Comprendre le burn out parental

Voici la retranscription du nouvel épisode du podcast « Du Côté des Parents« . Elever des enfants présente un grand nombre de défis et les parents se trouvent parfois (souvent !) au bord du burnout. Je vous propose une exploration de l’épuisement parental en 2 parties. Dans cette première partie, je vous propose de mieux comprendre décrire le phénomène de l’épuisement parental, son processus progressif, ainsi que ses symptômes. Dans le prochain épisode, je parlerai à la fois des pistes pour s’en sortir, mais aussi de la spécificité d’accompagner des enfants avec des troubles, des handicaps comme le TDAH, l’autisme, etc.

Pour écouter cette 1e partie en audio, c’est par ici :

Ep. 6 Burn out parental – partie 1 : comprendre Du côté des parents !

Episode 6 – "Du côté des parents !" : tout est parti de la question "comment élever 3 enfants sans s'épuiser ?" Cela me donne l'occasion d'aborder la question du burn out parental, de ses causes, des facteurs favorisants, des symptômes. —- 🔗 LIENS ET RESSOURCES 🔗 —- mon blog pour avoir les articles sur l'écoute dont je parle et la retranscription de l'épisode : ⁠https://blog.scommc.fr/comprendre-le-burn-out-parental/⁠⁠ vous abonner à ma newsletter : ⁠⁠⁠https://mailchi.mp/scommc/podcast⁠⁠⁠ pour en savoir plus sur mon travail (conférences, formations et accompagnements) : ⁠⁠⁠https://scommc.fr/⁠⁠⁠ Pour faire un don : ⁠⁠⁠https://bit.ly/donducotedesparents⁠⁠⁠ —- 📩 POUR ME CONTACTER 📩 —- par mail : ⁠⁠⁠sandrine@scommc.fr⁠⁠⁠ sur Facebook : ⁠⁠⁠https://www.facebook.com/SandrineDonzelSCommC/⁠⁠⁠ sur Instagram : ⁠⁠⁠https://www.instagram.com/sandrinedonzel/⁠⁠⁠ sur LinkedIn : ⁠⁠⁠https://www.linkedin.com/in/sandrinedonzeljuge/⁠⁠⁠ —- CREDITS —– Musique : Guiton Sketch de Kevin MacLeod , licence : ⁠⁠⁠https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/⁠⁠⁠ Source : ⁠⁠⁠http://incompetech.com/music/royalty-free/index.html?isrc=USUAN1100473⁠⁠⁠ Artiste : ⁠⁠⁠http://incompetech.com/⁠

Tous les épisodes sont aussi disponibles ici en version audio ou encore ici si vous préférez lire toutes les retranscriptions.

Le podcast est accessible sur les plateformes d’écoute classiques. Je vous cite ici les principales :

Il est aussi présent sur d’autres plateformes moins connues. Si vous ne le retrouvez pas sur votre support d’écoute habituel, n’hésitez pas à m’envoyer un petit mail pour que je fasse le nécessaire.

Pour commencer à parler de burnout – épuisement parental en français dans le texte – je vais d’abord vous décrire comment ça fonctionne. Je parlerai ensuite des facteurs favorisant, des symptômes, de tout ce qui va vous permettre de détecter un épuisement potentiel.

L’épuisement est un processus en plusieurs phases

Le burnout parental n’est pas quelque chose de rare ou d’exceptionnel.

Les travaux d‘Isabelle Roskam et de Moïra Mikolajczak sur le sujet semblent montrer qu’il y a à peu près 5 à 8% des parents qui se disent épuisés et qui seraient concernés par des situations d’épuisement, de burnout.

L’épuisement, c’est un processus en plusieurs phases.

Tout démarre avec une phase tout à fait normale d’adaptation qui consomme des ressources. Ces ressources sont utilisées notamment pour acquérir de nouvelles compétences, pour s’adapter à un nouveau contexte. Donc ça peut être devenir parent, ça peut être avoir un enfant avec un handicap ou un trouble, ça peut être une adaptation sur un plan professionnel, sur un plan personnel, etc.

Tout commence avec la phase du super héros !

C’est une phase dans laquelle on consomme beaucoup d’énergie pour s’adapter à un nouveau contexte

La phase du super héros

Dans cette phase, évidemment, on développe des capacités. Mais c’est une phase qui coûte de l’énergie. C’est pour ça que je l’appelle la phase du super-héros. Parce que là, on fait plus que ce qu’on est habitué à faire.

Le problème, c’est que cette phase d’adaptation – de sur-adaptation adaptation parfois – consomme énormément d’énergie. Elle n’est pas faite pour durer. Notre cerveau n’est pas fait pour supporter cette phase pendant un temps indéterminé.

Donc :

  • soit le contexte fait que cette phase s’arrête : on avait une surcharge à un moment donné, puis elle s’arrête (une surcharge temporaire de travail, une maladie qui se termine, etc).
  • soit on a acquis de nouvelles compétences, de nouvelles manières de faire et ce qui était une surcharge n’en devient plus une (exemple : vous démarrez un nouveau poste au boulot, au début tout est stressant mais une fois que vous êtes intégré, que vous avez compris ce qu’on attend de vous, il n’y a en théorie plus de surcharge).

Le burnout, il va se manifester si cette phase du super héros dure trop longtemps.

La 2e phase de l’épuisement : la phase de la voiture folle

Et là, on va basculer dans ce que j’appelle la phase de la voiture folle. Alors, pourquoi la voiture folle ?

On commence à avoir plein de signaux qui s’allument, comme sur le tableau de bord d’une voiture : « Oulala, attention, les freins déconnent ! Oulala, attention, vous n’avez plus d’essence ! Oulala, attention, le joint moteur, il y a un problème ! « 

Ca continue avec la phase de la voiture folle

Les signaux s’allument mais on se dit qu’on va y arriver, qu’il y a une aire dans pas longtemps et que ça suffira bien …

Mais malgré ces voyants – qui sont en fait les symptômes – on continue à rouler comme si de rien n’était.

On roule à 130, 150, 180 sur l’autoroute en se disant : « pas de problème, on va y arriver, on va y arriver, on va y arriver ». Donc, inévitablement, à un moment donné, le moteur explose et la voiture fonce droit dans le mur.

La 3e phase du burn out : l’effondrement

On arrive dans la 3 phase, que j’appelle la phase de l’effondrement.

C’est un mécanisme de protection. C’est votre cerveau qui vous dit : « je t’ai allumé tous les voyants du tableau de bord, mais tu n’as pas arrêté la voiture, tu t’es pas garé sur le bord, tu n’as pas appelé une dépanneuse, tu n’as pas rempli ton réservoir d’essence, tu n’as pas réparé tes freins. Donc, je débranche tout, tu t’arrêtes, comme ça, au moins, je suis sûr que tu vas arrêter de rouler et être obligé-e de faire quelque chose.« 

C’est important de le voir comme un mécanisme de protection !

L’effondrement

Ou quand notre cerveau débranche tout pour nous obliger à récupérer …

Si vous pouvez vous éviter d’aller jusque-là, je vous invite à faire tout ce que vous pouvez pour écouter les signaux et vous arrêter plus tôt. Tous les gens qui traversent cette phase vous le diront. : c’est une phase qui est extrêmement difficile à vivre, parce que on veut, on veut retourner travailler, on veut s’occuper de ses enfants, mais on ne peut pas !

On peut être couché dans son lit, vouloir se lever et ne pas arriver à se lever. Donc, c’est extrêmement perturbant et extrêmement difficile à vivre.

La phase de récupération dans l’épuisement parental

A un moment donné, on va avoir besoin d’une phase de récupération.

Plus on est allé loin dans la consommation de ses ressources, plus on va avoir besoin vraiment d’avoir une phase de récupération où on ne fait rien ou vraiment presque rien pour pouvoir avoir à nouveau des ressources et repartir du bon pied. Redémarrer la voiture, si je reprends ma métaphore automobile.

Mais alors attention, si on ne change rien au contexte qui a généré le burnout, on va repartir pour un nouveau burnout.

Inévitablement, si on se retrouve dans la phase du super-héros et qu’on fait tout comme avant, il n’y a aucune raison qu’on ne fasse pas un nouveau burnout, même si on a récupéré de l’énergie.

C’est un piège fréquent : les gens font un burnout, ils s’épuisent et ils s’imaginent qu’une fois qu’ils ont récupéré, qu’ils ne sont plus fatigués, ils peuvent repartir comme avant … et ils refoncent dans le mur exactement de la même manière.

C’est important de le retenir pour mettre en place ce qu’il faut pour éviter de replonger. Je l’aborderai dans le prochain épisode.

Quels sont les facteurs favorisant l’épuisement parental ?

Je vais m’intéresser aux facteurs qui favorisent l’arrivée d’un burnout. Souvent le burnout est mis sous une responsabilité personnelle, ce que j’appelle les facteurs personnels.

On va entendre dire que le burnout, c’est quand les gens sont fragiles, qu’ils ne sont pas capables de supporter la charge ou les responsabilités, etc. On entend surtout ça dans le domaine professionnel, mais ça peut être une idée fréquente.

On entend dire que les gens font un burn out parce qu’ils veulent en faire trop, qu’ils sont trop perfectionnistes, etc.

Les facteurs personnels dans le burnout.

Le premier de ces facteurs personnels – et vous allez voir que tout le monde peut être concerné par le burnout – le burnout c’est quelque chose qui arrive aux gens qui sont motivés.

Je le dis clairement – attention aux oreilles chastes ! : on ne fait pas un burnout quand on n’en a rien à foutre.

Donc c’est quand on a envie de bien faire qu’on fait un burnout, qu’il soit professionnel, personnel, parental, militant, associatif, tout ce que vous voulez. À partir du moment où on veut faire quelque chose de bien, on est à risque de burnout.

Mais il y a d’autres facteurs personnels qui rentrent en ligne de compte évidemment.

Il y a le facteur de l’équilibre altruisme-égoïsme, particulièrement dans le domaine familial.

Quand on a un déséquilibre de valeurs en faveur de l’altruisme, qu’on a beaucoup tendance à faire passer les autres avant soi, on est beaucoup plus à risque de burnout que quelqu’un dont l’équilibre personnel est plutôt en faveur de l’égoïsme.

Je ne suis pas en train de vous dire que vous devez vous transformer en monstre d’égoïsme, juste revoir un peu l’équilibre.

Et surtout si vous avez une très forte tendance à l’altruisme mais que ça ne vous épuise pas, que vous le vivez très bien, ne changez rien ! On a besoin de plus de monde comme vous sur la terre.

Voilà, ceci étant posé, il y a un autre facteur personnel qui va jouer dans l’apparition du burnout, c’est la tendance au perfectionnisme.

Ça rejoint l’envie de bien faire, ça peut être aussi par anxiété, donc la manière dont on gère son anxiété, qui peut amener au burnout.

Ces facteurs personnels seuls ne suffisent généralement pas à expliquer un burnout.

Les facteurs contextuels dans le burn out

Les facteurs contextuels, qu’est-ce que c’est ? C’est les événements que la vie nous apporte.

Ces évènements nous obligent à une adaptation au moins émotionnelle et impliquent une adaptation, la mise en oeuvre d’énergie supplémentaire, et démarrent une phase du super-héros, etc.

Avoir un enfant avec un handicap, un trouble, avec une maladie, c’est un facteur contextuel.

Ce que j’observe souvent chez les gens qui font un burnout, c’est une accumulation de facteurs contextuels. Cette accumulait qui fait que la charge finit par être trop importante.

Être un parent avec un enfant qui a un handicap + avoir quelqu’un dans sa famille ou dans ses proches qui est malade + ou un décès + un changement professionnel + une séparation du couple, ou une rupture amicale …

ils n’arrivent pas forcément tous en même temps mais parfois tous ces événements s’accumulent. Et on en arrive à une situation où c’est trop, trop de choses à digérer et à gérer.

Ces facteurs contextuels ne dépendant pas de nous. Ce n’est pas quelque chose qu’on maîtrise, sur lequel on a la main. Ces événements de vie nous tombent un peu dessus sans qu’on ait rien demandé.

Souvent le burn out se déclenche vraiment suite à un événement apparemment anodin. Les gens disent alors : « je comprends pas je fais un burnout juste pour ça ! », entretenant l’idée qu’ils sont fragiles. En réalité, cet évènement n’est pas la cause du burnout, c’est l’événement déclencheur. Celui qui va faire qu’on bascule de « c’était encore à peu près gérable » et là bim ça ne l’est plus.

Le burnout arrive souvent à la conjonction de ces deux premières familles de facteurs, personnels et contextuels. Mais ce n’est pas tout.

Les facteurs systémiques dans le burn out

Et enfin, il y a une troisième famille de facteurs qui sont les facteurs systémiques. C’est le contexte général dans lequel on évolue.

Quand on est parent – je l’ai mis en évidence dans cet épisode sur l’anxiété parentale notamment – il y a un beaucoup de choses qui nous tombent comme responsabilité, qui nous pèsent très fort.

Et quand on est parent d’enfant avec un trouble, on a une responsabilité supplémentaire, qui nous pèse bien involontairement sur les épaules.

La pression de la société fait partie des facteurs systémiques qui contribuent aussi au burn out. Elle va en effet compliquer le fait d’accepter de lâcher certaines responsabilités ou d’en faire moins.

Un autre facteur rentre en ligne de compte dans l’apparition d’un épuisement, d’un burnout notamment parental, c’est l’isolement social. C’est un facteur qui peut être contextuel ou systémique (organisation de notre société).

Si vous êtes loin de votre famille, que vous avez peu d’amis, c’est un facteur favorisant parce que vous avez moins de soutien, moins de personnes sur qui vous pouvez vous reposer, à qui vous pouvez vous confier ou à qui vous pouvez confier vos enfants tout simplement.

J’en oublie d’autres mais voilà on a déjà fait un tour pas mal avec ces 3 familles de facteurs.

Les symptômes de l’épuisement parental

Nous allons maintenant parler des symptômes qui vont vous permettre de reconnaître les signes que vos ressources craquent et qu’il est temps de vous poser des questions … et surtout de chercher des solutions.

Il y a plusieurs familles de symptômes. La première, ce sont les symptômes physiques.

La fatigue en est un, ainsi que les troubles du sommeil. Il peut y avoir des tensions musculaires, des somatisations, des maladies qui reviennent à répétition.

Le stress chronique affaiblit notre système immunitaire. Donc si habituellement on a plutôt un bon système immunitaire et que là on est souvent malade, c’est une alerte.

Il peut y avoir des prises de poids, des pertes de poids, etc. Ces symptômes physiques peuvent être extrêmement variés.

La 2e famille de symptômes – qui est souvent la plus fréquente – ce sont les troubles cognitifs.

On va avoir des difficultés à se concentrer, une forme de trouble de l’attention causée par la fatigue et l’épuisement des ressources.

On va avoir des troubles de la mémoire : on ne se rappelle plus de la confusion mentale, il y a beaucoup d’oublis, « je ne sais plus je l’ai fait ou si je ne l’ai pas fait ».

Il va y avoir de la difficulté à gérer ses émotions, de l’irritabilité ou au contraire une distance émotionnelle. Par exemple : « Mes enfants se font mal, j’en ai plus rien à faire, ça ne me concerne plus« .

Il va y avoir une difficulté à prioriser. Par exemple, un accident de voiture ou votre enfant renverse un verre d’eau deviennent des drames au même niveau alors que évidemment ce n’est pas du tout la même gravité.

Et puis il y a une 3 famille de symptômes : les symptômes qui touchent au mental, au sens de la vie.

Il y avoir des symptômes de pensée : des « à quoi bon ? » (un peu dépressifs), des « il faut, il faut, il faut, il faut » sans arrêt, de l’anxiété, ça c’est un peu une troisième famille de symptômes.

Donc si vous avez ces symptômes qui se manifestent de façon régulière, c’est probablement qu’il y a quelque chose à regarder du côté du burnout, de l’épuisement.

Je vous donne rendez-vous dans le prochain épisode où je vous donnerai des pistes concrètes pour savoir comment s’en sortir ou comment éviter d’aller à la phase de l’effondrement.

Je parlerai aussi de la spécificité des parents ayant des enfants avec troubles, handicaps ou autres, et de comment gérer l’épuisement dans ce contexte-là.

Retranscription faite grâce à WhisperTranscribe (lien affilié)

Pour finir …

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Sandrine Donzel

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