« Wesh frère ! » ou comment une phrase peut faire exploser les parents de colère

Alors, imaginons un peu la scène. Vous demandez à votre enfant – ou plutôt à votre ado – de venir débarrasser la table, de vider le lave-vaisselle. Un truc simple, banal, du quotidien. Et là, il vous répond : « Wesh frère, j’ai autre chose à faire ! »

Et là, votre sang ne fait qu’un tour, la tension monte, pas le temps de réfléchir : vous partez au quart de tour : « Oui bah je suis pas ton frère, t’as vu comment tu me parles ? »

Et voilà, c’est parti : le repas peut attendre, la dispute est lancée !

Bon, je crois qu’on a tous vécu ces moments où une simple parole nous fait bondir. Ces moments où on a l’impression que notre ado se fout de nous – pardonnez-moi l’expression -, qu’il nous manque de respect. On se sent disqualifié, un peu humilié même.

Dans cet épisode, on va justement parler de la différence entre insolence, rébellion et opposition, et de pourquoi certaines paroles nous allument aussi vite. Et surtout, de ce qu’on peut faire pour réagir autrement.

Allez, on plonge dans ce fameux “wesh frère” et dans tout ce qu’il révèle sur nos relations avec nos enfants.

EP. 27 "Wesh frère !" ou comment une phrase peut faire exploser les parents de colère Du côté des parents !

Vous demandez à votre ado de venir à table, et il vous répond “Wesh frère”. Et là… boum. Le sang ne fait qu’un tour.Vous sentez la colère monter avant même d’avoir eu le temps de réfléchir.Dans cet épisode, on parle justement de ces moments où une parole, un ton, un mot, nous fait perdre notre calme – et de ce que ça dit vraiment de la relation parent-enfant.Au programme :La différence entre opposition, rébellion et insolence (et pourquoi tout mélanger, ça n’aide pas)Ce que cache vraiment le fameux “wesh frère” : une recherche de place plus qu’une attaqueEt surtout, comment répondre sans s’énerver, sans pour autant tout laisser passerUn épisode pour comprendre pourquoi certaines paroles allument nos boutons rouges … et comment désamorcer la prochaine explosion.— 🔗 LIENS ET RESSOURCES 🔗 —-mon blog pour toutes les ressources de l'épisode et une retranscription complète : ⁠ https://blog.scommc.fr/wesh-frere-ou-comment-une-phrase-peut-faire-exploser-les-parents-de-colere/Vous abonner à ma newsletter :⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠ https://blog.scommc.fr/la-newsletter-du-podcast-du-cote-des-parents/⁠⁠⁠⁠⁠Pour en savoir plus sur mon travail (conférences, formations et accompagnements) :⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠https://scommc.fr/⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠Pour faire un don :⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠https://bit.ly/donducotedesparents⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠— 📩 POUR ME CONTACTER 📩 —-par mail : ⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠sandrine@scommc.fr⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠sur Facebook : ⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠Sandrine Donzel – S Comm C⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠sur Instagram : ⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠Sandrine Donzel⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠sur LinkedIn : ⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠Sandrine Donzel⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠— CREDITS —–Musique : Guiton Sketch de Kevin MacLeod , licence : ⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠Source : ⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠http://incompetech.com/music/royalty-free/index.html?isrc=USUAN1100473⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠Artiste : ⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠⁠http://incompetech.com/⁠

C’est une auditrice qui m’a demandé de reparler de la colère des parents, et qui m’a décrit cette scène : elle demande à sa fille de faire quelque chose, et sa fille lui répond « Wesh frère ». Et l’auditrice me dit : « En fait, c’est pas tant ce que dit ma fille qui m’énerve, c’est ma réactivité : je ne réponds pas, je réagis, je bondis. Et ça m’agace, je sais que ça ne sert à rien ! »

Et je trouve ça très juste, parce qu’on a tous ces moments où quelque chose, dans le ton ou dans les mots, vient appuyer pile là où ça fait mal. On sait qu’on va s’énerver, et pourtant on tombe dedans à chaque fois.

Donc ce qu’on va essayer de comprendre aujourd’hui, c’est justement ça : qu’est-ce qui se passe dans ces moments-là ? Pourquoi un mot peut déclencher autant de tension ? Et surtout, qu’est-ce qu’on peut faire de différent.

Insolence, rébellion, opposition, de quoi on parle ?

Avant d’analyser la scène et la réaction du parent, on va peut-être remettre un peu d’ordre dans les mots.
Parce qu’insolence, rébellion, opposition, ce n’est pas tout à fait la même chose — et ça ne nous fait pas réagir pareil.

L’opposition, c’est quand l’enfant dit non. Il ne veut pas.

Mais c’est une résistance ponctuelle, souvent liée à un moment précis ou à une consigne particulière.

L’enfant dans ce cas ne conteste pas le cadre en général, il exprime juste un désaccord immédiat. C’est une manière de dire : « Je veux faire ce que je veux maintenant.”

Quelques exemples : “Non, je veux pas partir !” (il veut continuer à jouer, c’est un refus circonstanciel lié à la frustration), “Je n’ai pas fini ma partie ! ” (ce n’est pas une remise en cause du cadre, mais un refus ponctuel de se plier à une contrainte).

Dans l’opposition, l’enfant protège sa liberté d’action immédiate.

Ce n’est pas le pouvoir qui est remis en cause, c’est l’injonction du moment.

Souvent ça nous agace, parce qu’on sait que ça va prendre du temps, de l’énergie pour contourner l’opposition et obtenir l’adhésion.

Ca nous fait grimper aux rideaux quand ca se reproduit trop souvent ou quand on a déjà fait beaucoup d’efforts pour obtenir la coopération de l’enfant (et là je vous renvoie à mon épisode sur l’escalade de la coopération ).

La rébellion, c’est un peu différent.

Ce n’est plus “je ne veux pas faire ça maintenant”, mais “je ne veux plus que tu m’imposes des choses.”

C’est une contestation du cadre lui-même : de la manière dont les règles sont décidées, ou imposées.

C’est une manière de dire : “Vos règles ne me conviennent pas.”
Ca peut s’exprimer par des : « Pourquoi c’est toujours toi qui décides à quelle heure je me couche ?”, “C’est pas juste, toi tu regardes encore la télé et moi j’ai pas le droit.”, “Franchement, vous me laissez jamais tranquille, vous contrôlez tout.”

La rébellion apparaît souvent :

  • quand l’enfant s’est senti non entendu à plusieurs reprises dans ses oppositions,
  • ou quand le cadre est trop imposé, trop unilatéral, sans marge de négociation.

Et là, le message profond n’est plus “je veux faire ce que je veux à certains moments”, mais : “Je veux retrouver du contrôle sur ma vie” “Je veux peser dans le game !” (Pour le dire de façon ado).

C’est comportement sont donc souvent des tentatives de communication, pas forcément très adroites ou très bien comprises par les adultes, mais quand même.

Et puis il y a l’insolence.
L’insolence est un peu à part.

Elle ne s’attaque ni à la règle, ni à la demande : elle s’attaque à la relation et à la place respective de chacun.


On n’est plus dans la contestation d’une règle, ni dans le refus de faire. On est dans quelque chose de beaucoup plus subtil.

L’insolence, ce n’est pas “je ne veux pas faire ce que tu demandes”, ni “je ne veux plus que tu décides pour moi”. C’est plutôt “je ne veux pas être en position basse.” (Et peu importe que je fasse le truc ou non).

L’insolence est une manière pour quelqu’un qui se sent dominé – donc en position basse – de reprendre du pouvoir. Mais qui se fait en douce, souvent de manière presque imperceptible : un simple sourire peut être perçu comme insolent, tout simplement parce que ce sourire dit « tu n’as aucun pouvoir sur moi ».

Et c’est pour ça qu’elle est si déstabilisante : parce qu’en apparence, elle ne conteste rien … mais qu’au fond elle renverse la hiérarchie.

L’insolence cherche à rétablir l’égalité.

D’ailleurs on ne parle d’insolence que quand il y a un rapport de pouvoir et pour qualifier l’attitude de celui qui remet en cause le pouvoir justement (donc celui qui est dominé).

Et celui qui provoque – celui qui est dominé – a le pouvoir de faire dégoupiller celui qui est provoqué.

J’avais fait une longue vidéo avec Lara sur ce sujet :

(elle date un peu, soyez tolérant sur la qualité !)

Maintenant que nous avons fait cette distinction revenons à notre wesh frère !

Ce qui renforce l’utilisation de la provocation ou de l’insolence …

Il est difficile de savoir si le wesh frère est de l’opposition ou de l’insolence, peut-être un peu des 2 !

Quand cette jeune fille dit « wesh frère » et que le sang de sa maman ne fait qu’un tour, c’est qui fait réagir cette maman, ça peut être : un sentiment d’injustice.

On essaie d’être à l’écoute, de ne pas trop en demander, d’être plutôt cool… et malgré ça, on se prend un « wesh frère » ! Merde à la fin, elle pourrait quand même me faciliter la vie non ?

Et puis, il y a aussi le sentiment d’injustice entre adultes : « Pourquoi elle me répond à moi comme ça et pas à son père ? » par exemple.

Mais ça reste dans la même famille : celle de l’injustice perçue. Ce qui donne envie de voler dans les plumes de la jeune fille pour rectifier l’injustice évidemment.

Il peut y avoir la peur du glissement éducatif : « Si elle parle comme ça à 13 ans, demain ce sera quoi ? »
Bref, on réagit à tout ce que ce wesh frère peut symboliser … et on veut rectifier toute son éducation d’un coup !

Si on perçoit de l’insolence dans ce wesh frère, ça va rentrer dans cette catégorie : face à l’insolence, on sent qu’on perd notre pouvoir et ça nous fait réagir, souvent violemment pour retrouver le pouvoir perdu.

L’enfant, lui, n’est pas forcément dans la provocation volontaire.

Il exprime souvent simplement sa frustration face à une contrainte ponctuelle (opposition). Et pour se sentir moins impuissant, il peut essayer de reprendre un peu de pouvoir en utilisant la provocation ou l’insolence.

Le « wesh frère », c’est parfait pour ça : en un mot, il remet la relation sur un terrain d’égalité.

Et comme c’est un mot qui fait réagir sa maman dans ce cas, cette ado sait qu’elle touche juste.

Le parent répond en recadrant ; et ce recadrage vient, paradoxalement, confirmer à l’enfant qu’il a du pouvoir. Et soit dit en passant : plus on se dispute, plus le lave-vaisselle attend.

Donc en plus, ça retarde la tâche ! Et je suis prête à parier que souvent la dispute fait perdre de vue la tache.

Et pour un enfant en bonne sécurité affective, une dispute de temps en temps, ça n’est pas très grave (et si ça peut éviter une tache pénible, c’est toujours bon à prendre, oui oui je vous assure !)

Alors, comment on fait pour moins s’énerver ?

Déjà, repérer ce que ça vient toucher : est-ce la forme, le fond, la peur de perdre le contrôle, le sentiment d’injustice ? Ça aide à comprendre d’où vient notre réaction et donc aussi à mieux mesurer si ça vaut vraiment la peine de réagir ou pas sur ces trucs là.

Et ensuite, se rappeler que dans la relation parent-enfant, il y a toujours deux objectifs : l’objectif éducatif, et la qualité de la relation.

Et l’équilibre entre les deux, c’est tout l’art de la parentalité.

Si on est trop centré sur l’objectif, on abîme la relation ; si on est trop centré sur la relation, on perd de vue l’objectif.

Dans ce type de situation, parfois, il est utile lâcher l’objectif temporairement, pour redonner un peu de place à la relation. C’est-à-dire : entendre le message sous-jacent.

Si on reste sur l’objectif, on risque fort de se heurter à la lutte dans la relation, notamment en cas d’insolence ! Et c’est l’escalade et la dispute assurée.

En plus l’insolence s’apparente à une mécanique proche de celle du harcèlement : l’insolence se nourrit du pouvoir qu’elle donne. Plus la personne visée réagit, plus l’insolence est renforcée.

Le « wesh frère », c’est probablement juste : « C’est frustrant, ce que tu me demandes, j’ai vraiment pas envie de le faire. » Et plutôt que de réagir sur la forme, on peut répondre sur le fond : « Ah bah oui, je sais, c’est vraiment pénible de vider le lave-vaisselle, t’avais sûrement mieux à faire. Merci d’avance !»

Et là, on vient de soigner la relation, de désamorcer l’insolence, sans perdre notre place.

Autre proposition : la prochaine fois que votre enfant vous dira « Wesh frère » en vidant le lave-vaisselle,
essayez juste de sourire intérieurement, et de répondre tranquillement :

« Yo sœur, la vie de ma mère, je te comprends, c’est grave relou de vider le lave-vaisselle. »

Cela parait de montrer que vous avez compris et la frustration et la tentative d’insolence mais que vous ne vous laissez pas prendre au jeu !

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Pour finir …

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Sandrine Donzel

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