Burn out ou épuisement parental : comment s’en sortir ?
Dans l’épisode précédent de « Du Côté des Parents ! », j’ai abordé le burnout parental : ses facteurs, ses causes, son processus, ses symptômes. L’objectif était de vous aider à identifier si vous êtes engagé(e) dans cette spirale. Si ce n’est pas encore fait, je vous recommande d’écouter cet épisode avant de poursuivre avec celui-ci.
Aujourd’hui, comme promis, je vais parler plus concrètement des pistes de solutions pour s’en sortir et éviter de retomber dans le burnout. Je vais également évoquer une situation spécifique : celle des parents d’enfants présentant des troubles comme le TDAH, l’autisme, etc.
Pour écouter ce nouvel épisode en audio, c’est par ici :
Ep. 7 Burn out parental – partie 2 : s'en sortir – Du côté des parents !
Tous les épisodes sont aussi disponibles ici en version audio ou encore ici si vous préférez lire toutes les retranscriptions.
Le podcast est accessible sur les plateformes d’écoute classiques. Je vous cite ici les principales :
Il est aussi présent sur d’autres plateformes moins connues. Si vous ne le retrouvez pas sur votre support d’écoute habituel, n’hésitez pas à m’envoyer un petit mail pour que je fasse le nécessaire.
L’erreur la plus fréquente commise par les gens en burn out …
Une des erreurs courantes lorsqu’on est en burnout ou sur le point de l’être, c’est de penser que multiplier les activités plaisantes – sport, loisirs, travail stimulant, engagement associatif – permettrait d’augmenter indéfiniment son énergie et donc d’éviter de s’épuiser.
Or, nos ressources sont limitées, et même des activités plaisantes coûtent de l’énergie.
Ajouter des activités sans prendre en compte ces limites peut transformer des plaisirs en charges supplémentaires.
C’est pourquoi il est essentiel de s’interroger : est-ce que mon réservoir d’énergie est en train de se vider ?
Si votre énergie s’échappe par des « fuites », même les meilleures activités ne suffiront pas à compenser.
Un signe typique de ces « fuites » : vous partez en week-end ou en vacances pour vous ressourcer, vous revenez rechargé(e), mais en quelques heures ou quelques jours, vous vous sentez à nouveau épuisé(e). Cela indique que le contexte quotidien épuise vos ressources et que même 6 mois seul-e en Australie n’y changeront rien !!!
Pour changer durablement, il faut identifier et colmater ces fuites d’énergie. Mais avant cela – et notamment si on est allé loin dans l’épuisement, on a besoin de RE-CU-PE-RER.
Première étape pour se sortir de l’épuisement parental (ou autre) : la récupération
Lorsque l’on est très avancé dans l’épuisement, la priorité est de récupérer. Cela signifie faire le moins possible, parfois même arrêter toute activité non essentielle.
Cette phase, souvent source de culpabilité, nécessite parfois un accompagnement extérieur pour gérer les émotions qu’elle provoque et pour clarifier les adaptations nécessaires. En effet, comme je l’ai dit dans l’épisode précédent, lépuisement a pour effet de rendre la gestion des émotions et des priorités plus difficile. Sans accompagnement extérieur, il est parfois très difficile de récupérer (on en fait toujours trop) et on risque s’enfoncer dans l’épuisement et même dans la dépression.
J’aime expliquer cette phase à travers la métaphore des cuillères, inventée par une personne atteinte d’une maladie chronique.
Imaginez que vous commencez chaque journée avec huit cuillères d’énergie. Chaque tâche consomme un nombre de cuillères. Si vous dépensez toutes vos cuillères ou même plus, vous le paierez les jours suivants. La clé est donc d’utiliser vos cuillères avec parcimonie et d’économiser.
Un exemple concret : une personne que j’ai accompagnée a choisi de renoncer temporairement aux repas familiaux du dimanche avec sa belle-famille, une activité pourtant agréable mais trop coûteuse en énergie pour elle au moins au début. Cette décision lui a permis de préserver son énergie pour gérer son quotidien.
J’avais détaillé cette métaphore des cuillères ici.
Savoir ce qu’il faut éliminer pour économiser vous appartient. C’est une décision très personnelle. Mais vous aurez inévitablement à faire des choix si vous voulez récupérer de l’énergie. Vous devrez sans dout aussi déléguer et laisser tomber un certain nombre de choses pendant un certain temps.
Si vous ne le faites pas, le risque c’est d’arriver réellement à la phase de l’effondrement et à ce stade, ce n’est pas vous qui déciderez ce que vous voulez encore faire ou non. C’est juste votre corps qui refusera de le faire. D’où l’importance de réagir le plus tôt possible.
On rejoint ici une autre métaphore, utile pour les parents : celle du masque à oxygène. Quand une cabine d’avion se dépressurise, le masque à oxygène tombe devant vous. Et avant le départ, le personnel de bord vous précise bien que, si vous avez un enfant à côté de vous, il ne faut pas mettre le masque à oxygène sur l’enfant … Il faut le mettre sur vous d’abord. En effet, si l’adulte tombe dans les pommes parce qu’il manque d’oxygène, qui va s’occuper de l’enfant ?
Je sais que c’est difficile à faire, surtout quand on a un fort déséquilibre en faveur de l’altruisme, déséquilibre souvent présent quand il s’agit de ses enfants.
Deuxième étape pour se sortir d’un burn out : colmater les fuites d’énergie
Une fois un minimum d’énergie récupéré, il est essentiel d’identifier les « fuites » de votre réservoir. Ces fuites correspondent aux efforts que vous fournissez sans résultat tangible.
Par exemple, si vous répétez sans cesse la même consigne à vos enfants ou à votre conjoint sans qu’ils agissent, cela peut être une fuite d’énergie.
Autre exemple : si vous avez un enfant avec un trouble, vous vous investissez à fond dans des programmes d’habileté parentale parce que c’est important pour votre enfant. Ces programmes sont au service de l’enfant et ils vous demandent logiquement des efforts, de l’attention, de la préoccupation pour essayer de faire les choses correctement. Mais quand les résultats obtenus sont décevants, vous avez le sentiment qu’il va falloir faire toujours plus et vous ne voyez pas le bout.
Ce sentiment, c’est le signe qu’il y a sans doute une fuite d’énergie à cet endroit-là.
Si vous faites beaucoup d’efforts mais que vous voyez des progrès à la hauteur de l’énergie investie, ce n’est pas une fuite d’énergie. Par contre, si vous répétez 250 fois les choses sans que ça change, c’est probablement une fuite d’énergie.
Je ne rentre pas dans le détail de comment on peut réagir ici. Cela donnera lieu à des épisodes sur la responsabilisation et sur comment on peut arrêter de râler. Mais je vous mets quelques articles sur la responsabilisation et les explications à rallonge ici :
- quelle différence entre poser une limite et menacer ?
- quand faut-il arrêter de donner des explications à ses enfants ?
Ce n’est qu’après avoir récupéré et colmaté les fuites que vous pourrez (ré)introduire des activités qui vous ressourcent. Attention toutefois à ne pas précipiter cette étape, car elle ne sera efficace que si les fuites sont maîtrisées.
Epuisement parental : la spécificité des parents d’enfants avec troubles ou handicap
Élever un enfant avec un trouble (TDAH, autisme, handicap, etc.) demande une énergie considérable. Les parents doivent souvent gérer des rendez-vous, des programmes spécifiques et des adaptations constantes.
Ces efforts, bien qu’essentiels, peuvent rapidement devenir épuisants.
Quand on est épuisé, on a de faibles ressources psychique, émotionnelles, etc. Cela signifie notamment qu’on a moins de ressources pour surmonter les échecs éventuels. Ceux-ci deviennent plus douloureux, plus décourageants, creusant encore plus le déficit d’énergie au lieu d’apporter le soulagement attendu.
Pour le bien des enfants, on se dit qu’on doit le faire, qu’on doit se forcer, encore plus. Quand notre enfant a un trouble, on pense souvent que ce serait une perte de chance pour lui si on ne fait pas cet effort.
Pourtant, un accompagnement supplémentaire pour le bien de l’enfant n’est pas forcément la meilleure chose à faire. Cela peut vous sembler choquant.
Pourtant, un accompagnement qui épuise le parent n’est pas un bon accompagnement, ni pour le parent, ni pour l’enfant.
Le parent s’épuise et l’enfant – qui n’est pas dupe – culpabilise car il se sent responsable de l’épuisement de son parent !
Ici je m’adresse aux professionnels accompagnant des parents : avant de proposer un nouvel accompagnement, une nouvelle adaptation, vérifiez quelles sont les ressources du parent. Prenez le temps de lui dire qu’il vaut peut-être mieux ne pas le faire pour le moment, pour lui donner le temps de récupérer. Quand il se sent à nouveau prêt, il va pouvoir le faire d’une manière beaucoup plus efficace. Cela lui redonnera un vrai sentiment de confiance en lui. Et il y aura bien plus de chances d’avoir des résultats auprès de l’enfant.
Face à un professionnel qui recommande une nouvelle approche, les parents ont du mal à dire : « on ne se sent pas l’énergie de le faire ». Ils ont trop peur de ne pas être au top pour leurs enfants. C’est donc plutôt aux professionnels de prendre le soin de vérifier ce point.
Le dernier point très important est la responsabilisation de l’enfant.
Trop souvent, les parents portent seuls la charge mentale, temporelle, etc des progrès de leur enfant. Et cela repose sur l’idée que, du fait du trouble, l’enfant ne serait pas en capacité de se responsabiliser et de s’emparer vraiment des sujets qui le concerne.
Les adultes autour de lui vont donc faire les efforts à sa place. C’est ce qui rend cette idée aussi fortement génératrice d’épuisement : les parents craquent et se sentent encore plus coupables de la situation !
Ce qu’il faut comprendre, ce que, dans ce contexte, ce sont les parents qui portent toute la motivation, l’investissement, les efforts du projet éducatif. L’enfant, involontairement, est entretenu dans un certain confort. Il prend un peu, il pioche de ci, de là, il va aux rendez-vous parce qu’on lui dit de le faire. Mais est-il en train de réellement s’investir, se motiver, et donc progresser, autant qu’il le pourrait ?
Dans mon expérience d’accompagnement parental, quand le parent épuisé fait un pas de retrait en disant « bon moi, voilà, il y a tel accompagnement, tel accompagnement, tel truc, moi je ne peux plus gérer tout ça. Il va falloir en faire moins : que choisis-tu ?« , on constate souvent un bien meilleur engagement de l’enfant et un bien meilleur « rendement » des accompagnements.
Impliquer l’enfant dans les choix et les efforts liés à son évolution peut être bénéfique à la fois pour lui et pour ses parents. Cela ne signifie pas l’abandonner, mais le rendre vraiment acteur de son développement.
Et rien n’est plus reposant que de partager la responsabilité à plusieurs !
(en plus ça rassure pour l’avenir de l’enfant !!!)
En conclusion : quelques régles pour prévenir et se sortir de l’épuisement parental
Pour résumer, le burnout parental résulte de la combinaison de facteurs personnels, contextuels et systémiques. Pour y faire face, il est important de :
- Reconnaître les symptômes : écouter les signaux de fatigue et d’épuisement.
- Récupérer : réduire ses activités au strict minimum pour se recharger.
- Identifier et colmater les fuites : repérer les efforts inutiles ou inefficaces.
- Introduire des sources d’énergie : seulement après avoir maîtrisé les étapes précédentes.
Enfin : responsabiliser les membres de votre entourage, y compris vos enfants, peut contribuer à alléger votre charge et donc à prévenir de nouvelles situations d’épuisement.
Retranscription faite grâce à WhisperTranscribe (lien affilié)
Pour finir …
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