L’escalade de la coopération : quand chercher l’adhésion de l’enfant devient une mauvaise idée

Et si notre envie de faire « avec » notre enfant se retournait parfois contre nous ? Dans cet épisode, je vous parle d’un piège fréquent chez les parents bienveillants : l’escalade de la coopération. Ce moment où, à force de vouloir éviter les conflits, on se perd dans les explications, les négociations… jusqu’à l’épuisement.

Voici trois points clés que j’explore dans cet épisode :

  • Pourquoi vouloir absolument obtenir l’accord de l’enfant peut rendre le cadre flou (et nous frustrer)
  • Comment distinguer frustration ponctuelle et oppression injuste, et pourquoi cette distinction est essentielle
  • Quelles postures adopter pour soutenir l’enfant sans se perdre : empathie, écoute à froid, clarté du cadre

Vous pouvez trouver l’épisode de podcast en audio ici ou lire la retranscription qui suit.

Ep. 20 l'escalade de la coopération Du côté des parents !

Et si coopérer à tout prix … nous épuisait et nous piégeait ?“Un enfant qui coopère, c’est que mon cadre est juste.”Cette idée est séduisante. Et souvent juste.Mais elle peut devenir un piège invisible, quand on cherche tellement à obtenir l’adhésion de notre enfant qu’on finit par :– s’adapter en boucle– négocier jusqu’à l’épuisement– ou exploser, frustré que rien ne fonctionne.🎧 Dans ce nouvel épisode du podcast Du Côté des Parents, je vous parle de :✅ Pourquoi l’escalade de la coopération nous épuise plus qu’elle ne nous rapproche✅ Comment accueillir les émotions d’un enfant frustré sans céder✅ Et pourquoi l’écoute à froid peut être plus aidante que toutes les explications à chaud— 🔗 LIENS ET RESSOURCES 🔗 —-mon blog pour toutes les ressources de l'épisode et une retranscription complète :⁠ ⁠https://blog.scommc.fr/lescalade-de-la-cooperation-quand-chercher-ladhesion-de-lenfant-devient-une-mauvaise-idee/Vous abonner à ma newsletter :⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠ https://mailchi.mp/scommc/podcast⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠Pour en savoir plus sur mon travail (conférences, formations et accompagnements) :⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠https://scommc.fr/⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠Pour faire un don :⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠https://bit.ly/donducotedesparents⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠— 📩 POUR ME CONTACTER 📩 —- par mail : ⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠sandrine@scommc.fr⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠ sur Facebook : ⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠Sandrine Donzel – S Comm C⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠ sur Instagram : ⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠Sandrine Donzel⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠ sur LinkedIn : ⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠Sandrine Donzel⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠— CREDITS —–Musique : Guiton Sketch de Kevin MacLeod , licence : ⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠Source : ⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠http://incompetech.com/music/royalty-free/index.html?isrc=USUAN1100473⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠Artiste : ⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠http://incompetech.com/⁠

L’idée de départ : une coopération qui validerait notre cadre

Aujourd’hui, je vais vous parler d’un piège assez fréquent que rencontrent les parents qui ont envie d’être bienveillants, attentifs et à l’écoute. Un piège qui part d’une idée très saine : « si l’enfant coopère, c’est que mon cadre est juste ».

Et oui, si l’enfant comprend, accepte, coopère, c’est que tout va bien. Cette logique est légitime : elle pousse à se remettre en question, à vérifier la cohérence de nos attentes avec ses besoins ou son âge. Elle réduit les tensions, favorise la communication, la coopération, le lien de confiance.

Et elle rassure : un enfant qui coopère, c’est une validation implicite qu’on fait bien, qu’on n’est pas oppressif ou injuste.

C’est une vraie posture de parentalité consciente qui cherche à faire avec l’enfant plutôt que contre lui.

Et elle a plein d’effets positifs :

  • ça réduit les tensions parce que, on essaie d’éviter les rapports de force. On essaie plutôt de susciter la coopération.
  • Elle va favoriser aussi une communication qui est plus explicative, qui est plus riche, qui est plus pédagogique.
  • Elle permet d’installer un lien qui est basé sur la compréhension mutuelle, sur la coopération et pas sur la soumission.
  • Et puis, elle rassure les parents. Comme je le disais au départ, à la base, un enfant qui coopère, c’est un enfant qui valide, en quelque sorte, qu’on n’est pas oppressif, qu’on n’est pas injuste.

Quand la coopération devient un piège

Mais si on pousse cette idée trop loin, on tombe dans un piège.

Quand l’enfant ne coopère pas, on croit avoir mal fait. On réexplique, on reformule, on tente le jeu, la douceur, la pédagogie. Et plus on insiste, plus l’enfant résiste.

C’est là qu’on entre dans ce que j’appelle l’escalade de la coopération. On multiplie les stratégies pour obtenir un « oui », une approbation.

Mais souvent, l’enfant n’est ni prêt ni disposé à coopérer à cet instant. « Il ne veut pas » me disent les parents, « il râle, il traine … ». Et ils tentent encore et encore d’obtenir la coopération de l’enfant : ils réitèrent les explications, ils cherchent des moyens ludiques, ils argumentent. C’est là qu’est l’escalade de la coopération.

Alors entendons-nous bien, ces moyens ludiques peuvent être extrêmement utiles pour réduire les tensions. Mais si on doit toujours chercher un moyen ludique, on est en train de s’épuiser.

C’est aux parents systématiquement de réfléchir à chaque fois à comment faire en sorte que tout se passe bien : la charge de la relation repose uniquement sur eux.

Et souvent, ce qui va se passer, c’est qu’on va monter en intensité dans notre tentative de convaincre, de faire adhérer.

On explique, on réexplique, on ré-ré-explique, et on s’impatiente que l’enfant ne finisse pas par se rendre raisonnable.

« Enfin, puisqu’on lui a expliqué plein de fois pourquoi c’était très important de se conduire de telle ou telle manière. Pourquoi est-ce qu’il ne se rend pas à la raison ? »

Parfois, cette recherche de la coopération nous conduit aussi à temporiser, à négocier. On se dit que si l’enfant se sent mieux écouté, pris en compte, il coopérera plus facilement.

Mais finalement, cette négociation revient à adoucir la contrainte pour la rendre plus acceptable.

Quelque part, c’est un bénéfice pour l’enfant.

Attention : l’enfant, il n’est pas de mauvaise volonté, c’est juste qu’il n’a pas envie sur ce moment-là et qu’il exprime une frustration tout à fait compréhensible.

Le message qu’envoie l’escalade de la coopération

Cette logique d’escalade de la coopération envoie un message un peu tordu à l’enfant : « tant que tu n’es pas d’accord, on continue à négocier ».

Ce qui fait que le cadre devient flou, négociable en permanence, et que ça nous épuise à chaque fois de devoir le renégocier.

Je vous donne un exemple : un couple de parent fait tout pour que ça se passe bien, ils expliquent, ils demandent gentiment, ils cherchent à rendre les choses agréables.

Quand les enfants ne coopèrent pas, ils s’adaptent encore et encore, encore une fois en se disant « ça va leur donner envie de coopérer, ça va être chouette« . Ils pensent s’éviter des crises. Ils insistent toujours avec douceur …

Mais au bout d’un moment ils craquent, ils s’énervent, ils ont tout bien fait, ils ont été patients, ils ont expliqué, merde il y en a marre !

Mais en fait, plus ils font d’efforts, plus ils s’épuisent.

C’est ce que j’appelle la carte de fidélité de la colère : à chaque tentative qui ne fonctionne pas, on tamponne une case. Quand la carte est pleine, on explose à hauteur, non pas de la dernière case qu’on a tamponné, mais à hauteur de tout ce qu’on a fait comme effort jusque là.

J’en ai parlé là.

Un autre effet négatif de la coopération à tout prix : la confusion entre frustration et oppression

En cherchant absolument la coopération, on alimente aussi une confusion entre deux choses très différentes.

Être frustré sur le moment, parce qu’on ne voulait quelque chose et qu’on ne l’a pas, et être opprimé de manière injuste et permanence, ce n’est pas la même chose.

Un enfant qui râle parce qu’on doit rentrer du parc alors que lui aurait préféré rester jouer, ou parce qu’il doit faire ses devoirs alors qu’il aurait préféré faire autre chose, ça n’est pas forcément un enfant victime d’un abus de pouvoir !

C’est un enfant frustré ponctuellement, exactement comme moi je suis frustrée si je suis en train de faire quelque chose qui me plaît et qu’on me dit que je dois arrêter.

Evidemment, je vais pas forcément me rouler par terre comme le ferait un enfant de 2ans, mais quand même je ressens une frustration. Et cette frustration elle fait partie de la vie !

On pourrait imaginer un contexte où on pourrait faire uniquement tout ce qu’on veut, tout ce qu’on aime. Malheureusement je pense que l’immense majorité d’entre nous n’a pas accès à ce genre de contexte. Peut-être que certaines personnes privilégiées l’ont mais je ne suis vraiment pas sûre que ce soit possible.

Je pense même que ce n’est pas souhaitable, mais passons …

Si on confond frustration et oppression, on prend le risque d’empêcher l’enfant d’apprendre à gérer les frustrations normales de la vie.

Alors comment faire autrement pour éviter les conflits inutiles ?

1e chose à faire : quand l’enfant dit non, râle ou résiste, on peut accepter que ce soit normal !

Quand on demande quelque chose qu’il n’a pas envie de faire, qu’on lui refuse quelque chose qu’il voulait, il est logique que l’enfant ressente une émotion désagréable.

De la frustration, de la colère, de la tristesse, un sentiment d’injustice. Le seul moyen de faire disparaître ces émotions là, ce serait de céder !

Ça n’est ni toujours possible, ni souhaitable.

On peut plutôt accueillir cette émotion désagréable au lieu de lutter contre l’émotion en essayant de la minimiser ou de la réduire.

C’est cette empathie qui peut donner du courage à l’enfant pour la surmonter.

Je vais vous donner un exemple en vous parlant du gâteau au chocolat.

Imaginez que vous avez eu une journée extrêmement difficile au travail. Une journée vraiment difficile : plein d’urgences, un remontage de bretelles injuste par votre patron, etc. Bref une journée vraiment très désagréable.

Et toute la journée vous vous êtes dit : « pourvu que cette journée se termine, j’en ai vraiment marre !« . Les embêtements arrivaient les uns après les autres. Vous avez à peine eu le temps de manger à midi, bref ça a été une journée très éprouvante.

Et toute la journée vous vous êtes raccroché-e à l’idée que vous alliez passer à la pâtisserie du coin où vous avez vos habitudes, acheter votre gâteau préféré en rentrant chez vous ce soir.

Arrive enfin le moment où vous pouvez partir de votre travail.

Vous arrivez devant votre pâtisserie préférée, vous rentrez, vous demandez votre gâteau habituel, celui que vous aimez particulièrement, votre gâteau au chocolat par exemple … Et là on vous dit « ah bah non il n’y en a pas« .

Evidemment que vous ressentez une frustration ou une déception particulièrement intense !

Peut-être que vous allez vous effondrer, vous mettre à pleurer en mode caliméro : « c’est toujours sur moi que ça tombe, c’est vraiment une journée pourrie, je n’en peux plus« .

Peut-être que vous allez être en colère en vous disant : « mais qui m’a foutu une pâtisserie pareille aussi mal organisée ! Qui n’a même pas mon gâteau préféré au moment où j’en ai le plus besoin !« . Vous allez peut-être vous en prendre au vendeur ou à la vendeuse de la pâtisserie en lui faisant des reproches.

Mais votre une émotion – votre frustration, votre déception – est liée à l’absence de gâteau. Elle ne pourra disparaître que si on vous DONNE ce gâteau.

Si vous avez à côté de vous quelqu’un qui vous explique que ça n’est pas possible d’avoir le gâteau parce qu’il y a plein de gens qui en ont eu envie avant vous, ça ne va pas vous aider à surmonter la frustration. Ca vous dit plutôt que vous n’avez aucune raison de vous sentir aussi frustré-e.

Si la personne vous dit : « mais prends donc une tarte au citron, regarde c’est bon la tarte au citron !« , il est fort probable, si vous êtes vraiment très très déçu-e, que vous ayez envie de dire : « mais c’est pas de tarte au citron que j’ai envie ! ».

Ces réponses visent à SOULAGER votre frustration. Mais elles tombent à plat parce que RIEN ne peut soulager votre déception.

Ce qui vous manque à cet instant, c’est le courage de surmonter la déception de ne pas avoir votre gâteau.

Et dans ces moments là, ce qui peut le plus vous aider, c’est de l’empathie. Que la personne vous dise plutôt : « purée avec la journée que tu as traversée, en plus tu dois renoncer à ton gâteau au chocolat, franchement c’est vraiment c’est super dur ! ».

Et peut-être éventuellement qu’elle ajoute : « est-ce que tu préfères prendre une tarte au citron ou rien du tout pour aujourd’hui ? ».

Cette empathie donne un peu plus de courage pour surmonter l’émotion.

J’avais expliqué les mécanismes de l’écoute active dans une série d’articles qui commence ici.

Que faire quand l’enfant n’est pas content ?

Plutôt que de lui expliquer et de chercher à obtenir sa coopération, on peut le rejoindre dans son émotion.

J’en profite pour dire que l’idée c’est vraiment d’accueillir l’émotion, pas pour la faire disparaître mais bien pour donner du courage à l’enfant pour la surmonter.

A noter qu’un enfant exprime de la tristesse face à une contrainte, c’est qu’il a compris qu’il doit renoncer.

Par contre, s’il expérimente que, quand il exprime de la colère on négocie, on adoucit, il n’a pas vraiment de raison de cesser d’exprimer de la colère.

Sa colère est alimentée, renforcée, entretenue par notre réponse « adoucissante ».

Ce n’est ni calculé ni mal intentionné de la part des enfants.

C’est exactement la même chose pour les adultes : si nous avons un bénéfice à nous comporter de telle ou telle manière nous continuerons à le faire.

Par exemple, un client exigeant et qui s’énerve obtient souvent plus qu’un client qui ne s’énerve pas. C’est injuste mais pas si faux !

Ce que je vous propose, c’est de dire : « bah oui c’est vrai, je vois bien que tu es en colère, je sais que c’est dur d’arrêter maintenant, je sais que tu ne vas vraiment pas être content, on va devoir rentrer, tu ne vas vraiment pas être content, je le comprends ».

Vous trouverez des compléments à ce sujet dans mon épisode précédent sur les crises.

En tant que parent, on peut aussi dire la vérité : « J’aimerais bien ne pas avoir à t’imposer ça et qu’on puisse vivre sans contraintes et sans règles. Ce serait tellement plus fun. Je suis vraiment désolé-e d’avoir à le faire mais là c’est mon rôle de parent. Je comprends que ce soit dur et pénible mais je ne peux pas faire autrement. »

En faisant ça, l’enfant peut sortir de l’attente que ses parents vont trouver un moyen d’adoucir la contrainte, de faire en sorte que la contrainte ne devienne plus une contrainte.

Parce que c’est aussi ça le message potentiellement problématique qu’on envoie quand on cherche vraiment trop à trouver le moyen de coopérer :

Il y a un moyen de faire en sorte qu’une contrainte n’en soit plus une (donc l’enfant attend de ne plus ressentir les choses comme une contrainte pour les faire).

Mais aussi : c’est aux autres (ici les parents) de faire en sorte qu’il n’y ait pas de contraintes.

Un dernier outil pour éviter d’être envahis par les plaintes

Souvent, on essaye d’accompagner les émotions à chaud. Mais ce n’est peut-être pas le meilleur moment.

Parfois ce n’est juste pas le moment pour l’enfant (faire descendre l’émotion prend du temps)

Parfois on est pressé, il y a des contraintes (horaires par exemple). On n’arrive pas à être vraiment dans l’écoute sur le moment parce qu’on a peur d’être en retard.

Parfois aussi quand l’enfant se plaint, on n’aime pas trop ses reproches. Ce qui nous amène à nous justifier. On veut montrer que non, on n’est pas aussi injuste ou autoritaire que ça !

Mais paradoxalement : qui se justifie s’accuse.

Cette justification – cette défense – va dans le sens des tentatives pour dire à l’enfant qu’il ne devrait pas être aussi frustré qu’il l’est (souvent peu efficace pour diminuer la frustration, je l’ai déjà dit).

Mais se défendre induit aussi l’idée que peut-être, si on faisait différemment, on pourrait éviter cette frustration (après tout nos arguments peuvent être contredits). Cela fait encore une fois reposer la charge d’alléger la frustration sur le parent.

Se justifier, argumenter peut donner aussi à l’enfant le sentiment qu’on n’écoute pas ses reproches jusqu’au bout. Et ça peut alimenter et renforcer sa frustration.

Un autre outil utile dans ce type de situations consiste à accueillir l’émotion plus tard, à froid.

Là, on peut vraiment écouter sans se défendre, sans expliquer. On entend les plaintes jusqu’au bout.

C’est quelque chose que je propose souvent quand on a des enfants qui se plaignent beaucoup d’injustice.

Je me souviens d’un garçon qui se plaignait d’injustice dans la fratrie.

A chaud, les parents essayaient d’accueillir mais expliquaient en même temps pourquoi ils traitaient différemment le petit frère (il est plus petit) ou pourquoi il n’avait aucune raison de se plaindre d’injustice (tu as eu aussi ça quand tu avais son âge, tu as eu telle chose hier en contrepartie, etc) .

Ce qui ne donnait pas à l’enfant le sentiment que ses parents le comprenait vraiment et l’incitait à les réitérer encore et encore.

Je leur ai proposé de dire à leur enfant : « sur le moment, on n’est pas disponible vraiment pour écouter à fond. On est pris dans le quotidien. Mais pourtant ce que tu nous dis ça mérite vraiment qu’on prenne le temps de l’écouter. Mais on va le faire différemment. Chaque soir tu pourras nous dire tout ce qui t’a paru vraiment injuste, pénible, difficile dans la journée. Nous, on t’écoutera attentivement, sans répondre, argumenter, etc. Et on essaiera vraiment de réfléchir à ce qu’on peut faire de différent« .

Cette posture est hyper intéressante pour deux choses :

  • D’une part ça permet d’entendre vraiment des choses légitimes et de réfléchir à leur propre posture.
  • Et ça permet aussi à l’enfant de prioriser : à chaud tout paraît important et c’est normal. Mais si on lui dit de nous en parler plus tard, les choses les moins importantes disparaissent d’elles mêmes.

C’est aussi quelque chose d’essentiel : chercher à apaiser toutes ses frustrations et son sentiment d’injustice peut vite devenir invivable (car impossible).

Et dans la situation que j’ai décrite, il y a eu des points que les parents ont finalement trouvés légitimes, ce qui les amenés à modifier certaines choses.

Mais assez rapidement, il n’y avait plus grand chose dans les plaintes de cet enfant. Quand les lui demandaient s’il avait des choses à dire, il disait : « non ça va » alors qu’avant il y avait tout sans arrêt des plaintes.

Les parents avaient peur que l’enfant ait oublié … mais en réalité c’est surtout que ce qui était problématique à chaud n’a pas semblé suffisamment important à l’enfant pour être dit à froid. Si ça avait été important il n’aurait pas oublié !

En accordant de l’attention à chaud, on renforce le sentiment que dont se plaint l’enfant est important et mérite de l’attention. Ce qui renforce les plaintes.

Et l’écoutant à distance des évènements, on lui apprend à prioriser et à accorder de l’attention à ce qui est vraiment important, ce qui est vraiment injuste, et pas simplement aux petites insatisfactions du quotidien.

Ca construit un équilibre global plus facile à gérer pour les parents … mais aussi moins douloureux pour l’enfant !

La coopération de l’enfant, une belle piste … avec des limites !

Chercher à faire coopérer l’enfant est une bonne idée à la base. Elle amène une relation de qualité et facilite le quotidien.

Mais, comme toute bonne idée, elle a des limites. Chercher la coopération à tout prix :

  • peut nous amener à lâcher sur le cadre et donc entretenir l’intérêt pour l’enfant de se plaindre et de râler
  • peut renforcer le sentiment d’insatisfaction ou de frustration de l’enfant en lui apprenant pas à surmonter les insatisfactions et les frustrations du quotidien (oui, poser un cadre, une limite, c’est forcément imposer quelque chose de désagréable !)

Je vous invite à regarder la manière dont vous cherchez la coopération … et à peut-être voir où est-ce que vous pouvez le faire un peu moins.

Pour aller plus loin, voici un article complémentaire sur les explications, leur intérêt dans l’éducation … et leurs limites : quand faut-il arrêter de donner des explications aux enfants ?

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Pour finir …

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Sandrine Donzel

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