Replay de l’émission de Radio « Entre Nous » sur Bugey Radio : le couple, pour le meilleur et pour le pire
Emission du 26 mai 2014, 9h-11h sur Bugey Radio.
Thème : Le Couple, pour le meilleur et pour le pire
Emission disponible en replay par ici :
A lire en complément de l’écoute du replay bien sur !
C’est quoi un couple ?
Difficile à dire ce qui définit un couple …
A priori ce sont 2 personnes qui ont envie de partager des moments communs. Le partage du quotidien est-il nécessaire à la définition du couple ? Si c’est le cas, cela voudrait dire que les couples qui vivent à distance n’en sont pas vraiment, ce qui est semble faux.
Il y a sans doute dans le couple une notion d’engagement à consacrer du temps et de l’énergie à la relation avec la personne avec qui on est « en couple », le respect d’un certain nombre de règles explicites ou implicites qui se définissent dans la relation. Je dirais aussi qu’il y a une notion de réciprocité = l’autre personne prend de fait un engagement similaire envers nous.
L’amour est tout aussi difficile à définir, l’attirance sexuelle pouvant être totalement déconnectée d’une relation de qualité par ailleurs. On peut avoir beaucoup de respect et d’estime pour l’autre et ne pas le désirer. On peut désirer quelqu’un sans forcément connaitre cette personne.
Démarrer une relation
Si on ne prend pas le risque de souffrir, on ne peut pas démarrer une relation, encore moins une relation durable.
La question qui se pose est : quel est votre objectif ?
- ne jamais souffrir ? alors mieux vaut ne pas se mettre en couple
- rencontrer qq ? alors vous risquez d’avoir à souffrir au moins un peu
Pour quelles raisons se mettre en couple ?
Quand on a désespérément d’être en couple, le conjoint ou la compagne devient l’anti-dépresseur ou l’anxiolytique de son partenaire, rôle peu valorisant. Je l’avais évoqué dans l’article « Un problème ou une solution ? »
Cela fait aussi peser un poids important sur le partenaire, une pression d’être à la hauteur qui peut nuire à la fois à la qualité de la relation et au désir entre vous.
Faire durer son couple ?
Faire durer son couple, c’est concilier 2 aspects dont les demandes sont contradictoires : une relation de qualité et le désir sexuel. Pourquoi contradictoire ?
Une relation de qualité suppose de bien se connaitre, d’avoir une certaine sécurité avec cette personne : on peut faire ou dire des choses en sachant que l’autre ne nous en voudra pas. Il y a moins de distance, de notion de séduction.
Un ami, c’est quelqu’un qui vous trouve chiant mais qui vous aime quand même (enfin il ne faut pas que ça dure trop non plus hein :-P).
Le désir sexuel, lui, lui suppose une distance, un intérêt mutuel montré mais pas acquis. Personne ne désire le « cocker enamouré » – une image de ma collègue Emmanuelle Piquet – qui vous suit partout et vous est totalement acquis, pour ne pas dire soumis.
Une très jolie citation de Jacques Salomé à ce sujet
« Ce n’est pas l’amour qui maintient ensemble deux êtres mais la qualité de leur relation. »
La qualité de la relation suppose d’apprendre à communiquer, de savoir résoudre les conflits de façon constructive mais aussi d’apprendre à vivre avec des désaccords permanents. En vivant ensemble, on n’est jamais d’accord à 100% sur tout. Il n’est pas imaginable de penser qu’on peut – sur le long terme – être en accord sur tous les sujets. J’irais même jusqu’à dire que ce n’est pas souhaitable.
S’il n’y a plus aucun désaccord, soit l’un des 2 s’est désinvesti de la relation, soit l’un des 2 se soumet et n’ose pas dire ce qui lui pose problème.
Ceci étant dit, la communication n’est pas la seule réponse possible aux problèmes de couple et on peut parfaitement provoquer des changements dans son couple sans forcément devoir en parler pendant des heures et tout éclaircir.
La question du désir
La question du désir dans le couple est primordiale. Elle est bien souvent une question majeure dans la dégradation des relations dans le couple.
Mieux comprendre le désir est donc essentiel.
Le désir ne se décide pas. Il est de l’ordre de l’envie et du spontané. On ne sait pas POURQUOI précisément on a envie de quelqu’un, c’est un ressenti.
Les contraintes, le « devoir « sont difficilement compatibles avec le désir. J’en avais parlé ici dans l’article « on n’est pas des putes ».
J’irai même jusqu’à dire que le désir est antinomique avec les contraintes : si vous vous sentez obligé d’avoir du désir, si vous vous imposez d’en avoir ou si votre conjoint le fait, cette attitude a de forts risques de dégrader le désir et même de le faire disparaitre.
La notion de « DEVOIR conjugal » est difficilement compatible avec la notion de désir. Par définition, le désir et le plaisir ne s’obtienne que lorsqu’on fait quelque chose spontanément.
Si vous vous obligez – ou si vous obligez votre partenaire – au « devoir conjugal », c’est-à-dire à avoir des relations sexuelles – alors il y a peu de chances que le désir soit présent pour celui qui est obligé.
Cela peut être un choix d’accepter de se forcer pour avoir des relations de couple globalement plus paisibles. Mais dans ce cas, il est important d’être conscient que le désir ne sera pas ou peu présent.
Le désir se suscite seulement : on peut créer des conditions pour que la personne aie envie de nous.
Comment susciter le désir ?
Cela parait aller de soi mais il est fréquent que l’absence de désir soit attribué à un problème intrinsèque à la personne qui ne ressent pas de désir et on se questionne rarement sur notre propre « désirabilité ».
Prémisse essentiel au désir : on ne désire que ce qui peut nous apporter du plaisir. Pas de plaisir attendu (sous quelque forme que ce soit) = pas de désir en général. Se poser la question de la qualité des relations sexuelles est donc important.
Ensuite le plaisir suppose une certaine distance : on ne désire pas ce qui est toujours accessible et acquis.
On désire ce qui est à la fois enviable = qui nous apporte du plaisir et qui, en même temps, se refuse un peu à nous.
Pour le plaisir, avoir un certain statut social, une certaine image peut aider à séduire. Un peu le « c’est moi que j’aime à travers toi » : si le conjoint est désiré par d’autres, admiré par d’autres, alors il est potentiellement plus désirable pour son partenaire.
Si votre partenaire n’a plus de désir pour vous, quelques questions à se poser :
Est-ce que j’exige du désir de mon partenaire ?
Est-ce que je lui renvoie que son absence de désir est anormale, qu’il ou elle DEVRAIT avoir du désir pour moi ?
Si oui, alors il est important de libérer votre partenaire de cette exigence pour espérer le voir retrouver du désir.
Et aussi :
Que faites-vous pour vous rendre désirable ?
Que faites-vous pour vous même qui vous rende désirable aux yeux des autres en général et de votre partenaire en particulier ?
« Dans un couple, peut-être que l’important n’est pas de vouloir rendre l’autre heureux, c’est de se rendre heureux et d’offrir ce bonheur à l’autre. » (Jacques Salomé)
Un petit texte que j’avais écrit à ce sujet, intitulé « Toi l’égoiste »
Si c’est vous qui n’avez plus de désir pour votre partenaire, trouvez-vous cela anormal et vous dites-vous que vous « devriez » avoir du désir ? Vous forcez vous vous-même à avoir des relations sexuelles pour satisfaire votre conjoint ?
Si oui, alors dites-vous bien que le désir nait de la frustration et qu’il vaut mieux vous frustrer un peu de relations sexuelles pour avoir une chance de retrouver votre désir.
L’impact de l’arrivée d’un enfant sur le couple
Un enfant modifie souvent l’équilibre d’un couple. Il est bon de le savoir à l’avance pour ne pas en être trop perturbé quand cela arrive. Les 3 premières années sont principalement difficiles à vivre pour le couple car l’enfant a besoin d’une disponibilité importante de la part de ses parents. J’en avais parlé notamment ici dans l’article « Naouri, nique ta mère, heu non ta femme pardon »
Les enfants donnent aussi plus d’occasions au couple d’être en désaccord sur des sujets variés … et notamment sur l’éducation des enfants ! Dans ce domaine, le risque est que celui des 2 qui essaie de faire changer l’autre – parfois les 2 – passe pour le donneur de leçon.
Si votre partenaire n’adhère pas à votre modèle éducatif, essayer de le convaincre qu’il a tort sera voué à l’échec : il/elle cherchera probablement toutes les occasions pour vous prouver que vous avez vous-même tort et cela renforcera tension et suspicion et vous mettra tous les 2 sous tension. Vous vous sentirez observé à la loupe et jugé, tout comme lui/elle se sentira aussi jugé et observé, ce qui n’est pas très bon pour la relation ni avec son conjoint ni avec ses enfants
Il est possible aussi que votre partenaire adhère à vos principes éducatifs mais arrivent moins bien à les mettre en oeuvre. Parfois dans ce cas, il/elle se sent en échec et a du mal à le reconnaitre. Si vous essayez de lui montrer qu’il/elle s’y prend mal, il y a des chances que cela renforce la résistance et que cela mette votre partenaire sous pression.
Et dans ce domaine, être sous pression est tout à fait contre-productif parce qu’on a plus de mal à gérer ses émotions dans ces circonstances.
Laissez-vous à votre partenaire le droit à l’erreur, son mode d’éducation ne s’en portera que mieux 😛
Bibliographie et liens complémentaires
- Une vidéo d’Esther Perel sur le désir dans le couple :
- Le livre d’Esther Perel « L’intelligence érotique »
- Le blog « Les fesses de la crémière » et notamment les articles « Quand les femmes avaient plus de désir que les hommes » et « Couple, monogamie, infidélité, de l’importance du sexe »
- le livre de Daniel Bergner qui démonte un certain nombre d’idées reçues sur le désir féminin : « Que veulent les femmes »
- Sur une autre vision du couple : les livres de Françoise Simpère « Bienheureuse infidélité » ou
- Et enfin un livre simple, clair, concret sur la communication : « La communication non violente au quotidien » de Andreas Basu et Liane Faust
La suite …
L’émission suivante a eu lieu le lundi 30 juin de 9h à 11h, sur le thème des relations entre frères et soeurs. Le replay est disponible par ici. Je rédigerai un article complet dans les semaines qui viennent.
Il n’y aura pas d’émission en juillet. La prochaine aura lieu le lundi 25 aout de 9h à 11h en direct avec Florian Saffer, diététicien. Le thème ? La bouffe et moi, rapport au corps et à la nourriture.
Vous pouvez poser vos questions de différentes manières :
- avant et pendant l’émission par email – sandrine@scommc.fr – ou via la page Facebook de l’émission Facebook/entrenousbugeyradio (page que je vous invite à liker évidemment !) et par message privé sur la page de l’émission aussi bien sur !
- pendant l’émission en direct, sur le chat de la radio, accessible sur la page de la radio (colonne de droite)