Aimer ET détester mes enfants fait-il de moi une mauvaise mère ?

«  »Familles je vous hais » disait Gide qui, pourtant en fit une. Disons plutôt, à 2 lettres près : Familles je vous ai. » »

Hervé Bazin

En devenant mère, je me suis mise à à aimer mes enfants. « Normal » me direz-vous, « tu es leur mère« . En réalité, c’est plus une question de contexte associé à un coup de bol qu’autre chose. Mon environnement familial et matériel était plutôt favorable. J’étais plutôt bien dans mes baskets. Ma fille était un bébé très cool et … le miracle s’est produit. Mais l’amour n’est pas la seule chose qui m’est venue en devenant mère : il m’arrive aussi de détester mes enfants.

La maternité m’a donc amené à l’étrange constat du paradoxe de l’amour maternel : mes enfants sont merveilleux et je les aime immensément … encore plus quand ils dorment ou qu’ils ne sont pas avec moi. Mon amour inconditionnel ne résiste pas toujours très longtemps à leur propension spontanée au bruit et à l’agitation.

Quand je les « ai » un peu trop, je finis par détester mes enfants

En résumé, quand j’« ai » mes enfants trop longtemps avec moi, je finis par les haïr.

Les haïr de quoi ? De m’obliger à des contorsions d’emploi du temps et de gestion de priorités sans fin, de me priver des plaisirs qui me ressourcent et me font vibrer (par manque de temps et d’argent), de me contraindre à changer ma vie ou mon rythme, de m’étouffer derrière 10 000 contraintes qui s’imposent à moi du fait de leur présence et de leurs besoins, etc.

Pour être honnête, ce ne sont pas vraiment mes enfants que je déteste : ce sont les contraintes et la charge matérielle et émotionnelle qu’ils représentent quand elle devient trop lourde pour moi.

Une mère peut-elle détester ses enfants ?? Peut-être suis-je une incurable égoïste qui n’aurait pas dû avoir d’enfants. Certains me l’ont déjà dit d’ailleurs. On m’a même reproché de ne pas laisser à mes enfants vivre leur vie d’enfant (parce que je ne fais pas leurs lessives et qu’ils se débrouillent seuls dans ce domaine).

Oui mais si je fais leurs lessives, je me prive de ma vie à moi. Aïe, si je me fais passer avant, je suis peut-être une mauvaise mère. Et pourtant, si je me fais passer après, je deviens VRAIMENT une mauvaise mère.

Détester mes enfants, ca veut dire mauvaise mère ?

Question difficile n’est-ce pas ? J’avais déjà parlé un peu par ici de comment évaluer une éducation. Les seuls à qui je reconnais le droit de juger si je suis ou pas une bonne mère, ce sont mes enfants.

Evidemment, mieux vaut éviter de leur poser la question aujourd’hui. Attendre une bonne vingtaine d’années minimum serait préférable. Ca évitera leur vengeance sur mes exigences de débarrasser la table ou d’arrêter de jouer sur la tablette. Bref, la réponse n’est pas pour demain. Je vais devoir continuer sans savoir si je suis ou non une mauvaise mère.

Etre mère, c’est aussi faire avec cette incertitude : ne jamais savoir si on est ou non une bonne mère !

Détester ses enfants ne fait pas une bonne ou une mauvaise mère. Au contraire. M’autoriser à le penser, c’est aussi relâcher la pression : j’ai du contrôle sur mes actes, pas sur mes ressentis ou mes pensées.

Si je n’ai même pas le droit de dire que je ne supporte plus mes enfants, je suis piégée dans la honte et je n’ai plus aucun moyen de m’en sortir.

Quand on n’arrive plus à sortir de la haine, qu’elle est présente tout le temps, c’est le moment de demander de l’aide.

Oser dire que je déteste mes enfants, ça m’aide à trouver des solutions

En acceptant qu’on peut (et qu’on va) détester ses enfants, on devient capable de discerner des nuances dans nos émotions : les moments où c’est vraiment insupportable, les moments où ça devient presque bien, les entre-deux …

Ca me permet de faire le tri et de discerner où je peux agir et où je ne peux pas : ce que je peux changer dans mon contexte (l’actuel est particulièrement incertain et stressant, ce qui n’aide pas), dans mes demandes aux autres (à l’entourage et aux enfants), etc.

Oui, oser dire que je déteste mes enfants m’aide à identifier mes besoins, ce qui est non négociable pour mon bien-être personnel. Et à les faire respecter, à tenir vraiment bon. Quand je ne le fais pas, plus rien n’est supportable, et surtout pas mes enfants.

Prendre soin de soi quand on est parent n’est pas une question de confort.

Prendre soin de soi quand on est parent n’est pas une question de confort. C’est une question de survie et de protection de ses enfants. C’est le seul moyen de devenir une mère à peu près acceptable.

Bienveillance bien ordonnée commence par soi-même : si je ne veux pas haïr les autres, je commence par m’aimer et me respecter moi-même.

Quelques ressources pour aller plus loin :

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Sandrine Donzel

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