Comment prendre une décision ?

Comment prendre une décision ? La réponse à cette question courante n’est pas si simple. J’en veux pour preuve le nombre important de gens en difficulté de prise de décision que je reçois chaque année dans mon cabinet.

Comment prendre une décision : un thème abordé dans mes coachings à mon cabinet d'Aix les Bains
Mon cabinet à Aix les Bains (il parait que ça donne presque envie d’avoir des problèmes pour prendre une décision 🤣)

Décider est une chose bien plus complexe que prévu. La prise de décisions met surtout en oeuvre des mécanismes auxquels nous ne sommes pas très habitués. Et c’est précisément de ça que je veux vous parler aujourd’hui.

Alors zou, c’est parti pour un article permettant d’éclairer quelques aspects de la prise de décision 😁 …

Choisir, nous savons faire

C’est une de mes collèges coach qui a attiré mon attention sur cette nuance (je crois que c’était Karine Aubry, mais si c’est Cécile Guinnebault, je m’en excuse auprès d’elle).

Choisir repose sur une mécanique logique pouvant sembler tout à fait rationnelle : on liste les options possibles, on les évalue le plus « rationnellement » possible (ou on croit le faire rationnellement). On fait des tableaux Excel par exemple. L’une de ces options finit par paraitre plus tentante ou moins risquée que les autres. Hop, on a choisi.

Nous vivons dans un monde de choix. Quelque soit le domaine, les options sont multiples, les choix presque infinis. Il n’y a qu’à regarder le rayon « pâtes » du supermarché pour s’en convaincre. Le nombre de modèles x le nombre de marques, le choix peut donner le vertige. Et c’est comme ça pour beaucoup de choses.

Notre capacité à choisir est sur-entrainée par le contexte dans lequel nous vivons. Ce qui amène l’illusion que nous savons décider.

Alors que décider et choisir sont 2 activités bien différentes.

Mais choisir n’est pas décider

Confondant choix et décision, nous faisons des tableaux Excel pour déterminer si nous devons aller dans la boite X (bien pour notre CV mais pas forcément enthousiasmant) ou dans la boite Y (pas super bien payé mais nouvelle branche qui nous intéresse). Ou pour savoir si notre conjoint est une option plus valable que notre amant (oui ça se fait, je le vois très souvent 😉).

Et là, ça foire …

On a beau faire varier la pondération des critères, comme par hasard toutes les options finissent par avoir le même score (vécu par Isabelle qui cherchait à savoir lequel des 2 hommes de sa vie était le bon).

Ou bien on a beau explorer les risques, aucune issue ne nous parait plus favorable que l’autre. Ou encore il y a tellement d’incertitudes et de questions qui débouchent sur d’autres questions qu’il devient impossible d’explorer chaque choix … et donc de décider. Du moins le croyons-nous …

citation de giorgio nardone à propos de prendre une décision : Les dilemmes indécidables de l'homme moderne résultant de la tentative de contrôler l'incontrolable grace au pouvoir de la connaissance.

Le chemin qui nous amène à confondre choix et décision commence avec une 1e erreur : croire que nos choix sont purement rationnels.

Notre « logique » de choix ressemble plutôt à une belle histoire que nous nous racontons pour pouvoir nous croire intelligents 🤣.

En réalité nos choix sont bien moins rationnels que ce que nous croyons.

Je ne vais pas développer ici mais je vous invite à lire « Système 1, Système 2″ de Daniel Kahneman ou encore mieux l’excellentissime « Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes de gens » de Robert-Vincent Joule et jean-Léon Beauvois. Ca va vite vous remettre les pieds sur terre au sujet de votre prétendue rationalité (et de la mienne) !

C’est là tout le paradoxe : en réalité, nous sommes tout à fait bien équipés pour prendre des décisions sur base d’informations floues, incomplètes et dans l’incertitude.

Mais nous avons désappris à faire confiance à cette partie un peu inconnue de nous. L’illusion de rationalité nous rassure nous incite alors à appliquer des méthodes de choix à des décisions.

Attention il ne s’agit pas ici de faire l’apologie de « l’intuition » ou d’apprendre à « mieux s’écouter » (ce qui ne serait qu’une manière d’essayer de transformer une décision en choix).

Petite digression : je ne remets pas en cause ici l’intérêt des approches scientifiques, bien au contraire ! Comme le disait Gregory Bateson : « la science n’explique rien, elle décrit. » La science éclaire donc un peu l’incertitude en donnant des probabilités aux évènements. Mais probabilité n’est pas prévision : si elle donne une certaine vérité sur de grands nombres mais ne permet jamais de prédire une trajectoire individuelle

Bon alors, comment prendre une décision ???

Prendre une décision, ce n’est pas faire un choix logique ou pseudo-logique. C’est prendre une direction SANS VRAIMENT SAVOIR SI C’EST LA BONNE.

On y va en se disant que, quoi qu’il arrive on fera en sorte que cette décision soit « bonne ».

Prendre une décision, c’est ce qui se passe quand Gandalf entraine tous ses amis sur le chemin de droite dans les mines de la Moria, juste parce que « l’air y est plus frais« 

(« en cas de doute, suivez toujours votre nez » pour les amateurs … ce qui, on le verra par la suite est sans doute un excellent conseil, l’odorat semblant être celui de nos sens qui est le plus en prise directe avec notre inconscient)

Chercher « la bonne solution » – celle qui cumule le plus d’avantages possibles avec le minimum d’inconvénients – c’est une manière de refuser de décider. Laisser pourrir la situation, attendre que l’autre fasse le 1er pas ou attendre « un signe » sont encore d’autres manières de ne pas décider.

Alors je résume :

Choisir, c’est le travail de notre part un peu plus « rationnelle », souvent consciente : elle pèse et évalue les options, les bénéfices et les risques et nous alerte à leur sujet.

Prendre une décision est le résultat d’une interaction subtile

Décider est un processus bien plus complexe que choisir.

Une décision est le résultat de l’interaction entre différentes parts de nous. L’une est plus « consciente » et les autres souvent bien plus inconsciente et imperceptible.

L’une n’est PAS meilleure que l’autre, plus intelligente, mieux informée ou que sais-je … La décision est le résultat de leur dialogue SUBTIL pas la prise de pouvoir de l’une sur l’autre.

Je dis souvent : « JE ne décide pas, « ça » décide » ; je ne prends pas de décision, la décision se prend et s’impose à moi.« 

Prendre une décision est un processus qui ressemble à la germination d’une graine.

Pendant longtemps, elle est là, il ne se passe rien. Pour le jardinier qui surveille son jardin, ce temps semble toujours anormalement long et plein de doutes : la graine est-elle morte ? Dois-je arroser plus au risque de la faire pourrir ? Apporter des nutriments ? L’ai-je plantée au bon endroit ? La petite pousse verte qui sort est-ce ma plante ou une mauvaise herbe qui va lui faire de l’ombre ?

Le processus s’accompagne de doutes, de peurs, d’impatience. C’est souvent pour apaiser ces sensations désagréables que nous VOULONS prendre une décision.

Et c’est là que nous prenons le risque de perturber le processus subtil qui est en jeu. Et c’est là que je reçois des gens en difficulté face à un processus

Tout le travail du coach ou du thérapeute (le mien donc) face à un processus de prise de décision ne consiste donc pas à vous aider à choisir … mais à éviter le plus possible de perturber le processus de prise de décision.

Cela va nécessiter de mettre au jour les émotions associées, d’accompagner et soutenir face aux doutes et aux peurs qui se manifestent immanquablement.

Quelques astuces pour faciliter la prise de décision

➡️ Démarrer un processus de prise de décision par une logique de choix n’est pas une erreur ! Cela permet d’éliminer les problèmes les plus évidents, de se préparer aux évènements les plus probables. Si vous ne l’avez pas fait, c’est par là qu’il faut commencer.

➡️ Diminuer le plus possible la pression face à la prise de décision ! Si vous arrivez facilement à prendre une décision, vous pouvez arrêter de lire cet article et retourner à la vie normale 🤣 … mais si vous êtes coincé-e, autorisez-vous à NE PAS DECIDER pendant un laps de temps défini. Attention pas ad vitam aeternam mais pendant un temps clairement exprimé (1 h, 1 journée, 1 semaine, 1 mois, 1 an, etc), dépendamment de l’échéance de la décision.

➡️ Arrêter de vouloir vous rassurer ! (oui je sais c’est paradoxal) Pour nous rassurer, nous cherchons « des signes » indiquant que la voie envisagée est bonne ou mauvaise (tentative de réduire la décision à un choix). Sauf qu’en phase de stress lié à une prise de décision, nous sommes en état de sur-vigilance et nous donnons une importance démesurée à tout ce qui se passe : le moindre détail pourrait devenir significatif. Nous confondons données – = la collecte de tout ce qui se passe – et information – le sens général que les données transmettent (👋🏻 à mes amis statisticiens, oui ça me sert d’aimer les maths et d’avoir un diplôme d’ingénieur en mécanique pour faire de la psychologie 😁). Autrement dit pour les non matheux : sur-interpréter les données c’est comme chercher à savoir ce que représente un tableau pointilliste en se basant sur chaque point individuellement.

détail du tableau Concarneau de Paul Signac pour illustre comment prendre une décision
Détail – « Concarneau » – Paul Signac = on n’a aucune idée de ce que ça représente
tableau complet "Soir calme, Concarneau" - Paul Signac pour illustrer la difficulté de prendre une décision
Tableau complet = on y voit plus clair !

➡️ Pour les décisions en collectif, arrêter de chercher à convaincre les gens que votre décision est « la bonne ». C’est souvent le signe que vous essayez de les rassurer en la faisant passer pour un choix … puisque justement la décision n’a pas à être bonne a priori mais qu’on doit la rendre bonne a posteriori. Face à une décision il ne s’agit plus de convaincre mais de donner envie aux autres de nous suivre quel que soit le contexte. Ca suppose confiance et leadership, 2 piliers qui se développent sur le long terme et pas seulement au moment où on doit faire adhérer à la décision. Ce qui me fait penser aussi que peut-être, ce n’est pas aux décisions qu’on adhère mais à la personne qu’on va suivre ou aux valeurs qu’elle transmet :-).

L’article en vidéo pour ceux qui préfèrent écouter que lire

J’espère que ces ressources vous ont plu et/ou vous ont été utiles. Si c’est le cas, vous pouvez me le faire savoir de pleins de manières différentes :

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Bibliographie

Sandrine Donzel

Parentalité, couple, communication, développement personnel ? Votre vie ne ressemble pas à ce qui est décrit dans les livres ? Pas de panique et bienvenue dans la VRAIE VIE, celle qui est abordée sur ce blog ! Je vous y propose des outils concrets, pragmatiques et REALISTES pour répondre à vos interrogations. Bonne lecture !

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1 thoughts on “Comment prendre une décision ?

  • 9 mars 2022 à 10:20
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    J’ai expérimenté le « Arrêtez de vouloir vous rassurer » en cherchant le moindre signe positif et l’image du tableau me parle beaucoup après coup ! Et je vais la garder dans un coin de ma tête.
    Article passionnant qui est très aidant dans des prises de décisions.
    Merci Sandrine.

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