signe de souffrance : quand la relation avec l’enfant se dégrade, quand le parent commence à ressentir de l’amertume, qu’il commence à se demander si son enfant ne le fait pas un peu exprès, qu’il lui en veut de ne pas faire d’efforts ou de ne pas changer.

Quand ces sentiments apparaissent, alors il est généralement temps de se faire aider.

Mais revenons-en à la question de départ :

je vis mal ma parentalité, comment savoir si je suis un parent trop perfectionniste ou si j’ai un enfant trop difficile ?

Je n’aime pas trop la formulation de cette question. Elle sous-entend qu’il y aurait un responsable (un coupable ?) de la situation.

Et ça, quelle que soit la réponse, ça a un côté culpabilisant pour celui ou celle dont la culpabilité sera avérée.

Si la réponse est « l’enfant est trop difficile », on est dans une impasse : il n’y a pas de service après vente des enfants qui les répareraient quand ils dysfonctionnent.

Si la réponse est « le parent est trop perfectionniste », ça peut aider à travailler sur ses attentes et la manière de les faire passer mais avec la culpabilité en prime.

Et puis « trop perfectionniste », ça ne veut rien dire.

Etre perfectionniste c’est être ambitieux et se donner les moyens pour atteindre ses ambitions (pour soi et pour ses enfants). Il n’y a rien de péjoratif ou de négatif au fait d’avoir de l’ambition et de viser haut.

Quelqu’un d’ambitieux et qui réussit ne sera jamais qualifié de « trop » perfectionniste.

Le niveau d’exigence n’est ni bon ni mauvais en soi. Ce qui importe, c’est le résultat de l’interaction : est-ce que ça marche = je me sens à peu près efficace comme parent ou pas ?

Dans l’autre sens, c’est pareil : un enfant « trop difficile », ça signifie juste que le parent se retrouve régulièrement en difficulté, avec un sentiment d’efficacité personnelle comme parent dégradé.

Dans les 2 cas, pour se sortir de là, on va devoir regarder ce qui se passe dans l’interaction entre les 2 pour faire changer ce qui peut être changé.

C’est seulement après ça que vous pourrez décider si oui ou non vous voulez toujours tenter de répondre à la question : « suis-je un parent trop perfectionniste ou mon enfant est-il trop difficile ?« 

Dans mon expérience d’accompagnement parental, la plupart des parents laissent tomber cette question assez rapidement.

Souvent parce que la relation s’est suffisamment améliorée avec des changements de 2 côtés pour qu’elle ne se pose plus (on change à la fois des choses du côté des parents et cela fait changer des choses du côté des enfants).

Je vous propose donc de laisser tomber la question et de regarder la situation sous un autre angle : le point de départ de cette question est « je vis mal ma parentalité« .

Ce constat est générateur de souffrance. Et la réponse à la question « suis-je trop perfectionniste ou mon enfant est-il trop difficile ? » est destinée à trouver des solutions pour apaiser cette souffrance.

Alors commençons par là : comment apaiser cette souffrance liée à la parentalité ?

Quelques pistes pour commencer à apaiser les souffrances liées à la parentalité

  1. Observer la relation

Examinez de près les moments difficiles, mais aussi les moments où tout se passe bien … alors que ça aurait pu mal se passe. Ca vous donnera une vue plus équilibrée de la relation.

Quand on souffre on se focalise inconsciemment sur ce qui se passe mal et on perd de vue ce qui se passe bien. Attention il ne s’agit pas ici de relativiser et de se dire que tout va bien, mais bien d’avoir une vue plus objective de la situation.

  1. Identifier les actions alimentant la souffrance

Observez votre propre comportement lors des interactions difficiles. Et notez ce que VOUS faites qui alimente votre sentiment d’échec donc votre souffrance.

Continuez-vous à répéter sans succès et vous finissez par vous énerver ?

Négociez-vous sans fin en espérant que votre enfant va finir par se rendre à votre point de vue ?

Proposez-vous des outils de régulation des émotions, de la reformulation, du soutien sans rien faire changer aux crises ?

Punissez-vous à répétition en comptant sur le fait qu’à un moment donné votre enfant va enfin comprendre comment il doit se comporter ?

Répétez-vous encore et encore mais finissez-vous par faire à sa place ?

Je parle d’une chose bien précise ici : quand vous regardez honnêtement la situation, que continuez-vous à faire encore et encore sans aucun succès, accumulant ainsi échecs sur échecs ?

  1. Arrêtez temporairement les actions qui alimentent votre frustration, ou au moins certaines d’entre elles.

Plus on se sent en échec, plus on souffre.

Plus on souffre, moins on est en capacité d’avoir du recul et donc de voir clairement les ajustements nécessaires.

La priorité avant de changer quoi que ce soit – et même avant de se demander ce qu’on peut changer – c’est d’abaisser le niveau de souffrance.

C’est seulement à ce moment là qu’on pourra décider ce qu’on change et comment.

Donc oui, je sais, vous êtes en train de vous dire « mais je ne peux pas ne rien faire« .

Mais attention ce que je vous demande d’abandonner ici, ce ne sont pas vos exigences : c’est d’abandonner les stratégies inefficaces.

Nous verrons plus tard pour les exigences 😁.

  1. Analyser les changements

Ce faisant vous allez observer des premiers changements : votre sentiment d’échec devrait diminuer – au moins un peu. Et ça peut suffire à résoudre le problème : vous souffrez moins et vous y voyez plus clair (et vous aurez la réponse à la question de départ).

Il se peut que votre enfant change de comportement.

Un part du comportement de l’enfant est en effet le résultat de l’interaction avec ses parents et non pas seulement le fruit de sa personnalité.

C’est parce que nous demandons certaines choses d’une certaine façon que l’enfant y réagit de cette manière.

En abandonnant certaines stratégies, l’interaction change … et l’enfant peut donc réagir différemment.

Par exemple : là où des répétitions multiples conduisaient à une exaspération intense, un « tu sais ce que j’attends de toi. » suivi d’un départ de la pièce peut produire des résultats inattendus …

En laissant tomber certaines stratégies, vous aurez donc peut-être la chance de voir apparaitre des ajustements positifs et vous n’aurez pas besoin de laisser tomber vos exigences, juste de changer la manière dont vous les exprimer.

  1. Réajuster les attentes

Après cette première période d’observation et d’expérimentation, faites un bilan de vos attentes et identifiez celles que vous pouvez ajuster et celles sur lesquelles vous ne voulez pas céder.

Ce travail de prise de recul permet de prioriser (on ne peut pas tout faire et tout changer en même temps).

La priorisation amène du soulagement : on souffre moins de ne pas y arriver, on s’accorde le droit de laisser tomber certaines choses temporairement et ça permet de souffler.

Elle permet aussi de concentrer ses forces sur ce qui est vraiment important. On ne vit plus alors l’énergie dépensée comme étant un échec – sous entendu « ça devrait être plus facile » – mais bien comme un choix conscient et volontaire. On peut aussi s’aménager des manières de souffler pour tenir sur le long terme.

Cela peut aussi vouloir dire reconnaitre qu’on a besoin d’une aide extérieure ou d’outils pour se faciliter la vie avec cet enfant en particulier.

La parentalité ne doit pas faire souffrir

Vivre une parentalité difficile peut être générateur de beaucoup de souffrances.

Mais une approche axée sur l’observation et l’expérimentation peut ouvrir des pistes pour améliorer la relation avec votre enfant. Prenez le temps de vous poser ces questions et notamment celle-ci :

Qu’est-ce que je fais qui alimente ma souffrance ?

Si vous vous sentez en souffrance, si vous vivez mal votre parentalité, il peut être très utile de vous faire accompagner par des professionnels compétents. Cette prise de recul n’est pas simple à faire en solo, surtout quand la souffrance est importante.

Et si jamais vous avez besoin d’un coup de pouce pour sortir d’une souffrance liée à la parentalité, vous pouvez prendre rendez-vous avec moi 🙂. Je reçois en visio ou en présentiel à Aix les Bains ou Aoste (38) :

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Sandrine Donzel

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