Mon enfant pleure encore à la séparation un mois après la rentrée : que faire ?
Beaucoup de parents espéraient que les pleurs du matin disparaîtraient après quelques jours d’école ou de crèche. Pourtant, un mois plus tard, certains enfants s’accrochent toujours, hurlent ou refusent de lâcher leurs parents au moment de la séparation.
Est-ce normal ? Faut-il s’inquiéter d’un trouble de l’attachement ou d’une anxiété de séparation ?
Dans cet article, je vous explique pourquoi ces pleurs peuvent persister … et surtout quelles attitudes peuvent aider votre enfant à vivre ce moment plus sereinement.

EP.25 Mon enfant pleure encore chaque matin 1 mois après la rentrée : que faire ? – Du côté des parents !
Voici la question reçue via Instagram : « Voilà un mois que la rentrée est passée … et pourtant, chaque matin, c’est toujours les pleurs, les hurlements, les bras qui s’agrippent. Pourquoi est-ce que mon enfant continue à pleurer à la séparation ? Et qu’est-ce que je peux faire pour qu’il vive moins mal ce moment ?”
J’ai décidé d’en faire un épisode, parce que je sais que vous êtes nombreux à vous la poser !
Note : si vous aussi, vous avez une question de parent que vous aimeriez que je traite dans ce podcast, vous pouvez me l’envoyer par message sur les réseaux sociaux ou par mail. Je serai ravie d’y répondre dans un prochain épisode. »
La situation : nous sommes le 1er octobre. Voilà un mois que Léon est rentré à la maternelle … ou que Léontine a commencé la crèche. Au début, il y a eu quelques pleurs, oui, quelques difficultés au moment de la séparation. Vous vous êtes dit : “C’est normal, il faut un temps d’adaptation, ça va passer.”
Sauf que … un mois plus tard, ça n’a pas passé du tout. Voire, c’est pire !
Le matin, c’est le drame : Léon ou Léontine s’accrochent à vous comme un sparadrap … ou plutôt comme un poulpe à huit bras. Vous en décollez un, il y en a deux autres qui se recollent.
Et vous, vous vous sentez logiquement complètement démuni. Alors, qu’est-ce qu’on fait dans ces cas-là ?
En cas de difficulté de séparation, la 1e chose à faire est de vérifier le reste de la journée
La toute première chose à faire, c’est de demander : “OK, mais comment ça se passe après mon départ ?”
Parce que si la journée entière est compliquée – crises, isolement, grosses difficultés avec les autres enfants ou avec les activités -, là on n’est pas sur un simple souci de séparation. Ce serait une toute autre situation à explorer.
Mais dans 90 % des cas, les pros vous disent : “Dès que vous êtes parti, tout roule. Il joue, il rit, il participe.” Et le soir, votre enfant a l’air plutôt content.
Bref : ce n’est pas la crèche ou l’école qui posent problème, c’est le moment de la séparation.
Evidemment quand c’est le drame intergalactique quand vous déposez votre enfant, vous avez parfois du mal à croire les pros. Mais c’est pourtant la réalité …
Mais pourquoi ça se passe aussi mal la séparation ???
Évidemment, quand ces séparations se passent mal, après avoir écarté l’hypothèse “c’est la journée qui pose problème”, on pense souvent à des hypothèses plus psychologiques :
- un problème d’attachement
- de l’anxiété
- une peur de l’abandon…
Bref, on sort vite les grands mots/maux. Et c’est normal : mettre une étiquette, ça peut rassurer. On se dit : “OK, si j’ai trouvé le problème, je vais trouver la solution.”
Sauf que … les choses ne sont pas si simples.
L’étiquette ne dit pas forcément comment faire autrement.
Et surtout, très souvent, les enfants concernés – en tout cas ceux dont les parents viennent me voir – ne montrent pas de difficultés ailleurs.
Chez les grands-parents ? Ça se passe très bien.
Au centre de loisirs, à une activité ? Nickel.
Le soir, au coucher, à la maison ? Rien à signaler.
Ou plutôt : le problème peut se produire à d’autres moments. Mais uniquement en présence d’un adulte qui se comporte comme je vais le décrire par la suite. Quand l’adulte se comporte différemment, le problème ne se produit pas.
Si je résume : on a un enfant qui va bien globalement, qui profite de sa journée, mais qui se transforme en poulpe accroché à vos jambes pile au moment où il faut lâcher papa ou maman. Et ça, c’est très différent.
A retenir : ça peut se passer de manière très différente selon que ce soit papa ou maman qui dépose. Mais ça tient plutôt à la manière dont chacun se comporte, pas au sexe ou au genre.
Donc, plutôt que de chercher à coller une étiquette, ce qui m’intéresse ici, c’est de regarder ce qui se passe dans l’interaction, à ce moment précis de la séparation.
Et de voir ce qu’on peut faire différemment pour aider l’enfant à traverser ce moment.
Et je précise que ce que je vais proposer peut tout à fait aider un enfant qui aurait une anxiété plus profonde, à partir du moment où vous vous comportiez jusque là comme les parents que je vais décrire.
Ce que font en général les parents face à un enfant qui pleure au moment de la séparation
Alors, justement, regardons comment ça se passe en pratique. Qu’est-ce qu’on fait en général, nous les parents, quand notre enfant pleure au moment de la séparation ?
Il y a deux grands basiques :
- Le premier réflexe, c’est de vouloir positiver à fond : “Tu vas voir, ça va être génial, tu vas t’amuser avec tes copains, la maîtresse est super gentille, il va y avoir plein d’activités. Et puis je reviens vite …”, ce qui revient à minimiser la tristesse ou la peur ressentie par l’enfant
- Le deuxième réflexe, c’est de rester pour accompagner la crise. On se dit : “Si je pars maintenant, alors qu’il est en larmes, il va le vivre comme un abandon. Il est au summum de sa détresse, et moi, sa figure d’attachement, je pars ? Ce serait une catastrophe et ç ne ferait qu’empirer les choses !” (et c’est peut-être là qu’on se trompe).
Je comprends très bien ces deux réactions. Elles sont pleines de bonnes intentions.
Et elles sont, de mon point de vue, les premières choses à faire quand un enfant manifeste de la tristesse ou de l’anxiété quand on le quitte.
Et si chez vous elles fonctionnent – c’et à dire que ça aide l’enfant à s’apaiser, que ça le rassure – , surtout, ne changez rien !
Mais si ça ne marche pas, si ça fait un mois que ça dure et que c’est de pire en pire, c’est probablement parce que ces réactions envoient, sans que vous le vouliez, à l’enfant des messages pas très aidants.
Quand on envoie sans le vouloir des messages implicites contre productifs pour aider notre enfant à faire face à la séparation
Quand on reste trop avec mon enfant qui pleure, le message implicite, c’est : “Ce moment est tellement dur que tu ne peux pas le supporter sans moi.”
Et ça renforce son idée que, oui, c’est insurmontable. Et que donc, non il ne fut SURTOUT pas que le parent parte.
Quand on positive à outrance, l’enfant peut se dire : “Mais qu’est-ce qu’ils en savent, que ça va être super ? Moi je vois bien que c’est dur !” Et du coup, il peut avoir l’impression que je ne comprends pas ce qu’il vit vraiment.
Parce que c’est vrai que ça pique un peu le moment de la séparation.
Même si on sait que ça va être bien après, le moment où on se sépare provoque immanquablement un peu de tristesse, un pincement au coeur.
Notez bien que ce n’est pas forcément de la peur comme on a tendance à le croire. Et que c’est parfaitement normal d’être un peu triste quand on quitte des gens qu’on aime.
Mais résultat : au lieu d’apaiser, nos tentatives hyper bien intentionnées peuvent aggraver.
Et si on accompagnait autrement l’enfant qui pleure ?
Je vous propose une autre piste :
remplacer le combo « réassurance + positivité » par empathie + confiance
Le duo gagnant « empathie + confiance » est souvent un duo gagnant. Il signifie : reconnaître que c’est difficile … tout en envoyant le message : “Tu es capable.”
Concrètement, ça peut donner :
“Oui, je comprends, c’est dur de dire au revoir le matin, et tu vas peut-être être un peu triste, c’est normal … Mais je sais que tu es capable de passer ce moment, même si c’est dur. Je t’embrasse, à ce soir.”
Et après … on tourne les talons. VITE.
Parce que plus on reste, plus on risque d’entretenir la crise.
Pourquoi ça marche ?
Parce que l’empathie, ça ne sert pas à supprimer l’émotion. L’empathie, ça sert à donner du courage pour traverser un émotion désagréable.
Et le message de confiance, lui, installe l’idée chez l’enfant que “je peux y arriver !” (vous ai-je déjà dit à quel point les enfants font une confiance aveugle dans leurs parents ?)
Car ce qui se joue à ce moment-là, c’est le regard du parent :
- Si je reste, je confirme : “Tu n’y arriveras pas sans moi.”
- Si je pars en confiance, je transmets : “C’est difficile, mais je sais que tu en es capable.”
Et ça, pour un enfant, ça change beaucoup de choses.
Et en plus, le courage de surmonter ces moments est activé par le fait qu’on n’a pas minimisé l’émotion : si l’émotion est petite (parce que minimisée par le parent), on est peu nul de ne pas arriver à la surmonter ; si l’émotion est grande (parce que reconnue par le parent), on ressent beaucoup de fierté à avoir réussi.
Et ça permet de mieux activer son courage.
Quel effet sur l’enfant qui pleure encore après la rentrée ?
Dans les situations similaires que j’accompagne, au bout de quelques jours, les pleurs diminuent dès les premiers matins, et finissent par disparaître totalement, souvent très rapidement.
Évidemment, la crainte des parents, avant de mettre en oeuvre cette nouvelle façon de faire, c’est de se dire : “Oui, il ne pleurera peut-être plus… mais est-ce qu’il ne pleurera plus parce qu’il a renoncé ? Parce qu’il s’est dit que de toute façon, personne ne l’aide et qu’il ne pouvait pas compter sur moi ?”
C’est évidemment un risque à prendre car je n’ai aucune certitude.
Mais dans la réalité, les parents concernés par ce genre de situations ne sont pas du tout du style à laisser leur enfant se débrouiller tout seul dans sa détresse.
C’est d’ailleurs bien pour ça qu’ils se trouvent coincés dans cette situation : ce sont des parents attentifs, concernés par les émotions de leurs enfants, et qui sont là pour les écouter et les accueillir aussi souvent que nécessaire.
Et donc le message « tu peux compter sur moi« , l’enfant l’a déjà bien reçu à de multiples reprises. Et peut-être même qu’il renforce la difficulté : « si je peux compter sur mon parent ET QU’IL RESTE, c’est bien la preuve que c’est hyper dur.«
Mais rappelez-vous aussi qu’un enfant qui renonce, ça se voit. Il devient éteint, triste, peu investi dans ses activités.
Un enfant qui a surmonté le moment de la séparation, lui, retrouve très vite son entrain : il joue, il rit, il participe.
Autrement dit, quand les pleurs cessent parce que vous avez changé votre manière de faire, vous ne vovez pas un enfant en difficulté mais un enfant qui a intégré un nouveau message : “C’est difficile, mais je peux y arriver.”
Et ça, ça construit la confiance et l’autonomie.
Evidemment si ce n’est pas ce qui se produit, alors il y aura d’autres aspects à explorer à ce moment là.
Pour résumer
Alors, pour résumer :
- Vérifiez d’abord que la journée se passe bien.
- Si oui, changez de posture le matin : un peu d’empathie (“je comprends que ce soit dur”), beaucoup de confiance (“tu peux le faire”).
- Et partez vite, sans traîner.
C’est contre-intuitif, mais c’est souvent très efficace.
Et non, vous n’abandonnez pas votre enfant en faisant cela. Vous lui envoyez au contraire un message hyper précieux : “Je te comprends, et je crois en toi, tu es capable.”
Et ça, c’est peut-être un beau cadeau à lui faire.
Si ce sujet vous parle et que vous voulez aller plus loin, je vous conseille aussi d’autres ressources qui vous permettront d’approfondir :
- l’épisode avec Marina Blanchart sur les peurs des enfants,
- et celui sur l’attention aux émotions
- et l’article sur le rôle de l’empathie et de l’écoute.
Pour finir …
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