Comment accompagner la peur du dodo chez les enfants ?

Ah la peur du dodo, voilà une peur bien fréquente … et bien coinçante pour beaucoup de parents : jusqu’où faut-il soutenir l’enfant ? Cruel dilemme qui peut faire de vos soirées un calvaire … jusqu’à un âge avancé !

(oui je reçois régulièrement des enfants de 7, 8, 9 et même 10 ans encore concernés par des peurs autour du coucher).

Dans cet article je réponds donc à la question posée par un parent : « comment accompagner la peur du dodo chez les enfants ?« 

La peur du dodo en version vidéo

Cette vidéo est à compléter avec l’article qui suit. Mes propos y sont retranscrits mais j’y ajoute du contenu complémentaire, pour approfondir le sujet et des liens vers des ressources utiles.

Le coucher un moment désagréable pour les enfants (et pas que pour les enfants !)

Le moment du coucher ça peut être un moment assez désagréable pour des tas de raisons différentes. Les enfants les plus petits n’ont pas encore toutes les ressources pour se projeter dans le futur, pour relativiser et pour réguler leurs émotions.

Les craintes dont nous arrivons à faire abstraction en tant qu’adultes ne sont pas toujours aussi simples à réguler pour eux, ce qui va compliquer le coucher et les empêcher de s’endormir facilement.

Et même sans parler de peurs ou d’anxiété, le simple fait de mettre fin à un moment agréable – comme passer du temps avec ses parents – rend le moment du coucher aversif.

Cette confusion sera d’autant plus facile que l’enfant a expérimenté que dire « j’ai peur » suscite généralement de l’empathie et de l’aide chez ses parents, là où exprimer seulement une envie ou un plaisir va plutôt les faire fuir.

Les enfants que je rencontre peuvent exprimer des tas de peurs différentes liées au coucher : des peurs qui peuvent sembler plus ou moins rationnelles aux adultes qui les entourent : monstres, cambrioleurs, peurs plus diffuses, etc. Ce sont ces peurs plus diffuses qu’on appelle généralement « la peur du dodo« .

L’enfant ne verbalise justement pas de peurs spécifiques mais bien une peur diffuse liée au moment du coucher. C’est déjà là une indication le coucher est probablement plus désagréable qu’angoissant pour l’enfant.

Mais la solution à la peur du dodo n’est pas dans l’objet de la peur. Elle est dans la manière dont on s’y prend pour la gérer.

Les 2 attitudes les plus fréquentes quand quelque chose est désagréable …

Avoir du mal à s’endormir est aussi suffisamment désagréable pour nous donner envie d’éviter le moment du coucher. Et qui dit « éviter » dit « peur », j »y reviens par la suite.

Et oui quand quelque chose est désagréable, que faisons-nous (adultes compris) ?

Nous avons tendance à faire 2 choses :

  • l’éviter chaque fois qu’on peut (sauf que là, éviter de dormir, c’est difficile !!!)
  • se faire aider quand on ne peut pas éviter

Les enfants ont assez spontanément recours à l’option « je me fais aider » notamment par leurs parents.

C’est parfaitement normal : ils ont besoin de notre soutien et de nos connaissances, ils le savent et y recourent aussi souvent que ça leur est utile. Ca montre qu’ils ont confiance dans leurs parents.

Soutenir, accompagner, rester avec son enfant quand il réclame notre présence et donc sain. Ca leur envoie un message très positif : « on t’aime, on est là pour toi, tu peux compter sur nous.« 

L’aide et le soutien créent de la sécurité et de la confiance. C’est pour cela que, pour moi, ce sont ces attitudes qui doivent être utilisées en première intention.

Un exemple d’attitude aidante à ce moment là :

« je n’ai pas peur et je ne vois pas de raisons d’avoir peur. Mais si toi, tu as peur de quelque chose, je peux rester avec toi si ça t’aide à faire diminuer ta peur assez pour que tu puisses t’endormir. »

Quelques points clés à propos de l’attitude proposée :

  • la peur ne disparait pas, son intensité diminue au point qu’elle n’empêche plus l’enfant de dormir ou de rester seul.
  • on montre qu’on n’a pas forcément peur et on verbalise qu’il n’y a sans doute pas de raisons d’avoir peur mais que l’enfant peut avoir besoin d’aide.
  • on exprime que l’aide n’est pas forcément efficace : « SI ça t’aide » (vous allez comprendre pourquoi juste après)

On peut aussi poser régulièrement la question : « est-ce que ça t’aide vraiment ? », même si la réponse est oui, cela incite l’enfant à se demander si ce qu’il fait est effice.

En effet, la sécurité facilite la capacité à se rassurer tout seul. Beaucoup d’enfants finissent donc par se coucher relativement facilement sans avoir besoin de bloquer les parents pendant la moitié de la soirée et sans les rappeler 250 000 fois.

Oui mais quand la peur du dodo résiste ???

Il arrive cependant que la présence des parents ne suffise pas. Ou plutôt : il arrive qu’on dépasse la dose d’aide utile.

Il se produit alors un phénomène paradoxal : l’aide continue à envoyer son message agréable et positif d’amour : « on t’aime, on est là pour toi, tu peux compter sur nous.« 

Mais ce message est pollué par un 2e message négatif : « si on t’aide, c’est que tu n’es pas capable de gérer seul. Donc soit tu es vraiment nul, soit il y a de bonnes raisons d’avoir peur.« 

Ce message négatif va contribue à augmenter la peur. Et l’aide entretient alors un cercle vicieux :

Plus j’ai peur, plus je me fais aider.

Plus je me fais aider, plus j’ai peur.

J’avais expliqué ce mécanisme un peu plus en détail dans cet article.

Quels sont les signes qu’on a dépassé la dose d’aide utile face à la peur du dodo ?

Il est impossible de donner un moment précis où on basculerait de « aide utile » à « aide pas utile ». C’est aussi pour ça que c’est un cruel dilemme pour beaucoup de parents : on est tiraillés entre « on ne va pas le laisser démuni face à la peur » et « il faut qu’il apprenne tout seul« .

Voici cependant quelques signes qui signalent que vous avez dépassé la dose d’aide utile :

  • le coucher devient envahissant et contraignant pour les parents, sans signe d’amélioration
  • la peur ou l’inconfort semblent augmenter ou s’étendre à d’autres domaines
  • vous vous énervez devant autant d’irrationnalité de la part de votre enfant

A noter : si vous ratez les signes, pas de panique 🤣 : j’accompagne très régulièrement des enfants de 7, 8, 10 ans qui ont encore des peurs autour du dodo. En général, 2 à 3 séances suffisent pour débloquer la situation.

OK, je veux aider mon enfant plus efficacement face à la peur du dodo, je fais comment ?

La première chose à faire est de lui expliquer l’effet négatif de l’aide. Il s’agit de l’inciter à mobiliser son courage.

Il y a des albums jeunesse sur le sujet. On peut utiliser aussi des films ou des dessins animés. Ou simplement des actions de la vie quotidienne, notamment celles où l’enfant a fait preuve de courage.

J’avais illustré cette façon de faire dans cet article.

Cette sensibilisation suffit parfois à inciter l’enfant à vouloir affronter seul. Mais il est probable que vous allez devoir incarner plus fortement les choses en arrêtant progressivement de l’aider.

L’astuce les cartes du coucher dont j’avais parlé dans cet article aide les plus petits dans cet apprentissage et dans cet arrêt progressif de l’aide.

En fonction de l’âge de l’enfant et des peurs exprimées, il peut y avoir d’autres choses à faire pour les aider à surmonter plus efficacement la peur. C’est là où un accompagnement professionnel peut être très utile. La peur est en effet pleine de paradoxes et il peut être utile d’avoir recours à quelqu’un qui les connait bien. Et puis s’entendre dire quelque chose par ses parents ou par une personne extérieure, ça fait un effet différent.

Je reçois en visio ou en présentiel (Aix les Bains ou Aoste dans le Nord Isère).

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Des ressources complémentaires pour accompagner la peur chez les enfants

Sur ce blog :

Sandrine Donzel

Parentalité, couple, communication, développement personnel ? Votre vie ne ressemble pas à ce qui est décrit dans les livres ? Pas de panique et bienvenue dans la VRAIE VIE, celle qui est abordée sur ce blog ! Je vous y propose des outils concrets, pragmatiques et REALISTES pour répondre à vos interrogations. Bonne lecture !

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