Mais pour qui se prennent-ils ??? … ou quand les maths nous rappellent l’humilité

humilité chez les psys statue du roi mathias de HongrieMais pour qui se prennent-ils ? C’est la question que je me pose quand je lis certaines analyses dans les médias. Vous savez ces articles sentencieux qui vous explique comment est la société d’aujourd’hui et d’où viennent tous nos problèmes.

Et de qui je parle ? De psychologues, de psychothérapeutes, mais aussi d’intervenants d’autres origines notamment dans le domaine psychologique. Vous savez, ces analystes se permettent de juger la société dans son ensemble. Parce que oui, cet article va parler d’humilité chez les psys en tout genre.

Ces analyses me touchent particulièrement quand elles concernent les parents et les enfants. Mais pas que, il faut bien le dire. Tous les domaines sont concernés. Alors quand je lis ou entends des choses comme :

Les parents d’aujourd’hui sont comme ci ou comme ça.

Les enfants d’aujourd’hui sont comme ci ou comme ça.

Je constate l’émergence de tel ou tel syndrome.

Les gens font trop de ceci ou de cela.

et patati et patata.

Ca m’énerve grave ! (ouh la je parle comme mes enfants).

Et l’humilité bordel ??? (l’humilité chez les psys ou ailleurs hein !)

QUI peut dire si les parents et les enfants d’aujourd’hui sont fondamentalement différents de ce qu’ils étaient il y a 20, 50 ou 100 ans (ou plus) ? Personne à ma connaissance.

Bien sûr, le contexte a changé. Bien sûr, il y a des choses qu’on ne voyait peut-être pas alors (ou moins) : des parents qui interviennent pour venir en aide à leur enfant, des enfants qui sont pris en charge par des spécialistes, des parents en burn-out, …

Mais qui peut dire si ces situations n’existaient pas ou si elles n’étaient juste pas prise en charge ou pas identifiées ?

Et puis qui peut dire si c’est un mal ou un bien ? Peut-être qu’à l’échelle individuelle, ça peut être un mal. Ou un bien. Peut-être que ce qui est parfois un mal pour un individu s’avérera un bien pour la majorité.

Décider que telle attitude conduit forcément à tel problème est non seulement faux, mais dangereux. Et si, dans ce cas particulier, c’était le contraire qui s’avérait juste ? Les statistiques ne permettent jamais de prévoir une évolution individuelle. Elles permettent de donner des tendances générales. Ca ne veut pas dire que les statistiques sont fausses : ça vaut juste dire que tout n’est pas prévisible !

Alors retrouvons un peu d’humilité chez les psys – et ailleurs ! – et arrêtons de décider que, du haut de notre fameuse expérience, nous avons une vision claire et objective de la société.

L’humilité chez les psys – mais pas que – passe-t-elle après la vanité ?

Je crois aussi que la vanité joue parfois des tours. Qui ne serait pas flatté d’être sollicité par des médias, des structures, etc pour donner son avis ? Cela suppose une certaine notoriété, une certaine reconnaissance. Qui ne serait pas flatté de s’entendre dire « nous aimerions que vous interveniez pour dire aux gens comment ils doivent s’y prendre » ? Nous recevons tous 5/5 le message : « vous, vous savez comment faire. »

Mais la flatterie est un vilain piège. Elle nous fait croire que, peut-être, nous en savons plus que les autres. Ce qui est tout sauf juste quanhumilité chez les psys : ce qui se passe dans mon bureau ne dit rien de la société Sandrine Donzeld on s’attaque à la psychologie humaine.

Oui, je reçois des parents et des enfants pour des accompagnements. Plutôt pas mal, même si d’autres en reçoivent sans doute plus que moi. Mais ce que je sais et dont j’essaie de me rappeler chaque jour, c’est que ce qui se passe dans mon bureau et dans les ateliers que j’anime ne dit rien de ce qui se passe dans la société ! Ce qui se passe dans mon bureau ne dit qu’une chose : ce qui se passe dans mon bureau !!! (et encore pas toujours sûre !)

L’humilité chez les psys : quand les mathématiques nous rappellent à la réalité …

Pourquoi ? Parce que les statistiques sont ainsi faites …

Avoir fait des études d’ingénieur – et notamment avoir « bouffé » des cours de stats imbuvables et incompréhensibles – m’a appris une chose : le sens commun nous induit fréquemment en erreur quand il s’agit de grands nombres. La première raison est que l’échantillon que je reçois dans mon bureau est tout sauf représentatif de la population :

  • Les gens que je reçois ont de l’argent pour payer une consultation (oui ça élimine une partie de la population de fait).
  • Les gens que je reçois ont entendu parler de moi par des connaissances qui me connaissent et/ou ont fait appel à moi (et donc leur ont parlé de moi sur un thème particulier).
  • Les gens que je reçois ont lu un article de mon blog.
  • etc.

Parce que oui, quand vous écrivez un article sur un sujet, comme par hasard, vous avez plus de gens qui viennent vous voir par rapport au sujet de votre article. Vous êtes identifié comme un « spécialiste » de telle ou telle problématique. Ca n’a rien à voir avec vos compétences réelles. Ca n’a rien à voir non plus avec votre

Ce n’est pas parce que je reçois beaucoup couples avec une problématique de désir où c’est la femme qui a plus de désir que l’homme que c’est une généralité dans la société. Ce n’est pas parce que je reçois beaucoup de parents qui s’énervent très fort sur leurs enfants que c’est une généralité dans la société.

Et on peut multiplier ainsi à l’infini les exemples.

Mon expérience personnelle n’est JAMAIS une bonne base pour juger de ce qui se passe autour de moi. Notre cerveau est l’instrument de mesure le plus biaisé du monde. Il est prompt à tirer des conclusions rapides sans tenir compte de tous les facteurs possibles, à ranger les choses dans des cases et à évaluer en fonction de son expérience passée en oubliant ce qui l’arrange. Et nous nous laissons souvent prendre au piège de ses raccourcis, moi comme les autres.

Donc mon expérience peut m’amener à faire des hypothèses qui devront être vérifiées scientifiquement (ce qui demande du temps, de l’argent, et des compétences pour monter des expérimentations scientifiques dignes de ce nom). Autant dire : jamais !!!

Et même par rapport à ma pratique clinique, seule une observation rigoureuse des cas, avec des facteurs clairement identifiés et mesurables, faite sur une période longue, peut permettre de dire que telle ou telle attitude est plus efficace que telle autre. Et à ma connaissance, peu nombreux sont les praticiens qui se livrent à un tel travail. Raconter des situations réelles vécues en accompagnement peut donner aux autres des idées à tester mais ne permet JAMAIS de tirer des conclusions sur « c’est ce qu’il FAUT faire dans telle situation.« 

Alors la prochaine fois que vous lirez un article tirant des conclusions sur la société basées uniquement sur l’expérience clinique d’un praticien qui décide que les problématiques de la société sont liées à : (barrez les mentions inutiles) la démission ou sur-investissement des parents, les enfants-rois, les enfants élevés trop strictement, etc, etc, ou bien que vous entendrez dire qu’il faut faire comme ceci ou comme cela, vous savez déjà que vous pouvez passer votre chemin.

A moins que cette personne n’appuie ses dires sur des études scientifiquement valides (de préférence plusieurs), dites-vous bien qu’elle n’a pas plus d’expérience que vous pour juger de la société ou des comportements de telle ou telle catégorie de personnes.

Vous pouvez utiliser ce qu’elle dit comme une information. Jamais comme une certitude (ça, pour le coup, c’est une certitude :-D).

Et si jamais vous me surprenez à aller dans cette voie, rappelez-moi vite à l’ordre !


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Pour aller plus loin au sujet de l’humilité chez les psys (et ailleurs) :

Ailleurs sur le web :

  • Une conférence TEDx d’Olivier Sibony à propos des biais cognitifs

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6 thoughts on “Mais pour qui se prennent-ils ??? … ou quand les maths nous rappellent l’humilité

  • 30 septembre 2016 à 11:17
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    Joli petit coup de gueule salutaire ! Bravo de le pousser avec simplicité et… humilité 😉 Et merci de l’avoir rédigé et publié, il est bien agréable à lire !

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  • 30 septembre 2016 à 13:52
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    Entièrement vrai ! Ce problème a déjà été pointé du doigt ! Françoise Dolto, Edwige Antier ont parlé de l’impact de la psychanalyse sur la culpabilité parentale d’aujourd’hui, surtout pour les mères-femmes !
    Y en a marre des raccourcis et des catégories ! Nous sommes tous en évolution constante !

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  • 1 octobre 2016 à 00:46
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    Merci pour ce coup de gueule ! (Je me demande quel.s article.s ont bien pu vous l’inspirer…)
    J’avais moi aussi réagi sur les stars et les « impressions ».
    http://vervaineavec1a.wordpress.com/2016/05/27/cafe-et-sexisme/

    On peut quand même rajouter que l’on cherche inconsciemment (ou non) ces avis ou ces conseils, ce serait tellement plus facile avec des certitudes et des réponses toutes prêtes ! 😉 D’où l’intérêt pour les responsables de publier ce genre de chose : il y a un public.

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    • 4 novembre 2016 à 17:31
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      Le choix de typo dégenrée sur votre blog n’est peut-être pas le plus lisible… je ne suis pas arrivé à lire jusqu’au bout.
      Si vous avez le courage d’en tester un autre…

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      • 8 novembre 2016 à 10:28
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        Merci pour ce retour. Je vais voir ce que je peux faire avec le webmaster pour rendre les choses plus lisibles.
        J’ai juste une petite question : que signifie typo « dégenrée » ?

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  • 18 octobre 2016 à 01:48
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    Les enfants sont la chose la plus précieuse dans la vie. Un parent doit faire tout ce qu’il peut pour donner à un enfant le sens de la famille.

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