Il n’y a pas d’émotions négatives !
Ces derniers temps, j’ai, à plusieurs reprises lu ou entendu parler d’émotions négatives. C’est un terme fréquemment utilisé chez les coachs (en développement personnel ou en parentalité), parfois même chez les psys. Le terme « émotions négatives » est pourtant inapproprié.
Le terme « émotions négatives » traduit une vision dualiste non aidante
Je vais probablement paraitre présomptueuse, voire même arrogante mais je l’assume totalement : utiliser la terminologie émotion positive / émotion négative relève d’une incompréhension profonde de ce qu’est le processus émotionnel. Il suffit de lire quelques ouvrages scientifiques sur le sujet (j’en liste quelques-uns en fin d’article) pour le comprendre.
Bien sûr, le terme émotion positive / négative a été utilisé par Martin Seligman, l’initiateur du mouvement de la psychologie positive. Il est encore utilisé régulièrement, même s’il commence à dater. Les travaux récents sur le processus émotionnel montrent clairement que cette vision positif / négatif n’est pas juste.
La terminologie « émotions positives / émotions négatives » est a minima trompeuse, au pire dangereuse. Elle correspond en effet implicitement à une vision dualiste des émotions.
La terminologie « émotions positives »/ »émotions négatives » contribue à vulgariser une vision dualiste des émotions, vision qui n’est pas aidante.
Les mots « positif » et « négatif » induisent que certaines émotions (les positives) sont à privilégier alors que les autres (les négatives) sont à proscrire ou à éviter. Cela va renforcer toutes les conduites d’évitement émotionnel, souvent à la source de beaucoup de problèmes. Cela va aussi créer d’autres émotions « négatives » (culpabilité, honte, etc) car nous n’arrivons pas à les éviter complètement, à les surmonter.
Les émotions négatives n’existent pas !
Les émotions ne sont ni positives ni négatives. Elles sont.
Bien sûr, elles peuvent être agréables à ressentir ou bien désagréables, voire douloureuses. Mais désagréable ne signifie pas négatif. Bien au contraire !
L’émotion nait de l’interaction entre nous (avec notre histoire, nos connaissances, nos compétences, etc) et un contexte donné (ce qui se passe autour de nous, ce que font les autres, notre culture, etc).
C’est un phénomène spontané : nous ne décidons pas de la ressentir ou pas. Et surtout, surtout : l’émotion est un signal ! Elle signale qu’une part de nous estime qu’une réaction est nécessaire. Elle vise à attirer notre attention sur un problème perçu par notre cerveau.
L’émotion est un signal d’alarme.
Ne cherchez surtout pas à supprimer vos émotions négatives !
Tenter de supprimer ses émotions négatives revient à chercher à éteindre un signal d’alarme quand la maison brûle parce qu’on est dérangé par le bruit.
Drôle d’idée n’est-ce pas ? C’est pourtant ce que nous faisons quand nous cherchons à éviter les émotions négatives.
Pire encore : notre cerveau fonctionne automatiquement. Ce n’est pas nous – notre part consciente – qui décidons si telle ou telle situation/personne/contexte – nous pose un problème : c’est une part inconsciente de notre cerveau. Cette part est une sorte de « boite noire » à laquelle nous n’avons pas accès directement. Son rôle est de permettre notre survie quelles que soient les circonstances, et même malgré nous à certains moments.
Si vous tentez d’éteindre vos émotions désagréables, la boite noire de l’inconscient va réagir. Vos tentatives pour faire cesser vos émotions « négatives » sont la preuve pour votre inconscient que vous n’avez rien compris à la gravité de la situation. Il va donc AUGMENTER le signal et faire crier l’émotion plus fort.
Chercher à supprimer vos émotions négatives n’est donc absolument pas une bonne idée.
Nous le faisons à titre individuel mais aussi avec nos proches, notamment les enfants :
- Nous nous voulons rassurants : « tu n’as aucune raison de t’inquiéter« , « c’est absurde de s’inquiéter pour ça«
- Nous minimisons les risques : « allez, tu ne risques rien !« , « tu exagères« , « ce n’est pas si grave, relativise !«
- Nous cherchons à éviter la déception : « vu tes capacités, tu ferais mieux de viser moins haut«
- Nous cherchons à éviter tout court en aménageant le contexte pour éviter aux émotions « négatives » de se produire : nous évitons les situations problématiques, nous choisissons avec soin l’assiette de la bonne couleur pour éviter la crise de l’enfant, etc
Et si vous cherchions plutôt à apprivoiser nos émotions désagréables plutôt qu’à les faire disparaitre ?
Commencez par changer de terme
Pour éviter les pièges de l’évitement émotionnel, remplacez les mots positif/négatif par agréable / désagréable.
Ces mots n’impliquent pas un côté à rechercher / à éviter. Ils mettent tous les types d’émotions au même niveau. En considérant une émotion comme désagréable plutôt que négative, vous pouvez plus facilement vous mettre dans une position de curiosité par rapport à elle. Vous pourrez alors vous poser les mêmes questions que pour une émotion agréable :
- dans quel contexte nait-elle ?
- Sur quel problème/besoin attire-t-elle mon attention ?
- Comment se manifeste-t-elle (corporellement, psychiquement, comportementalement, etc)
- et des tas d’autres questions
Et si l’émotion désagréable ne pouvait pas être évitée ?
Remplacer le mot « négatif » par le mot désagréable a aussi un autre impact : il nous rend plus réaliste. Autant nous avons envie de virer le négatif de notre vie, autant le simplement « désagréable » parait difficilement évitable. Nous allons plus facilement « faire avec », ce qui est un clé pour mieux vivre ses émotions désagréables.
Posez-vous une simple question :
et si vos émotions désagréables étaient simplement vos meilleures amies ?
Elles sont maladroites, vous hurlent souvent dans les oreilles là où vous apprécieriez qu’elles parlent un peu plus calmement. Ce qui pose problème, ce n’est pas leur présence, c’est leur façon de s’exprimer. Si vous leur ordonnez de se taire, elles se fâchent. Si, au contraire, vous les écoutez attentivement, elles parlent de moins en moins fort :-).
D’autres ressources à propos des émotions
Sur ce blog :
- les articles du guide des émotions
- sur la boutique : Le Guide des Emotions : un guide en version numérique à télécharger avec des clés de compréhension du processus émotionnel et 8 émotions de base décryptées (le contexte déclencheur, le message et des questions et exercices pour vous aider à y voir plus clair)
Quelques livres (basés sur des connaissances scientifiques sur les émotions) :
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