Ce que les enseignants n’ont pas besoin de savoir … ou comment aider les enseignants à enseigner

aider les enseignants à enseigner : découper les bonnes intentions en mots utilesRégulièrement l’école est le lieu de réformes. Pédagogiques s’entend. Nouveaux programmes qui vont révolutionner les apprentissages et rendre tous les enfants aptes à apprendre. Et puis de nouvelles pédagogies – ou d’anciennes remises à la mode – refont surface et deviennent LE principe selon lequel TOUS les enseignants devraient enseigner à TOUS les enfants. Régulièrement une pédagogie revient dans l’air du temps. Genre on redécouvre l’eau tiède … Bien sûr l’idée est d’aider les enseignants à enseigner, de faire en sorte que moins d’enfants soient en échec.

Mais il y a déjà bien longtemps que tout le monde sait ce qui favorise l’apprentissage. Et quand je dis « on », je ne parle pas des spécialistes de l’éducation, je parle presque de monsieur et madame tout le monde. Et des enseignants en premier lieu. D’ailleurs, demandez à n’importe quel enseignant et il vous le dira : les enfants ont besoin d’expérimenter pour intégrer les apprentissages sur les plans émotionnel et sensoriel en plus de l’intellect. Ils ont besoin de revoir plusieurs fois de façon différentes les mêmes notions : leçons, exercices, projets, expérience, … Sur le plan de la pédagogie pure aucune innovation majeure n’a été faite à ma connaissance depuis plusieurs dizaines d’années.

Mais l’apprentissage n’est pas qu’une question de pédagogie. C’est aussi une question de relation. J’avais déjà parlé ici de l’impact de la relation enseignant/élève sur les apprentissages. Mais là encore, l’immense majorité des enseignants connait les conditions qui font que la relation est bonne pour l’apprentissage : les enfants ont besoin d’être valorisés, de sentir qu’ils sont fondamentalement capables et compétents. Ils ont besoin d’être encouragés, soutenus et non enfoncés et humiliés.

En cette rentrée, la polémique Céline Alvarez a fait refaire surface à beaucoup de fantasmes qui voudraient que quelques initiés aient enfin découvert le graal de la pédagogie … Je crois que, fondamentalement, nous sommes à peu près tous d’accord (ou presque) sur les idées qui devraient guider nos actes en tant qu’éducateurs. Et c’est précisément ce qui fait réagir les enseignants : qu’on sous-entende avoir fait des découvertes majeures, alors que ces connaissances sont déjà disponibles depuis longtemps. Et qu’on leur dise pour la dix-millième fois comment enseigner.

Haim G. Ginott dans l’excellent « Between parent and child » (non traduit en français à ce jour) rapporte le témoignage suivant :

« Je sais déjà ce dont un enfant a besoin. Je le sais par coeur ! Il a besoin d’être accepté, respecté, aimé. Il a besoin qu’on lui fasse confiance. Il a besoin d’être encouragé, activé, amusé. Il a besoin d’expérimenter, d’explorer, de faire par lui-même. Bien sur ! … Mais ce dont je manque moi, c’est de la sagesse de Salomon, de la vision de Freud, du savoir d’Einstein et du dévouement de Florence Nightingale. »

Donc oui, pour aider les enseignants à enseigner, il est inutile de leur seriner encore une fois qu’il existe une pédagogie meilleure, plus adaptée, plus efficace. Je comprends qu’il réagissent mal à ce qui ressemble à une remise en cause de leur compétence de base : la pédagogie.

Le problème n’est pas dans la théorie … il est dans la pratique !

En effet, je suis persuadée que le problème des enseignants n’est pas dans la théorie, ni dans leurs connaissances des facteurs qui favorisent l’apprentissage.

Pour aider les enseignants à enseigner, Haim Ginott raconte l’histoire suivante :

Un philosophe traverse une grosse rivière sur un petit bateau. Au passeur qui dirige l’embarcation, il demande : « Connaissez-vous la philosophie ? ». « Je ne peux pas dire que je la connaisse », répond l’homme. « Alors vous avez perdu 1/3 de votre vie » répond le philosophe. Puis il ajoute « Et connaissez-vous la littérature ? ». « Je ne peux pas dire que je la connaisse » répond le marin. « Alors vous avez perdu 2/3 de votre vie ! » s’exclame le philosophe. A ce moment, le bateau heurte un rocher et commence à couler. « Savez-vous nager ? » demande le marin. « Non » répond le philosophe. « Alors vous avez perdu toute votre vie » répond le navigateur.

Et, en effet, la connaissance théorique, les concepts sont inutiles quand on est dans le feu de l’action. Parents et enseignants le savent bien. Et tous sont fatigués de s’entendre dire comment ils doivent faire avec de grands mots et de grands concepts mais sans leur donner de clés concrètes et pratiques pour faire différemment sur le terrain.

Si on veut aider les enseignants à enseigner, ce ne sont pas les concepts, la théorie, ni la pédagogie qu’il faut faire évoluer. On n’éduque pas un enfant avec des concepts.

On l’éduque avec des attitudes – des mots, des gestes – qui traduisent ces concepts en faits concrets. On peut avoir les plus belles idées du monde. Mais si on a du mal à traduire en actes concrets nos beaux concepts, si on a du mal à gérer sa peur, sa colère ou sa frustration, alors nos idées ne servent plus à rien. Pour aider un enseignant à mieux enseigner, ce sont les compétences pratico-pratiques émotionnelles et relationnelles SUR LE TERRAIN dans le feu de l’action qui comptent.

Soit on sait nager, soit on coule. Et ce n’est pas en disant à quelqu’un qui se noie qu’il n’a qu’à réviser le théorème d’Archimède qu’il sera rassuré et pourra se remettre à flot. C’est exactement la même chose avec la pédagogie et la qualité de la relation.

Donc arrêtons de vouloir révolutionner la pédagogie et reprenons du départ : il faudrait peut-être arrêter de faire croire à tout le monde qu’on a enfin trouvé « LA » bonne pédagogie ou « LA » bonne attitude. Les vraies questions sont plutôt d’ordre éthique et pratico-pratique :

  • comment je traduis en mots  et en attitudes mes idées et mes concepts ?
  • comment je peux me rendre compte que mon attitude ne fonctionne pas et qu’il est temps de passer à autre chose ?
  • comment je mesure l’impact de mes actes pour ne pas tomber dans une attitude non éthique ?
  • comment je dépasse mon trop plein émotionnel pour ne pas tomber dans des attitudes non constructives et inefficaces (alors que je sais qu’elles ne le sont pas) ?
  • par quoi je remplace ces attitudes non constructives ?

Aider les enseignants à enseigner ne se fait pas dans  des livres théoriques, ni dans des formations conceptuelles et théoriques.

Apprendre les attitudes et les mots efficace pour mieux enseigner se fait un élargissement de sa palette d’outils possibles.

Ces outils et ces attitudes peuvent être piochés tous azimuts ( les livres de Haim G. Ginott sont une mine d’or sur ce plan !). Leur intégration suppose une mise en pratique, des essais, des erreurs, des ajustements en fonction de l’enfant que l’on a en face de soi, de qui nous sommes, du contexte dans lequel nous évoluons.

Cela suppose aussi une prise de recul régulière sur l’éthique des pratiques individuelles. En éducation comme ailleurs, la fin ne justifie pas les moyens et l’impact de nos attitudes doit être pris en compte. Cela suppose encore de pouvoir prendre en considération les impacts individuels – émotionnels, relationnels, contextuels, … – qui peuvent amener chaque enseignant à avoir des attitudes inefficaces par moments afin de lui donner des outils concrets pour les gérer et les dépasser.

En espérant que l’Education Nationale entende ce message et arrête de croire que les réformes pédagogiques, de rythme ou autres pourront révolutionner l’enseignement et passe à des actions plus pragmatiques …

Pour aider les enseignants à enseigner, arrêtons de conceptualiser l’éducation … et passons à la pratique !


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Pour aider les enseignants à enseigner : pour aller plus loin

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27 thoughts on “Ce que les enseignants n’ont pas besoin de savoir … ou comment aider les enseignants à enseigner

  • 20 septembre 2016 à 21:00
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    roh je ne suis pas anglophone, je ne pas lire ce bouquin. zut.

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    • 20 septembre 2016 à 22:17
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      Alors, juste une petite précision : Entre Parent et Enfant a bien été traduit ! Je l’ai dévoré cet été en l’ayant récupéré dans les rayons de ma bibliothèque municipale, et en ai fait un article (un peu long…) sur mon blog tellement il m’a séduite. C’est de l’or en barre.

      J’en profite pour vous remercier pour votre blog qui m’apporte beaucoup en ce moment où je ressens ce besoin d’ « élargir ma palette d’outils » de maman 😉

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      • 21 septembre 2016 à 08:17
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        « Entre parent et enfant » est traduit oui. C’est bien « Between teacher and child » – « Entre enseignant et enfant » – qui ne l’est pas.

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        • 22 septembre 2016 à 00:33
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          Ah ok ! Alors il y a juste une petite coquille dans l’introduction de votre première citation 😉
          Je me disais aussi, je ne reconnaissais pas ladite citation, mais « between parent… » est tellement dense que ça aurait pu m’échapper ! Du coup vous m’avez rendue fort curieuse de « Between Teacher… », à voir si je ne vais pas m’arranger pour me le procurer en anglais.

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  • 20 septembre 2016 à 23:44
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    C’est très juste ! Etre un enseignant c’est rude aujourd’hui. Les enfants sont au bout de la chaine du mammouth et à force de mesures, de critiques, de changements, de revirements plus grand chose ne marche…usure des uns, des autres.

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  • Ping :IEF - oumzaza | Pearltrees

  • 21 septembre 2016 à 10:07
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    Oui, enfin la polémique Alvarez tourne justement autour du fait que cette dame n’a rien inventé mais s’est contentée d’appliquer des méthodes anciennes (montessori essentiellement) qui mettent justement l’accent sur la relation individuelle à l’enfant.

    Donc parler de « graal », de « nouvelle pédagogie » etc… me semble pour une fois un peu exagéré…
    La polémique à son sujet étant justement que l’institution entendait lui faire renoncer à cette individualisation des enseignements pour retrouver le one-size-fit-all confortable pour le rectorat.

    Participer à la curée ne me semble donc pas forcément le meilleur service à rendre aux profs…

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    • 21 septembre 2016 à 12:10
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      Il me semblait que je n’entrais pas dans la polémique justement. Ce contre quoi les enseignants se sont élevés, c’est la présentation qui a été faite dans les médias de l’approche « révolutionnaire ». Je trouve justement qu’ils ont trop insisté sur la pédagogie et pas assez sur les qualités relationnelles à mettre en oeuvre.

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      • 22 septembre 2016 à 14:30
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        Disons qu’en lisant votre texte, j’ai au contraire eu l’impression que vous balayiez l’approche d’Alvarez en la disqualifiant.

        La démarche de cette dame est intéressante car elle part d’un ensemble d’hypothèses scientifiques assez bien établies -dont Montessori et d’autres ont eu les intuitions, sans les preuves, au sens scientifique- et cherche à les appliquer dans le contexte educ’nat.

        Elle prouve par l’action qu’il est possible d’individualiser l’enseignement à condition de laisser de l’autonomie et d’appliquer un certain nombre de méthodes, qui se trouvent ressembler beaucoup à celles de montessori. Ce faisant, elle obtient des succès mesurables dans le référentiel scolaire classique (lecture en MS ou GS par ex…), elle fait passer des travaux scientifiques qui étaient négligés par l’institution (IUFM ou formation continue) et médiatise le résultat, et les méthodes utilisées pour y parvenir. C’est un bel exercice de transmission de la connaissance, dont j’espère qu’il fera des émules.

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        • 22 septembre 2016 à 14:41
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          Je ne disqualifie pas son travail et je trouve au contraire très intéressant ce qu’elle a fait.
          Je sais juste que de nombreux enseignants se sont élevés contre la façon dont elle était érigée en « papesse » de la connaissance. J’ai notamment lu qu’elle avait un emploi du temps aménagé, des moyens supplémentaires, etc lors de son expérimentation puisqu’elle était financée par une association. Je peux donc comprendre que certains instits la prennent en grippe, eux à qui on demande de faire leur travail avec des moyens bien différents et à qui on vient mettre ses travaux sous le nez en leur disant qu’ils n’ont « qu’à faire comme elle ».

          Or « faire comme elle » suppose une approche plus pragmatique de l’enseignement, tout à fait comme je le dis dans l’article, et non une approche pédagogique purement théorique.
          Ceci dit, je ne sais pas ce qu’elle dit dans ses formations, mais la partie relationnelle de son livre est extrèmement légère et contient peu de situations pratico-pratiques illustrant les mots et les attitudes concrètes qu’elle utilise et les raisons pour lesquelles tel ou tel mot ne serait pas adéquat. C’est ce que fait très Haim Ginott je trouve. On ne trouve dans sonlivre pour les enseignants quasiment QUE des vignettes de situations réelles avec des phrases qui ont été réellement dites et qui peuvent être testées. C’est ce qui manque cruellement à toutes les approches que j’ai vues à ce jour, celle de Céline Alvarez incluses. Et c’est ce dont j’ai voulu parler dans cet article parce que ça me semble être le coeur du problème.

          Si je crois dur comme fer que dire « c’est bien » valorise l’enfant, pourquoi changerai-je de point de vue ? C’est en faisant des expériences pour soi-même aussi qu’on peut se rendre compte que de petits mots comme ceux-là ont une importance vitale.

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          • 14 novembre 2016 à 14:02
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            je plussois le fait que le ton de votre article laisse à penser que vous remettez ces travaux en question et que vous les fassiez passer pour de la vieille théorie remise au goût du jour. et là vous dites qu’elle a eu des moyens supplémentaires ce qui est complètement faux. j’ai eu la chance de participer à sa conférence de 3 jours cet été. cette femme est d’une humilité sans nom. elle explique que la théorie ne sert à rien et qu’il faut respecter les besoins essentiels des enfants, ce qu’elle appelle les lois naturelles de l’enfant, dont vous parlez également (autonomie, expérimentation et relation). elle a monté son expérience à gennevilliers pour prouver qu’avec les pires conditions de l’éducation nationale (zep, plan violence, 27 élèves, 1 atsem etc), mais en respectant les lois naturelles de l’enfant, l’enfant accède de lui même à un niveau de connaissances et de compétences qu’elle même n’imaginait pas. Je vous recommande vivement son ouvrage « les lois naturelles de l’enfant » dont la lecture devrait (je le souhaite) vous faire changer d’avis sur cette femme. plutôt que d’écouter et de relayer ce que les médias disent, allez à la source, s’il vous plait !! je regrette cet article alors que j’ai toujours dévoré vos articles ! encore merci pour tous les autres !!

  • 21 septembre 2016 à 14:00
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    Visiblement Sandrine, vous faites une rentrée en pleine forme ! Merci pour cet article très pertinent au milieu de l’emballement médiatique !

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  • 21 septembre 2016 à 16:04
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    Merci pour cet article Sandrine et je tiens à t’offrir toute ma gratitude pour ce blog où je puise mes outils et mon réconfort dans ma, Oh combien acrobatique tâche, d’être maman. Pour ma part je suis en train de lire le livre de Céline Alvarez. Qui me ravie et m’enchante. Non pas parce que ce qu’elle dit serait nouveau ou révolutionnaire, mais parce que je ressens l’humanité à travers ces mots. Il est fort dommage que son livre ne soit pas livré avec un être humain (homme ou femme) qui aurait l’expérience des relations avec les enfants pour venir étayer en direct mes tentatives de me mettre en relation avec mon enfant et qui viendrait en direct me donner beaucoup d’empathie quand ces tentatives aboutiraient à un « échec » ou « erreur ». Car si j’ai bien retenu la leçon: oui nous apprenons grâce à l’erreur, à l’expérience, en étant actif dans l’apprentissage, mais moi il ne suffit pas de me le dire une fois pour que je ne m’effondre plus à la moindre difficulté. Car étant, comme la majeur partie des adultes en ce monde, été éduqué dans la honte de l’erreur et dans la dualité bien/mal. Alors j’observe que ce qui m’arrive est le quotidien de tout enseignant et de tous parents. Ce qui manque à mon humble avis à tous ces adultes emplis de bonnes intentions c’est le soutien empathique et bienveillant qui leur à manqué dans leur jeunesse et sur lequel ils ne peuvent puiser. Et j’observe que très peu de monde est capable et compétent en la matière: là est la réalité. Le seul outils concrêt et puissant qui m’a jamais été donné d’utiliser est l’auto-empathie. (Que je pratique quand j’en ai les moyens!) Et la seule aspiration à laquelle je tourne le dos est l’urgence de rendre le monde meilleur. Il y a plutôt urgence à prendre son temps! Si nous voulons que ce monde soit meilleur. Avec toute ma sympathie.

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  • 21 septembre 2016 à 17:12
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    Tout ceci est bien beau, mais votre article lui même est une théorie, un concept.
    Car tant qu’il y aura 30 enfants par classe, même un enseignant qui « sait enseigner » (selon vos critères) ne pourra rien faire. Car 30 enfants ne peuvent pas expérimenter en même temps, ne peuvent être valorisés individuellement…

    Votre conclusion devrait être: « Pour aider les enseignants à enseigner, arrêtons de conceptualiser l’éducation, arrêtons de conceptualiser la pratique de l’éducation … et donnons aux enseignants les moyens d’éduquer ! »

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    • 21 septembre 2016 à 19:22
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      Dans le livre que je cite, le premier chapitre d’Haim Ginott est consacré à cette idée que c’est le système qui doit changer d’abord, les moyens, les programmes, etc, etc …
      Bien sûr qu’avec plus de moyens, on ferait des choses différentes.
      Maintenant, on peut attendre (longtemps) que les moyens augmentent et que le contexte change. OU bien améliorer ce qu’on peut déjà améliorer en attendant que les moyens arrivent …

      Répondre
    • 22 septembre 2016 à 14:41
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      justement, l’expérience alvarez montre qu’il est possible d’adapter l’enseignement au sein de la classe, sans forcément des moyens démentiels.

      D’ailleurs certains des types d’exercices qu’elles propose (les manip’ à la montessori) sont également pratiquées par l’instit de ma gamine, sans aucune étiquette « innovante », mais avec le même intérêt pour les enfants.

      J’en profite pour dire qu’une mémé rencontrée il y a qques années m’indiquait avoir reçu un enseignement Montessori à l’école normale d’instit’ dans les années 1940 pour application à l’enseignement au fin fond du bled algérien à l’époque de la colonisation… Je vous laisse décider si c’était positif ou non.

      un autre exemple (pour la lecture), c’est ce pdf (lien plus bas): une étude en réseau eclair de l’effet « manuel scolaire » sur l’apprentissage de la lecture. Conclusion (spoiler): pour exactement le même coût, en changeant de manuel scolaire, il est possible de gommer quasi totalement ou non l’effet « classe sociale » sur la réussite de l’apprentissage de la lecture au CP.

      Il n’y a là *aucune* variation de moyens matériels, juste un *choix* individuel des enseignants de prendre une méthode basée sur les mécanismes neuronaux d’apprentissage de la lecture tels que décrits par la littérature scientifique ou, au contraire, de rester sur une théorie pédagogique des années 70-80 totalement infirmée par les études sur le développement cérébral des 20 dernières années.

      http://www.uvsq.fr/medias/fichier/rapport-enquete-lecture_1384503420148-pdf

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      • 29 septembre 2016 à 09:01
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        Sans parler de « moyens démentiels », je pense qu’un enseignant sur deux, au moins, aimerait avoir ne serait ce que la moitié des moyens qui ont été dévolus à l’expérience Alvarez.
        Je comprends votre vision de parent, mais n’oubliez pas que le choix des instits est souvent, pour ne pas dire toujours, limité par leurs contraintes matérielles. Une pédagogie par l’expérimentation quand les élèves ne peuvent pas circuler dans la classe tellement ils sont nombreux, c’est juste impossible. Faire de la manipulation par la peinture ou la cuisine en maternelle alors que vous n’avez pas d’ATSEM et que vous avez 32 élèves à charge, c’est impossible. Changer de matériel pédagogique quand la mairie diminue de 10€ par enfant sa subvention annuelle, c’est impossible.

        Toujours la même chose: il y a plein de théories qui marcheraient peut-être, mais pour qu’elles marchent il faut que les moyens suivent.
        Mais les moyens (locaux, budget) sont donnés aux enseignants non pas par l’éducation nationale, mais par les mairies (pour le primaire) . Mairies dont les subventions d’État baissent chaque année et qui doivent faire des économies sur tous leurs postes de dépenses. Donc on se retrouve avec la paranoia du primaire: une éducation en primaire qui pourrait peut-être être réformée, mais pour la réforme de laquelle ce n’est pas l’éducation nationale qui détient le levier financier et logistique (à part pour la nomination de nouveaux enseignants) et qui dépend donc des priorités de chaque collectivité territoriale…

        Répondre
        • 29 septembre 2016 à 10:31
          Permalink

          Là encore, en attendant que les moyens arrivent, il y a des choses possibles au niveau de la relation. Et on sait déjà depuis longtemps que la relation est essentielle dans l’apprentissage (effet pygmalion).
          Pourquoi ne pas changer ça en attendant que les moyens suivent ?

          Parfois – les jours où je suis de mauvaise foi – je me demande si cette histoire de moyens ne serait pas un moyen de se dédouaner, de ne pas changer en disant « c’est pas ma faute, c’est celle de l’autre donc moi je ne change rien ». Désolée mais au vu de certains comportements – heureusement une minorité dans l’Education Nationale – je me pose quelques fois cette question.

          Répondre
  • 26 septembre 2016 à 11:07
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    Bonjour,

    justement, je pense que 1) le coté « papesse » est très lié à la reprise par les journalistes de son travail, médiatisation indispensable vu l’arrêt du soutien du rectorat, mais qui tend à caricaturer les positions.
    2) Coté moyen, elle dispose d’un peu plus de souplesse en terme d’organisation (classes multi-niveau) mais c’est globalement comparable à ce qui existe dans l’école de ma fille, classée « quartier populaire » et largement désertée par les classes moyennes au profit du privé.
    3) Un exemple: j’ai vu qu’on lui reprochait d’avoir une atsem temps plein: mais c’est systématique dans beaucoup d’écoles! Donc, même si je ne doute pas que certain n’en ont pas, cela reste très commun.
    4) En termes de moyens, ce site indique qu’on lui a payé sa formation montessori d’un an et son matériel. Je ne doute pas que cela représente beaucoup d’argent… mais c’est aussi le cas des formations ESPE, et peut-être que ce genre d’expérimentation -et la médiatisation subséquente- permettra de payer des intervenants Montessori ds la formation initiale des maîtres.
    5) J’ai eu la chance de bosser en Suède il y a 20 ans: à l’époque, avant la « hype » autour de Montessori en France, les suédois l’appliquaient de façon quasi standard; il n’y avait pas de connotation sociale, qui est je crois, et à contresens total, ce qui est reproché à Alvarez aujourd’hui: faire un truc qui plaît aux bourges dans une ZEP
    6) Rien de ce qu’elle a fait n’est révolutionnaire… c’est juste des méthodes qui marchent, parce qu’en accord avec les mécanismes physiologiques d’apprentissage, indépendamment de l’amélioration de la qualité de la relation avec les enfants, qui n’est pas forcément plus mauvaise dans l’enseignement traditionnel
    7) l’erreur – et le reproche sous-jacent- d’Alvarez est d’avoir pris l’administration de l’éduc’nat’ à contre-pied… mais c’était peut-être indispensable vu les pesanteurs de cette maison, dont la culture institutionnelle est à l’opposé de ce que montessori représente.

    Répondre
    • 26 septembre 2016 à 11:27
      Permalink

      « des méthodes qui marchent, parce qu’en accord avec les mécanismes physiologiques d’apprentissage, indépendamment de l’amélioration de la qualité de la relation avec les enfants » : Je ne suis pas d’accord.
      La qualité de la relation est un caractère discriminant de la réussite scolaire. Les élèves qui ont une bonne relation avec un enseignant améliorent leurs résultats, quelle que soit la pédagogie employée.

      Répondre
      • 27 septembre 2016 à 14:53
        Permalink

        Lisez le doc svp, puis revenez en discuter si vous le souhaitez, sinon nous aurons un dialogue de sourds totalement inutile

        L’étude en PJ n’invalide pas votre idée de la relation, mais elle indique que les méthodes pédagogiques basées sur le fonctionnement réel du cerveau lors des apprentissages ont un très fort effet, plus important dans les classes mesurées que l’effet « catégories socio-professionnelle » des parents…

        Répondre
        • 27 septembre 2016 à 14:55
          Permalink

          il s’agit du doc en PJ du commentaire + haut (celui de la fac de versailles), désolé, c’est pas clair

          Répondre
    • 29 septembre 2016 à 09:04
      Permalink

      Des ATSEM à temps plein dans beaucoup d’école ? vous habitez une région formidable… Dans ma ville et les communes autour, ce sont soit des ATSEM à 70%, soit 1 ATSEM de moins que le nombre de classes… On en revient à mon commentaire ci-dessus: les moyens à disposition des enseignants pour « changer de méthode » seront très dépendants de la collectivité territoriale, et ça n’a rien à voir avec l’Education Nationale, qui n’a donc à ce niveau là aucun levier pour faciliter de telles évolutions de pédagogie…

      Répondre
      • 7 octobre 2016 à 15:48
        Permalink

        L’école de ma fille est en « quartier populaire »: la case juste avant REP.

        « j’ai de la chance »

        Bonne journée

        Répondre
  • 26 septembre 2016 à 14:43
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    Bonjour,
    Je n’ai pas lu tous les commentaires, mais il me semble que si ce que vous dites est tout à fait vrai, en revanche, la simple mise en place d’une attitude de remise en cause et de réflexion sur ses pratiques demande du temps et d’y être encouragé (de par son apprentissage, par sa hiérarchie, par des groupes de réflexion, par la logique d’apprentissage qu’on utilise : l’erreur n’est pas un faute mais une information…), ce qui n’est absolument pas le cas, et explique sans doute en grande partie la colère de beaucoup d’enseignants vis-à-vis du travail de Céline Alvarez, elle invite à une remise en question qui pour beaucoup d’enseignants impliquent de disqualifier la qualité passée de leur travail, ce qui leur est insupportable.
    Ensuite, des moyens techniques pour instaurer la bienveilllance et l’expérimentation sont nécessaire (et Céline Alvarez en est l’exemple, elle a pratiqué dans un contexte aidé), on le sait tous, 2 parents qui travaillent et sont épuisés n’ont pas la même capacité de bienveillance qu’une mère au foyer familialement très entourée (par exemple, ou 2 parents à mi temps qui adorent leur boulot, et se ménagent du temps auprès de leurs enfants).
    Un enseignant pour 30 élèves, des programmes surchargés exigeant une évaluation perpétuelle propre à tuer rapidement toutes les velléités d’apprentissage par l’erreur des enfants, des cours de récréation minuscules, entièrement bétonnées, des exigences sans fin sur la limitation des corps et de la mobilité, on se tient droit, on reste en rang, on reste assis, on ne fait pas de bruit, on va au toilettes à heures fixes (parce que l’enseignant ne veut pas laisser errer un enfant seul dans les couloirs), etc…
    Il faut admettre que l’EN, non seulement ne facilite pas le travail des enseignant, mais bien qu’elle leur savonne carrément la planche pour les amener à enseigner l’obéissance et la docilité bien avant toute autre valeur…

    Répondre
    • 28 septembre 2016 à 13:23
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      Entièrement d’accord avec votre premier §: le cas Alvarez est symptomatique d’un problème de (non) management du changement -ce qui est compréhensible, vu que sa démarche n’est pas soutenue par l’institution… qui ne veut clairement PAS du changement-

      Concernant le dernier §, je suis moins d’accord, car les pbs matériels décrits étaient largement les mêmes que ceux rencontrés par Montessori elle-même dans ses expériences italiennes (et par d’autres formateurs dans des contextes difficiles, je pense à Korczak par ex.): l’intérêt de la méthode montessori est justement qu’elle contourne ces difficultés en s’appuyant sur la relation avec les enfants et leur autonomie…

      Encore une fois, ce que fait Alvarez n’est pas révolutionnaire: ce qui l’est, c’est de se confronter à des mesures scientifiques des processus d’apprentissage

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  • 8 juin 2017 à 16:30
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    Je suis tout à fait d’accord avec fanny, c’est difficile d’être enseignant aujourd’hui.
    Ils faut créer une stratégie efficace contre cet phénomène.

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