Invitée : Nannymel de Fantadys, un blog pour les parents d’enfants DYS !
J’ai rencontré Nannymel dans une association de soutien à la parentalité. Puis elle a suivi un cycle d’atelier « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour qu’ils parlent » que j’animais.
Nannymel a un enfant avec des troubles DYS et elle a lancé il y a quelques mois Fantadys, un blog qui peut aider les parents dans l’accompagnement de leurs enfants dys-férents.
C’est quoi un trouble DYS ?
Je n’aime pas le terme « trouble » qui a un côté définitif et pathologisant que je n’aime pas. Je définirai donc plutôt le terme de « troubles DYS » de la façon suivante : les enfants dys ont des différences de fonctionnement cognitif. Ils ne fonctionnent pas tout à fait comme la majorité des gens. La façon « habituelle » d’enseigner et de communiquer avec eux ne leur convient donc pas en général. Elle peut même les mettre en échec car ils ne comprennent pas eux-mêmes pourquoi ils n’y arrivent pas. On en arrive alors à des enfants qui ont du mal avec les apprentissages, se sentent mal dans leur peau, exclus, qui font des efforts désespérés pour être à la hauteur de ce qu’on leur demande sans jamais y parvenir.
Nannymel a publié récemment un article à propos de ce que les ateliers peuvent apporter aux parents en général et aux parents d’enfants DYS en particulier (dyspraxie, dysorthographie, dyscalculie, …). Vous pouvez lire cet article ici.
J’ai voulu de mon côté la mettre à l’honneur car je sais que beaucoup de mes lecteurs sont confrontés à des problématiques de ce genre avec leurs enfants.
Nannymel, qui es-tu ?
Je suis la maman de deux garçons, Léo, bientôt 10 ans, un petit fantastique aux troubles DYS multiples et Eliott, un petit bonhomme de presque 3 ans, qui apprend tout de manière naturelle et au caractère bien trempé. Depuis peu je suis aussi blogueuse, une fonction toute nouvelle mais dans laquelle je me sens bien !
Qu’est-ce qui t’a amenée à créer le blog Fantadys ?
Une fois le diagnostic posé pour mon fils en 2012 et après avoir passé le cap du déni, de la colère et du « pourquoi nous ? », je me suis dit que, puisque la vie en avait décidé ainsi, c’était maintenant à nous de faire quelque chose de bien de cette différence, et surtout de ne pas rester les bras croisés à se morfondre. Entre-temps (en attendant que je réalise ce qui nous arrivait…) ma maman, une enseignante à la retraite, a acheté tous les bouquins possibles et imaginables sur la dyspraxie et a passé des heures à faire des recherches sur le web…Quand j’ai enfin réalisé, elle était prête et m’a immédiatement parlé des adaptations qui, pour elle, étaient nécessaires à la survie de notre fils dans le milieu scolaire classique. Nous avons alors tenté de mettre en place ces adaptations dans l’école de Léo, là où ma maman travaillait avant, ce qui finalement n’a pas été une chance pour nous. C’était forcément la grand-mère qui en faisait trop pour son petit fils et la dyspraxie de Léo n’a pas été comprise. Nous avons donc décidé de changer d’école et les adaptations ont pu être mises en place. Au cours de ses séances avec l’orthophoniste (en logico-maths), nous avons découvert la gestion mentale et plus particulièrement les cartes mentales. Quand on a vu l’impact de ce mode de fonctionnement sur Léo pour l’apprentissage des leçons et des notions scolaires, ma maman a souhaité se former et a commencé à faire ses premières cartes mentales pour aider Léo. Des heures de travail pour faire avancer notre enfant, alors nous nous sommes dit que tout ce travail ne devait pas rester dans l’ombre et qu’il pourrait forcément servir à d’autres enfants ! C’est en discutant avec une blogueuse avec qui je partageais quelques cartes mentales pour ses enfants instruits à la maison que j’ai vraiment eu le déclic et je me suis dit qu’il fallait créer une plateforme de partage, car trop de parents galèrent avec leurs enfants DYS et n’ont pas la chance que nous avons !
Ce blog c’est une thérapie pour moi, un endroit où je peux écrire pour évacuer tout ce que j’ai sur le cœur, rencontrer des personnes qui sont dans la même galère, qui comprennent ce que l’on vit au quotidien, ou encore écrire sur des thématiques comme « apprendre autrement », « éduquer autrement », donner des trucs et astuces qui me servent au quotidien avec mes enfants, en résumé : partager et rencontrer des personnes formidables !
Comment t’es-tu rendu compte que ton enfant était dys-férent ?
J’ai eu une grossesse très difficile, Léo est né prématurément. Depuis tout petit, nous observions un décalage important avec les autres enfants du même âge mais on nous disait « c’est normal, c’est à cause de sa prématurité, il va grandir et après il n’y aura plus d’écart ». Malgré tout, je sentais bien que quelque chose n’allait pas, que ça ne passerait pas comme ça, que l’écart se creusait de plus en plus, que Léo n’était pas bien dans sa peau…sans pour autant mettre de mots sur ces différences. On a à peu près tout entendu sur cet enfant depuis la crèche : il est sourd, il ne voit pas bien, regardez comme il dessine, il ne sait toujours pas faire un bonhomme, ce n’est pas normal, il est déficient intellectuel (pour pas dire débile), … et j’en passe…Le premier qui a mis un mot sur ses troubles c’est un ostéopathe, qui nous a dit dès la première consultation : « votre fils est dyspraxique ». On l’a pris pour un fou…de quoi il nous parle ?! Et oui je n’avais jamais entendu parler de « dyspraxie », et quand j’y pense c’était il y a seulement 2 ans…puis, peu de temps après, son orthophoniste nous a également parlé de troubles dys. Nous avons alors décidé de lui faire passer des tests psychométriques pour affiner le diagnostic et le verdict est tombé : « votre enfant est dyspraxique visuo-spatial ». Aujourd’hui nous savons que Léo a d’autres « dys » et nous recherchons aussi du côté phasique, car son langage ne s’améliore pas voire se détériore lorsqu’il est anxieux ou stressé.
Qu’est-ce qui a été le plus dur pour toi avec cet enfant ?
Tout simplement accepter qu’il soit différent même si je le savais au plus profond de moi-même depuis qu’il est tout petit. Accepter qu’il aille à son rythme et ne pas le comparer aux autres de son âge. Son cousin a le même âge que lui (1 mois d’écart) ; petits, on ne cessait de les comparer et à chaque grande réussite de l’autre correspondait l’échec du nôtre. Alors même si aujourd’hui je sais que ça ne servait à rien de les comparer, l’écart était (et l’est toujours) tellement visible que ça me faisait mal à chaque fois.
Maintenant j’ai dépassé tous ces sentiments et je suis plus sereine mais surtout j’essaie de voir tout ce qui est positif chez lui : Léo est sensible, il a un grand cœur et il se préoccupe des autres. Son émotionnel intense lui permet de ressentir les sentiments des autres, on ne peut rien lui cacher, pas besoin de discours, il comprend tout. Mais surtout il a la joie de vivre !
Qu’est-ce qui a ton avis, pourrait le plus aider les parents d’enfants dys, à mieux accompagner leur enfant ?
Un soutien inconditionnel, croire en son enfant quoiqu’il arrive et combattre ceux qui n’y croient pas ou plus, ceux qui mettent des barrières à ces enfants, lutter pour qu’il ait les meilleures adaptations possibles car sans adaptations un enfant dys ne peut pas donner le meilleur de lui-même.
Mais surtout l’amour, la bienveillance !
Et toujours positiver !
Merci à Nannymel pour ses réponses !
Et si vous voulez en savoir plus ou si vous avez des questions plus précises, une visite sur sont blog s’impose : Fantadys
Elle nous suggère aussi les livres suivants, pour aller plus loin à propos des troubles dys (les liens ci-dessous viennent d’Amazon, si vous ne les voyez pas, c’est parce que votre navigateur utilise un bloqueur de pub) :
Pour les enfants :
Pour les parents et les enseignants :
Quelle bonne idée ce pont entre 2 blogs de référence !
J’ai découvert grâce à fantadys, il y a peu, la richesse des cartes mentales… et franchement je me dis que ça pourrait servir bien d’autres que les dys’ !
Il faut définitivement que je me penche sur la question pour mes lycéens… peut-être leur en faire réaliser une à chaque fin de chapitre? à creuser …
Oui, je pense aussi que les outils utilisés pour les enfants DYS pourraient servir à bien d’autres enfants (et adultes !)
La carte mentale est un moyen de mobiliser ses connaissances d’une façon différente et cela ne peut qu’être bénéfique en effet.
Tiens-moi au courant si tu le fais et dis-moi les effets que tu vois.
Beau témoignage et quelle réussite ce blog Fantadys !!!!
Etant enseignante, je me suis déjà intéressée aux cartes mentales, outil très intéressant pour tout le monde (grands, petits, avec ou sans difficultés, différences, … !)
Mes élèves en ont construites : ils s’investissent pour la concevoir, en inscrivant ce qui est vraiment nécessaire et il mémorise LEUR production !
C’est un outil vraiment à développer.
il faut vraiment que je prenne le temps de discuter avec Nannymel… parcours tres proche , resultat similaire …
tu la trouveras dans mes contacts Facebook si tu n’es pas déjà en contact avec elle.