« Maman, j’ai fait un cauchemar … je n’avais plus de papa ni de maman … »
22h, je suis sur le canapé et je regarde la télé. J’entends ma fille ouvrir la porte de sa chambre et sortir en pleurant. Elle descend les escaliers et me dit en sanglotant :
Maman, j’ai … fait un … cauchemar … Je … Je n’avais plus … plus de papa ni de … ni de maman …
Un gros chagrin pour une grosse angoisse
De grosses larmes coulent sur ses joues et ses épaules sont secouées de sanglots.
Je l’invite à me rejoindre sur le canapé. Elle se réfugie sur mes genoux, larmoyante, désespérée, roulée en boule contre moi.
Pauvre petite cocotte …
Je me retiens de la rassurer. Je sais qu’elle n’est pas dupe : le papa d’une de ses camarades d’école est décédé brutalement ; nous avons entendu parler il y a quelques mois d’un grave accident de la route où un couple est décédé. Elle sait que c’est possible et essayer de la détromper ne servirait rien, à part à l’inquiéter encore plus sur le fait que j’essaie peut-être de lui cacher la vérité.
Rassurer les enfants n’est pas forcément rassurant pour eux
– Oh ma chérie … c’est dur de penser ça … C’est vrai que c’est triste d’imaginer qu’on n’a plus de papa ni de maman.
– … oui …
– Oui ça peut arriver, c’est vrai. Et ce serait vraiment dur si ça arrivait. Tu serais surement très très triste.
Elle acquiesce en silence, des larmes coulent sur ses joues mais je la sens attentive, elle me regarde, elle n’est plus secouée de sanglots comme au début.
– Est-ce que tu sais ce qui se passerait si ça arrivait ?
– … non …
– Tu serais triste, mais ça, c’est normal, c’est dur de perdre son papa et sa maman … Après Papy N. et Mamie J., Papy A. et Mamie M. viendraient s’occuper de vous. Il y aurait quelqu’un d’autre que tu aimerais voir venir s’occuper de toi ?
– … oui, B.
B., c’est la baby-sitter, la fille de nos voisins qui s’occupent d’eux quand nous nous absentons.
– OK, alors je demanderai à B. si elle peut venir vous voir souvent et de s’occuper de vous aussi.
Puis elle se remet à pleurer un peu plus fort et me dit :
– Et je serai vraiment vraiment triste …
– Oui, ma chérie, probablement … Mais tu sais ce que j’aimerais, moi, quand je serai morte ?
– non …
– Ce que j’aimerai, c’est savoir que tu continues à faire des choses que tu aimes, aller à l’école, danser, … que tout le temps que nous aurons passé ensemble sera un bon souvenir pour toi.
Elle pleure à nouveau mais je vois son sourire à travers les larmes. J’ajoute :
Et même si je suis morte, je serai toujours là (et je pointe un doigt vers son coeur).
Elle me sourit franchement, me fait un gros câlin et repart se coucher sans un mot.
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Tous les mercredis à 9h30, je tire au sort une question parmi celles qui me sont envoyées par mail. J’y réponds en vidéo en direct sur la page Facebook de S Comm C. Cette question peut porter sur tous les sujets abordés sur le blog : émotions, relations dans le couple, la famille, au travail, stress, confiance en soi, insomnies, dépression, …
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Et si mes parents étaient morts ? des ressources complémentaires
Sur ce blog :
- le ballon émotionnel pour comprendre le mécanisme d’apaisement émotionnel
- Le guide des émotions : la tristesse
- le guide des émotions : la peur
- et tous les articles de la rubrique « Avec les enfants »
Quelques livres (liens affiliés) :
« Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent »
quel bel exemple tu me donnes… j’adore ce livre que je dévore a chaque temps libre (sans malheureusement avoir pu trouver un stage où développer cet acquis de papier)
j’aimerais pouvoir arriver a ta maîtrise de cette « technique » d’écoute.
pour pouvoir être une maman « zen’, j’ai besoin d’une béquille nutritionnel (complément alimentaire): du magnésium.
mes habiletés me font souvent défaut au moment opportun, malheureusement
en tout cas, merci pour ton blog que je viens de découvrir.
il vient d’etre mis dans mes favoris.
La zénitude n’est pas un but en soi 😉 … et je dirais même que la zénitude arrive quand on renonce à être zen :-D.
Ping :S Comm C, le blog » Blog Archive » « A quoi ça sert de vivre si on meurt à la fin ? », un livre pour aborder la mort avec les enfants
Merci pour cet article qui me conforte dans ma façon de répondre à ma fille!
Bonjour, je suis très régulièrement votre blog et il m’aide beaucoup tant avec mes filles qu’avec toutes les personnes que je côtoie qu’ils soient adultes ou enfants. Ma fille de 6 ans 1/2 a des angoisses sur la mort, mais relatives à sa propre mort. Elle m’a dit hier qu’elle ne voulait pas que sa vie finisse un jour et qu’elle avait très, très peur de mourir et qu’elle ne voulait plus grandir. Tout ça en sanglotant. Et je ne sais pas trop d’où ça vient car il ne s’est rien passé de particulier ces derniers jours. Que répondre à de telles questions ?
je crois qu’on ne peut pas faire grand chose à part accueillir l’émotion. C’est une peur universelle. Le livre de ma collègue Emmanuelle Piquet pourrait faire un bon point de départ à une discussion à ce sujet :A quoi ça sert de vivre si on meurt à la fin ?
Merci pour ce partage d’expériences. C’est dur pour eux et pour nous aussi. La peur de la mort m’est apparue de façon forte et troublante après la naissance de mon premier (je n’y pense plus trop maintenant).