« De toute façon, tu préfères mon frère », l’injustice dans la fratrie

Dans les fratries, les plaintes pour injustice sont fréquentes : « tu préfères mon frère« , « tu aimes mieux ma soeur« , « tu lui en as donné plus qu’à moi !« , « y en a que pour le bébé !« , etc, etc.

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L’injustice dans la fratrie, une plainte (très) fréquente

Nous, les parents, sommes accusés régulièrement d’injustice et de préférences. « Quoi ? Comment ? Moi, injuste ??? Mais quelle horreur ! Jamais de la vie ! » … Quelle injustice à notre égard pour le coup !!!

Offusqués, nous voilà partis bille en tête à tenter de convaincre l’enfant que, mais non voyons, nous aimons tous nos enfants pareil ! D’ailleurs nous étalons toutes les preuves de

Quand l'injustice dans la fratrie transforme la famille en cours d'assises.
b0red / Pixabay

notre sens de la justice et de notre amour sous le nez de notre enfant.

« Regarde tout ce que je fais pour toi ! »

« je t’ai aussi acheté un cadeau la dernière fois que je lui ai pris quelque chose »

« mais enfin j’ai passé autant de temps avec toi qu’avec lui« .

A nos yeux, seule une personne tout à fait déraisonnable ne reconnaitrait pas le bien-fondé de ces preuves évidentes. Oui mais voilà que notre enfant refuse d’acquiescer.

C’est donc bien lui le déraisonnable et l’injuste dans cette histoire !

Ouf, voilà notre honneur sauvé. Mais l’enfant s’en fout de notre honneur. Il persiste dans sa déraison : il continue de nous accuser de préférences et d’injustice.

Quand essayer de convaincre un enfant qu’il n’y a pas d’injustice dans sa fratrie le rend encore plus déraisonnable

Alors voilà l’inquiétude qui pointe : comment le convaincre que nous l’aimons autant que les autres ? Comment faire en sorte qu’il ne se sente pas délaissé, désaimé, malheureux ?

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Notre inquiétude – justifiée – nous amène à multiplier les tentatives pour le ramener à la raison : explications, faits, … Nous comparons inlassablement le temps que nous passons avec chacun, ce que nous donnons (cadeaux, vêtements, taille du verre de jus de fruit, nombre de pâtes dans l’assiette, …), ce que nous faisons avec chacun. Nous en venons même parfois à douter.

Mais malheureusement l’instruction est à charge : tout ce que vous disons est retenu contre nous. Plus nous nous défendons, plus l’enfant semble remonté contre nous :

« tu ne comprends rien à rien », « c’est pas juste ! »

Et si nous cessions de nous défendre face aux plaintes pour injustice dans la fratrie ?

Très souvent, dans ces situations, je propose aux parents de cesser de se défendre. Et d’accepter les reproches, aussi absurdes et injustifiés qu’ils puissent sembler.

Mais surtout, je leur propose de cesser de chercher à être égalitaire.

On ne résoud pas les problèmes d’injustice dans la fratrie en étant égalitaire.

A ce sujet, j’ai eu envie de vous raconter une petite anecdote qui m’est arrivée il y a déjà quelques années.

Elles sont 2. 2 soeurs d’environ 13 et 15 ans. Elles sont venues me voir à la fin d’une conférence sur la fratrie donnée un samedi après midi dans leur village. Elles attendent  patiemment leur tour parmi les gens qui me sollicitent à la fin de la conférence. Elles s’approchent un peu intimidées d’être les seules « jeunes » parmi tous ces adultes. La plus âgée prend la parole :

« Bonjour Madame, on a trouvé votre conférence vraiment super. On voulait que nos parents

injustice dans la fratrie : conférence
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viennent la voir mais ils n’ont pas voulu. Alors on est venues toutes seules. Mais c’est vraiment dommage, ça aurait été vraiment chouette qu’ils entendent tout ce que vous avez dit. »

Je les remercie, un peu surprise. Elle enchaine :

On est venues vous voir parce qu’on a un problème et qu’on ne sait pas comment le résoudre.

-Ah ? dites-moi alors …

-et bien voilà : on a un petit frère de 10 ans. Nos parents sont trop cools avec lui. Il a le droit de faire pleins de trucs que nous, à son âge, on n’avait pas le droit de faire. C’est pas juste ! On le dit tout le temps à nos parents. Mais apparemment ils s’en foutent. Est-ce que vous pouvez nous aider ?

La plus jeune acquiesce.

Je réfléchis quelques secondes. Puis je leur dis :

Oui, c’est très embêtant. Et effectivement très injuste pour vous. Mais .. J’ai une petite question à vous poser pour bien comprendre la situation. Indépendamment de votre frère – je veux dire sans regarder ce qu’il a ou n’a pas – qu’est-ce que vos parents devraient faire pour vous que vous puissiez dire qu’ils sont de bons parents ? Pour qu’ils vous donnent ce dont vous avez besoin vous ? En gros, qu’est-ce qui vous manque à vous pour être bien ?

Les 2 soeurs se regardent, surprises. Elles réfléchissent quelques secondes, s’entre-regardent à nouveau puis l’ainée reprend :

Oui, c’est vrai au fond : tant mieux pour lui s’il a plus de trucs ! Merci beaucoup Madame.

Et elles sont reparties tout sourire.

injustice dans la fratrie : 2 soeurs
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Sandrine Donzel

Parentalité, couple, communication, développement personnel ? Votre vie ne ressemble pas à ce qui est décrit dans les livres ? Pas de panique et bienvenue dans la VRAIE VIE, celle qui est abordée sur ce blog ! Je vous y propose des outils concrets, pragmatiques et REALISTES pour répondre à vos interrogations. Bonne lecture !

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3 thoughts on “« De toute façon, tu préfères mon frère », l’injustice dans la fratrie

  • 13 novembre 2017 à 09:38
    Permalink

    bonjour Sandrine

    J’ai adoré votre article !

    C’est exactement ce dont je suis persuadé : trop de parents cherchent l’égalité dans la famille.
    Or, chacun, chacune, avec son propre caractère, ne va pas avoir les mêmes besoins.

    Votre question aux deux filles est tout à fait pertinente : c’est ce dont tous les parents doivent se poser pour respecter les besoins de chacun, chacune.

    On ne peut pas être parfait c’est sûr en tant que parent. Cependant, en établissant des règles ensemble, en écoutant tout le monde, on va se sentir pris en compte, important dans la famille.

    La jalousie n’est qu’un des signes que les besoins ne sont pas respectés.

    Au plaisir
    Evan, un papa patron

    Répondre
  • 13 novembre 2017 à 21:32
    Permalink

    J’avoue que je balaye assez vite le sujet de l’égalité : d’une manière générale, c’est de toute façon une notion qui me gêne. Je crois beaucoup plus à l’équité, que je trouve bien plus juste !
    Quand la question vient sur le tapis, je demande : « est-ce que je donne à manger à ton père (110 kg) la même chose qu’à ta petite sœur (2 ans) ? Ce serait idiot, n’est-ce pas : soit l’un aurait faim, soit l’autre serait malade. Alors non, c’est vrai, je ne fais pareil avec personne, parce que je ne trouve pas ça juste. Ce qui est juste, c’est que chacun ait ce dont il a besoin ; comme nous sommes tous différents, nos besoins le sont aussi. Et d’ailleurs toi, tu as besoin de quoi ? »
    Bref, chez nous, la jalousie existe, bien sûr, mais elle ne se manifeste pas tellement sous la forme « elle a plus que moi » ou « tu préfères ma sœur ».
    Le plus difficile reste de comprendre quel est réellement le besoin (et pas la montagne de désirs qui le cache), puis trouver la bonne solution pour le combler. Et ça, c’est pas gagné, ni pour mes enfants, … ni pour moi-même ! 😛

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    • 20 novembre 2017 à 14:14
      Permalink

      Entièrement d’accord. Mes parents et nous-mêmes avons toujours fonctionné ainsi et il n’y a jamais eu de disputes de cet ordre, alors que mon frère et ma belle-sœur sont tellement obsédés par l ‘idée que chacun n’ait pas exactement la même chose chez leurs enfants que ceux-ci passent leur temps à se jalouser, à s’observer et s’assurer que l’autre a reçu exactement le même nombre de cadeaux, ou de punitions et cela tourne au cercle vicieux : plus les enfants se jalousent, plus les parents essaient de donner exactement pareils et les confirment dans leurs raisonnement. Tout comme chez vous, mes enfants se chamaillent, mais rarement pour des questions de jalousie. D’ailleurs, ils se chamaillent beaucoup moins depuis que j’ai adopté votre système « quand tu as envie de taper sur ta soeur/ ton frère, viens me faire un câlin ».

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