Comment gronder un enfant sans le dévaloriser ?

Cet article est un SOS S Comm C. Un petit rappel du principe de ce rendez-vous : vous m’envoyez des questions par mail à l’adresse sandrine@scommc.fr en précisant bien « QUESTION POUR LE SOS« . Je choisis une question ou un thème et je le traite dans une vidéo de 15 à 30 minutes diffusée en direct sur la page Facebook de S Comm C (puis disponible en replay).

La question de la semaine : Comment gronder un enfant sans le dévaloriser ?

Voici la question telle qu’elle m’a été envoyée :

Hier soir, ma fille 10 ans s’est mise en colère pour une histoire de yaourt. Jusque-là pas bien méchant ! ;-). Elle s’est emballée et est restée bloquée sur cet échange puis à bouder… longtemps… jusqu’au dodo… m’a rappelée pour dire pardon vers 21h30…. Je n’aime pas comment je gère la situation ou du moins comme elle la perçoit. Je sens qu’elle se sent nulle d’avoir réagi comme ça et qu’elle ne sait pas se reprendre. Que ca dure et qu’elle s’enlise.

Et ce que je lui dis (comme hier soir qu’elle est culottée de dire qu’elle n’a pas de yaourts alors qu’en fait c’est qu’elle ne les aime pas) l’enfonce. Je sens son estime et sa confiance diminuer un peu plus à chaque colère.

Le Sos est plutôt pour moi en tant que maman pour répondre à la question suivante : comment dire les choses à son enfant pour ne pas qu’il se sente dévalorisé ? Et aussi :
Comment amener un enfant à faire les choses sans pointer qu’il ne les fait pas donc en le dévalorisant ?

(ex tous les jours je lui répète qu’elle doit brancher sa veilleuse et elle ne le fait pas. Alors j’utilise différentes méthodes qui ne marchent pas :
-Je lui pointe qu’elle n’a encore pas branchée sa veilleuse Que je lui ai deja dit 10 fois…
-je « menace » : cette nuit elle va s’eteindre et tu seras dans le noir….

Comment gronder un enfant sans le dévaloriser, ma réponse en vidéo

Pour celles et ceux qui préfèrent l’écrit, voici quelques éléments que je développe dans la vidéo :

Des éléments complémentaires sur l’importance de la honte et de la culpabilité dans le développement de l’enfant

Nous confondons souvent honte et culpabilité avec se dévaloriser. Ces émotions sont normales. Je ressens de la honte et de la culpabilité chaque fois que je constate que je ne suis pas à la hauteur. Et c’est SAIN : ce sont ces émotions qui attirent mon attention sur la situation et m’incitent à changer quelque chose pour l’avenir.

Se dévaloriser – au moins temporairement – fait partie du processus de « digestion » de la honte et de la culpabilité. J’en donne l’exemple dans la vidéo : si je « rate » quelque chose (une intervention, une formation, une conférence, etc), je me sens mal, je me sens nulle, je suis énervée. Il me faut du temps, plusieurs minutes, plusieurs heures voire plusieurs jours avant de trouver un état d’esprit plus constructif. C’est seulement au moment où je suis redescendue que je peux en tirer des leçons très importantes. Une fois ces leçons tirées, alors seulement je peux agir d’une manière dont je suis fière.

Se faire gronder, avoir honte, se sentir nul-le n’est donc pas un problème en soi. C’est le signe qu’on a conscience qu’on voudrait faire différemment la fois suivante. Ca devient un problème si ça devient une généralité et qu’on en conclut qu’on ne PEUT PAS agir différemment.

Se rendre compte qu’on n’a pas fait quelque chose n’est pas dévalorisant. Ce qui est dévalorisant, c’est d’en tirer la conclusion qu’on est définitivement nul, qu’on ne fait rien faire, qu’on ne s’en sortira jamais, qu’on n’a pas de solution.

Ce constat nous donne une réponse à la question : « Comment amener un enfant à faire les choses sans pointer qu’il ne les fait pas ? » = on ne peut pas … et ce n’est pas souhaitable. Savoir gérer sa honte et sa culpabilité, c’est hyper utile dans la vie. C’est même ça qui permet d’avoir confiance en soi : j’ai confiance dans ma capacité à affronter les échecs et à réagir quand je ne me sens pas à la hauteur.

Donc, dans tous les cas, pour pouvoir tirer des leçons d’un évènement, il est nécessaire qu’il vive des conséquences désagréable. Les conséquences agréables renforcent un comportement déjà présent (et c’est très efficace). Pour changer, pour faire différemment de ce que je fais actuellement, il est nécessaire de vivre quelque chose de désagréable. En résumé, pas de conséquence, pas de responsabilisation ni d’apprentissage.

Attention désagréable ne veut pas dire douloureux ! Au contraire, une intensité modérée est souvent plus efficace. Et c’est bien là que nous, parents, nous pouvons tomber dans le piège : pour être sûrs de remplir notre mission éducative, par peur que notre enfant n’en tire pas les bonnes conclusions, nous avons tendance à « en rajouter ». Nous grondons, menaçons, répétons, etc. Ou alors nous cherchons à le/la faire « réfléchir », nous parlons de ce que nous ressentons.

Ces interventions peuvent perturber le processus de « digestion » des émotions. Reprenons mon exemple personnel : quand je suis en train de digérer un échec, si quelqu’un vient me dire « non mais quand même c’est grave … », ma honte/culpabilité peuvent augmenter tellement que je vais me trouver nulle. Ou alors je vais être en colère contre cette personne qui me gène dans mon processus. Je risque de trouver qu’elle exagère, qu’elle en fait trop et donc ça va diminuer ma culpabilité et m’empêcher de « bien réfléchir ». La même chose se produit face à une personne trop empathique ou qui essaie de minimiser les conséquences désagréables de ce que j’ai fait.

Et là encore, parfois nous intervenons mal à propos : voyant l’enfant trop se dévaloriser, nous cherchons à lui éviter les conséquences de ses actes par peur que la honte lui fasse du mal. J’avais déjà parlé de ce sujet dans l’article (et la vidéo) « responsabiliser comment ça marche ?« .

En résumé : en protégeant les enfants des conséquences de leurs actes (surtout quand celles-ci ne sont pas dangereuses), on augmente leur colère et leur agressivité : ils sentent bien qu’ils sont coincés et n’ont pas accès à un apprentissage utile sans pouvoir mettre clairement des mots là-dessus. Et ils se dévalorisent aussi : ils voient qu’ils devraient faire autrement sans savoir quoi ni comment.

Bref, les discussion posées et responsabilisantes sont beaucoup plus efficaces. Il s’agit de discuter du problème sans moraliser ou sermonner (oui c’est plus facile à dire qu’à faire et ça demande de l’entrainement mais c’est très efficace !) :

– Que penses-tu toi de ce que tu as fait (ou pas fait) ?

– Qu’est-ce que j’en pense moi à ton avis ?

– En quoi est-ce un problème à ton avis ?

– Souhaites-tu faire quelque chose pour que ça change ? As-tu besoin de mon aide pour faire ce quelque chose ?

Ensuite, on prévoit de se revoir pour en parler si besoin.

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Sandrine Donzel

Parentalité, couple, communication, développement personnel ? Votre vie ne ressemble pas à ce qui est décrit dans les livres ? Pas de panique et bienvenue dans la VRAIE VIE, celle qui est abordée sur ce blog ! Je vous y propose des outils concrets, pragmatiques et REALISTES pour répondre à vos interrogations. Bonne lecture !

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