« Maman, est-ce que je suis jolie ? » … ou comment réduire la complexité d’un problème
Lorsqu’une petite – ou une grande fille – pose à sa maman cette question fatidique :
« Maman, est-ce que je suis jolie ? »
Toutes les femmes du monde ont, je pense, un frisson …
Comment répondre à cette question ?
Comment sait-on qu’on est jolie ?
Qu’est-ce qui nous permet d’avoir confiance en notre beauté, sachant que même les mannequins et les actrices ont leurs complexes ?
Quand votre fille vous pose cette question, votre sang ne fait qu’un tour. Nous savons bien que lui dire
« mais oui ma chérie tu es très jolie ! »
n’est peut-être pas la réponse qu’elle attend. Pourtant c’est celle que nous avons envie de lui donner, celle que nous souffle notre coeur de maman qui ne veut pas que sa fille doute.
Mais en tant que femme qui n’est pas classée dans la catégorie « jolie fille » et en tant qu’ex-ado pas très jolie non plus, je sais aussi – au plus profond de moi – que cette réponse ne convainc pas, qu’on pense au fond de soi que ce n’est pas vrai, que l’autre dit ça juste pour nous faire plaisir.
Et ça nous fait penser à tous les défauts que l’autre semble ne pas voir : le nez, la tache, le ventre rond, les vergetures sur la cuisse, …
Alors, comme souvent, mieux vaux prendre une grande inspiration avant de répondre et y réfléchir à 2 fois avant de répondre parce que c’est une question importante …
Alors quand une petite fille de 6 ans pose cette question à sa maman, ça pourrait donner quelque chose comme :
«- Maman, est-ce que je suis jolie ?
– Mmmm … oui c’est dur de savoir si on est jolie ou pas … Moi je te trouve jolie, mais toi, tu en penses quoi ?
– ben je sais pas …
– est-ce qu’il y a d’autres filles que tu trouves jolie ? qui te plaisent et à qui tu aimerais ressembler ?
– heu non, il n’y a pas personne que j’aime vraiment.
– alors on va faire autrement … Comment tu trouves tes yeux bleus ? Tu les aimes comme ça ou tu les voudrais autrement ?
– ah non, je les aime bien.
– et ton petit nez retroussé avec les tâches de rousseur dessus, tu aimes bien ou pas ?
– ah oui, ça j’aime bien aussi !
– et tes joues roses, elles te plaisent ?
– oui !
– et ta bouche couleur framboise, tu l’aimes ?
– oh oui !
– bon, ça fait déjà pas mal de choses que tu aimes alors … et tes cheveux blonds dorés ?
– heu ça, bof. J’aimerai mieux qu’ils soient foncés … mais ça va comme ça.
– bon, c’est une bonne nouvelle … Et tes jambes alors ?
– ah oui mes jambes ça va ! En fait ce qui ne va pas, c’est mon ventre, il est trop rond. »
Nous y voilà !
De la question à laquelle il est impossible de répondre – « suis-je jolie ? » – nous sommes passés à un point particulier.
De « suis-je jolie ? », nous sommes passés à « mon ventre est trop rond ». Cela rend le problème moins important, plus accessible, plus simple à résoudre.
Que faire quand on n’est pas jolie ? Pas grand chose … Alors que contre un ventre rond, il y a moyen de faire quelque chose ;-).
Réduire la complexité du problème est un excellent moyen de rendre les choses plus abordables, plus concrètes, plus simples, plus accessibles à une solution tout simplement.
PS : je précise que la conversation ne s’arrêterait pas là mais que je vous livrerai sans doute la suite prochainement ;-).
Bonjour…..
Je trouve cette approche tout simplement géniale !
Elle est tellement évidente, racontée comme ça, mais tellement difficile à mettre en oeuvre, car les sentiments et les émotions dans ce genre de cas sont des moteurs tellement puissants qu’ils nous entraineraient sur une pente tellement plus « facile » à descendre, alors qu’il s’agit de « remonter » à la source du problème, ce qui demande un effort, plus important mais plus sain que de vouloir aller chercher (en bas en général) la solution immédiate : répondre « bêtement » à la question !!
Tout l’art du coach revient donc finalement à entendre les questions sans chercher à aller directement vers la demande (une réponse), mais bien de décoder l’origine de la demande, afin que le questionneur trouve « sa » réponse, non?
Bravo chère Sandrine pour cette démonstration magistrale… Chapeau!
Et merci…
Renaud
Renaud,
Je crois que tu es un vil flatteur 😉 … Mais je prends quand même, merci 😀 !
Il est vrai que nos émotions peuvent nous fourvoyer alors qu’elles sont le meilleur indicateur qui nous permet de mieux prendre du recul sur les situations que nous vivons et de choisir la réponse adéquate.
C’est souvent difficile de s’orienter entre réagir et répondre …
Superbe article, superbe découverte! Je me suis permise de le partager avec les lecteurs de mon propre blog. Bonne journée à vous!
Merci … Et merci 😉 !
Au plaisir d’échanger !
Bonsoir,
je m’appelle Coline et j’ai 14 ans. Je ne me trouve pas jolie (donc j’ai lue votre article). Mais il y a beaucoup de filles à qui j’ai envie de ressembler et ça m’énerve ! Je les trouve toujours mieux que moi ! Soit plus intelligente, alors que je suis 7ème de ma classe, soit plus fine, ou bah, plus sociale. Parce qu’il faut savoir que je n’ai pas l’habitude de sourire…
Je fais quoi pour avoir confiance en moi ? :-/
Bonjour Coline
C’est vrai que ça peut être énervant de voir les autres faire les choses mieux que nous. Ca l’est surtout si on a l’impression d’être coincé dans notre situation à nous et de ne pas pouvoir en sortir.
La confiance en soi n’est pas une chose que nous aurions à la naissance une fois pour toutes : elle s’apprend, petit à petit. Et elle s’apprend d’autant mieux qu’on voit qu’on réussit des choses.
Je n’ai pas de solution magique car je travaille à partir de ce que font les gens. La question que j’ai envie de te poser, c’est que fais-tu déjà actuellement pour essayer de faire augmenter un peu ta confiance en toi ?
Je note par exemple que tu as remarqué que certaines filles étaient plus sociales parce qu’elles semblent sourire plus que toi. Ca veut dire que tu voudrais sourire plus mais que tu n’y arrives pas ? Ou bien que tu préfères ne pas sourire parce que ça te convient mieux d’être comme ça ?
En fait, je ne souris pas parce que c’est un peu… naturelle chez moi.
Sinon, je suis timide de nature aussi.
Je n’ai pas de méthode pour avoir confiance en moi. -_-«
Ce qui n’est pas naturel est simplement quelque chose que nous n’avons pas appris à faire. Quand tu as appris à parler, à marcher, à écrire ou à faire du vélo, ça ne t’était pas naturel non plus : tu as dû essayer, tu es tombée ou tu t’es trompée, ça demandait des efforts … et puis un jour ça a fini par marcher.
Dire qu’on est timide de nature et utiliser cela comme une excuse pour ne pas aller vers les autres est un bon moyen de rester timide. J’avais écrit un autre article à ce sujet, tu peux le lire ici : http://blog.scommc.fr/donner-confiance-en-lui-a-un-enfant-timide-tranche-de-vie/
Concernant la « méthode » pour avoir confiance en soi, je ne sais pas s’il en existe une. La seule chose que je fais, c’est qu’avoir confiance en soi suppose 2 choses :
– oser essayer des choses un peu différentes de ce qu’on a l’habitude de faire
– et donc oser prendre le risque de se tromper, d’avoir l’air un peu bête de temps en temps.
Maintenant, soyons claires : oser n’est pas toujours aussi facile que ça. Ca peut aider de le faire avec l’aide d’une personne bienveillante qui va t’aider. Y a-t-il dans ton entourage des amis ou des adultes – tes parents, de la famille, … ? – qui pourraient t’aider dans cette démarche ?
Merci pour vos conseils, je vais essayer. Maintenant, j’ai tous compris !!!! Ah et pour répondre à votre question : ma mère et mon père. 🙂
Si ça ne marche pas, je remettrais un commentaire.
En tout cas, merci ! 😀
Au revoir.
Je suis ravie d’avoir pu t’aider par blog interposé :-). N’hésite pas à revenir donner de tes nouvelles au gré de tes expériences 🙂 !