Mercredi 10 février 2010 : la maternité est un esclavage …
Oui c’est un peu comme ça que les féministes de l’après 68 voyaient ça : C’est « un travail écrasant », disent-elles, « on est grignotée, bouffée, sucée, pompée, mangée, vidée, détruite, dévorée… », « Il en faut de l’amour, n’est-ce pas, pour accepter de se transformer en machine à soigner, pour renoncer, pendant les années les plus actives, à toute vie personnelle ? », « Tout enfantement alourdit, distend, meurtrit » affirment-elles …
Bref, la maternité, ce n’était vraiment pas leur truc à ces femmes-là … Il faut bien admettre quand même qu’elles n’avaient pas complètement tort au sujet de la charge que cela représente pour nous, les femmes …
Il faut bien dire aussi que le premier combat des féministes post-68 était de refuser les maternités non choisies (= droit à l’avortement) …mais qu’aucune réflexion n’a été menée à l’époque sur la maternité « choisie ».
Pour aller plus loin encore, les féministes se sont beaucoup plaintes de l’impact qu’a eu leur mère sur elles. Mais peu de réflexions ont été menées dans les groupes féministes des années 70 sur l’éducation des enfants, sur comment on peut changer les choses en changeant nos façons de faire dans ce domaine.
A leur décharge, la plupart des féministes du début des années 70 n’avaient pas d’enfants au moment de leur engagement et qu’en avoir était (est toujours) plutôt mal vu ! D’où sans doute cette vision très négative de ce que peut être la maternité. Quand on n’a pas d’enfants, comment imaginer ce que cela peut représenter ?
Parce que devenir mère, à n’en pas douter, ça vous change une femme !
Certaines féministes aujourd’hui se battent contre une nouvelle « façon »- enfin est-elle vraiment nouvelle ? – d’être mère : allaitement long, couches lavables, maternage proximal, … au titre que les femmes sont « enfermées » dans leur rôle de mère et que cela rejoint leur vision d’enfermement et d’esclavage …
Sauf que les mères qui optent pour ces façons de faire – j’en fais partie … sauf les couches lavables mais c’est parce que je suis nulle en ménage ! – le font de façon CHOISIE, tout comme elles ont choisi de faire un enfant. La plupart de ces mères travaillent aussi …
Mais je pense que c’est là que nous avons notre rôle à jouer, nous femmes ET mères des années 2000 : construire un nouveau féminisme qui ne se battra pas seulement sur l’égalité … mais aussi sur la différence !
Quelques exemples :
Quand les entreprises accepteront-elles de comprendre qu’être mère, ce n’est pas juste prendre un congé parental, travailler à temps partiel et cumuler les absences pour enfants malades ?
Etre mère, c’est aussi acquérir une expérience inégalée en organisation – planification, gestion du temps, logistique, entretien, … – et en management – quel manager a un collaborateur aussi bouricot que mon fils de 18 mois ???
Quand les entreprises accepteront-elles de comprendre qu’une femme n’est, comme un homme – au top de sa carrière à 30 ans, âge auquel elle fait des enfants, mais à 40, âge auquel ses enfants sont autonomes et où elle a acquis une expérience de vie importante et surtout où elle est ultra motivée pour se consacrer ENFIN du temps pour elle (et le travail en fait partie !).
A la maison aussi, nous avons du boulot : nos hommes et nos enfants ne sont pas là pour « nous aider » – ce qui supposerait que tout est sous notre responsabilité et nous n’arrivons pas à tout faire !
Non, nous vivons dans une communauté : toutes les personnes qui y vivent sont censées participer à hauteur de leurs capacités ! Et ne me faites pas croire que votre conjoint n’est pas capable de mettre du linge dans une machine à laver et d’appuyer sur des boutons ou de faire cuire un repas pour les enfants.
Cela veut dire aussi que c’est à nous, les filles, de ne pas nous laisser enfermer dans le rôle de la femme « au foyer » (même si on travaille) mais d’assumer celui de maîtresse de maison = celle qui dirige et organise son petit monde, un vrai chef d’entreprise !
Alors haut les coeurs : assumons nos choix de mère … mais revendiquons aussi nos choix de femmes !
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Un très bon article pour aller plus loin sur le sujet :
De filles en mères, la seconde vague du féminisme et la maternité
Reprise des commentaires de mon ancien blog
Delphine – une maternité choisie ne va pas sans une paternité – posté le 2010-02-11 à 08:19:54
Et peut être qu’un autre combat devrait se mener en parallèle: celui pour les pères de pouvoir vivre une paternité choisie avec des horaires de travail adaptés aussi, mais là ça va demander du temps au sein des entreprises pour changer les mentalités.