Mes enfants sont ingrats

Si vous n’avez jamais pensé « mes enfants sont ingrats, me traiter comme ça après tout ce que je fais pour eux !!! » jetez-moi la première pierre !

Les enfants sont ingrats par nature et c’est très bien comme ça

Les enfants – surtout en bas-âge – sont ingrats par nature. Ils vivent dans l’instant présent, réclament ce dont ils ont besoin. Le recevoir va de soi pour eux. Cette « ingratitude » naturelle est même la BASE de leur construction psychologique.

L’enfant est en effet totalement dépendant des adultes pour la satisfaction de ses besoins biologiques (manger, boire, et même se déplacer pour les plus petits) ET affectifs. S’il commence à penser que les adultes peuvent ne pas répondre à ses demandes, c’est la panique totale.

Un enfant ne peut se construire sainement QUE s’il est intimement persuadé qu’il va obtenir ce dont il a besoin. C’est une question de survie (d’où les crises de colère – ou de panique !!! – quand personne ne répond à ses besoins).

En grandissant, l’enfant devient moins dépendant … ce qui lui permet de devenir moins ingrat 🤣.

Quand il commence à pouvoir obtenir des choses par lui-même, l’enfant commence aussi à mesurer les efforts que cela représente, d’où sa gratitude (éventuelle). Il fait aussi petit à petit l’expérience de la privation et/ ou de l’attente sans que cela soit paniquant pour lui, ce qui lui permet d’être aussi plus reconnaissant quand il obtient les choses.

Pour ne pas confondre autonomie et dépendance, je vous invite à (re)lire cet article : « comment accompagner l’autonomie de mon enfant ? »

Bref, les enfants sont par nature ingrats et on ne peut pas leur en vouloir de l’être … sauf quand ils grandissent et qu’ils le restent.

Ingratitude et besoin de reconnaissance

Mais au fait, c’est quoi l’ingratitude ?

ingratitude : fait d’exprimer son manque de reconnaissance vis-à-vis de quelqu’un qui est légitimement en droit d’attendre en raison des bienfaits qu’ils vous a octroyés

source : L’internaute.fr

Trouver quelqu’un ingrat, c’est donc exprimer qu’on aurait aimé recevoir un peu plus de reconnaissance pour tout ce qu’on a fait.

Typiquement, quand je prends toute la charge de la famille, que je passe du temps à préparer les plats préférés de mes enfants, à faire le ménage, que je me plie en 4 pour faire en sorte que tout se passe bien et que le résultat c’est : pas un mot gentil, pas un effort pour me rendre service, le sentiment d’ingratitude revient au galop !

Trouver quelqu’un ingrat, c’est donc exprimer qu’on aurait aimé recevoir un peu plus de reconnaissance pour tout ce qu’on a fait.

Vous pensez que je vais vous sermonner sur le fait que vous ne devriez rien attendre de vos enfants ? Que vous attendez trop de reconnaissance ? Raté ! Nous sommes des animaux sociaux et le besoin de reconnaissance est très important pour chacun de nous.

Pour ne pas avoir besoin de reconnaissance, il faudrait

  • soit que vous ne fassiez absolument AUCUN effort (on n’a pas besoin de reconnaissance pour quelque chose qui est immédiatement gratifiant en soi).
  • soit que vous ayez par ailleurs un niveau de satisfaction tel dans votre vie que vos efforts dans le domaine de la parentalité vous paraissent dérisoires
  • soit que vous soyez devenu-e le dalaï lama (et encore ça reste à prouver : si ça se trouve il a aussi besoin de reconnaissance 🤪)

Comment faire pour trouver ses enfants moins ingrats ?

Si vous trouvez vos enfants ingrats, assurez-vous dans un premier temps de leur avoir clairement exprimé ce que vous attendez d’eux.

Comme le dit l’adage, toute demande floue conduira à une connerie très précise.

Ensuite vérifiez quelles conséquences ont leurs « non réponses ». S’ils ne répondent pas favorablement à vos demandes, ils peuvent avoir besoin d’aide pour y arriver (première étape). Soit, si vous leur avez fourni toute l’aide nécessaire, il n’y a aucune conséquence positive pour eux à faire, ni aucune conséquence à ne pas faire.

A noter : se faire engueuler – même souvent – n’est généralement pas une conséquence négative suffisante pour changer de comportement.

La bienveillance, ce cadeau empoisonné

En réponse à votre bienveillance / gentillesse / générosité / ouverture, vous recevez apathie, fuite ou rébellion et provocation ? C’est probablement le signe que quelque chose cloche dans la relation … et ce « quelque chose » n’est peut-être pas là où vous le croyez.

Nous avons l’illusion que le « gentil » n’a rien à se reprocher, que c’est lui qui « fait bien ». « Avec tout ce que je fais …« , sous-entendue « la reconnaissance m’est dûe« . Le « non reconnaissant » est alors le « méchant ».

En réalité, la « gentillesse », le sacrifice de soi sont des pièges engluants. Une manière d’avoir du pouvoir sur l’autre.

C’est à ce pouvoir que réagissent certains ados rebelles et beaucoup de jeunes adultes face à des parents « tellement gentils et disponibles ».

Il y a alors énormément de violence dans la relation, y compris des gestes et des mots disproportionnés, des rejets violents … mais une relation qui se maintient malgré tout.

Celui qui se sacrifie, même s’il est en apparence effacé et soumis, se trouve en position de force. De par ses renoncements, il se met en position de force, son partenaire se sentant toujours redevable ou coupable.

Giorgio Nardone

« Oui mais si je le fais avec plaisir, si c’est important pour moi, si je ne le vis pas comme un sacrifice, ça ne compte pas ! » me diront certains. Et bien si !!! Ce qui compte, ce n’est pas votre façon de voir les choses : c’est la manière dont l’autre vit la situation.

L’autre a-t-il demandé ce que vous lui donnez ? Si la réponse est non, il vit très probablement votre « cadeau » comme encombrant. Il se sent redevable. Et coincé. Coincé par la culpabilité : celui qui donne a inévitablement le beau rôle, celui qui refuse ou s’énerve est forcément mauvais. D’autant plus coincé si vous vous offusquez d’un refus en l’interprétant comme un manque de reconnaissance.

Comprendre le mécanisme à l’oeuvre n’est pas si évident. Il faut du recul sur les valeurs classiques de notre société : « celui qui se sacrifie est forcément bon » par exemple. Il faut du recul et de la conscience sur soi : « qu’est-ce qui me rend aussi agressif dans cette situation ? par quoi ou par qui je me sens coincé ? »

* A noter : le Guide des Emotions vous donne ce genre de questions pour chaque émotion ! Vous pouvez le retrouver ici.

* A noter bis : J’ai abordé la question de la violence dans une newsletter récente. Les newsletters hebdomadaires contiennent du contenu supplémentaire, non publié sur le blog. Si vous voulez vous abonner, c’est par ici. (en vous inscrivant vous recevrez un mail de bienvenue vous donnant le lien vers les dernières newsletters).

Si vos ados ou vos jeunes adultes sont rebelles, provocateurs et ingrats, vérifiez votre « bienveillance »

Avant de vous positionner en victime de ce affreux enfant ingrat, vérifiez avec soin que vous ne coincez pas avec pseudo-gentillesse :

  • Vérifiez que vous lui laissez l’occasion de se planter sans chercher à le protéger systématiquement (c’est extrêmement agaçant et ça fait partie de la bienveillance piégeante).
  • Vérifiez que vous prenez du plaisir dans d’autres domaines de votre vie, que votre bonheur ne repose pas sur les faits, gestes et agissements de votre enfant (sinon vous êtes très certainement dans le sacrifice)

Et notez bien que si vos enfants sont réellement ingrats, alors ces 2 suggestions seront la meilleure manière de le rendre reconnaissant … ou de vous confirmer définitivement qu’ils sont incurablement ingrats 😜

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Pour aller plus loin, découvrez mon Guide des Emotions : un guide en version numérique à télécharger avec des clés de compréhension du processus émotionnel et 8 émotions de base décryptées (le contexte déclencheur, le message et des questions et exercices pour vous aider à y voir plus clair).

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Des ressources supplémentaires

Sur ce blog, à propos des pièges du sacrifice :

Quelques livres

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Je pratique des accompagnements de thérapie brève basés sur le modèle de Palo Alto, une approche systémique et interactionnelle. L’hypnose Ericksonienne à laquelle je suis formée s’intègre aussi dans cette approche 

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Sandrine Donzel

Parentalité, couple, communication, développement personnel ? Votre vie ne ressemble pas à ce qui est décrit dans les livres ? Pas de panique et bienvenue dans la VRAIE VIE, celle qui est abordée sur ce blog ! Je vous y propose des outils concrets, pragmatiques et REALISTES pour répondre à vos interrogations. Bonne lecture !

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