L’importance de l’observation

15.06.22 citation Christiane Goffard observation conflit

La citation commentée de la semaine …

« L’observation est un point capital dans la résolution des conflits car elle fait la distinction entre ce qui est et ce qu’on en pense. C’est un espace où le dialogue redevient possible. » – Christiane Goffard

Le rôle des interprétations dans les conflits

Au départ, il y un écart de point de vue, un désaccord ou tout simplement quelque chose qui ne me convient pas. Alors je souhaite provoquer un changement : j’aimerai que l’autre change son comportement, sa façon de voir. Pour que tout rentre dans l’ordre pour moi.

Mais l’autre ne l’entend visiblement pas de cette oreille. Malgré mes tentatives réitérées, il refuse de changer. Ou bien il ne peut pas. Mais le résultat est le même : rien ne change et ce qui me pose problème est toujours là, toujours dérangeant.

Je commence à basculer émotionnellement : le signal faible qui avait attiré mon attention prend de l’ampleur. Il commence à passer au-dessus de tout. Mon ballon émotionnel se gonfle.

Dans cet état émotionnel, ma part rationnelle devient moins accessible sans que je m’en rende vraiment compte. Je commence à avoir envie de faire mal à l’autre, de le bousculer, de le taper, de lui crier dessus. Ou plus insensiblement, je commence à le dénigrer tout simplement :

Il est nul, il est incompétent.

De toute façon, on ne peut pas en attendre plus de lui.

Il est dans le déni. Il fait de la résistance, il s’oppose par principe.

Et plus le conflit prend de l’ampleur, plus j’ai tendance à perdre de vue l’aspect rationnel des choses. Je me mets alors à me fier à mes interprétations plutôt qu’aux faits qui m’ont amenée à cette conclusion.

Je finis donc par prendre mon hypothèse pour une réalité. Et j’agis alors en fonction de cette hypothèse bien plus qu’en fonction de la réalité.

Pire encore : je vais interpréter les comportements de l’autre comme autant de preuves que mon hypothèse est juste. Et je finis par croire dur comme fer à ma vision des choses.

Mes biais cognitifs – dont j’avais parlé ici – sont à l’oeuvre.

L’autre lui vit la même chose de son côté, il va interprêter mes actions comme des preuves que son point de vue sur moi est justifié.

Et nous voilà partis dans un beau conflit comme nous savons si bien les faire. J’avais parlé en détail de ce sujet dans l’article « quelles sont les causes des conflits ? »

Revenir aux faits

Pour se sortir de ce cercle vicieux, il est utile, comme le rappelle Christiane Goffard dans la citation ci-dessus, de revenir aux faits : non pas ce que je pense mais ce qu’il se passe vraiment.

Dans les FAITS, il y a tout ce qui est observable : geste, parole, comportement, … sans les interprétations qui vont avec.

Par exemple :

  • Mon enfant n’obéit pas <> mon enfant ne vient pas alors que je l’ai appelé 3 fois.
  • Mon collaborateur n’est pas digne de confiance <> c’est la 4e fois ce mois-ci qu’il me rend un rapport en retard par rapport à la date butoir.

Pour avoir une idée de ce que cela peut donner, il s’agit de décrire les comportements qui posent problème en « langage vidéo » = décrire uniquement des choses qu’une caméra et un micro pourraient capter. « Il m’agresse » peut ainsi se traduire selon les gens par « il parle fort » ou « il se met près de moi » ou bien « il lève la main sur moi » pour d’autres.

Dans les faits, il y a aussi ce que JE RESSENS : « j’ai peur », « je me sens mal », « je suis triste » … et ce que ces ressentis me poussent à faire.

Ce sont aussi des réalités indéniables de ce que je vis. Mes émotions me poussent à faire des choses et si je ne vais pas y voir de plus près, je risque fort de passer à côté de ce qui est important pour moi. Cela me permet aussi de savoir quel est au fond le problème pour moi …

Par exemple :

  • Mon enfant n’obéit pas <> mon enfant ne vient pas alors que je l’ai appelé 3 fois. = J’ai peur qu’il aie des problèmes plus tard. Alors je le cadre plus fermement et je le gronde quand il ne fait pas ce que je lui demande
  • Mon collaborateur n’est pas digne de confiance <> c’est la 4e fois ce mois-ci qu’il me rend un rapport en retard par rapport à la date butoir. = je suis énervée car ça fait plusieurs fois que je lui signale le problème et qu’il ne fait rien. Et je suis triste car ça m’oblige à finir le travail tard et je ne peux pas passer de temps avec mes enfants.

 

Et lorsque je formule les choses de cette façon, c’est un premier pas pour formuler les choses différemment , voir le conflit sous un autre angle … et donc me donner une chance de le résoudre quand mon point de vue ne me le permettait plus.

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Pour aller plus loin à propos de conflits et d’interprétations

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Sandrine Donzel

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3 thoughts on “L’importance de l’observation

  • 23 juin 2015 à 17:00
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    Bonjour Sandrine,
    Lectrice assidue, je voulais juste vous dire à quel point je trouve que c’est une bonne idée de commenter les citations ! Elles étaient déjà intéressantes « avant », mais je trouve ça génial d’avoir vos pistes de réflexion et ce qui vous a amené à choisir telle citation plutôt qu’une autre.
    Voilà, commentaire peu utile, mais je trouve vraiment ça bien alors je voulais le partager !
    Merci de votre travail !!

    Répondre
  • 30 juin 2015 à 15:09
    Permalink

    Je suis curieuse de savoir comment je pourrais formuler à mon collègue de travail ma problématique: elle n’est pas la sienne, lui en a une autre ( n’aime pas son travail, n’aime pas travailler pour moi, n’arrive pas à s’organiser pour rendre son travail plus tôt, aime attendre le dernier moment pour faire les choses,etc;) bref comment concilier nos 2 problématiques, dans un monde qui n’est pas idéal, comment faire pour s’entendre sur un objectif commun?Il y a bien sur plusieurs scénari en fonction de la situation, mais pouvez-vous en prendre 1 seul pour démonstration?

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  • Ping :Mais pour qui se prennent-ils ??? ... ou quand les maths nous rappellent l'humilité - S Comm C, le blog

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