La colère chez les parents : comment s’énerver moins sur ses enfants ?

Après avoir parlé de la colère avec Cécile Guinnebault, mis en évidence son utilité, ses mécanismes et ses pièges dans mes généralités sur la colère puis parlé de la colère des enfants, il était temps d’aborder un sujet qui revient très souvent en consultation : la colère des parents. Comme beaucoup de parents, vous aimeriez vous énerver moins, être plus patient(e)… Mais malgré vos efforts, la colère finit toujours par exploser et ça finit en cris. Comment apaiser ces crises et éviter de vous énerver autant ? Cet article devrait vous donner quelques clés …

Comme à mon habitude, cet article ne contient rien de magique – pas d’astuces pour calmer vos émotions comme par enchantement ! – mais une compréhension des mécanismes des accès de colère pour vous permettre d’intervenir au bon niveau et au bon moment.

Voici donc enfin l’épisode consacré à la colère des parents, un sujet que vous attendiez sans doute avec impatience et qui revient très fréquemment en consultation. C’est une préoccupation majeure pour de nombreux parents : beaucoup estiment qu’ils s’énervent trop, qu’ils manquent de patience et aimeraient réussir à garder leur calme plus souvent.

Ep. 12 La colère des parents Du côté des parents !

Episode 12 – "Du côté des parents !" : La colère chez les parentsAprès avoir exploré la colère avec Cécile Guinnebault, abordé ses mécanismes généraux et parlé de celle des enfants dans l'épisode précédent, il est temps de s’attaquer à un sujet qui revient souvent en consultation : la colère des parents.Pourquoi on s’énerve trop ? Pourquoi on explose alors qu’on voulait être patient ? Et comment sortir de ce cercle vicieux sans s’épuiser ni culpabiliser ?Dans cet épisode, je vous aide à comprendre ce qui nourrit votre colère et comment mieux la réguler.— 🔗 LIENS ET RESSOURCES 🔗 —-mon blog pour avoir les articles sur l'écoute dont je parle et la retranscription de l'épisode : https://blog.scommc.fr/la-colere-chez-les-parents-comment-senerver-moins-sur-ses-enfants/vous abonner à ma newsletter :⁠⁠⁠⁠⁠ https://mailchi.mp/scommc/podcast⁠⁠⁠⁠⁠pour en savoir plus sur mon travail (conférences, formations et accompagnements) :⁠⁠⁠⁠⁠https://scommc.fr/⁠⁠⁠⁠⁠Pour faire un don :⁠⁠⁠⁠⁠https://bit.ly/donducotedesparents⁠⁠⁠⁠⁠— 📩 POUR ME CONTACTER 📩 —- par mail : ⁠⁠⁠⁠⁠⁠sandrine@scommc.fr⁠ sur Facebook : Sandrine Donzel – S Comm C sur Instagram : Sandrine Donzel sur LinkedIn : Sandrine Donzel— CREDITS —–Musique : Guiton Sketch de Kevin MacLeod , licence : ⁠⁠⁠⁠⁠https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/⁠⁠⁠⁠⁠Source : ⁠⁠⁠⁠⁠http://incompetech.com/music/royalty-free/index.html?isrc=USUAN1100473⁠⁠⁠⁠⁠Artiste : ⁠⁠⁠⁠⁠http://incompetech.com/⁠

Avant d’entrer dans le vif du sujet, un petit rappel : si vous n’avez pas encore écouté les épisodes précédents, ils peuvent apporter des éclairages complémentaires. Bien sûr, vous pouvez commencer par celui-ci, mais je prendrai tout de même le temps de résumer les points essentiels abordés auparavant.

  • conversation sur la colère : au cours d’une discussion avec ma collègue et amie Cécile Guinnebault, nous identifions les grands principes de la colère et ses mécanismes, en faisant le parallèle entre la colère en famille et la colère au travail
  • Mieux comprendre la colère : je reviens sur les mécanismes de la colère et ce qui peut générer ses emballements
  • La colère des enfants : je donne des clés pour comprendre la colère chez les enfants et y réagir de manière plus efficace
  • La colère des parents : cet article

Un rappel sur la fonction de la colère

La colère, comme toute émotion, a une fonction : elle nous signale que quelque chose ne va pas, qu’un besoin n’est pas satisfait, qu’une limite a été franchie ou qu’une valeur importante n’a pas été respectée. En soi, elle est donc légitime.

Ce qui pose problème, ce ne sont pas les émotions elles-mêmes, mais les débordements émotionnels qu’elles peuvent provoquer.

En général, ces débordements surviennent lorsqu’on accumule des frustrations ou des échecs. Ces échecs peuvent prendre deux formes : soit on tente d’agir pour changer la situation, mais sans obtenir les résultats espérés, soit on s’abstient d’agir alors qu’une action serait nécessaire. Dans les deux cas, la colère monte et finit par exploser.

C’est à ces deux grandes catégories de situations que je vais consacrer cet article, car elles reviennent fréquemment dans mon travail avec les parents.

Quand on s’énerve parce qu’on n’a pas assez écouté sa colère …

Le premier cas – peut-être le plus courant, bien que ce ne soit pas systématique – concerne le fait de ne pas respecter assez tôt sa propre colère. Autrement dit, le parent ne prend pas suffisamment de mesures pour faire respecter ses limites.

J’avais déjà abordé ce sujet dans un article écrit il y a plusieurs années, intitulé « Comment vouloir être bienveillante m’a presque rendue maltraitante ».

Ce mécanisme est assez classique :

Le parent, dans un premier temps, ne dit rien. Il considère que ses besoins et ses limites ne sont pas aussi légitimes que ceux de son enfant. Il fait des efforts pour passer outre ses propres besoins.

Cette posture est particulièrement compréhensible dans la petite enfance. Un tout-petit ne peut pas encore vraiment différer la satisfaction de ses besoins. Mais si cette tendance se prolonge trop longtemps, une tension finit par émerger.

Car à un moment donné, une part du parent trouve la situation inacceptable et cherche à rétablir un équilibre. C’est une réaction naturelle et nécessaire. Cette part de nous qui réclame le respect de nos besoins n’est pas là pour nous compliquer la vie : son rôle est de nous protéger, de prévenir l’épuisement et de nous préserver.

Lorsque cette part du parent qui cherche à faire respecter ses besoins commence à s’exprimer plus fermement, elle envoie un message clair : « Tu as des besoins, ils comptent aussi, tu dois les faire respecter. »

Mais une autre part du parent intervient immédiatement pour la contredire : « Non, les besoins de l’enfant sont plus importants, c’est à moi de prendre sur moi. ». C’est cette partie qui l’a incité au départ à faire passer les besoins de l’enfant avant les siens.

Ce qui se produit alors, c’est un cycle où la part qui veut poser des limites cède et se tait pendant un moment… mais finit toujours par revenir à la charge.

Et plus elle est ignorée ou comprimée, plus elle risque d’exploser de manière excessive, dans un débordement incontrôlé. C’est une façon brutale de dire : « Stop ! Ça suffit, arrête de te laisser marcher sur les pieds ! »

Après l’explosion, la culpabilité prend le relais. La part du parent qui veut privilégier son enfant tente à nouveau de réprimer cette colère, comme si elle enfermait ses propres besoins dans une malle. Mais plus on tente de refermer le couvercle, plus cette part protectrice accumule de la pression… et plus elle finira par exploser violemment lorsqu’elle parviendra à sortir.

Et lorsqu’elle éclate, elle envoie tout valdinguer ! Ca fonction première est la protection, ce qui lui confère elle possède une puissance énorme, justement pour nous protéger malgré nous.

Ce cycle pousse alors de nombreux parents à se dire : « Je vais essayer d’être plus patient, plus tolérant, je vais encore prendre sur moi. » Mais ce raisonnement ne fait qu’alimenter la prochaine explosion sans résoudre le problème au fond.

Une variante fréquente : poser des limites… mais sans aller jusqu’au bout

Un cas de figure proche, mais légèrement différent, est celui où le parent exprime ses limites, mais sans s’assurer qu’elles sont respectées.

C’est souvent le cas de parents qui misent beaucoup sur la coopération et la collaboration de leur enfant, en espérant que les explications et les outils de la coopération suffiront à lui faire entendre raison.

Quand on mise beaucoup sur les explications et la patience, espérant qu’à force de répéter calmement et de donner du sens à ses demandes, on s’attend à ce que l’enfant finisse par coopérer spontanément. On espère qu’il se dise : « Oui, c’est logique, je vais le faire, c’est important pour mon parent. » ou encore « Je comprends pourquoi on me demande ça, donc je vais m’exécuter. »

Dans l’absolu, expliquer à un enfant pourquoi on lui demande quelque chose est une excellente démarche. Cela permet d’éviter une relation purement autoritaire et l’aide à mieux comprendre le monde qui l’entoure. Ces outils de coopération et de collaboration sont donc très précieux… mais ils ont aussi leurs limites.

Car même si l’enfant comprend parfaitement le sens d’une consigne, cela ne signifie pas nécessairement qu’il aura envie de l’appliquer. Parfois, cela lui demande un effort qu’il n’a pas envie de fournir, ou bien il préfère tout simplement faire autre chose.

C’est là que la croyance selon laquelle expliquer suffit à obtenir la coopération peut devenir trompeuse. Car dans certaines situations, même avec toute la pédagogie du monde, l’enfant risque de ne pas répondre comme on l’attend.

C’est ce que j’avais observé avec une maman dont j’avais parlé dans l’épisode avec Cécile, si je me souviens bien.

Elle voulait que je lui dise quelles limites poser à ses enfants. Sa demande m’a un peu surprise, alors je lui ai posé une question en retour : « Pour vous, qu’est-ce qu’une bonne limite ? »

Sa réponse a été révélatrice : « Une limite que mes enfants accepteraient sans discuter. »

Or, c’est justement là que réside le paradoxe : une limite, par définition, est quelque chose qui contrarie, qui impose un effort, qui ne va pas dans le sens du désir spontané de l’enfant. Si une règle ne dérange personne, ce n’est pas une limite : c’est une simple demande à laquelle l’enfant répond avec plaisir, ou quelque chose que l’enfant aurait fait naturellement.

Autrement dit, chercher à poser des limites sans confrontation est une illusion. Toute limite soulève un frottement, un moment de résistance – et c’est précisément ce qui la définit.

Ici, on touche directement au mythe du gagnant-gagnant. Poser une limite, c’est accepter qu’il n’existe pas toujours de solution qui convienne à tout le monde.

Bien sûr, lorsqu’un compromis satisfaisant peut être trouvé, il est préférable de le privilégier. Mais la plupart du temps, poser une limite signifie assumer qu’elle ne plaira pas, que l’enfant va râler, protester… et malgré cela, tenir bon.

Cette réflexion nous amène à une difficulté centrale : celle de la responsabilisation. Pour approfondir ce sujet, je vous renvoie à un article de mon blog intitulé « Quelle est la différence entre menacer et poser ses limites ? ». Il offre plusieurs clés de compréhension sur ce point.

Je prévois également un article dédié au processus de responsabilisation, car il s’agit d’un mécanisme complexe qui mérite d’être exploré en détail.

Je ne vais donc pas entrer dans toutes les subtilités ici, mais il est essentiel de retenir un élément fondamental :

Le problème ne réside pas tant dans le fait de poser une limite, mais dans la tendance à répéter encore et encore, sans véritablement aller jusqu’au bout du processus.

Chaque répétition supplémentaire rapproche le parent de l’explosion de colère. Autrement dit, plus on répète, plus on s’expose au risque de s’énerver.

Si l’objectif est de moins s’énerver, une des premières étapes consiste donc à réduire le nombre de répétitions. Lorsqu’expliquer, répéter et donner du sens ne suffisent pas à obtenir la coopération de l’enfant, ce n’est pas parce qu’il ne comprend pas, mais parce que l’effort que cela lui demande lui semble plus coûteux que les conséquences de ne pas le faire.

En d’autres termes, tant que ne pas obéir lui coûte moins cher que faire ce qu’on lui demande, il choisira logiquement la voie la plus facile.

S’énerver moins, c’est souvent responsabiliser plus

Une question clé à se poser dans ces moments-là est donc : Quel bénéfice mon enfant aurait-il à faire ce que je lui demande ?

Si un enfant ne perçoit aucun bénéfice à faire ce qu’on lui demande, il est peu probable qu’il s’exécute spontanément.

Certains parents me disent : « Mais au moins, ça lui éviterait de se faire gronder ! » Certes, être grondé n’est pas agréable… mais il s’avère – et c’est quelque chose que j’observe régulièrement – que pour un enfant sécurisé affectivement, les engueulades des parents ne sont pas aussi dramatiques qu’on pourrait le penser.

En général, ces enfants savent que, malgré les tensions, la relation avec leurs parents reste solide. Ils ont expérimenté que, même après une dispute ou une colère, tout revient vite à la normale. Autrement dit, se faire gronder n’est pas un problème suffisant pour les motiver à changer leur comportement.

Quel intérêt/bénéfice aurait mon enfant à faire ce que je lui demande ?

Dans cette logique, pour être plus efficace, il faut se poser une autre question : Quelles sont les conséquences pour l’enfant s’il ne fait pas ce qui est demandé ?

Lorsque ces conséquences peuvent directement reposer sur lui – par exemple, son travail scolaire, la préparation de son sac pour l’école, s’habiller, préparer ses affaires pour une activité extra-scolaire – alors l’approche la plus efficace et la plus reposante pour les parents est généralement celle de la responsabilisation.

L’idée est simple : plutôt que de répéter encore et encore, on laisse le choix à l’enfant de faire ou de ne pas faire… en sachant que c’est lui qui assumera les conséquences. Ce sont ces conséquences directes qui l’aideront à ajuster son comportement.

Si un enfant oublie son matériel et ne peut pas participer à son cours de sport, ou s’il se fait rappeler à l’ordre par son enseignant parce qu’il n’a pas fait ses devoirs ou oublié sa trousse, ces conséquences ont souvent bien plus d’impact que de simplement se faire gronder par ses parents.

Quand les conséquences d’un oubli ou d’un manquement reposent directement sur l’enfant, la responsabilisation devient plus facile et plus efficace.

Mais attention, responsabiliser ne signifie pas simplement laisser faire : cela suppose de laisser le choix à l’enfant sans le couver de rappels et de conseils.

L’attitude à adopter pourrait être : « Je me rends compte que c’est frustrant pour toi que je sois toujours en train de te rappeler ce que tu dois faire. C’est même un peu infantilisant et dévalorisant, comme si je pensais que tu n’étais pas capable de gérer. Mais en réalité, tu es grand, tu vas pouvoir le faire par toi-même. À partir de maintenant, je ne te le rappellerai plus. C’est toi qui gères. »

Et surtout, si l’enfant oublie ou ne fait pas ce qu’il aurait dû, il est très important de ne pas tomber dans le « Tu vois, je te l’avais bien dit ! ». Faire la morale après coup annule complètement l’effet de responsabilisation. L’enfant doit pouvoir aller au bout des conséquences par lui-même, sans qu’un adulte vienne en rajouter une couche. C’est cette expérience directe qui lui permettra d’apprendre et de s’ajuster.

Cela fonctionne bien lorsque les conséquences sont naturelles et retombent directement sur l’enfant. Mais il existe aussi des situations où les choses sont plus complexes, notamment lorsque l’enjeu ne repose pas uniquement sur lui.

Et quand les conséquences ne sont pas vraiment directes et ne permettent pas à l’enfant de se responsabiliser facilement ?

Lorsque les conséquences ne retombent pas directement sur l’enfant ou qu’elles sont trop éloignées dans le temps – comme se laver les dents, débarrasser la table ou vider le lave-vaisselle – la responsabilisation devient plus compliquée.

Dans ces cas-là, une première approche peut être simplement d’exprimer son ras-le-bol des rappels incessants :

« Je trouve frustrant de devoir répéter encore et encore, donc je vais arrêter de le faire. J’attends de vous que vous vous mobilisiez un peu plus. Si vraiment ce n’est pas fait, il y aura peut-être des conséquences, mais je ne sais pas encore lesquelles, je vais y réfléchir. »

Ce type de formulation, que j’ai souvent vu provoquer des changements positifs, laisse entendre que la responsabilité revient à l’enfant, sans que le parent ait besoin d’insister.

Cela dit, ce genre d’approche peut soulever des questions éthiques : Suis-je en train de faire du chantage ? Est-ce que je manipule mon enfant ? Ce sont des interrogations importantes, qui mériteraient une réflexion approfondie et que je ne vais pas développer ici.

Mais ce que je veux surtout souligner, c’est un point essentiel : tenir une limite demande de l’énergie.

Plutôt que d’espérer qu’expliquer encore et encore finira par motiver l’enfant, il peut être plus efficace d’accepter une réalité simple : dans certains cas, il faudra être derrière lui.

Cela signifie parfois assumer un rôle plus actif :

« Oui, je vais rester dans ta chambre jusqu’à ce que ton sac soit prêt. Je sais que tu trouves ça pénible, que ça t’agace, mais je vais rester là et attendre que ce soit fait. »

L’essentiel ici est d’éviter de s’accrocher à la plainte de l’enfant. S’il râle, s’il peste, inutile de lui dire « Maintenant, arrête de râler ! ». Il suffit de rester ferme, sans se laisser entraîner dans un débat émotionnel. Dans ces situations, ce n’est pas l’explication qui fait bouger les choses, mais la présence et la constance du parent, qui, sans s’énerver et en laissant couler la plainte de l’enfant, montre que la limite est bien réelle et non négociable.

Cet ajustement – aller au bout d’une limite sans entrer dans ce qui pourrait ressembler à du chantage – peut déjà représenter un changement important dans la gestion des colères parentales.

On s’énerve aussi quand on veut trop faire respecter ses limites …

Jusqu’ici, j’ai surtout abordé les colères liées au fait de ne pas poser ou de ne pas faire respecter suffisamment fermement des limites essentielles pour le parent. Mais il existe un autre mécanisme qui peut tout autant provoquer des explosions de colère : poser trop de limites et se retrouver à devoir constamment les faire respecter.

Un point essentiel à rappeler ici est que chaque règle, chaque limite posée demande de l’énergie pour être appliquée et maintenue.

Si vous vous sentez épuisé.e par la gestion du cadre avec vos enfants, il peut être utile de vous poser cette question : « Ai-je posé plus de limites que ce que je suis réellement capable de faire respecter ? »

Cela me fait penser à un concept fondamental que j’ai découvert au cours de ma formation initiale : avant d’être psychopraticienne, je suis ingénieure en mécanique, formation durant laquelle j’ai suivi des cours de thermodynamique. Et dans cette matière il existe une notion clé appelée l’entropie.

L’entropie, qu’est-ce que c’est ? Pour résumer de manière simple et un peu caricaturale (mais efficace !), on peut dire que c’est la tendance naturelle de l’univers au désordre.

Autrement dit, si l’on veut maintenir un système dans un état ordonné, il faut y injecter de l’énergie. Sans intervention, le désordre s’installe progressivement.

Et d’une certaine façon, les enfants sont de parfaits agents entropiques : par leur comportement, leurs explorations, leur remise en question constante des règles, ils apportent du désordre au système familial.

Ce n’est pas un problème en soi – au contraire, c’est aussi ce qui permet l’évolution et l’adaptation du monde. Mais pour les parents, qui cherchent souvent à maintenir un certain ordre (dans l’environnement, mais aussi dans les comportements et les règles), cela représente un effort constant.

D’où l’importance d’avoir conscience que chaque règle posée demande de l’énergie pour être maintenue. Plus on en fixe, plus il faudra en assurer le suivi… et plus on risque de s’épuiser.

Chaque règle posée demande de l’énergie pour être maintenue.

Sur un plan plus personnel, je me considère plutôt comme une maman pragmatique, voire un peu flemmarde sur certains aspects.

J’ai toujours préféré poser peu de règles, justement pour ne pas m’épuiser à les faire appliquer en permanence. J’ai eu la chance que cela fonctionne bien avec mes enfants : ils ont acquis beaucoup d’autonomie et, avec le temps, certaines règles se sont mises en place d’elles-mêmes, sans que j’aie à les imposer moi.

Mais j’ai aussi conscience que cela n’aurait pas forcément été aussi fluide dans d’autres circonstances. Avec des enfants au tempérament différent, j’aurais probablement dû investir plus d’énergie pour garantir le respect de certaines règles.

C’est pourquoi je m’adresse ici aux parents qui ont un cadre très structuré, avec beaucoup de règles. Et je tiens à le dire clairement : je leur tire mon chapeau.

Avoir un cadre bien défini est tout à fait légitime et peut être une approche très efficace. Il n’y a aucun jugement à avoir là-dessus. Mais il est important de garder en tête que chaque règle coûte de l’énergie.

Or, il arrive parfois que l’on manque de cette énergie pour tenir toutes les règles qui nous tiennent à cœur.

Cela peut être temporaire – un moment de fatigue, une période chargée au travail, une préoccupation familiale – ou plus global, lorsqu’un autre sujet vient mobiliser trop de ressources psychiques, rendant le maintien du cadre plus difficile au quotidien.

Ce manque d’énergie peut être temporaire, lié à un changement personnel ou professionnel, une maladie, un deuil, ou toute autre situation qui vient puiser dans les ressources psychiques du parent. Mais il peut aussi être plus structurel, notamment lorsque les enfants grandissent et que l’énergie nécessaire pour maintenir le cadre devient plus importante.

En effet, si le cadre ne s’est pas suffisamment élargi pour s’adapter à l’évolution des besoins de l’enfant, il peut devenir de plus en plus difficile à tenir. Les résistances augmentent, les tensions s’accumulent, et le parent se retrouve dans un bras de fer constant où chaque règle devient une bataille épuisante.

À ce stade, le parent peut ressentir un véritable ras-le-bol : il continue de mettre de l’énergie pour faire respecter les règles, mais la résistance en face demande encore plus d’efforts… jusqu’à ce que l’épuisement prenne le dessus.

Là où, dans la première partie, nous parlions de parents qui avaient besoin de poser plus clairement leurs limites et de mieux faire respecter leurs besoins, ici, nous sommes face à une problématique inverse : ces parents ont peut-être besoin d’ajuster leur cadre, de lâcher prise sur certains aspects afin de retrouver un équilibre plus tenable.

Il est tout à fait possible d’ajuster le cadre de plusieurs manières pour éviter l’épuisement parental.

  • Choisir ses combats : Assumer que certaines règles nécessiteront plus d’énergie et d’investissement, tandis que d’autres pourront être mises de côté, temporairement ou définitivement.
  • Diminuer son niveau d’exigence : Revoir les objectifs que l’on s’était fixés en termes de cadre et accepter que tout ne puisse pas être maintenu à un niveau optimal en permanence.
  • Tenir le cadre à temps partiel : Cela peut sembler contre-intuitif, mais appliquer certaines règles un jour sur deux, en semaine mais pas le week-end, ou encore une semaine sur deux peut s’avérer très efficace. Bien sûr, cela dépend de l’âge des enfants et des contraintes du quotidien, mais cette approche peut considérablement alléger la charge mentale des parents.

J’en avais peut-être déjà parlé dans l’épisode avec Cécile (difficile de s’en souvenir après tant d’enregistrements !), mais cette approche peut vraiment offrir un soulagement aux parents tout en favorisant une meilleure adhésion des enfants.

D’ailleurs, il peut être très bénéfique d’expliquer cette démarche aux enfants en adoptant un discours clair et sincère : « On sait que notre cadre peut être un peu fatigant à supporter pour vous. Et nous aussi, on trouve que c’est fatigant de le tenir tout le temps. Donc on a décidé qu’il y aura toujours des règles, mais qu’elles s’appliqueront plutôt un jour sur deux / la semaine et pas le week-end/(insérez ici votre choix).»

Ce qui est assez surprenant, c’est que, très souvent, lorsque les enfants perçoivent que leurs parents font cet effort de flexibilité et montrent de la compréhension pour le fait que leur cadre est difficile à respecter par les enfants, ceux-ci sont souvent plus enclins à coopérer spontanément. Un peu comme si le fait de sentir qu’ils ne sont pas enfermés dans un cadre rigide leur donnait envie d’y adhérer davantage.

Ce n’est pas systématique, mais cela arrive fréquemment. Et si ça n’arrive pas, au moins on met de l’énergie seulement un jour sur 2 !

En résumé :

La colère est l’expression de besoins non satisfaits. Ce que l’on cherche à éviter, ce ne sont pas les émotions elles-mêmes, mais les explosions de colère, qui résultent principalement de deux processus :

Ne pas faire respecter suffisamment ses besoins

  • Soit on n’exprime pas clairement ses limites
  • Soit on ne va pas jusqu’au bout pour les faire respecter
  • Résultat : des explosions de frustration
  • La solution ? Mettre plus d’énergie pour tenir le cadre

Maintenir un cadre trop rigide sans avoir l’énergie pour le faire respecter

  • Soit parce que le cadre est devenu trop strict par rapport aux besoins de l’enfant
  • Soit parce que nos propres ressources sont diminuées
  • Résultat : un épuisement parental qui mène à des explosions de colère
  • La solution ? Ajuster le cadre, accepter de le faire évoluer

Dans les deux cas – que ce soit pour tenir bon ou pour lâcher prise – les ajustements nécessaires peuvent réveiller des inquiétudes, de la culpabilité, des émotions contradictoires. Il est parfois difficile d’y voir clair, car ces émotions viennent brouiller notre capacité à prendre une décision sereine.

C’est là qu’un accompagnement professionnel peut être précieux : il permet de prendre du recul, d’identifier les vrais enjeux et de trouver des solutions adaptées à votre situation. L’objectif n’est pas de poser un cadre parfait, mais de trouver un équilibre réaliste et soutenable qui fonctionne pour vous et votre famille.

Pour finir …

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Sandrine Donzel

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