Prendre soin d’une personne en première ligne
Pendant cette épidémie, il y a les confinés et il y a ceux qui sont en première ligne, tous ceux qui ne doivent continuer à travailler. Pour ceux-là, le stress au quotidien est intense : stress pour soi mais surtout stress pour ses proches (oui le soir on rentre à la maison même si on a été en contact avec des personnes contaminées). Assez logiquement prendre soin d’eux-mêmes n’est pas forcément leur priorité, surtout si les conseils donnés sont inapplicables dans un quotidien très bousculé.
Cet article vise donc à donner quelques clés à ceux qui sont en première ligne (particulièrement aux soignants). il vous sera utile aussi si vous êtes un-e proche d’une personne en première ligne. Mes premiers conseils iront d’ailleurs à l’entourage de ces personnes.
Je sais que certains conseils paraissent difficiles à appliquer : les soignants par exemple ont déjà du mal à trouver le temps d’aller faire pipi ou de boire, alors le reste passe après. Mais le stress attaquant déjà fortement le système immunitaire, l’alimentation et l’hydratation deviennent des nécessités pour tenir le coup. Je sais que de nombreux soignants à prendre ce temps, aussi mes premiers conseils vont s’adresser à leur entourage personnel (famille, conjoint, …) mais aussi professionnel.
Prendre soin d’une personne en première ligne
La personne en première ligne est soumise à un stress intense. Elle peut-être considérée comme une personne en situation de burn-out potentiel. Elle a besoin d’être maternée +++.
Le point clé : considérez que la personne n’est pas capable de prendre soin d’elle-même (elle est débordée émotionnellement, même si elle se montre très rationnelle).
Elle va faire passer les autres avant elle-même de manière systématique, au point parfois de se mettre en danger, oubliant des gestes de base nécessaires à sa santé physique et psychique. Tout se passe comme si l’envahissement émotionnel provoqué par la situation la rendait moins apte à être consciente de ses propres besoins.
Ce que cela implique :
- d’être très cadrant sur l’hygiène alimentaire et physique (et psychique) de la personne
- faciliter la mise en oeuvre des conseils donnés plus bas, en préparant les repas et en-cas, en faisant des rappels (SMS par exemple quand la personne a accès à son téléphone), rappels verbaux si vous le pouvez (entourage professionnel), petits mots écrits accessible au travail, etc
- de gérer un maximum le reste pour alléger +++ la charge émotionnelle et psychique de la personne concernée
Une fois n’est pas coutume, je ne vais pas axer cet article sur la partie émotionnelle et psychique. En situation d’urgence, les conseils génériques sont souvent inapplicables. Chacun vit la situation d’une manière très personnelle.
Mes conseils iront donc surtout à l’entourage : être à l’écoute et surtout surtout ne pas chercher trop vite à aider la personne à prendre du recul ! Pour prendre du recul, il faut avoir digéré l’émotion. La personne en première ligne n’a pas cette possibilité pour le moment. Elle a simplement besoin qu’on lui montre de l’empathie, de la compassion et qu’on lui change les idées quand elle sort du boulot autant que faire se peut.
Vouloir trop vite aider à relativiser ou voir le positif est très difficile à vivre pour la personne en situation de gestion de crise. Elle peut se sentir dénigrée ou incomprise – comme si on lui disait « ce que tu ressens est exagéré« . La notion de ballon émotionnel devrait vous aider à comprendre ce phénomène. Je l’illustre ici pour les enfants mais vous comprendrez vite que ça marche pareil pour les adultes :-).
Passons maintenant à la 2e partie de cet article, plus directement axe sur l’alimentation. En effet de nombreux soignants vivent une perte de poids très importante. Les aider à limiter leur perte de poids est primordial pour leur santé !
Prendre soin d’une personne en première ligne : hygiène alimentaire
J’interviens régulièrement comme formatrice dans le cadre du Centre de Formation Diététique et Comportement. J’ai sollicité les diététicien-ne-s qui y interviennent ou y suivent des formations pour qu’ils me donnent leurs conseils concernant l’alimentation.
Premier point très important, souligné par Florian Saffer :
L’adrénaline a un fort effet coupe faim par effet hyperglycémiant. Dans ce contexte, l’important n’est pas d’écouter sa faim mais de manger régulièrement toutes les 4 à 5h max.
Si vous attendez d’avoir faim, vous allez perdre du poids, de la masse musculaire et fatiguer votre organisme (sans parler de l’effet rebond à la fin de cette période difficile).
Donc conseil n°1 : forcez-vous à manger même si vous n’avez pas faim !
Si vous avez du mal à manger (ventre noué), forcez-vous. Ce n’est pas forcément l’idéal mais les substituts de repas peuvent vous aider. Ils sont tout prêts, faciles à consommer. Ceux présentés sous forme de soupes/ boissons apportent de l’hydratation en plus. Attention cependant à vos reins si vous consommez des produits protéinés, n’en abusez pas.
Conseil n°2 : fractionnez vos repas
L’idéal est de prévoir des repas faciles à manger que vous pouvez consommer rapidement et en peu de temps pour pouvoir les manger régulièrement. Oubliez le « ne grignotez pas entre les repas« , ça ne s’applique pas à vous, au contraire ! Vous devez manger régulièrement !
Conseil n°3 : mangez gras, sucré et calorique (j’exagère un peu) … et protéiné
Si vous perdez du poids à cause du stress (et de l’adrénaline donc), pensez à rajouter des calories autant que possible. Pour ne pas avoir trop à vous forcer, misez sur des aliments réconfortants.
En résumé pour survivre en temps de crise, faites tout le contraire des recommandations du PNNS : mangez gras, sucré calorique et grignotez un max !
Anne-Laure Lalatte et Flora Meyrieux, deux diététiciennes, ont élaboré ce document qui reprend les différents conseils donnés ci-dessus. Vous pouvez le télécharger en pdf en cliquant sur l’image ci-dessous. N’hésitez pas à relayer cet article et/ou ce document pour le faire connaitre au plus grand nombre.
Je remercie Florian Saffer, Suzon Pecharman, Julie Ana Papillon, NoDiet Sarah et Valérie Zapalowicz pour leurs précieux conseils diététiques.
Vous avez surement des soignants ou d’autres personnes « en première ligne » près de chez vous : les conseils de cet article peuvent vous donner des idées (des bons gâteaux, des bons petits plats, etc, etc). Je suis sûre qu’ils seront appréciés.
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