Les enfants ne sont pas des adultes miniatures

Les enfants ne sont pas des adultes miniatures et nous l’oublions trop souvent. Beaucoup trop et beaucoup trop souvent. Et cela nous amène régulièrement à être maltraitants avec eux en leur prêtant des compétences que même les adultes n’ont pas ou difficilement.

Les enfants ne sont pas des adultes miniatures : ils ont besoin de plus de respect et de bien-traitance que les adultes

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Oui l’enfant est une personne : les enfants ont des facultés de compréhension, de logique, ils ressentent des émotions, exactement comme les adultes. Mais ils ont aussi une expérience réduite, des difficultés à se projeter dans un futur lointain (tout simplement parce que, manquant d’expérience ils ne peuvent se l’imaginer ?). Les plus petits manquent aussi de compétences et de stratégies pour réguler leurs émotions et inhiber certains comportements. C’est justement parce que l’enfant n’est pas un adulte miniature qu’il a besoin de plus de respect, d’attention et de bientraitance. C’est ce contexte compréhensif et respectueux qui va lui permettre de développer les compétences qui feront de lui un adulte bien dans ses baskets.

Ce constat nous amène à beaucoup expliquer à l’enfant. C’est tout à fait sain : lorsque l’enfant comprend, les évènements de sa vie ont un sens, les choses sont plus prévisibles, plus logiques donc moins anxiogènes.

Mais il amène aussi très souvent les parents (et les adultes en général) à compter sur la compréhension de l’enfant pour qu’il change son comportement. Là aussi, c’est une attitude saine : très souvent, quand l’enfant comprend, il change. Mais très souvent aussi, il ne change pas.

Et c’est là que les ennuis commencent : nous cherchons encore et encore à « lui faire comprendre ». 99 fois sur 100, quand les parents viennent en consultation chez moi, leur demande commence par « comment faire comprendre à mon enfant que …« . Je vais d’ailleurs illustrer cet article avec un exemple typique tiré d’une question envoyée par une de mes lectrices :

« Mon fils a beaucoup de jouets (je sais que c est un peu de notre faute car ma famille adore le gâter).  Mais là vraiment, on est envahi jusque dans le salon et il faut trier. Et là, l’enfer commence : soit je fais avec lui et il hurle et pleure et je finis par hurler aussi, soit je fais seule et c’est la crise totale je suis un monstre j ai touché à ses affaires. Là j’ai vidé ses bacs de petits jouets er je lui ai demandé de les trier, ça fait 3 jours. Il fait 1 jouet à la fois. Il traine, j’ai envie de le tuer.  Donc si tu as une astuce pour lui faire comprendre, je suis preneuse parce que ça devient invivable. »

Les enfants ne sont pas des adultes miniatures : ils sont incapables de comprendre certaines choses

Ce que cette maman demande à son fils est à la fois parfaitement logique et tout fait à insensé. 

C’est parfaitement logique : quand un endroit est encombré, ça fait bien de le vider, de trier. Mieux encore : quand on trie et qu’on jette, il ne nous reste que les objets que nous aimons vraiment. C’est un soulagement. Sauf que, pour comprendre cela, il faut l’avoir expérimenté et vécu, il faut avoir ressenti les émotions et les sensations qui accompagnent la situation. 

La compréhension ne précède pas le changement. Elle le suit.

Je le redis : les enfants ne sont pas des adultes miniatures. Ils ont peu d’expérience directe sur lesquelles appuyer leur compréhension = ils ont vécu moins d’évènements. Ils ont aussi moins d’expériences indirectes = ils ont entendu moins d’expériences racontées par d’autres, ils n’ont pas lu de livres ni vu de films qui nous permettent à nous adultes d’enrichir notre expérience.

Inutile donc de compter sur la compréhension pour un enfant qui n’a jamais vécu, expérimenté, ressenti la situation en question. Il est totalement incapable de le faire puisque cette situation lui est totalement étrangère.

Ce n’est ni de la mauvaise volonté de leur part, ni une incapacité définitive. C’est juste lié à leur statut d’enfant. Très souvent, nous ne pouvons donc pas compter sur la compréhension de l’enfant : il ne peut pas se représenter la situation, il n’en voit pas les enjeux ni à court ni à moyen terme.

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Les enfants ne sont pas des adultes miniatures …. et les adultes sont des enfants qui s’oublient

Nous, les adultes, faisons une confiance aveugle dans « la compréhension ». Est-ce que vraiment nous nous illusionnons à ce point pour croire que comprendre = changer ?

Prenons un exemple très simple : nos placards remplis de vêtements (ou de livres, de matériel de cuisine ou de loisirs créatifs ou de n’importe quoi d’autre).

Abstrait vecteur créé par macrovector – fr.freepik.com

Dans mon armoire, j’ai des tonnes de vêtements. Ma tête me dit que je devrais vider ce foutu placard, qu’il y a là des tonnes de vêtements qui ne me vont plus, qui sont abimés, démodés, qui ne me correspondent plus. Pourtant, chaque fois que je m’y colle, c’est dur. Pour une bonne et simple raison : chaque vêtement, chaque objet est associé à un souvenir, à une émotion. Ceux qui sont peu associés émotionnellement sont faciles à jeter (ou à donner). Pour les autres, c’est plus difficile :

J’ai souvent porté ce bustier en boite et je me suis tellement éclatée avec …

Celui-ci, je ne le porte plus tellement mais je devrais peut-être le garder au cas où (rayer les mentions inutiles) je perde du poids / j’ai besoin de bricoler dans le jardin / je n’ai pas les moyens de m’en racheter un neuf

C’est la 1e robe que j’ai achetée après la naissance de ma fille

Les objets qui s’entassent dans nos placards y restent principalement pour des raisons émotionnelles, soit associée aux souvenirs, soit à la difficulté de nous atteler à une tâche pas très intéressante (nous avons toujours mieux à faire).

Si c’est aussi difficile pour nous, comment pouvons-nous imaginer que ce soit facile pour un enfant ? Même s’il a compris, il ressent les mêmes sensations désagréables que nous face à la tâche : pas envie, mauvaise humeur, difficulté à trier.

Les enfants ne sont pas des adultes miniatures et c’est pour cela qu’ils manifestent aussi bruyamment leurs émotions

La différence principale entre un adulte et un enfant, c’est l’apprentissage de l’inhibition. Un adulte a (normalement) appris à inhiber certains comportements non socialement adaptés ou peu efficaces. 

C’est ce qui fait que je ne me mets pas à taper mon collègue qui m’agace, que je n’arrache pas le téléphone dernier cri des mains de mon voisin. C’est aussi ce qui fait que je remets à plus tard une activité plaisante pour me consacrer à une activité moins agréable mais nécessaire (prendre une douche au lieu de me laver, aller travailler au lieu de rester couchée, faire le ménage au lieu de bouquiner).

Il serait assez surprenant qu’un enfant invité à trier ses jouets disent « Génial, quelle merveilleuse idée tu as là maman, je m’y mets tout de suite« .

En plus, pour l’enfant, une grande partie de son expérience de vie, de ses émotions agréables, tourne autour de ses jouets. Trier les jouets est donc une tâche émotionnellement difficile. Plus l’enfant est jeune, plus ce sera difficile. Il va donc manifester fortement que ce n’est pas facile pour lui.

Attention ! Manifester ses émotions désagréables ne signifie pas qu’on est traumatisé et qu’il faut s’arrêter là. Bien au contraire ! S’arrêter à la manifestation émotionnelle, c’est risquer de créer la traumatisme : cela envoie le message « L’émotion n’est pas souhaitable et ne peut être surmontée.« . Ca peut être anxiogène.

Manifester son émotion, ça veut juste dire que la situation est désagréable sur le moment. Dans quelques années, l’enfant saura manifester ses émotions de manière moins excessive. D’ici là, cette manifestation de mauvaise humeur n’est pas le signe que vous devez cesser de faire ce que vous souhaitez faire.

Elle est simplement le signe que votre enfant traverse une tempête émotionnelle. Il a juste besoin d’être accompagné dans ce moment désagréable. Il peut même simplement avoir besoin qu’on le laisse manifester sans essayer de faire taire cette émotion. Il est juste furieux et il veut que ça se sache.

Accusons réception et laissons passer la tempête. Vos enfants vous accuseront un nombre incalculable de fois d’être de mauvais parents sous le coup de leur mauvaise humeur ou vous diront des choses très désagréables voire insultantes. C’est simplement parce qu’ils sont des enfants 😉

Les enfants ne sont pas des adultes miniatures, des ressources complémentaires

Dans l’exemple donné plus haut, je vois 2 options :

  • Vous l’incitez à s’y mettre, non pas en le forçant ou en comptant sur sa compréhension mais en contrebalançant les aspects émotionnellement désagréables (en vous énervant vous les renforcez). Vous pouvez le faire de manière simple et progressive : tous les jours, il doit sortir 5 jouets de sa chambre par exemple. En faisant cela, il obtient une satisfaction (un compliment de votre part, une coche sur un tableau, un moment passé ensemble … ou simplement le droit de réintégrer un jouet sur les 5 qu’il avait initialement sortis). Les premiers jours, ça va demander d’accepter qu’il n’est pas DU TOUT d’accord et de l’accompagner avec bienveillance en triant avec lui. Ca va prendre du temps et de l’énergie mais vous aurez la satisfaction de le voir faire.
  • Vous vous y mettez sans lui : ça ira beaucoup plus vite, ça vous évitera de lui en vouloir de ne pas faire. Vous serez inévitablement une horrible mère quand il va réaliser que vous avez jeté/trié des jouets. Ca va durer 10 minutes ou 10 heures. Il finira par se souvenir que vous êtes la meilleure mère du monde (et par trouver génial de redécouvrir des jouets qu’il avait oublié tellement ils étaient enfouis sous le reste 😀 …

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Sandrine Donzel

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2 thoughts on “Les enfants ne sont pas des adultes miniatures

  • 20 août 2019 à 01:03
    Permalink

    Bonjour Sandrine

    Excellent article. j’ai aimé le lire parce qu’il répond à pas mal de questions que se posent les parents

    Répondre

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